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répond à cette objection en insistant sur l'utilité de faire la scolastique en latin, c'est-à-dire dans la langue de ses auteurs. C'est pour cela également qu'il a multiplié les citations de saint Thomas, par manière d'initiation aux ouvrages de l'Ange de l'École. Ses deux ouvrages d'ailleurs vont de pair : leur plan est identique, ils se complètent donc et s'éclairent. Celui que nous présentons aujourd'hui est bien un manuel, c'est-à-dire un résumé, beaucoup de doctrine en peu de pages. Un petit vocabulaire au commencement, et à la fin, un précis de l'histoire de la philosophie, ouvrent et couronnent l'ouvrage. Fr. J.-D. F.

Institutiones Metaphysicæ specialis. -Tomus secundus: Psychologia; Pars prior: De vitâ organicâ, par le R. P. DE BACKER, S. J. (1 vol. in-8°o, Paris, Beauchesne et Cie.)

On peut voir au titre que si c'est un manuel, c'est aussi plus que le manuel d'un cours élémentaire. C'est un manuel de cours supérieur, il est donc rigoureux de méthode; d'un cours professé, il est donc clair d'exposition; de philosophie scolastique, il est donc franc de conclusions et fondé à la fois en raison et en expérience; de scolastique moderne, il est donc confronté avec les découvertes scientifiques récentes que la vraie scolastique n'a jamais redoutées, non plus que l'œil sain ne craint la lumière.

Fr. J.-D. F.

La Pacification intellectuelle par la Liberté, par l'abbé G. CANET. (1 fort vol. in-8°, Paris, Bloud.)

Trois parties divisent très clairement cet ouvrage : La liberté, principe générateur de l'unité des esprits. Causes de l'anarchie des intelligences contemporaines. - Remèdes à cette anarchie. D'une très haute inspiration, ce livre vient bien à son heure, où, malgré le retentissement des mots, jamais peut-être celui de liberté n'a enfermé moins de sens, et où, malgré le nombre des déclarations et des promesses, jamais non plus celles de la liberté n'ont été plus menteuses. Puissent ces pages éloquentes faire comprendre la vraie liberté, ses obstacles aussi, et la faire aimer, pratiquer, défendre, aidant ainsi à une foncière unité des esprits et des citoyens.

Le Gérant P. SERTILLANGES.

PARIS. - IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17.

DE LA GRACE SUFFISANTE

Parmi les problèmes soumis à l'étude des théologiens il en est peu d'aussi importants et d'aussi épineux que la question des rapports de la grâce actuelle avec l'activité libre de l'homme. D'une part, en effet, cette question se rattache aux plus hautes spéculations sur la science et la volonté de Dieu, sur les plans de sa Providence surnaturelle et l'efficacité dé son divin gouvernement. D'un autre côté, elle intéresse directement le jeu de la liberté et la responsabilité de l'homme dans la recherche et la poursuite de sa destinée surnaturelle. Du ve au xvme siècle, c'est autour de cette question qu'ont surgi les plus graves erreurs, les plus célèbres hérésies. Elle a été l'occasion des plus retentissantes discussions dans les Ecoles catholiques. A l'heure actuelle elle divise encore les théologiens, et les positions des divers combattants paraissent si bien établies et si fortement défendues qu'une entente semble à jamais impossible entre eux et que désormais la discussion, à bout d'arguments, ne peut plus offrir aucun intérêt.

Cependant certaines escarmouches se produisent de temps à autre qui prouvent bien que les belligérants n'ont pas déposé les armes ni perdu tout espoir de réduire leur adversaire. Et même, en examinant de près les arguments mis en avant de part et d'autre, on arrive à se demander s'il n'existerait pas certains malentendus qu'on pourrait essayer de dissiper, et si, grâce aux progrès réalisés en certaines questions connexes, grace aussi aux modifications survenues dans la manière d'envisager la question, l'on ne pourrait pas, au moins sur certains points, espérer un rapprochement entre des esprits sincères dont l'unique désir est de voir triompher la vérité.

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C'est parce que je conserve, malgré tout, cette espérance, que je me permets, mettant à profit de longues études, d'aborder ce noble et difficile problème. Que l'on se rassure, je n'y apporterai aucune humeur combative. Je me bornerai à peu près, en m'inspirant de la doctrine de saint Thomas, à exposer ce que je crois être la vérité. Si je parle des diverses écoles, ce ne sera que pour rappeler loyalement leur sentiment respectif, mettre en lumière les côtés par lesquels elles voisinent, les points sur lesquels elles se divisent, laissant ensuite au lecteur le soin d'apprécier la valeur des systèmes et de voir à quelles conditions et dans quelle mesure serait possible une conciliation.

Plusieurs pensent que le conflit porte tout entier sur la gràce efficace, et que c'est le seul point qu'il importerait d'éclairer. Je ne suis point tout à fait de cet avis. Je crois, au contraire, qu'une bonne part, je dirais presque la principale part des difficultés se rattachent à la grâce suffisante. Et, si elles étaient dissipées, je me persuade que la question elle-même de l'efficacité de la grâce aurait fait un grand pas vers sa solution. C'est donc de la Grâce suffisante que j'ai l'intention de m'occuper dans ce présent travail.

I

EXISTENCE DE LA GRACE SUFFISANTE

Y a t-il des grâces vraiment et uniquement suffisantes? C'est la première question à traiter. Avant d'y répondre, que l'on veuille bien me permettre de rappeler certaines notions générales sur la nécessité de la grâce actuelle.

