Sayfadaki görseller
PDF
ePub

mot subsistere; mais il sert à désigner autre chose que le simple fait de subsister ou d'exister par soi; il est synonyme de « suppôt ou de «< personne », et il signifie donc le fait d'exister par soi ou de subsister d'une façon incommunicable. Or ceci ne peut convenir à rien d'absolu en Dieu (1). »

Il suit de là que nous devons nous en tenir strictement à la formnule du catéchisme qui est l'expression même de la foi de l'Eglise. Ni unité de Personne, ni multiplicité de nature; mais, au sens le plus rigoureux de ces mots : un seul Dieu en trois Personnes.

On se tromperait grandement si l'on croyait que la doctrine que nous venons de rappeler et de préciser à la suite de saint Thomas et de son défenseur Capréolus, n'est qu'une spéculation oisive due à la subtilité de la scolastique et inconnue des anciens Pères. Sans nous appuyer ici sur l'autorité contestée des beaux livres qui portent le nom de saint Denys l'Aréopagite, nous citerons un témoignage, non suspect, celui-là, et qui, en reposant notre esprit des considérations précédentes, nous donnera, suivant l'expression très exacte du P. de Régnon à qui nous l'empruntons, « un résumé authentique de la doctrine de l'Eglise ». C'est une page de saint Grégoire de Nazianze, tirée d'une de ses instructions aux catéchumènes de Constantinople.

<< Avant toutes choses, disait saint Grégoire, gardez-moi ce bon dépôt, pour lequel je vis et je combats, avec lequel je veux mourir, qui me fait supporter tous les maux et mépriser tous les plaisirs : je veux dire la profession de foi en le Père et le Fils et le SaintEsprit. Je vous la confie aujourd'hui. C'est par elle que je vais tout à l'heure vous plonger dans l'eau et vous en élever. Je vous la donne pour patronne et pour compagne de toute votre vie. Je vous donne une seule Divinité et Puissance, existant Une dans les Trois, et contenant les Trois d'une manière distincte. Divinité sans disparate de substance ou de nature, sans degré supérieur qui élève ou degré inférieur qui abaisse, de toute façon égale, de toute façon la même, comme dans le ciel beauté et grandeur ne sont qu'un. C'est de trois infinis l'infinie connaturalité. Dieu tout entier chacun considéré en soi-même, aussi bien le Fils que le Père, aussi bien le

(1) Ibid., ad 40m.

Saint-Esprit que le Fils, chacun pourtant conservant son caractère personnel; Dieu les Trois considérés ensemble. Chacun est Dieu à cause de la consubstantialité; les Trois sont Dieu à cause de la monarchie. Je n'ai pas commencé de penser à l'Unité, que la Trinité me baigne dans sa splendeur. Je n'ai pas commencé de penser à la Trinité, que l'Unité me ressaisit. Lorsqu'un des Trois se présente à moi, je pense que c'est le tout, tant mon œil est rempli, tant le surplus m'échappe; car dans mon esprit trop borné pour comprendre un seul, il ne reste plus de place à donner au surplus. Lorsque j'unis les Trois dans un même concept, je vois un seul flambeau sans pouvoir diviser ou analyser la lumière unifiée (1). »

Fr. THOMAS-M. PEGUES, O. P.
Lecteur en Théologie.

(1) S. Grég.de Naz. In sanctum baptisma, orat. XL, § 41. REGNON Etudes sur la Sainte Trinité, 1re série, chap. 5, § 12.

:

Cité par le R. P. de

DISCUSSIONS

LE TRANSFORMISME ET LA MÉTAPHYSIQUE

Note de M. l'abbé Elie Blanc.

