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CHAPITRE II

LES DEUX CONSTITUTIONS.

Après m'être si longuement occupé de la partie la moins agréable et la moins vitale de mon sujet, j'arrive avec joie aux actes authentiques du Concile.

Les matières soumises à ses délibérations étaient partagées en quatre classes, pour chacune desquelles une députation ou commission de vingt-quatre Pères avait été élue par le Concile. Les quatre députations étaient dites de la Foi, de la Discipline, des Ordres religieux et des Rites, cette dernière comprenant les Missions.

Jusqu'à présent, il n'y a que les questions de Foi et de Discipline qui aient été introduites devant le Concile; parmi ces questions, il y en a deux principalement qui ont été traitées, comme étant la base de tout, et, par leur nature, les plus importantes.

Je me bornerai, pour ce qui me reste à dire, aux

deux constitutions dogmatiques de Fide et de Ecclesia Christi1.

L'histoire de la Foi ne peut pas être exactement et complétement écrite sans qu'on écrive en même temps l'histoire de l'hérésie et celle des définitions, car les hérésies sont des altérations partielles de la vérité, et les définitions sont des rectifications de ces erreurs partielles. Or, la Foi a la même étendue que la révélation entière de la vérité, et, bien que toute vérité révélée soit déterminée et précise, néanmoins toutes les vérités révélées n'ont pas encore été définies. Le besoin d'une définition se présente lorsque quelque vérité révélée a été obscurcie ou niée. L'histoire générale de l'Eglise sera donc l'histoire générale de la Foi, mais l'histoire des Conciles sera principalement, sinon exclusivement, l'histoire de ces portions de la révélation qui ont été attaquées par l'hérésie et protégées par les définitions.

La divine tradition de l'Eglise renferme des vérités de l'ordre surnaturel que l'homme n'aurait pas pu connaître sans la révélation, telles que les mystères de l'Incarnation et de la sainte Trinité, et des vérités de l'ordre naturel que la raison peut aussi atteindre, telle que l'existence de Dieu. Le cercle de cette divine tradition est plus étendu que celui des définitions. L'Eglise garde, enseigne et transmet tout entière la divine tradition des vérités naturelles et surnaturelles, mais elle

1 Voir le texte et la traduction à l'Appendice, Document V,

ne définit que les portions du dépôt qui ont été obscurcies ou niées.

Les dix-huit Conciles œcuméniques ont ainsi défini un certain nombre des doctrines spéciales de la Foi qui étaient contestées. C'est pour cette raison que le Concile du Vatican s'est occupé de deux vérités de premier ordre qui étaient contestées et qui n'étaient pas encore définies, savoir: l'Ordre surnaturel et l'Eglise. C'est là ce qui constituera le caractère de ce Concile, et qui marquera dans l'histoire les progrès faits par l'erreur au milieu du monde chrétien de nos jours.

La série des hérésies a suivi l'ordre du Credo baptismal. Elles ont commencé par attaquer la nature et l'unité de Dieu créateur, puis celle de Dieu rédempteur, ensuite la doctrine de l'Incarnation, de la Divinité et de l'Humanité du Fils de Dieu; enfin, celle du SaintEsprit, sa personnalité et sa divinité. Après cela vinrent les controverses sur le péché, sur la grâce et sur les sacrements; enfin les hérésies de la prétendue Réforme, qui s'étendirent sur tout ce qui n'avait pas encore été attaqué dans la théologie catholique, spécialement sur la divine autorité et sur l'institution de l'Eglise elle-même. Les Conciles qui ont précédé celui de Trente ont parfaitement gardé toutes les doctrines de foi contestées jusqu'à eux, au moyen de définitions précises, à l'exception des deux vérités primaires et antérieures à toute doctrine, savoir, la révélation de l'ordre surnaturel et la divine autorité, la divine institution de l'Eglise. Affirmer et définir ces deux vérités

paraît être, comme je l'ai déjà dit, la mission et le caractère du Concile du Vatican, mission qui indique l'état actuel du monde chrétien. En effet, dans les trois derniers siècles, le rapide développement du principe rationaliste du protestantisme a fait disparaître tous les systèmes intermédiaires et tous les christianismes tronqués et fragmentaires. La question se réduit donc aujourd'hui à choisir entre la foi et l'incrédulité, ou, ce qui revient au même, entre l'ordre naturel et l'ordre surnaturel.

La constitution de Fide catholica.

Voilà le point saillant de la première constitution dogmatique, de Fide catholica.

Dans le prooemium ou préambule, le Concile déclare que personne ne peut ignorer comment les hérésies condamnées à Trente se sont subdivisées en une multitude de sectes contraires, dont quelques-unes n'ont plus même la foi au Christ, et comment les saintes Ecritures, qui étaient d'abord tenues hautement comme la source et la règle de la foi, ont fini par n'être plus considérées que comme des fables. Il déclare que la cause de ce mal est la répudiation de la divine autorité de l'Eglise et la licence du jugement privé.

« C'est alors qu'a pris naissance et que s'est répandu au loin dans le monde cette doctrine du rationalisme ou naturalisme qui, s'attaquant par tous les moyens à la religion chrétienne parce qu'elle est une institution surnaturelle, s'efforce avec une extraordinaire ardeur

d'établir le règne de ce qu'on appelle la raison pure et la nature, après avoir arraché le Christ, notre seul Seigneur et Sauveur, de l'âme humaine, de la vie et des mœurs. Or, après qu'on eut nié Dieu et son Christ, l'esprit d'un grand nombre s'est jeté dans l'abîme du panthéisme, du matérialisme et de l'athéisme, à ce point que, niant la nature rationnelle elle-même et toute règle du droit et du juste, ils s'efforcent de détruire les fondements mêmes de la société humaine.

« Il est donc arrivé que cette impiété, s'étant accrue de toutes parts, plusieurs enfants de l'Eglise catholique elle-même s'écartaient du chemin de la vraie piété, et que le sens catholique s'était amoindri en eux par la diminution progressive des vérités. Car, entraînés par des doctrines diverses et étrangères, et confondant à tort la nature et la grâce, la science humaine et la foi divine, ils arrivent à détourner de leur sens propre les dogmes que tient et enseigne la sainte Eglise notre Mère, et à mettre en péril l'intégrité et la pureté de la foi. D

Tel est le jugement que porte le Concile du Vatican sur la situation actuelle du monde chrétien; c'est de ce point de vue que nous pouvons apprécier ses décrets.

Le premier chapitre de la Constitution traite de Dieu, créateur de toutes choses. Dans ce chapitre, le Concile indique ce qui est de foi sur la personnalité, la spiritualité et la liberté de Dieu, sur la création des êtres corporels et spirituels, et sur l'existence du corps et

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