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Je dis ceci, parce que je ne vois pas, dans la thèse des sources parallèles, en vertu de quel principe le juge pourrait, non pas former sa conscience (sa science la formera), mais édicter une loi qui m'oblige. La science est affaire personnelle au juge son titre officiel ne le dispense pas de motiver ses arrêts d'une manière qui soit valable pour tous n'est valable pour tous que ce que l'autorité a sanctionné pour tous (1). Sauf donc les cas, peut-être plus restreints qu'on ne pense, absolument nouveaux, où l'analogie ellemême ne peut rien tirer de la loi existante, où l'équité du juge, son flair de juriste, sa science des conditions objectives de la vie humaine sont les seuls interprètes possibles du Droit, j'estime qu'il faut considérer le Droit positif existant non comme une source d'interprétations, mais comme la source: j'entends pour les arrêts et les édits. Au point de vue de la science du Droit, au contraire, j'admets les limites de la loi écrite comme information, et la légitimité de l'emploi sans limite de tous les documents capables de concourir à reconnaître le Droit. A plus forte raison, le procédé analogique aura-t-il toute son autonomie lorsqu'il s'agira, non plus d'interpréter, mais d'établir pour la première fois, de fonder une loi positive.

D'accord donc avec M. Gény touchant la nécessité et la légitimité du procédé analogique, nous limiterions son emploi à l'interprétation du texte écrit, seul authentiquement consacré par la raison sociale, seul juridiquement valable pour tous.

Et c'est sans doute ce que réclame l'auteur, auquel je demande pardon d'avoir cherché cette petite querelle, lorsqu'il introduit la coutume pour « compléter », dit-il, et « préciser » la loi écrite, et lorsqu'il limite le recours à la libre recherche aux points, « nombreux », il est vrai, qu'il ne trouve nettement résolus ni par la loi ni par la coutume (p. 581). Compléter, préciser, n'est-ce pas tout d'abord supposer ce que l'on complète ou précise?

Ces points sont-ils vraiment si nombreux? Ou plutôt, ne suffitil pas, pour assurer un repérage suffisant en pratique, qu'ils soient

majeure condamnant le vol. Le juge raisonnant par analogie acquittera non le vol en général, mais ce vol, analogue à d'autres injustices innocentées d'ailleurs par la loi.

(1) M. Gény le reconnait lui-même en ces termes : « Les règles qui s'en déduisent ne sauraient prétendre à la même force impérative qui s'attache aux résultats de l'interprétation pure du texte légal » (p. 502).

«< nettement résolus » par la loi écrite considérée non comme un texte générateur de conclusions logiques, mais comme un ensemble de points de vue directeurs d'applications analogiques (1)? La fécondité de l'art et les réussites des artistes dans la réalisation d'un même type ne seraient-ils pas pour nos juristes un enseignement, en même temps qu'un motif pour tenter de reprendre leur œuvre par la méthode analogique? La dialectique syllogistique a démontré son impuissance à s'égaler à la vie sociale, soit Mais l'art n'est pas la dialectique; loin de prétendre tout tirer de luimême, il complète la règle qu'il tire de l'idéal directeur par celle que lui imposent les exigences internes des matériaux qu'il est destiné à transformer. Appuyé sur une sérieuse étude de la coutume et des sciences morales et politiques, qui lui livrent les lois de la matière à informer, pourquoi l'art du législateur s'appliquant à transposer l'idéal des lois écrites serait-il moins heureux et moins fécond que son rival? La jurisprudence devra pour cela accomplir un sacrifice descendre du rang de science au rang d'art dans la plupart de ses démarches; mais l'étude de la technique des matériaux à organiser peut suffire aux appétits scientifiques les plus exigeants. Et puis ne faut-il pas qu'une connaissance pratique ait la vertu de se reconnaître pour ce qu'elle est? Ce qu'il perd d'un côté, le Droit ne le retrouvera-t-il pas de l'autre ? La noble figure que les anciens désignaient si bien du nom de Jurisperitus n'offre-t-elle pas le type par excellence de l'homme pratique et utile, peritus, de l'homme qui organise une matière et la transfigure par son génie? Et quelle plus illustre matière à ennoblir par l'idéal du Droit que la vie humaine prise sous sa forme la plus élevée, sa forme sociale?

