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Ils ne peuvent évidemment faire appel, pour établir le caractère <«< intellectuel » des facultés animales, qu'à la complexité extrême, la dépendance apparemment logique de leurs actes. Or, nous trouvons ici, chez un débri d'animal, privé de toute conscience, une série d'actes qui comptent parmi les plus logiquement agencés qu'on puisse observer dans la nature. Faut-il en conclure qu'il possède une intelligence?

Les expériences de multiplication embryonnaire ne nous paraissent pas plus fatales à la thèse de l'individualité. Bien plus, dûment interprétées, ces observations confirment singulièrement cette thèse. Tout se réduit à ce fait fondamental qu'un œuffécondé, et en voie de segmentation, donne par section deux animaux. A première vue cela paraît étrange. Mais à y regarder de près, on pourrait presque prévoir ce résultat, en attribuant à l'embryon une individualité parfaite, si l'on sait, bien entendu, que cette opération chirurgicale d'un nouveau genre ne supprime pas nécessairement toute vie.

Dans un œuf il y a évidemment un principe, déterminant son évolution ultérieure. Envisagés selon leurs apparences extérieures, les œufs d'animaux très différents sont semblables dans toutes leurs parties essentielles; et si de l'un sort un chien alors que l'autre aboutit à un singe, il faut à toute évidence qu'un principe directeur spécifique préside à leur développement.

De chaque œuf de grenouille, de salamandre, d'amphioxus et d'oursin, dont nous avons parlé, ce principe organisateur, cette forme substantielle, pour la nommer par son nom, aurait, dans les conditions normales, tiré un seul individu. Mais à la suite de l'expérience, chaque partie produit un animal complet. Ne faut-il pas en conclure que cet acte, qui affirme si hautement sa finalité, se trouve entièrement dans l'embryon, et entièrement dans chacune de ses parties. En d'autres termes ne faut-il pas admettre que l'embryon tout entier se trouve sous la domination organisatrice d'un principe simple, lui donnant par là même une rigoureuse individualité? En effet, un principe simple peut seul réaliser cette condition de se trouver entièrement dans chaque partie du tout qu'il informe.

Une difficulté surgit immédiatement. Si ce principe est simple comment peut-il se diviser ? Et à supposer même que cette division

soit possible,comment maintenir l'individualité d'un être qui se laisse débiter en morceaux dont chacun est un individu de même espèce?

L'objection est spécieuse; mais les théories aristotéliciennes, prises dans leur ensemble, en fournissent, à notre sens, la solution totale. Une réalité, individuelle et simple, ne se scinde pas en deux, mais elle se multiplie, soit en produisant deux formes différentes, soit en donnant naissance à une nouvelle forme semblable à elle-même. Des exemples feront mieux comprendre notre pensée. L'oxyde de mercure, HgO, est un corps substantiellement un; nous l'avons établi ailleurs. Soumis à une température d'environ 400 centigrammes il se scinde en mercure et en oxygène, corps possédant chacun leur forme substantielle. La seule explication possible de ce fait est que la forme de l'oxyde mercurique, simple comme toute forme substantielle, a produit deux formes subséquentes. Un animal en engendre un autre il n'y a là, au fond, qu'un phénomène de division cellulaire ; la seule cause assignable de la forme substantielle de la cellule-fille, et ultérieurement du jeune animal, n'est autre que la forme substantielle de l'animal préexistant. Si donc il y a quelque difficulté à concevoir cette multiplication de formes simples, elle n'est point spéciale à la matière qui nous occupe, mais se retrouve dans la production de beaucoup de formes substantielles, et se réduit en dernière analyse au mystère qu'implique toute causalité.

