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sément le propre de l'esprit humain de grouper autour d'une idée universelle tous les êtres particuliers qui la réalisent. Tout ce qui, dans les êtres, est particulier, constitue le phénomène variable et contingent. Tout ce qui est universel appartient au domaine des vérités éternelles et nécessaires.

Les vérités éternelles et nécessaires ont évidemment un fondement éternel et nécessaire comme elles. Ce fondement, quel est-il? D'après Schelling dont M. le docteur von Schmidt, professeur à l'Université de Munich, nous expose la doctrine, - ce fondement, c'est Dieu, l'Idée des idées en qui s'identifient le moi et le non-moi, le sujet et l'objet. A cette théorie, M. von Schmidt oppose la doctrine de saint Thomas sur les idées divines, exemplaires éternels des êtres créés. Après avoir souligné les analogies qui existent entre les deux théories, celle de Schelling et celle de saint Thomas, M. von Schmidt fait remarquer la différence profonde qui distingue l'une de l'autre. Pour saint Thomas, les êtres créés sont en Dieu, en ce sens que Dieu, parfait et infini, contient en lui les archétypes de toutes les créatures et d'une façon éminente (eminenter) les perfections de toutes choses. Pour Schelling, les êtres sont dans les idées qui, elles-mêmes, s'identifient avec Dieu, l'idée suprême. La doctrine de saint Thomas établit nettement la distinction entre Dieu, être parfait et infini, et la créature, être fini et contingent. La doctrine de Schelling confond l'être de la créature et l'être de Dieu et aboutit au panthéisme. Le panthéisme est « le danger principal de la philosophie actuelle »>, s'il faut en croire M. le docteur Schérer, de Wurzbourg. Dans son savant et consciencieux rapport, M. Schérer a exposé l'histoire et les points principaux des doctrines panthéistes modernes depuis Spinoza jusqu'à J.-H. Fichte, le fils de l'illustre philosophe de ce nom. Là, d'ailleurs, не s'est pas borné son travail. Comme il range la critique du panthéisme « parmi les principaux devoirs du temps présent », M. Schérer a eu soin d'attaquer de front le système qu'il exposait, il en a montré les dangers et lui a opposé la doctrine traditionnelle d'un Dieu personnel et transcendant.

De Dieu, la philosophie doit d'abord démontrer l'existence. Mais toutes les preuves de l'existence de Dieu ne sont pas également bonnes. Plusieurs sont critiquables, et il en est dont l'efficacité a été très contestée. Parmi ces dernières se trouve celle qui est connue sous le nom d'argument de saint Anselme. Ceux qui ont assisté aux Congrès de Bruxelles (1894) et de Fribourg (1897) savent que l'argument de saint Anselme fut l'objet de discussions très courtoises sans doute, mais très vives. M. le comte Domet des Vorges, dans le travail qu'il avait envoyé au Congrès de Munich et dont le résumé fut lu par Mgr Péchenard, a rappelé cette

polémique, laquelle d'ailleurs était l'écho d'une polémique bien plus ancienne. La critique serrée que M. Domet des Vorges a faite de la preuve en question a démontré une fois de plus et de façon évidente que le fameux argument ne démontre rien. Vouloir conclure de l'idée de Dieu à son existence, ce serait donner une base bien fragile à une vérité qui est elle-même le fondement de tout l'ordre moral.

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1. La pression de la loi morale sur la volonté humaine, par Mgr PRIOR; 2. L'idée de peine d'après la philosophie chrétienne, par M. le docteur MAUSBACH; - 3. Travaux actuels de pédagogie, par M. le docteur WILLMANN.

