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et de critique interne conspirent, sans exception, à établir que le texte délivré par les notaires du Saint-Office, à deux reprises, est bien le texte original, et que c'est à lui qu'il faut définitivement s'en tenir, en faisant disparaître le lapsus calami qu'il contient. L'argumentation du R. P. Brucker, qui s'est limitée à quelques observations de critique grammaticale, sans toucher aux questions essentielles, se tourne elle-même contre lui, ainsi que nous l'avons vu.

Le R. P. a cherché, il est vrai, à faire valoir en faveur du texte C des considérations d'ordre extérieur. Il nous dit, en effet, en parlant du décret communiqué à Gonzalez: « L'ensemble des circonstances qui ont accompagné sa divulgation, et surtout l'époque où il a paru et le caractère des personnes qui l'ont produit à la lumière, augmentent singulièrement son autorité (1). » Nous avons déjà indiqué dans quelles circonstances le texte de Gonzalez avait vu le jour (2). Mais nous consentons volontiers à examiner si un texte, que la critique interne réprouve absolument, peut être justifié par des considérations d'une portée très vague. L'avantage le plus positif de cet examen sera de nous mettre en présence des raisons probables qui firent atténuer par l'autorité ecclésiastique le texte du décret de 1680, avant de le communiquer à Thyrsus Gonzalez, en 1693.

(A suivre.)

(1) Etudes, 1. c., p. 788.
(2) Voy. plus haut, p. 472.

P. MANDONNET.

OÙ EN EST L'ÉVOLUTIONNISME?

(Suite) (1)

V

DIFFICULTÉS ET OBJECTIONS

Malgré tout ce que l'évolution transformiste ainsi présentée offre, à première vue surtout, de rationnel, de satisfaisant pour l'esprit, de séduisant pour l'imagination, elle ne laisse pas que de donner prise à d'assez nombreuses difficultés. Il en est d'ordre purement scientifique; d'autres sont d'ordre philosophique et métaphysique; nous les exposerons et les discuterons successivement. Enfin il en est d'ordre religieux; et celles-ci, quand elles s'adressent à la théorie transformiste telle que la comprennent et l'appliquent des hommes comme MM. Albert Gaudry, Saint-George Mivart, par exemple, ou encore le D' Maisonneuve, ou de pieux religieux et autres savants dont le spiritualisme est au-dessus de tout soupçon sont à peine spécieuses; elles sont beaucoup plus propres, selon nous, à nuire à la cause qu'elles prétendent servir, qu'à ébranler une théorie plausible sans doute, mais essentiellement incertaine, comme nous espérons le démontrer.

Difficultés d'ordre scientifique. Dans les règnes organiques, différentes influences telles que changements des milieux, d'éclairement, de température, d'hygroscopicité, sélection artificielle, etc., produisent des races différentes dans une même espèce, non de changements d'espèces. Une plante annuelle, pour devenir bisannuelle ou vivace; une plante herbacée pour devenir ligneuse; un arbre à feuilles caduques pour prendre des feuilles persistantes; un végétal aquatique pour s'accommoder d'un terrain exondé, et réciproquement, ne changent pas d'espèce pour autant. En les (1) Voir la Revue Thomiste du mois de septembre, p. 379 et suiv.

faisant passer par une succession de conditions inverses, ou la ramènerait au point de départ.

Le fait de l'Axololt, amphibie perennibranche, engendrant en pleine eau son semblable et engendrant simultanément avec celui-ci l'Amblystome caducibranche, en terrain exondé mais humide, indique plutôt une classification défectueuse de ces deux types qu'un véritable passage d'une espèce à une autre, et semble offrir un cas de reproduction à l'état larvaire. D'ailleurs, en faisant repasser progressivement l'Amblystome de l'habitat exondé à l'habitat aquatique celui-ci revient à la forme Axololt. La forme nouvelle n'est donc pas irrévocablement fixée.

Les transformations de mollusques et de crustacés, obtenues artificiellement par de savantes manipulations, prouvent une certaine malléabilité dans ces organismes inférieurs et la possibilité, sous certaines conditions très spéciales et dirigées par une cause intelligente, d'obtenir ces changements. Elles ne prouvent pas que les choses se passent ainsi d'elles-mêmes et surtout que ce soit une loi générale pour les êtres vivants de tous les degrés.

Dans le fait de la petite faune souterraine mise un beau jour en contact avec l'extérieur et en ayant éprouvé des modifications organiques, on n'indique pas la nature et l'importance de ces modications, lesquelles ont pu ne pas franchir, dans chaque type, les limites de l'espèce. On ne dit pas, en effet, et pour cause, sans doute que les souris des mines du Creusot aient cessé, dans leur nouveau milieu, d'être des souris, les araignées d'être des araignées, etc. Dans le monde des infiniment petits, les modifications morphologiques ne prouvent rien contre la notion de l'espèce parce que, dit M. Duclaux, l'élève de Pasteur, « le monde des microbes est à l'état de mutation continue » et que, en eux, la variabilité constitue elle-même un caractère. Pasteur, au surplus, ne voyait pas, dans ces transformations que les bouillons de culture font subir aux microbes, des mutations d'espèces, mais seulement «< une élasticité fonctionnelle de la cellule, lui permettant de se plier, sans changer d'être ni de devenir, à des conditions variées d'existence » (1). On peut ajouter que le monde microbiologique est un monde à part, profondément distinct du surplus du monde

(1) Cf. Pour et contre l'évolution, par l'abbé LEROY, t. I, p. 16. Paris, Bloud et Barral.

organique, soumis à des lois différentes, et dont on ne peut rien conclure quant à la généralité des êtres vivants.

