Sayfadaki görseller
PDF
ePub

CHAPITRE IV.

HISTOIRE SCIENTIFIQUE ET LA RÈGLE DE FOI.

Il peut être bon de répondre ici à une objection que l'on fait communément à la doctrine de l'Infaillibilité pontificale, savoir: Que l'histoire dépose contre elle. Il y a deux réponses à y faire.

Preuve historique de l'infaillibilité pontificale.

1. Premièrement, les preuves tirées de l'histoire démontrent clairement l'infaillibilité du Pontife romain. On me dira que c'est affirmer précisément ce qui est en question.

Je réponds à cela que ceux qui affirment le contraire affirment aussi ce qui est en question.

Des deux côtés on invoque l'histoire, et avec une

[ocr errors]

égale confance, quelquefois avec d'égales clameurs, et souvent également en vain.

Pour quelques-uns, le Pape et le Concile, de Janus, est l'ouvrage le plus irréfutable que l'histoire scienti fique ait publié jusqu'à présent.

Pour d'autres, c'est le livre le plus superficiel et le plus prétentieux du jour.

Que décider, entre ces deux jugements si contradictoires? Y a-t-il quelque cour d'appel en matière d'histoire? ou n'y a-t-il pas de juge en dernière instance? L'histoire est-elle une route dans laquelle personne ne peut s'égarer, ou est-ce un désert dans lequel nous ne pouvons voyager sans guide ou sans quelque sentier tracé? Sommes-nous tous abandonnés à notre seul jugement privé? Si quelqu'un dit qu'il n'y a ici d'autre juge la droite raison ou le sens commun, il ne fera que que reproduire pour l'histoire ce que Luther a appliqué à la Bible.

Cette théorie est intellectuellement et moralement possible pour ceux qui ne sont pas catholiques; pour les catholiques, c'est une hérésie. C'est un dogme de foi qu'il y a un juge en dernier ressort pour ces questions d'histoire en tant qu'elles affectent les vérités de la révélation. Mais nous reviendrons là-dessus un peu plus loin.

Pour le moment, je me contente de faire une seule autre observation.

Supposons que la divinité de Notre-Seigneur soit en discussion. Supposons qu'on apporte deux cent cin

quante-six passages des Pères pour prouver que JésusChrist est Dieu. Ces deux cent cinquante-six passages, dirons-nous, peuvent se diviser en trois classes: la première se compose d'un grand nombre de ces passages dans lesquels la divinité de Notre-Seigneur est expli. citement et indiscutablement déclarée; la seconde, d'un plus grand nombre qui impliquent cette vérité ou qui seraient inexplicables avec une autre hypothèse; la troisième, de passages nombreux aussi susceptibles d'être interprétés de la même façon et qu'on ne saurait expliquer autrement, quoiqu'en eux-mêmes ils ne soient pas explicites.

Supposons maintenant qu'il se trouve dans quelqu'un des Pères un passage qui paraisse contraire à la divinité du Sauveur, un passage dont les termes soient en apparence en contradiction avec l'hypothèse que JésusChrist est Dieu. Les termes en sont explicites, et, si on les prend à la lettre, ils ne peuvent se concilier avec la doctrine de la divinité du Christ.

Il me suffit de vous rappeler ce passage où saint Justin, martyr, dit que l'Ange qui apparut à Moïse dans le buisson ardent ne pouvait être le Père, mais bien le Fils, parce que le Père ne peut se manifester « dans un étroit espace sur la terre1; » ou même ces paroles de notre divin Sauveur lui-même disant : Le Père est plus que moi2.

Maintenant, je le demande : Quelle marche y aurait

1 Dialog. cum Tryph. sect. 60, p. 157. Ed. Ben. Paris, 1742.

2 S. Jean, XIV. 28.

il à suivre dans un pareil cas pour un homme d'intelligence droite et réfléchie?

Dirait-il qu'un seul anneau rompu détruit la chaîne? et qu'un seul passage de cette sorte, contraire à la divinité de Jésus Christ, contrebalance les deux cent cinquante-six passages qui y sont favorables?

Serait-ce là de l'histoire scientifique? Serait-il scientifique de prétendre que l'unique passage, quelque explicite et contraire qu'il soit en apparence, ne peut avoir qu'un seul sens et ne peut être interprété d'aucune autre manière? S'il en est ainsi, les historiens scientifiques doivent s'en tenir au sens littéral et de prima facie des paroles citées plus haut de saint Justin, martyr, et de Notre-Seigneur.

Supposant encore que l'unique passage reste explicite et contraire et forme, par conséquent, une difficulté insoluble, je demanderai si tout autre qu'un socinien, úñolécɛi dovλeúwv, esclave de l'hypothèse, et engagé dans la perversité de la controverse, rejetterait le monceau de preuves explicites et concluantes contenues dans deux cent cinquante-six passages, par la seule raison qu'il se trouve un passage contraire d'une difficulté insoluble? Si l'on devait procéder ainsi, on serait vrai, ment heureux de n'avoir pas conscience des éléments qui se trouvent sous la base des plus confiantes croyances. Mais je ne veux pas m'arrêter pour le moment à cet ordre de considérations. Il suffira de dire qu'un pareilprocédé, loin d'être scientifique, ne serait que superficiel, inintelligent et absurde. Alors, demanderai-je,

est-ce la science, on la passion, qui rejette le monceau de. ces deux cent cinquante-six preuves dont l'infaillibilité est entourée, à cause de la question d'Honorius, même en supposant qu'elle présente une difficulté insoluble? La vraie science nous enseigne que, dans les systèmes les plus certains, il reste quelques phénomènes qui forment longtemps d'insolubles difficultés, sans pour cela diminuer en rien la certitude du système luimême.

Mais il y a plus, c'est que la question d'Honorius n'offre pas une difficulté insoluble.

Au jugement d'une foule des plus grands théologiens de toutes les contrées, de toutes les écoles, de toutes les langues, depuis deux cents ans que cette controverse est ouverte, la question d'Honorius a été complétement résolue. Bien plus, elle a servi à fournir d'abondantes preuves, tirées des actes mêmes et des documents, pour démontrer l'hypothèse directement contraire, c'est-à dire l'infaillibilité des Pontifes romains. Mais je n'ai pas à revenir là-dessus; il suffit, pour mon argumentation actuelle, d'affirmer que la question d'Honorius est discutable, puisqu'elle est discutée depuis des centaines d'années. En outre, considérant que la question d'Honorius a été résolue avec une égale confiance pour et contre l'infaillibilité du Pontife romain, et je puis ajouter que ceux qui ont disculpé Honorius d'être personnellement tombé dans l'hérésie forment une immense majorité en comparaison de leurs contradicteurs, et, ajoutons-le, c'est parler avec beau

[ocr errors]
« ÖncekiDevam »