De l'existence de Dieu, législateur suprême, à la loi morale la transition est toute naturelle. Mgr Prior, recteur du collège Saint-Bède, à Rome, étudiant la loi morale dans ses rapports avec la volonté, a cherché quelle est l'influence ou, selon l'expression anglaise, la pression exercée par la loi morale sur la volonté humaine (The pressure of the moral law on the will of man). De même que les corps sont soumis au jeu constant des forces physiques, ainsi notre âme subit l'influence de cette force qui s'appelle la loi morale. L'existence de cette force et l'action qu'elle exerce sur nous sont incontestables. Mais quelle est la nature de cette action? Telle est la question que s'est proposé de résoudre le savant prélat anglais. Dans ce but, il a nettement établi le caractère distinctif de notre volonté libre, à savoir sa tendance naturelle vers le bien infini. Sans doute, tout être tend vers le bien qui doit le compléter et le perfectionner. Sans doute aussi, les énergies physiques, vivantes et sensibles de l'homme, « qui est, dit Mgr Prior, un microcosme et le résumé de tout l'univers (the microcosm or epitome of universe) », tendent chacune vers leur bien. Mais il y a une différence profonde entre ces tendances et l'inclination de la volonté. Les premières vont vers leur objet propre, sans connaître la proportion qui existe entre elles et cet objet do not recognize the proportion of harmony or agrement between themselves and the objects to whic they tend). La volonté, au contraire, éclairée par l'intelligence in the light of the intellect) qui connaît cette proportion, tend vers le bien en soi, considéré comme tel. Son objet, c'est le bien universel, comme l'objet de l'intelligence est le vrai universel. De là l'impossibilité pour la volonté de trouver sa satisfaction dans les biens particuliers et finis. Elle est attirée par Dieu, le bien infini (the will in being drawn

by the infinite God). De la notion du bien universel considéré comme l'objet adéquat de la volonté humaine découle la notion de devoir ou obligation morale. L'obligation morale, telle est la nature de la contrainte exercée par la loi morale sur la volonté humaine, et exprimée dans cette formule Vous devez faire le bien et éviter le mal (the nature of the pressure of the moral law on the faculty of the will is expressed in the formula. You must follow the right and avoid the wrong). Cette contrainte n'est pas une nécessité physique qui s'impose à nous malgré nous, elle est une nécessité morale qui réclame notre libre adhésion et à laquelle nous avons le pouvoir de nous soustraire sans avoir celui de l'abolir.

Le rapport de M. le docteur Mausbach, professeur à l'Université de Munster, est la suite logique de celui de Mgr Prior.Il y est traité de « l'idée de peine d'après la philosophie catholique ». L'auteur condamne énergiquement les doctrines pénales basées sur les théories morales de Kant et de Hégel où la peine s'identifie avec la faute commise.

Mais comment expliquer et justifier le châtiment infligé au coupable qui a violé la loi morale? M. Mausbach écarte la solution de la morale utilitaire; il ne croit pas qu'il suffise, pour légitimer la peine, d'invoquer son caractère de remède préventif, exemplaire et médicinal. Outre qu'il n'est pas exact d'affirmer que la peine produise toujours l'amendement du coupable, il faut nous souvenir que d'elle-même per se, ex fine operis et non operantis elle est ordonnée non au mal futur qu'il faut éviter, mais au mal commis qu'il faut réparer.

Quelle est la nature de cette réparation? Ce n'est évidemment pas une réparation de dommages; la peine n'est pas une restitution. La réparation consiste, d'après saint Thomas, dans le rétablissement de l'équilibre moral rompu par le péché. La volonté s'élevant contre la loi doit être réprimée par une souffrance équivalente afin que soit rétablie l'égalité exigée par la justice.

Mais ne suffirait-il pas de ramener au bien la volonté du coupable sans la réprimer par la souffrance? Ne semble-t-il pas qu'il y ait dans le châtiment une vengeance dissimulée qui trouve sa satisfaction dans le mal infligé au délinquant?

M. Mausbach répond à cette difficulté en disant que « la vraie justification morale de la peine considérée comme réparation repose sur la connexion radicale de la vertu et du bonaeur, du mérite et de la destinée ». Nous reconnaissons que le Bien suprême est l'objet vrai du bonheur. Icibas, la vertu et la recherche du bonheur sont souvent en contradiction. En Dieu, ils trouvent leur parfait accord et leur pleine harmonie. Aussi le mal de la peine est, non une réaction arbitraire, mais le revers naturel de la faute. Il y a donc relation nécessaire entre la faute et la peine qui est la

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perte du bonheur. Ici-bas, et dans le cours actuel des choses, cette relation est souvent imparfaite. D'où la nécessité d'infliger au coupable une peine positive pour rétablir, autant que possible, le lien brisé et l'équilibre détruit.

