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L'INDUCTION SCIENTIFIQUE DES MODERNES

DANS ARISTOTE

C'est une « contribution », suivant le terme consacré, à l'étude de l'induction que nous voudrions essayer de fournir, en dissipant certains malentendus entre partisans de l'induction ancienne et partisans de l'induction moderne; en montrant qu'il s'agit de procédés qui diffèrent de but et de méthode, et sans prétendre d'ailleurs qu'Aristote ait, le premier, dit le dernier mot sur toutes choses en recherchant la description de ces deux procédés dans l'Organum du Stagyrite.

I

« Απαντα γάρ πιστεύομεν ἢ διὰ συλλογισμοῦ ἢ ἐξ ἐπαγωγής. La conviction intellectuelle s'établit, en toutes choses, ou par syllogisme ou par induction (1). »

Encore faut-il se défier du sens un peu lâche du mot syllogisme, qui tantòl signifie raisonnement déductif, tantôt raisonnement en général, tantôt, par conséquent, s'oppose à l'induction, tantôt, au contraire, est un genre dont le syllogisme déductif et le syllogisme inductif sont les deux espèces. Et, en effet, Aristote donne une définition de l'induction considérée comme syllogisme, définition par transposition des termes du syllogisme déductif. Dans celuici, le grand terme (G) est attribué au petit (P) par l'intermédiaire du moyen (M). Dans celui-là, le grand terme est attribué au moyen de par le petit.

Au lieu d'avoir, suivant l'exemple, d'Aristote :

Tout animal sans fiel (M, vit longtemps (G).

Or l'homme, le cheval, le mulet (P) sont des animaux sans fiel (M),

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Donc l'homme, etc. (P) vivent longtemps (G; ;

On a :

L'homme, le cheval, le mulet (P) vivent longtemps (G).
Or l'homme, etc. (P) sont des animaux sans fiel (M),

Donc tous les animaux sans fiel (M) vivent longtemps (G). On voit, du même coup, la difficulté du syllogisme inductif. Comment passer des quelques animaux sans fiel de la mineure à tous les animaux sans fiel de la conclusion? Que fait-on de l'inviolable article du code syllogistique: Latius hos quam præmissæ conclusio non vult. La totalité, dans la conclusion, présuppose de droit la totalité dans les prémisses: telle semble bien être la condition un peu dure à laquelle il faille souscrire et qu'Aristote avait libellée : « ἡ γὰρ επαγωγή διά πάντων. — Il faut entendre le petit terme comme composé de tous les singuliers; l'induction, en effet, se fonde sur leur totalité (1). »

Et que telle soit bien la pensée d'Aristote, un passage emprunté aux Derniers Analytiques le prouve. Le Philosophe se propose de montrer l'impossibilité d'atteindre la définition par voie de division. discursive. Qu'est-ce à dire? Que l'on pose une majeure disjonctive, par exemple : L'homme est mortel ou immortel, et par exclusion d'un membre, on conclut l'autre. Aristote oppose diverses objections à ce procédé, entre autres le postulat initial, la pétition de principe fondamentale d'où il part, à savoir la complète énumé ration des membres de la disjonction, aussi nécessaire à ce procédé qu'au procédé inductif. « Aristote a assez justement comparé la division à l'induction. Dans l'une et l'autre, en effet, il faut l'acception de tous les singuliers compris sous un universel; autre ment, impossible d'en conclure celui-ci..... Celui qui établit inductivement que Socrate et Platon et Cicéron courent, ne peut conclure nécessairement que tout homme court, à moins qu'on ne lui concède que homme ne comprend rien de plus que les membres énumérés (2). »

Voilà ce qu'a entendu Aristote sous le nom d'induction dans les Premiers Analytiques. Mais quel est le caractère de cette partie de l'Organum? Un caractère logique, exclusivement formel et c'est ce qu'exprime saint Thomas dans son Prologue aux Derniers Analy

(1) Loc. cit., no 4.

(2) Com. in lib. II. Post. Anal., lect. IV.

tiques, lorsqu'il dit qu'on peut s'assurer de la validité d'une conclusion par l'analyse, qui résout un raisonnement soit en ses purs éléments formels, et c'est le but des Premiers Analytiques qui traitent du syllogisme comme tel, soit... (vel ex ipsa forma syllogismi tantum, et ad hoc ordinatur liber Priorum Analyticorum qui est de syllogismo simpliciter) (1).

Regardée de ce point de vue, l'induction peut paraître quantité presque négligeable. C'est ce que laisse entendre Albert le Grand. <«< L'induction ne concluant nécessairement qu'en vertu du syllogisme qu'elle enferme, pas besoin de traité spécial pour elle comme pour le syllogisme, car sa définition renseigne suffisamment sur sa méthode (2).

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Il ne se débarrasse pas moins vivement de la question des singuliers. « Les singuliers sont, sans doute, en nombre infini, comme le dit Platon; il suffit cependant à la perfection de l'induction de les réunir, non pas nommément, mais collectivement, sous la clause et sic de singulis, vel sic de aliis (3). »

Scot aligne un certain nombre de conclusions qui retournent le problème sous ses différentes faces.

« L'induction n'entraîne une conclusion nécessaire que par 'énumération complète des singuliers.

