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ternité divine de la Sainte Vierge, soit à son Immaculée Conception, soit à son éclatante et incomparable virginité. Quoique leur exposé n'aille pas directement au but de ce travail, il est indispensable de les passer sommairement en revue, afin de pouvoir découvrir, autant qu'il est possible, l'intention de Dieu à l'égard de Notre-Dame. Surtout, jointes à certains passages de l'Écriture interprétés authentiquement par l'Église et par toute la tradition des docteurs catholiques, elles peuvent fournir de précieux éléments pour montrer que, par telles paroles ou en telles circonstances, Dieu a voulu indiquer la glorification corporelle, anticipée, de la Très Sainte Vierge. Il y aurait eu alors révélation implicite formelle, mais d'une manière différente de celle que nous avons examinée. On verra ce qu'il en est. Là encore il suffira de se reporter aux principes de la théologie sur le pouvoir doctrinal de l'Église et l'autorité des Pères et des Docteurs.

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LE DÉCRET D'INNOCENT XI

CONTRE LE PROBABILISME

« Certum est quod Sedes Apostolica semper inclinaverit magis in sententiam Probabilismo contrariam. »

(THYRSUS GONZALEZ, Præpositus Generalis S .J. Libellus supplex Clementi XI anno 1702 oblatus. VII.)

La publication de la Bibliothèque sulpicienne de M. l'abbé L. Bertrand, prêtre de Saint-Sulpice et directeur du grand séminaire de Bordeaux, m'avait fourni l'occasion d'un petit compte rendu dans la Revue Thomiste de janvier 1901. Après avoir dit tout le bien que je pensais de cet important et savant ouvrage, j'avais en même temps signalé à mes lecteurs la brochure de M. Bertrand intitulée : Observations sur une critique de la « Bibliothèque sulpicienne » (1) par laquelle l'auteur défendait son œuvre contre diverses critiques émises par le R. P. Joseph Brucker, S. J., dans les Etudes (2). Sans m'immiscer dans un débat pour lequel je n'étais pas qualifié, j'avais cru néanmoins devoir attirer l'attention sur une affirmation du R. P. Brucker qui me paraissait injustifiée, d'autant plus qu'elle visait un fait dont l'importance pour l'histoire de la théologie appelait nécessairement une rectification. A propos d'une note produite par M. Bertrand (3), le R. P. Brucker avait écrit : « Le prétendu décret d'Innocent XI, interdisant le probabilisme dans la Compagnie de Jésus et nous enjoignant d'enseigner le probabiliorisme n'a jamais existé » (4). En présence d'une dénégation aussi formelle et sans correctif, on était en droit de croire que le R. P. Brucker connaissait insuffisamment l'état de la question, ou qu'il était en possession de nouveaux éléments historiques qui établissaient sans conteste son point de vue.

(1) Bordeaux, imprimerie Crugy, 1900.

(2) Etudes, t. LXXXV, p. 229 et suiv.

(3) Biblioth. Sulp., t. III, 45.

(4) Études, t. LXXXV, p. 233 et 779, note 2.

Toutefois ma perplexité était accrue par ce fait que le R. P. Brucker semblait exclusivement justifier son jugement sommaire par l'autorité du P. Balla, S. J., qui avait jadis traité cette question dans ses polémiques avec le P. Patuzzi, O. P. Ce que je savais de ces discussions ne paraissait suffire en aucune façon à étayer l'affirmation radicale du R. P., à savoir que le décret d'Innocent XI' contre le probabilisme n'avait jamais existé. C'est pourquoi j'avais écrit, dans le compte-rendu déjà mentionné, quelques lignes qui touchaient la question superficiellement, mais suffisaient à montrer que le jugement des Etudes était insoutenable dans la forme sous laquelle il avait été émis. Je ne pouvais en effet, à l'occasion du simple compte rendu d'un livre, étranger lui-même à cette question, rappeler les polémiques soulevées jadis par le décret d'Innocent XI, ni entrer moi-même dans ces discussions (1).

Mes observations n'allaient donc pas à autre chose sinon à infirmer la formule absolue du R. P. Brucker. J'ajoutais à cela le vœu d'être instruit, avec d'autres, par l'auteur du jugement historique précité. Il faut le reconnaître à la louange de mon éminent interlocuteur, une réponse ne s'est pas fait longtemps attendre. En 23 pages de caractères compacts et sous ce titre : « Le prétendu décret d'Innocent XI contre le probabilisme », le R. P. Brucker nous a donné, dans les Etudes du 20 mars 1901, p. 778-800, ce qu'il estime être la démonstration et la justification de son premier jugement,

Je dois l'avouer sans détour, j'ai été déçu. Le plaisir procuré par une réponse rapide n'a pas compensé le désappointement provoqué par l'examen de son contenu. A mon grand regret, le R. P. Brucker ne m'a rien appris. Il s'en tient définitivement au P. Balla. La dissertation historique du P. Brucker est en outre vague et obscure, remplie d'amphibologies par l'intermédiaire desquelles il tire des conclusions qui ne sont pas contenues dans les prémisses. Néanmoins, telle qu'elle est, elle conclut contre sa première affir

