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INTRODUCTION

I

Cæterum, eo magis inducebamur ut incæptum libellum perficeremus, quo magis cupidine agebamur noscendi, quæ pontificiæ illius et ultramontanæ, ut siunt, universitatis in partibus Galliarum positæ, et undique regali potentia quasi circumdatæ, fata fuerint. Léon Bardinet: Universitatis Avenionensis historica adumbratio.

D

ANS une ville qui, dès le VI° siècle, avait la réputation d'être lettrée entre toutes, où abondaient les sophistes et les philosophes, où, plus tard, les troubadours avaient encore augmenté le goût de l'étude, et dans laquelle enfin une école de droit civil brillait depuis le milieu du VIIIe siècle, d'un éclat incomparable, tant par la réputation de ses professeurs, que par le mérite des légistes qu'elle formait, Boniface VIII, dans le triple intérêt de la science, de la morale et de la religion, eut l'idée aussi heureuse que naturelle, d'y développer les études supérieures en les centralisant dans une grande institution (1).

(1) Cambis-Velleron: Annales d'Avignon, t. II, passim.

Par bulle pontificale datée d'Anagni, des kalendes de juillet1 303, l'académie d'Avignon, fut érigée en Université qui put conférer les dignités et titres de maîtrises et doctorats, en droits civil et canonique, en médecine et es-arts libéraux (1).

Mais à coté des motifs avoués, cette transformation répondait encore à un but politique plus élevé.

En effet, quand, à la suite de la fameuse bulle Clericis laïcos, la mésintelligence fut devenue définitive entre Boniface VIII et Philippe-le-Bel, l'Université de Paris, oubliant ce qu'elle devait à la papauté et foulant aux pieds ses traditions, adhérait publiquement à l'appel formulé par le roi du pape présent au concile général, et au vrai et légitime pape futur, tandis qu'un de ses docteurs publiait, en son nom, un écrit dans la forme scholastique où était discutée la question du pouvoir des papes sur le temporel des rois, et dont la conclusion toute gallicane consacrait hautement l'indépendence des princes séculiers dans tout ce qui touchait au temporel.

Telle devait être désormais la doctrine de l'Université de Paris, à laquelle cette fille aînée des rois, comme l'appelle déjà Charles V, demeurera si inviolablement attachée qu'un de ses régents pourra écrire vers la fin du XVIIIe siècle, qu'elle est le fléau des théologiens et des canonistes flatteurs de la cour de Rome!

Cependant l'exemple de l'Université de Paris avait entraîné l'adhésion à l'appel du roi de France, d'un grand nombre d'églises et de chapitres du royaume et, pour ainsi parler, de la nation toute entière.

Boniface VIII la rendit non sans quelque raison, responsable de ces désertions, et, tandis que Philippe-le-Bel, qui en avait besoin dans sa lutte contre la papauté, la comblait de privilèges, lui au contraire, en poursuivit dès ce jour la ruine avec une opiniâtre persistance.

Voulant d'abord tarir les doctrines françaises jusque dans leurs

(1) Voy. Bulle I.

sources, il jeta l'interdit sur cette Université par sa bulle du 16 août 1303, qui défendait à tous ceux qui, dans l'étendue du royau⚫ me de France, avaient le pouvoir de donner le droit d'enseigner, tout exercice de ce pouvoir dans les facultés de théologie et de droit canonique et civil, jusqu'à ce que le roi fût venu à résipiscence. L'Université de Paris ne pouvant plus par ce fait mème couronner les études de ses écoliers, de la concession d'un privilège qui constituait, à lui seul, le but principal qu'ils poursuivaient en venant y étudier, était radicalement atteinte dans son fonctionnement et dans sa vitalité.

L'institution de l'Université d'Avignon ayant lieu au même moment et précédant la fameuse bulle de quelques jours à peine, fut, d'autre part, le premier acte du plan habilement combiné par Boniface VIII.

La création d'une école dont le but avoué était de semer la bonne doctrine pour en recueillir les fruits salutaires « ad multiplicanda doctrinæ semina et germina salutaria producenda » comme s'exprime Boniface VIII lui-même dans la bulle de fondation; création faite dans un pays non soumis à l'autorité du roi de France et pourtant à la porte de son royaume, dans une ville qui de tout temps avait donné des marques probantes de la pureté de sa foi et de son attachement inviolable au Saint-Siège, touchant aussi au Comtat-Venaissin, qui était la propriété de l'Église et d'où il serait si facile d'établir une rigoureuse surveillance sur l'orthodoxie de son enseignement, répondait merveilleusement au but poursuivi par le pape.