De fait, nous pouvons imaginer deux manières dont cette multiplication pourrait se réaliser, et chacune d'elles suppose l'individualité absolue de l'animal. Ou bien la forme préexistante persiste dans un des individus dérivés, avec son existence première; et alors une nouvelle forme est engendrée dans l'autre partie pour constituer le second individu. Ou bien, nous nous trouvons en présence de deux nouveaux individus, le premier ayant péri par la section. Cette seconde hypothèse nous paraît mieux s'accorder avec les faits; mais quelle que soit celle qu'on préfère, il faut nécessairement supposer que, sans l'action d'une substance étrangère, une forme nouvelle est introduite au moins dans une des deux portions. Cependant aucune forme ne spécifie une matière sans qu'une disposition préalable la nécessite. Or quelle forme peut réaliser, dans le cas qui nous occupe, cette dernière disposition, si ce n'est la forme précédente. Elle seule est capable, en raison de sa perfection

intrinsèque, d'ètre la cause adéquate et de cette disposition dernière et de la nouvelle forme survenue. Il fallait par conséquent qu'elle fût entièrement dans la portion de matière vivante, qui après l'opération s'est constituée individu complet. Ceci nous ramène à ce que nous venons de dire cette forme est simple et se trouve intégralement dans chaque partie du tout. Le tout est donc nécessairement individuel.

Nous avons établi, en nous appuyant sur les phénomènes de reproduction et d'hérédité, que les animaux supérieurs, et notamment les mammifères, dont nous nous sommes servi comme exemple, sont des êtres individuels, dont tous les organes sont unis dans un seul « suppositum », et actués par une seule existence. Parmi les faits, apparemment propres à démontrer que les animaux ne sont que des « colonies », les uns ne prouvent en aucune manière ce qu'on en veut déduire, les autres confirment plutôt la thèse individualiste.

Comme la question est très intéressante en elle-même, on comprend qu'il importerait d'avoir un critère applicable à tous les embranchements du règne animal. Nous croyons qu'il faudra nécessairement recourir à un argument, analogue au nôtre seule l'unité d'action, ce qu'on a appelé en chimie la «< solidarité fonctionnelle », peut être pour nous l'indice de l'unité d'être. Cette application se ferait assez aisément à des organismes relativement inférieurs, tels que les oursins. Mais il ne faut pas se dissimuler qu'à mesure qu'on descend dans la série animale, les difficultés se multiplient. Certains cœlentérés, par exemple, sont particulièrement déconcertants sous ce rapport.

Il ne nous appartient pas d'examiner ici ces cas spéciaux. Nous avons voulu nous attacher aux animaux supérieurs, pour mettre à l'abri de toute controverse l'individualité humaine. Celle-ci surtout nous importe.

P.-M. DE MUNNYNCK, O. P.

LE DÉCRET D'INNOCENT XI

CONTRE LE PROBABILISME

(Suite) (1)

IV. — LA COMMUNICATION DU DÉCRET A THYRSUS GONZALEZ.

Le pontificat d'Innocent XI (1676-1689) marque une période dif ficultueuse pour la Compagnie de Jésus; et c'est, pensons-nous, le souvenir, ou mieux la vue de cette situation qui porta Innocent XII à atténuer le décret de son prédécesseur en le communiquant au P. Thyrsus Gonzalez, en 1693.

Il n'entre pas dans notre dessein d'exposer ici, même sommairement, quelques faits historiques qui justifient notre point de vue. On pourrait croire, peut-être, que nous cédons facilement au désir de faire, hors de notre sujet, quelques excursions historiques. Nous ne pouvons cependant omettre de rappeler des faits qui commandent une situation et l'expliquent. Nous ferons de notre mieux la part des exigences de notre cause et de la juste susceptibilité de quelques-uns de nos lecteurs en touchant le plus légèrement possible des souvenirs qu'il n'est pas en notre pouvoir de prétériter entièrement.