La Revue Thomiste a publié, dans les numéros de septembre et de novembre, un article très remarquable de M. de Kirwan sur l'évolutionnisme et le transformisme. L'abondance des renseignements fournis par l'auteur, son érudition scientifique, sa modération constante et sa parfaite courtoisie dans la discussion, sont bien de nature à lui concilier tous ses lecteurs. Elles me persuaderaient moi-même, qu'il veut bien signaler parmi ses bienveillants contradicteurs, s'il était possible de quitter des certitudes acquises pour des vraisemblances contraires.

Avant d'en venir au point important qui nous sépare, il est bon, autant qu'agréable, de marquer les points qui nous unissent. Avec lui, je pense que la foi ne doit intervenir qu'en dernier lieu dans les discussions sur l'évolutionnisme et le transformisme. Il est aussi imprudent qu'injuste d'opposer tout d'abord aux adversaires le dogme religieux. Car, sans compter que beaucoup d'entre eux sont incrédules et se feront de ce désaccord un nouveau motif d'incrédulité, la foi ne définit rien sur la transformation des espèces. Il lui suffit que les vérités essentielles sur la nature et la destinée de l'âme, sur l'origine du monde et celle de l'homme, soient sauvegardées.

On peut donc être spiritualiste chrétien et néanmoins transformis te dans une large mesure. Et ce cas n'est pas une exception parmi les savants catholiques. Tel, au contraire, qui s'affranchit des dogmes de la foi, tiendra pour l'immutabilité des espèces. Ce fut l'attitude de Comte et de Littré, dont l'un abandonna bientôt la foi chrétienne et dont l'autre l'embrassa si tardivement. Car c'est bien à tort qu'on les a comptés parmi les transformistes. Il est même curieux d'observer que le positivisme, autour duquel se groupent aujourd'hui les évolutionnistes les plus intransigeants, a pour fondateur principal Auguste Comte, qui, dans son cours de philosophie positive, a combattu longuement la transformation des espèces.

lei encore, ce n'est donc pas la foi chrétienne qui est le moins accommodante. Elle n'est pas la première qui soit nécessairement engagée dans les débats: elle s'en désintéresse jusqu'à un point déterminé, et l'on ne devrait l'y appeler que la dernière et le plus tard possible. Avant d'être

religieuse, en effet, la discussion sur l'évolutionnisme et le transformisme doit être scientifique : c'est-à-dire qu'elle doit s'éclairer de l'expérience et des observations les plus étendues et les plus méthodiques, prolongées par la paléontologie jusque dans les temps les plus reculés. Lorsque des documents nombreux et appartenant à chaque période auront été ainsi réunis et que la cause paraîtra suffisamment instruite, viendra la métaphysique, qui, non contente de se fonder sur des expériences et des observations toujours inachevées, s'appuie principalement sur l'absolu et les lois mêmes des essences. Pour atteindre celles-ci, il n'est pas toujours nécessaire d'une expérience scientifique, telle qu'on la pratique, par exemple, dans les laboratoires; mais il suffit souvent d'une expérience commune et sérieuse. Et voilà pourquoi la métaphysique a pu naître et se développer merveilleusement avant la création d'une foule de sciences expérimentales, bien qu'elle puisse encore profiter beaucoup des découvertes et des progrès de celles-ci, loin d'en être jalouse on diminuée.

Enfin, en dernier lieu, devant un évolutionnisme audacieux, qui outre les conclusions de la science et méprise toute métaphysique, on pourra en appeler à la foi chrétienne, qui sauvegarde les principes les plus essentiels de la raison. En nous révélant les vérités surnaturelles, la foi, en effet, rétablit ou confirme très bien certaines vérités philosophiques ou naturelles, qui leur sont unies inséparablement.

Telle est donc la marche à suivre, tel est l'ordre de discussion et de combat qui paraît le plus rationnel et même le seul logique. Il s'impose au philosophe, au savant et à l'apologiste.

Or, qu'est-ce que la science, la métaphysique et la foi nous permettent d'affirmer touchant l'évolutionnisme et le transformisme? C'est ce qu'il importe maintenant d'examiner avec soin.