(1) Le R. P. Brucker semble n'avoir pas reconnu mon nom sous les initiales P. M. dont je signe mes comptes-rendus dans la Revue Thomiste, ou bien, il a porté la discrétion, par crainte de méprise, à ne pas me désigner autrement dans son article. Le procédé est très correct et je ne saurais y redire. Je tiens simplement à déclarer qu'en mettant mes initiales au bas d'un simple compte-rendu, ainsi que la chose se pratique généralement dans les revues, je n'ai pas eu un seul instant la pensée de me soustraire à la responsabilité de mes affirmations. La présente étude en fournira d'ailleurs la preuve.

mation, celle qui avait motivé ma protestation, à savoir que le décret d'Innocent XI n'a jamais existé. Au cours de son article, le R. P. Brucker n'a pu s'empêcher d'écrire « L'existence d'un décret du Saint-Office, avec une double résolution, à cette date de 1680, n'est pas contestée. C'est la teneur de ce décret qui est en question » (p. 783). Il ne me semble pas que cela s'identifie rigoureusement avec la première affirmation: « Le prétendu décret d'Innocent XI, interdisant le probabilisme dans la Compagnie de Jésus et nous enjoignant d'enseigner le probabiliorisme n'a jamais existé ». D'un côté le prétendu décret n'a jamais existé, et de l'autre l'existence du décret n'est pas contestée. Pour un esprit simple comme le mien, cela ressemble étonnamment à une contradiction. Il n'y en a cependant peut-être pas pour le R. P., mais c'est à condition d'admettre que ses formules sont riches de sous-entendus, ou que sa parole traduit peu fidèlement sa pensée, et, dans ce cas, j'étais excusable de comprendre qu'il voulait dire qu'il n'y avait pas eu de décret. « C'est la teneur du décret qui est en question », déclare-t-il maintenant. Mais cela encore n'est pas exact, puisque de la double résolution que le décret contient et que le R. P. signale lui-même, personne, pas même le R. P. Brucker, n'a mis en doute la teneur de la première résolution; bien plus, il n'y a pas même de discussion pour une partie de la seconde. L'existence du décret ne peut donc pas être contestée, ni même la teneur de la première partie, ni même simplement la seconde, et nous mettrons en évidence que le seul point contesté par le R. P. Brucker l'est encore sans fondement sérieux.

Mais avec cette manière de parler, le Révérend Père ne semblet-il pas vouloir induire en erreur ses lecteurs peu attentifs ou peu renseignés? Puisque l'existence du décret n'est plus maintenant contestée, pourquoi le Révérend Père donne-t-il à son article ce titre « Le prétendu décret d'Innocent XI », comme si l'existence du décret, pris même dans son ensemble, était toujours en question? Il y a là évidemment une préoccupation qui n'est pas avouée. Ce ne peut être toutefois celle de mettre le plus au clair possible la question historique soulevée. Ne serait-ce pas celle de laisser planer encore un doute sur l'existence du décret d'Innocent XI dans l'esprit de lecteurs superficiels ou distraits?

Quoi qu'il en soit, je puis me considérer comme ayant obtenu

satisfaction, puisque l'on a reconnu l'existence du décret que l'on avait commencé par nier. Le R. P. Brucker eût-il fait dès l'abord un semblable aveu, je n'en aurais pas demandé davantage et me serais volontiers épargné le soin de relever sa négation. Je pourrais pareillement considérer maintenant comme clos cet incident, en tant qu'il me concerne, et j'ai songé tout d'abord à limiter à ce point ma réponse. Mais, réflexion faite, après avoir considéré l'exposé insuffisant que le Révérend Père a fourni de l'historique du décret d'Innocent XI, et les échappatoires sur lesquelles il s'est rabattu pour éluder les conséquences fâcheuses qui en résultent pour le probabilisme; ayant aussi constaté ses digressions hors du sujet débattu pour grouper des semblants d'arguments historiques en faveur de son client, depuis l'appel aux « plus anciens docteurs » (les Pères apostoliques sans doute?) chez lesquels le probabilisme « était déjà à l'état de principe plus ou moins explicite » (p. 798), jusqu'à la mention des opinions de M. Trouillot sur le probabilisme (p. 800), j'ai finalement incliné à suivre le Révérend Père dans la carrière qu'il m'avait ouverte.

Cela ne sera d'ailleurs pas inutile. Les auteurs de manuels de théologie morale, qui prônent le probabilisme comme une panacée souveraine, laissent invinciblement ignorer à leurs lecteurs les faits historiques qui établissent la position constante prise par l'Église Romaine contre cette doctrine, car l'Église a pris cette position, à diverses reprises, ainsi qu'en témoigne la parole du général de la Compagnie de Jésus que j'ai mise en épigraphe à cette étude, et rien n'établit qu'elle soit prête à la changer. C'est là, en effet, une question capitale dans la suite des événements qui constituent l'histoire de la théologie morale depuis plus de trois. siècles, et il semble bien que le R. P. Brucker s'en soit aperçu lorsque j'ai très discrètement mis le doigt sur ce point faible et douloureux.

J'aurais aimé à ne toucher, dans les pages qui suivent, que le seul problème relatif au décret d'Innocent XI, l'esprit du lecteur eût été plus attentif à la question principale. Mais j'ai dû relever plus d'une fois des affirmations du R. P. Brucker qui paraissaient appeler des rectifications. Bien que ces affirmations fussent plus d'une fois des hors-d'œuvre, j'ai dû y répondre pour ne pas paraître y adhérer par mon silence. J'ai laissé tomber d'ailleurs les infini-,

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