Après les questions de morale, les questions de pédagogie et d'éducation. M. le docteur Willmann, qui a présidé avec tant de tact et d'autorité les réunions de la section de philosophie, a clôturé la série de nos séances par la lecture de son rapport sur les travaux actuels de pédagogie. Il a voulu surtout nous indiquer quelle position doivent prendre les catholiques dans les questions que soulève la réforme de l'éducation et de l'enseignement. Il a rappelé brièvement les travaux qui ont paru à ce sujet un peu partout, en particulier à Fribourg en Brisgau (Bibliothèque de pédagogie), à Paderborn (Collection d'ouvrages de pédagogie), à Berlin (Monumenta Germaniæ pædagogica). Appelant ensuite notre attention sur les études classiques, M. Willmann a insisté sur la nécessité, pour les catholiques, de demeurer fidèles à l'enseignement traditionnel des humaniores litteræ. Il a terminé en parlant des avantages que nous pouvons attendre de la liberté d'enseignement et en faisant des vœux pour que les pays qui ne la possèdent pas encore puissent bientôt en apprécier les bienfaits. Les congressistes se sont séparés en emportant ces paroles pleines d'espoir et en se donnant rendez-vous dans trois ans... à Rome.

Fr. H.-A. MONTAGNE, O. P.,

Professeur à l'Institut catholique de Toulouse.

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Études sur les religions sémitiques. — I. Les Sémites: R. P. LAGRANGE. — Ils forment un groupe distinct dans l'histoire, ce sont les Assyro-Babyloniens, les Cananéens, les Araméens, les Arabes; de plus, sont aussi Sémites les tribus Thémakhides, Israël et son frère Edom, Amon et. Moab leurs cousins, les colonies phéniciennes de la Méditerranée et quelques établissements en Éthiopie. Malgré certains mélanges, l'unité des Sémites est indiquée par la parenté des langues; l'assyro-babylonien, l'araméen, l'arabe, l'éthiopien et le cananéen peuvent être considérés comme les fractionnements de la même langue. Avant de remonter à l'époque de leur union, il faut connaître leur pays. I L'Arabie est le pays des Sémites; enfermée dans ses frontières naturelles, sauf au Nord où, par le désert de Syrie, elle a un chemin ouvert sur des pays très fertiles, les influences du dehors ont pu s'y glisser seulement soit du côté de l'Asie Mineure, soit du côté de la Médie. Les montagnes d'Arménie ont été le centre d'une résistance énergique aux envahisseurs. Quels étaient ces envahisseurs ? — Au nord-ouest, ce sont les Khâtis ou Khétas ou Kétéens. L'art kétéen, qui a débordé les limites du pays, dénonce un grand empire; son unité est réelle malgré l'imitation de l'Assyrie et de l'Égypte. La nation ne s'est pas organisée dans le pays des Sémites, autrement elle en aurait subi davantage l'influence; son nom nous est transmis par les monuments égyptiens et assyriens (Khétas ou Khâti); leur costume a des particularités caractéristiques. Quand ils paraissent pour la première fois dans l'histoire d'Égypte, ils sont en dehors de son influence. Les Babyloniens, vers 2.000 avant Jésus-Christ, reconnaissent le Kâtu comme un État indépendant; il se trouvait donc vraisemblablement en Asie Mineure. Quand l'Égypte et la Chaldée s'affaissent, les Khétas descendent au Sud, mais ils ne dépassent pas la plaine d'Esdrelon. Il faut donc exclure les Hétéens du monde sémitique. D'ailleurs, les Égyptiens les distinguent des Sémites dans leurs peintures; leurs noms propres ne sont pas sémitiques, rapprochent des vocables ciliciens. Les princes de Mitani, sur les deux rives de l'Euphrate, ne sont pas non plus des Sémites; ils ont une propre, comme le prouve une lettre de leur roi Douchratta. Comme peut le supposer de la même race que les Khâtis, cette lettre est encore

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