C'était plus que des représailles à l'égard de l'Université de Paris, dont il était permis d'espérer que les écoliers se porteraient désormais en foule à Avignon, c'était surtout une digue que la papauté élevait contre l'impiété naissante, et bien faite pour arrêter le torrent des nouvelles doctrines, à une époque où la royauté tentait de se soustraire au joug séculaire de l'Église, et où les docteurs de France commençaient à se départir, vis-à-vis d'elle, de ce respect traditionnel qui avait dominé jusque là les intelligences les plus hardies.

Pontificale d'origine, l'Université d'Avignon s'affirma bientôt comme telle d'esprit et de doctrine. C'est un de ses anciens régents, Pierre Bertrand, qui, devenu évêque d'Autun (1323), soutint si vigoureusement dans une assemblée de barons et en présence du roi de France, Philippe de Valois, les droits de la juridiction ecclesiastique contre les hérétiques; lutte mémorable dont cet évêque, plus tard cardinal, nous a gardé le souvenir dans un écrit contre Pierre Cugnier et dans son traité des deux pouvoirs.

Et d'ailleurs, ce titre d'Université pontificale, elle l'aura de fait et de nom le jour peu éloigné où Clément VI aura fait l'acquisition, au nom de la papauté, de la ville d'Avignon et de son territoire. Bien plus, elle sera bientôt la seule à le posséder de ce côté des Alpes, car désormais à chaque création d'Université nouvelle, le roi de France aura soin de réserver expressément les droits de l'autorité séculière et de maintenir l'intégrité de la puissance royale. C'est notamment ce qui arriva pour l'Université d'Orléans (1). Clément V l'avait érigée en 1306, sur le modèle de celle d'Avignon, œuvre exclusive de la papauté; mais immédiatement, prenant prétexte d'une querelle futile née entre écoliers et bourgeois de cette ville, Philippe supprime d'emblée cette université, irrité en réalité contre une institution pontificale faite pour ainsi dire de haute lutte au cœur même de ses états. Toutefois, comme en définitive il ne peut contester l'utilité de la fondation de Clément V, il reprend pour son propre compte l'œuvre de ce pontife, rétablit dans le moment même ce qu'il vient de détruire, et institue une Étude générale (studium generale) par voie de création nouvelle et non de simple approbation, confirmant séparément et en détail les principaux privilèges que le pape avait accordés aux maîtres et écoliers d'Orléans.

Ce fait est bien significatif, il explique et justifie à lui seul le

(1) La bulle de fondation de l'Université d'Orléans, reproduit textuellement celle de Boniface VIII pour l'Université d'Avignon. Bimbenet la donne dans son Histoire de l'académie des lois d'Orléans.

but de la création de l'Université d'Avignon et consacre l'antagonisme entre celle-ci et les Universités de France; antagonisme qui dans l'avenir sera de tous les instants et éclatera sans merci dans toutes les occasions.

Le destin lui-même se chargea d'ailleurs de donner une appro bation éclatante à cette grande pensée de Boniface VIII, en faisant sortir du sein même de cette Université d'Avignon, dès le premier siècle de sa fondation, deux papes, succcesseurs presque immédiats de Boniface VIII; l'un, Innocent VI, qui fut le restaurateur de la discipline ecclésiastique; l'autre, Urbain V, dont Pétrarque a dit, rendant hommage à la sainteté de sa vie, à ses grandes vertus, à l'énergie de son caractère non moins qu'à ses vastes connaissances, qu'il avait été appelé à la papauté non par les hommes, mais par Dieu lui-même (1).

Le premier avait pris ses grades à Avignon; le second y enseigna le droit pendant seize ans.

Or le caractère d'Université exclusivement pontificale et dans le sens que nous venons d'indiquer domine tout entier l'histoire de cette grande institution avignonaise, et lui donne une importance capitale au point de vue du rôle qu'elle a jouée à travers les siècles, dans une foule de questions où d'évènements qui passionnèrent leurs époques.

Quand Philippe IV voulut exiger de Clément V, qu'il notât d'infamie la mémoire de Boniface VIII, l'Université fit cause avec le pontife, dans sa résistance à la volonté royale; elle approuva la conduite du même pape dans l'affaire des Templiers; elle défendit les opinions de Jean XXII, sur la vision béatifique, même contre l'Université de Paris; elle combattit Guillaume Occam et se prononça résolument contre Louis de Bavière, et l'anti-pape Pierre de Corbières (2); elle prit aussi fait et cause pour Benoît XIII, et cela avec d'autant plus de zèle que l'Uni

(1) Voy. dans le Bulletin historique et archéologique de Vaucluse, année 1882, notre étude sur Urbain V, docteur-régent de l'Université d'Avignon. (2) Etienne Baluze : Vita paparum Avenionensium, etc..... T. I.

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