Le passage du genre phécode au genre halicte, dans la famille des abeilles, par gradation insensible; les nombreux types intermédiaires, entre des espèces vivantes ou fossiles, obtenus par les récents sondages maritimes, constituent des arguments de même nature que celui des intermédiaires entre les types palæotherium et eohippus d'une part et le genre equus européen ou américain d'autre part, ou de la gradation insensible des Mastodon pyræneus et angustidens ou mammouth et à nos éléphants d'Afrique et de l'Inde. Ce sont là des applications de la loi de continuité; on n'est en droit d'en conclure rien de plus. Encore cette loi de continuité ne se vérifie-t-elle, par les faits constatés, que dans certaines directions, ce qui semblerait indiquer des séries créatrices différentes.

Dans la classe des mammifères, si l'on peut suivre une apparente filiation aboutissant au genre equus et au genre elephas à partir d'un premier palæotherium et d'un premier mastodon, il est difficile de reconnaître d'où dérivait chacun de ces deux premiers types; que si l'on veut voir leur ancêtre commun dans le coryphodon palæocène, combien d'intermédiaires ne manquent-ils pas encore à l'appel pour compléter la chaîne ! Et le dinotherium, plus volumineux même que le mastodon et son contemporain qui n'a point laissé après lui de types pouvant s'y rattacher, à quel autre type antérieur se rattache-t-il lui mème? (1) Parmi les carnivores, le Machairodus n'est ni un félidé, ni un hyénidé, ni un ursidé, ni un canidé; il ne tient pas davantage aux civettes (viverridés) ou aux martres (mustélidés); ni avant lui, ni de son temps, ni aujourd'hui, aucune bête ne lui a ressemblé ni ne lui ressemble; il n'a pas eu de « descendants » ; quels sont ses «< ancêtres »?

D'autres exemples pourraient être cités dans le règne animal, de types ou de groupes ayant apparu sans types inférieurs s'y rat

(1) On nous fait remarquer que les vertébrés américains de la formation supracrétacée lignitifère de Lavarnie, notamment les curieux cératopsides, pourraient apporter quelque lumière sur l'origine des proboscidiens (Cf. Alb. GAUDRY, Fossiles secondaires le Triceratops, p. 223-224; A. DE LAPPARENT, Traité de géologie, 3e édition, pp. 1206 et 1144). Ce serait une étude spéciale à faire qui, sans doute, apporterait une nouvelle présomption en faveur de la possibilité de l'évolution par filiation concentrale, mais rien de plus.

tachant les ayant précédés, comme sans types de même ordre ayant apparu à leur suite.

Une des grandes illustrations de la science géologique au XIX siècle, Joachim Barrande, l'auteur du Système silurien du centre de la Bohême, le savant consciencieux et impartial qui avait pris, comme épigraphe de tous ses écrits, ces paroles significatives: « C'est ce que j'ai vu », opposait à la théorie transformiste les faits suivants.

La brusque apparition, dès les temps primaires et en grande abondance, des trilobites, crustacés d'une organisation très parfaite et qui disparaissent dès le début de l'ère secondaire (n'ayant pas moins habité notre sphéroïde pendant une soixantaine, environ, de milliers d'années); les céphalopodes,non moins dépourvus de précurseurs, apparaissant tout à coup au sein de la faune seconde ou ordovicienne; puis, dans le silurien supérieur, la venue également subite des poissons ganoïdo-placoïdes. Sur trois cent cinquante formes de trilobites étudiées avec un soin minutieux et à des milliers d'exemplaires par l'illustre géologue, dix seulement portaient traces de variations, d'ailleurs insuffisantes pour affecter le caractère de l'espèce, lesquelles, bien loin d'aller en progressant, s'affaiblissaient peu à peu et finissaient par disparaître (1). Déjà nous avons vu, dans la première partie de la présente étude, M. de Lapparent appeler l'attention sur la manière subite et sans préparation antérieure, dont apparaissent, dès les premières traces de vie sur notre planète et en grand nombre, des types organiques divers très compliqués et complets.

Des constatations analogues à celle de Barrande ont été faites par différents autres savants paléontologistes au sujet des céphalopodes, acéphales et brachiopodes du silurien; pour la faune dévonienne du bassin belge, pour les reptiles des débuts du trias, pour les végétaux fossiles des périodes primaire et secondaire (2).

(1) Cf. Joachim Barrande et sa carrière scientifique, par C. DE LA VALLÉE-POUSSIN, in Revue des questions scientifiques, t. XVI, 1re série, juillet 1884.

(2) Cf. Apologie scientifique du chanoine DUILHÉ DE SAINT-PROJET, 4° édition, chap. XIVe, III. Citations à l'appui : « Voilà vingt-cinq ans que je poursuis les horizons fossilifères du bassin belge, en les isolant avec soin les uns des autres... Je n'ai encore trouvé, ni dans le temps ni dans la forme, le passage de deux types bien déterminés » (Gosselet). « Une chose est certaine, c'est que l'ensemble de témoignages des flores fossiles est opposé à la doctrine du développement dû à l'évolution par filiation » (Carruthers)

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