Avec l'élection d'Innocent XI, le monde ecclésiastique put avoir le sentiment que le nouveau pape imprimerait une direction très ferme à l'Église en matière doctrinale. Les diverses condamnations des années 1679 et 1680, qui atteignaient la morale dite relâchée, avaient comme la portée d'un manifeste. Il semblait donc que les diverses catégories d'intéressés devaient aviser au choix d'une

(1) Voir Revue Thomiste, pp. 460-481: 520-536.

règle de conduite. Les Jésuites, dont l'activité littéraire avait été très étendue sur le terrain de la morale et de la casuistique, devaient plus que les autres peut-être y prêter attention. Il y avait pour eux, comme alternative, la possibilité d'entrer spontanément dans les vues pontificales ou de se tenir sur une réserve plus ou moins passive à l'égard d'Innocent XI. Ce fut ce dernier parti, semble-t-il, qui prévalut en quelques points de la Compagnie.

La première difficulté relative aux droits pontificaux éclata en France à l'occasion de la régale (1). Les Jésuites, surtout le confesseur de Louis XIV, le P. de la Chaise, furent, sinon les promoteurs, du moins les auxiliaires de cette entreprise. Le diocèse d'Alais et particulièrement celui de Pamiers, dont les évêques résistaient aux prétentions royales, eurent particulièrement à souffrir de cette situation; et la lettre du vicaire général de Pamiers, Dom Cerle, écrite à Innocent XI, le 7 janvier 1681, jette, même si on l'atténue, un jour fâcheux sur cette regrettable affaire (2). Fénelon dont tout le monde sait les attaches à la Compagnie de Jésus, ne pouvait lui-même, s'empêcher de protester auprès de Louis XIV contre l'autorité sans contrôle qu'il abandonnait à son confes

(1) Sur cette question: P. Boux, Tractatus de Papa, Parisiis, 1869, p. 1-110; C. GERIN, Recherches historiques sur l'assemblée du clergé de France de 1682, Paris, 1869, p. 1-114; C. SFONDRATE, Gallia vindicata, S. Galli, 1702, p. 169-371; E. MICHAUD, Louis XIV et Innocent XI, Paris, 1882, passin. L. BERTRAND, Bibliothèque sulpicienne ou Histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice, Paris, 1900, t. III, p. 19-61. Consulter aussi l'importante littérature indiquée par M. Bertrand sur cette question.

(2) « Hujus (regalia) præcipui fautores, Pater Beatissime, horrens lugensque dico, RR. PP. Societatis Jesu censentur et sunt. Non mentior Petro, quem scio coram se mentientes verbi sui mucrone aliquando interemisse. Hi enim privatis colloquiis, publicis professorum prælectionibus, libris quoque in lucem editis, Regnantium in rebus ecclesiasticis authoritatem evehunt et extollunt. Hi Summos Pontifices, quorum constantia in vendicanda Ecclesiæ libertate omnium sæculorum venerationem promeruit, tanquam aut plus æquo credulos, aut nimium in consiliis præcipites, aut gerendæ rei parum idoneos spernunt, scommatis dicteriisque proscindunt. Non habent alios Regalista consiliarios, patronos, amicos; per hos fit illis in Aulam aditus. Horum consilio suasuque multi quos antea religio impediebat, fractis tandem conscientiæ repagulis, in beneficia Regaliæ, ut mentiuntur, obnoxia, impetu facto irruerunt. Ut non immerito quispiam dixerit Regalia parentem esse Patrem Ferrier; nutritium et educatorem Patrem de la Chaise; præconem Patrem Maimburg; Defensores et Advocatos, atque adeo milites, cæteros omnes Jesuitas. Quod quidem mirum nullatenus videri debet: pinguiores enim Regalia fructus Societas percipit; nam cum hujusmodi Beneficia ex nutu fere ac voluntate confessarii conferantur a Principe, nulla re magis Societatis potentia provehitur. Hoc illi familias devincit, hoc innumerabilem clientum multitudinem illi conciliat. » Cardinalis SFONDRATE, Gallia vindicata, p. 305-6.

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