Fr. A. GARDEIL.

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(1) L'auteur le concède pour le groupe de lois où l'on s'attendrait le moins à trouver cette concession, « les lois d'espèce » : Presque toujours, à vrai dire, au moins par quelqu'un de ses termes, la loi contiendra un élément général susceptible d'extension analogique » (p. 501).

LA VIE SCIENTIFIQUE

LA PHILOSOPHIE AU CONGRÈS SCIENTIFIQUE INTERNATIONAL DE MUNICH (1)

(Fin.)

TRAVAUX RELATIFS A LA PSYCHOLOGIE (Suite).

5. La théorie thomiste de l'unité substantielle de l'âme et du corps, par M. le docteur ABERT; 6. L'union de l'âme et du corps, par M. le docteur BAUMGARTNER.

Nous avons déjà signalé le travail de M. Abert, recteur de l'Université de Wurzbourg. La doctrine thomiste de l'union substantielle de l'âme et du corps y était étudiée surtout au point de vue de ses conséquences théologiques et philosophiques. L'auteur nous a dit tout d'abord comment. saint Thomas ramène à l'unité tous les êtres qui sont l'objet de ses spéculations. S'agit-il de Dieu ? Le saint Docteur voit en Lui identité d'essence et d'existence. S'agit-il du Verbe incarné ? Il enseigne qu'il y a dans le Christ unité d'être. S'agit-il de l'homme ? Il établit que l'être humain se compose d'un corps et d'une âme unis jusqu'à former une seule et indivisible substance. « L'homme, ajouta M. Abert, est ainsi pour saint Thomas non un dualisme dans lequel le corps et l'âme seraient juxtaposés, encore moins un être moitié corps moitié âme, mais un monisme, si je puis ainsi m'exprimer, où le corps et l'esprit s'unissent en une seule existence. >>

Après avoir résumé la doctrine thomiste, M. Abert nous fit voir comment elle est riche en conséquences, soit au point de vue théologique, soit au point de vue philosophique. Au point de vue théologique, elle nous fournit l'explication la meilleure de certains dogmes de notre foi, tels que celui de la transmission du péché originel, de la résurrection, de la nature des sacrements et de leur efficacité, etc. En morale, les conséquences ne sont pas moins importantes. A la lumière de la doctrine thomiste, on comprend mieux l'excellence et la noblesse du corps humain, la nécessité de la mortification et les lois qui doivent la régler, le devoir du culte extérieur, la légitimité des honneurs rendus aux reliques des

(1) Voir Revue Thomiste, novembre 1900, janvier 1901.

saints, les vrais rapports de la vie active et de la vie contemplative. En philosophie, la doctrine de l'union substantielle nous donne une idée exacte de la nature humaine, à l'encontre du matérialisme qui réduit l'homme à la matière, et du spiritualisme cartésien qui ne veut voir en lui que la pensée, Elle explique l'admirable harmonie et la naturelle dépendance du physique et du moral, les différences individuelles qui proviennent de l'âge, du sexe, du tempérament, du climat, de la nourriture, etc., etc. Et c'est encore dans cette théorie que nous trouvons l'explication la plus naturelle et la plus vraisemblable de l'origine de nos idées, de notre connaissance sensible et intellectuelle et de nos rapports avec le monde extérieur.

Toutes ces explications nettes et catégoriques données par M. le recteur de Wurzbourg, et auxquelles la plupart des auditeurs ont applaudi, n'ont pu convaincre M. le docteur Baumgartner, professeur à l'Université de Freiburg-in-Brisgau. M. Baumgartner regarde comme plus conforme au courant philosophique moderne et à certaines données de la science la théorie du parallélisme. L'action réciproque de la matière sur l'esprit et de l'esprit sur la matière sont difficilement concevables. Pourquoi, dès lors, ne pas admettre une sorte d'harmonie et une correspondance incessante des mouvements du corps et des états de l'âme, entre la série de ceux-là et la série de ceux-ci ? Mais cette théorie renouvelée de Leibnitz suffiraitelle à expliquer les mystères dont la doctrine de l'union substantielle ne donne pas la clef ? Nous en doutons, et peut-être M. le docteur Baumgartner en doute-t-il comme nous.