Parmi les actes qui appartiennent proprement et essentiellement à l'ordre surnaturel, il faut, on le sait, en distinguer de deux sortes. Les uns, méritoires de la vie éternelle, présupposent dans l'âme la grâce habituelle ou sanctifiante, et procèdent de la volonté libre informée par la vertu de charité. Les autres précèdent l'infusion de la grâce sanctifiante et préparent l'homme, par mode de dispositions positives et prochaines, à l'obtention de cette grâce: tels sont les actes qu'énumère le Concile de Trente dans sa ses

sion VI, chap. 6, par lesquels l'adulte se détache progressivement de l'affection au péché et se tourne vers Dieu pour être justifié : actes de foi, de crainte des châtiments éternels, d'espérance, de confiance, de haine du péché, etc.

Or, pour ces derniers actes positivement préparatoires à la grâce sanctifiante, il faut absolument admettre une intervention actuelle de Dieu, une excitation, une impulsion d'ordre surnaturel, une véritable grâce actuelle, prévenante et concomitante, sans laquelle ces actes ne pourraient pas être produits, ou resteraient dans la sphère purement naturelle, privés de tout ordre positif à la vie surnaturelle. C'est la doctrine incontestable du Concile de Trente (1).

Il faut en dire autant pour tous et chacun des actes méritoires et salutaires de l'homme déjà justifié par la grâce habituelle. Pour que l'homme juste produise des actes surnaturels et méritoires, il ne suffit pas, en effet, qu'il possède la grâce sanctifiante et les vertus surnaturelles infuses, il faut de plus qu'il soit excité présentement à agir par une grâce actuelle. C'est ce dont convient le cardinal Mazzella lui-même. Tout en persistant à nier, dans l'ordre naturel, la nécessité d'une motion qui actue les facultés ou vertus opératives aux actes auxquels elles sont proportionnées, il s'avoue obligé par l'autorité de la Sainte Écriture, par la doctrine constante des pères et les décisions de l'Église, d'admettre une excitation, une sorte de motion physique surnaturelle pour chacun des actes dont nous parlons (2).

La nécessité de la grâce actuelle s'étend encore plus loin. Quelque divisés qu'ils soient sur l'étendue du pouvoir qu'a le libre arbitre laissé à ses seules forces, relativement à l'observation de la morale. purement naturelle, les théologiens s'accordent généralement à reconnaître que nous ne pouvons ni observer longtemps l'ensemble

(1) Sess. VI, cap. v : « Declarat ipsius justificationis exordium in adultis a Dei, per Christum Jesum, præveniente gratia sumendum esse... ut qui per peccata a Deo aversi erant, per ejus excitantem atque adjuvantem gratiam ad convertendum se ad suam ipsorum justificationem, eidem gratiæ assentiendo et cooperando disponantur. » — (Ibid., cap. vi). « Disponuntur ad ipsam justitiam dum excitati divina gratia et adjuti, fidem ex auditu concipientes, etc. >>

(2) Voici l'énoncé de la thèse du docte cardinal (De Gratia Christi, disp. II, a. 2), prop. VIII: « Sententia asscrens actualis gratiæ, etiam in homine supernaturalibus habitibus instructo, necessitatem ad omnes et singulos actus salutares, utpote sacræ Scripturæ auctoritati, constanti Patrum doctrinæ Ecclesiæque decretis magis consentanea, tenenda omnino videtur. >>

des préceptes de la loi naturelle, ni éviter le péché en présence de certaines tentations graves, sans un secours divin gratuit et de quelque manière surnaturel. C'est, en propres termes, la conclusion du cardinal Mazzella qui cependant ne passe pas pour restreindre outre mesure le pouvoir du libre arbitre par rapport aux devoirs de l'ordre naturel (1).

Voilà, peut-on dire, le minimum des exigences de la théologie catholique relativement à la nécessité de la grâce actuelle. Même réduite à ces limites, cette doctrine laisse entendre non seulement qu'aucun homme n'arrivera à la conquête du ciel sans le secours de la grâce, mais encore qu'aucun ne réussira sans elle, même au seul point de vue naturel, à mener une vie complètement honnête et exempte de fautes plus ou moins graves.

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Eh bien, cette grâce sans laquelle le salut est impossible, estelle accordée à tous les hommes? Est-elle, du moins, accordée à d'autres qu'à ceux-là seuls qui pratiquent effectivement le bien et parviennent au salut? — Plus tard, je parlerai de la dispensation de la grâce à tous les hommes. Pour le moment je n'ai à répondre qu'à la seconde partie de la question. A elle seule, elle suffit pour amener la solution du doute présenté au début de ce chapitre : Existe-t-il des grâces véritablement et uniquement suffisantes?

Ce mot de grâce suffisante éveille tout naturellement l'idée d'une force qui apporte à la volonté humaine libre le pouvoir de poser l'acte obligatoire pour le salut, l'idée d'une énergie qui, si elle n'était pas entravée, serait suivie de l'effet en vue duquel elle est accordée. A cette première idée vient s'en adjoindre une autre. Si la force concédée par Dieu au libre arbitre était réellement suivie de son effet, on ne pourrait pas se contenter de dire que la grâce est suffisante, il faudrait l'appeler efficace. La grâce est donc purement et simplement suffisante lorsqu'elle n'est pas suivie de l'acte bon en vue duquel elle était accordée, à la condi

(1) Ibid., a. 6., prop. XII: « Nequit homo, in præsenti statu, absque divinæ gratiæ auxilio, 1) naturalem legem universam diuturno aliquo tempore, nec, ut aiunt, quoad substantiam, servare; 2) neque gravem ullam tentationem vincere etsi victoria non salutari, sed solum sufficiente ad peccatum vitandum. 3) Nihil vero prohibet quominus gratia ad hæc necessaria dicatur sanans et roborans, non elevans naturam, ac proinde sit supernaturalis quoad modum, non quoad substantiam.

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