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<«< L'induction ne suggère une conclusion évidente, à supposer qu'elle se base sur l'énumération complète, que par l'adjonction d'une proposition universelle... Socrate court, et Platon, et Cicéron; donc tout homme court... à condition d'entremettre cette proposition universelle tout homme est Socrate, Platon, Cicéron. »

« Si l'on demande sur combien de singuliers il faut baser l'induction, la réponse est qu'on ne peut en assigner un nombre déterminé; il en faut tantôt plus, tantôt moins, suivant la matière, et aussi suivant l'intelligence qui doit tirer la conclusion universelle. »

:

Puis il donne cette définition « L'induction est un raisonnement qui passe de quelques singuliers ou de tous les singuliers suffisamment énumérés à une conclusion universelle. »>>

Et pourtant Scot a des pressentiments d'une autre base induc

(1) Com. in lib. I. Post. Anal., lect. I.

(2) Com, in lib. II. Prior. Anal., tr. VII, chap. iv. (3) Ibid.

tive que la simple énumération. « Certains principes naturels nous deviennent évidents par les sens, la mémoire, l'expérience, ceuxci, par exemple : Tout feu est chaud; tout corps lourd, que rien n'arrête, tend à descendre..., etc.; c'est l'induction qui les rend évidents, et sans passer par tous les singuliers, comme il est manifeste (1). >> Mais il constate seulement le fait psychologique de l'évidence ainsi obtenue sans en rechercher l'origine. Et quand il l'a essayé, voyons par quel principe il légitime la valeur universelle de l'induction incomplète.

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Quoique l'expérience n'ait pas information de tous les singuliers, mais de plusieurs, ni de toujours, mais de souvent, cependant l'expérimentateur connaît infailliblement qu'il en est ainsi, et toujours, et en tous; et il le connaît en vertu de ce principe qui se dépose dans l'esprit : tout ce qui procède souvent d'une cause non libre est un effet naturel de cette cause. Ce principe est admissible pour l'intelligence, quand même les termes en auraient été fournis par un sens trompé, car une cause non libre ne peut produire souvent un effet, si elle était ordonnée en même temps à un effet contraire, ou si, de par sa nature, elle n'était pas ordonnée à cet effet... Que cet effet procède souvent ut in pluribus) d'une telle cause, c'est l'expérience qui en instruit par la constatation de l'attache constante de cet effet à telle nature, au milieu de la variation d'autres caractères (2). »

Les scolastiques ont adopté cette définition et cette interprétation de l'induction. Ils se sont donc placés au point de vue formel et se sont posé la douloureuse question: Comment passer des singuliers à l'universel ? Une première réponse se présentait énumérer tous les singuliers. Mais alors Bacon n'aurait-il pas raison de taxer l'induction de puérilité? Ils essayaient de se faire absoudre de ce reproche en affirmant que, quelque identité qui apparaisse, il faut distinguer, au moins logiquement, entre les singuliers comme tels et l'universel qui les englobe en les unifiant.

Mais surgissait l'objection qu'ils voyaient fort bien se lever : l'impossibilité d'un filet assez vaste et aux mailles assez serrées pour capter tous les singuliers et n'en laisser fuir aucun. Dès lors, il fallait distinguer deux inductions: l'induction complète et l'in(1) Com. in lib. II. Prior. Anal., q. VIII.

(2) Scor. In lib. I. Sent. Dist. III, q. IV, n. 9.

duction incomplète; distinguer entre les singuliers complètement énumérés et les singuliers suffisamment énumérés; remplacer la liste où chaque singulier figurait en place et nom propres par une liste écourtée où la formule: et ainsi des autres, ouvrait des perspectives très vastes et d'autant moins rassurantes.

Nécessité s'imposait donc d'un principe rationnel capable de fournir des garanties. Le principe d'analogie fut jugé caution suffisante. Mais, à bien regarder, on découvre un double principe de l'induction formelle. Le premier est celui-ci : Un caractère qui apparaît avec insistance et immutabilité, au milieu de l'inconstance et de la versatilité d'autres caractères, demande une explication et la trouve dans une attache avec la nature de l'être où il apparaît, et dont il est effet ou propriété. Le second principe est celui-ci Une propriété est indisolublement liée à la nature et se retrouve donc partout et toujours avec elle.

On voit le rôle de ces deux principes. Le premier, qu'on pourrait appeler principe de constance, transforme un caractère en propriété; le second, principe d'analogie, transfère l'attribution de ce caractère, devenu propriété, à la nature elle-même et par conséquent à tous les singuliers qui sont en communion avec elle.

a.b.c.d A qui est P (propriété)

a.b.c.d N

N (telle nature qui se trouve dans ∞ singuliers)
A (P).

De ce que le caractère A est une propriété on peut compléter l'énumération des singuliers a. b. c. d... z, jusqu'à l'infini, dans la majeure; et dire, dans la mineure, qu'ils sont toute la nature N, ce qui légitime la conclusion au point de vue formel.

Mais on voit aussi la double infirmité de ce double principe. Car, la constance de A permet-elle de lui conférer et le titre de propriété et l'indéfinie extension? Qui sait si, après le cygne noir, étonnement du cygne blanc, le mirifique merle blanc ne viendra pas agrandir de surprise l'œil brillant du merle noir, stupéfait de cette parenté inconnue !

De même, supposé que A soit vraiment propriété, et admis son indissoluble lien avec la nature, de quelle nature s'agit-il? Une nature, c'est un type abstrait. Mais dans un être, il y a pour parler métaphoriquement comme un emboîtement fort com

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