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TRAVAUX RELATIFS A LA MÉTAPHYSIQUE ET A LA THÉODICÉE.

1. Le principe de relativité considéré comme clef des grands problèmes philosophiques, par Mgr FISCHER; 2. De l'universel dans Aristote, par M. le docteur BACH; 3. Du fondement des vérités éternelles, par M. le docteur VON SCHMIDT; 4. La critique du panthéisme, par M. le docteur 5. L'argument de saint Anselme, par M. le comte DOMET des

SCHERER;
VORGES.

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Mgr Lorenz Fischer, curé à Wurzbourg, est l'auteur de plusieurs. ouvrages de philosophie connus en Allemagne et parmi lesquels nous sommes heureux de pouvoir signaler les suivants: Der Triumph der christlichen Philosophie (Mainz, 1900); Modern Pantheismus (Passau, 1900); Friedrich Nietzsche der « Antichrist» in der neuesten Philosophie (Regensburg, 1901). Le travail qu'il a présenté au Congrès avait pour titre « Le principe de relativité considéré comme clef des grands problèmes philosophiques » ; et ce titre suggestif semblait promettre une discussion inté

ressante sur l'une des questions les plus actuelles de la philosophie. Mais est-ce pour nous causer une surprise? est-ce pour nous donner une déception? l'auteur a abordé un sujet tout autre que celui que l'on espérait tout d'abord. Après avoir rappelé, avec beaucoup d'à-propos d'ailleurs, que la critique historique ne peut donner le dernier mot de la science et que l'étude des problèmes philosophiques doit rester notre principale préoccupation, Mgr Fischer a cherché quelle règle doit nous. diriger dans la solution de ces problèmes. Mgr Fischer est un esprit sage et pondéré qui a horreur des solutions extrêmes et absolues. « Si on examine, nous dit-il, les solutions données jusqu'à ce jour, on verra que la plupart se placent à un point de vue extrême et absolu, et c'est là leur vice fondamental. On peut constater ce vice dans toutes les branches de la philosophie. C'est, dans la théorie de la connaissance, le réalisme et l'idéalisme; c'est, en psychologie, le dualisme et le monisme; c'est, dans la philosophie naturelle, la thèse évolutionniste et la thèse de la fixité des espèces; c'est, en morale, le déterminisme et l'indéterminisme. » Or, ce sont là, selon Mgr Fischer, tout autant de théories fausses parce qu'elles sont absolues et extrêmes.« Il est, en effet, dit l'orateur, un principe indiscutable, c'est que l'absolu est absolu et que tout le reste est relatif et doit être regardé et traité comme tel. La vérité se trouve dans un juste milieu, et c'est là qu'il faut la chercher, entre deux extrêmes. » Telle est la conclusion de Mgr Fischer. Nous n'y contredisons pas. Qu'il nous permette simplement de lui demander si la vérité qu'il place dans un juste milieu est relative ou absolue. Comme le lui a fait justement remarquer M. l'abbé Humbert, la vérité peut bien être dans un juste milieu, mais « là où elle est, elle est absolue ».

Parce qu'elle est absolue, la vérité est universelle et, par ce caractère d'universalité, elle est objet de connaissance scientifique. « Scientia est, non decontingentibus, sed de universalibus. » M. le docteur Bach, recteur magnifique de l'Université de Munich, nous a parlé de ce caractère d'universalité que revêt l'objet scientifique. Il l'a fait dans son étude sur « l'idée d'universel (tó z206λco), d'après Aristote ». Ce travail était une de ces monographies d'idées si en honneur aujourd'hui dans l'Allemagne savante. M. le docteur Bach a cherché la genèse de cette idée et nous a fait assister à son évolution dans la philosophie grecque jusqu'à son plein épanouissement dans les ouvrages d'Aristote. C'est Aristote, en effet, qui donna à cette expression (to xx05) son sens net et précis. Pour le Stagyrite, ce terme indique la généralité et l'universalité de l'idée. Par opposition à ce qui est particulier à un être individuel (to xx0' Exostov), l'universel désigne tout ce qui est commun à plusieurs et par la même tout ce qui est renfermé dans sa plus ou moins grande extension (tò xa0' λov). C'est préci

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