D'abord la science. Ici nous sommes heureux de nous trouver encore en parfait accord avec M. de Kirwan et de nous prévaloir de son sentiment, dont on ne peut suspecter l'impartialité. Malgré les efforts persévérants des naturalistes, dont beaucoup ont pris à tâche de justifier le transformisme, on n'a pu démontrer aucun passage d'une espèce à l'autre, même la plus voisine. C'est à ce point, par exemple, qu'on n'a pas le droit d'affirmer que l'âne et le cheval proviennent de mêmes ancêtres et forment, par conséquent, une seule espèce proprement dite ou philosophique. Les transformistes n'ont pas davantage le droit d'affirmer une parenté originelle entre le lièvre et le lapin, etc., etc. Cependant une communauté d'origine dans ces cas et les mille autres semblables, n'établirait point le transformisme. Il s'ensuivrait seulement qu'il faut diminuer le nombre des espèces proprement dites. Contre cette diminution la métaphysique n'élèverait aucune difficulté : car peu importe à ses principes et à ses lois

que le nombre des espèces soit plus ou moins considérable. Elle laisse à la science, à l'observation scientifique, le soin de les mieux déterminer, de reconnaître et de compter tous les groupes naturels et vraiment irréductibles, de distinguer enfin les variétés d'avec les espèces proprement dites, en traçant les lignes infranchissables. Ce labeur est infini, pour ainsi dire, et la science n'y suffira jamais complètement. Qu'importe cependant à la métaphysique? Elle n'a pas besoin, pour ses déductions principales, d'être fixée sur tous ces détails. Elle peut bien dresser la carte générale de l'univers, sans que chacune des cartes particulières qu'elle groupe dans un même ensemble ait été poussée à sa perfection par les spécialistes. Elle apprécie, certes, leurs merveilleux travaux, mais elle s'en sert plutôt qu'elle n'en dépend.

J'entends bien qu'on nous objecte aussitôt que, si la science ne permet pas d'affirmer la loi du transformisme, même entre les espèces voisines, elle ne permet pas non plus de la nier. Et si la métaphysique peut admettre que le nombre des espèces soit diminué, on ne voit plus où s'arrêtera cette diminution possible. Bref, et pour en venir aussitôt au point capital, pourquoi tout le règne animal ne formerait-il pas une seule espèce philosophique? De quel droit, dès lors, la métaphysique prononcerait-elle que la transformation des espèces est impossible, puisqu'il n'y aurait plus de pluralité d'espèces au sens philosophique de ce mot, le règne animal ne formant qu'une seule espèce philosophique infime, au même titre par exemple que le genre humain? Nous admettons très bien, ajoute-t-on, qu'une espèce inférieure ne peut pas produire une espèce supérieure essentiellement, parce que l'effet ne peut être plus parfait essentiellement que sa cause efficiente principale. Mais il s'agit précisément de savoir si, dans le règne animal, il y a vraiment différence d'espèce proprement dite ou d'essence. Or la métaphysique ne peut le prononcer. Donc nul n'a le droit de repousser le transformisme au nom de la métaphysique.

C'est précisément cette conclusion qui nous paraît inadmissible, avec le principe dangereux sur lequel on l'appuie. Voici brièvement nos raisons.

La métaphysique, dont M. de Kirwan reconnaît hautement l'existence et la légitimité, a pour objet les essences ou natures mêmes des choses, essences ou natures qu'elle s'efforce de connaître de mieux en mieux par leurs opérations et leurs effets. Nier que la raison humaine puisse jamais s'élever par ce moyen à la connaissance des essences, ce serait nier la métaphysique elle-même, s'accorder avec les positivistes, qui ne regardent comme connaissables que les phénomènes et leurs lois, s'accorder aussi avec Locke et les nominalistes, qui n'admettent qu'une connaissance verbale des essences. On reviendrait facilement à la même conclusion, si favo

« ÖncekiDevam »