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à leur conversion, et les faire avancer dans la perfection chrétienne, il doit lui-même pratiquer la perfection ecclésiastique, par une vie vraiment sacerdotale, apostolique. Il ne réussira bien à faire rentrer le pécheur en lui-même, et à lui inspirer des sentiments salutaires, qu'autant qu'il sera réellement pénétré d'une grande crainte de Dieu, de la plus vive horreur du péché. Les avis, les conseils, les exhortations d'un prêtre touchent peu les fidèles, quand ils ne partent pas du cœur, quand il n'est pas touché lui-même, ou que ses paroles, quelque évangéliques qu'elles soient, ne répondent pas à sa conduite. Aussi, quand le pécheur revient à Dieu, il ne s'adresse point à un prêtre mondain, mais à celui qui n'est plus de ce monde, et qui ne paraît dans le monde que pour y répandre l'odeur de ses vertus, et y faire aimer la religion, la piété chrétienne. Le prêtre, dit l'Apôtre, est l'homme de Dieu; il doit donc pratiquer la justice, a piété, la foi, la charité, la patience et la douceur : « Tu autem, o homo Dei, hæc fuge; sectare « vero justitiam, pietatem, fidem, charitatem, patientiam, man« suetudinem (1). » Le prêtre, le confesseur est l'homme de Dieu; il ne doit donc dépendre que de Dieu, ne dépendant plus ni du monde, ni de ses parents, ni de lui-même. D'ailleurs, de toutes les fonctions saintes, la plus délicate et la plus dangereuse pour le prêtre est sans contredit d'entendre les confessions. Il faut donc que le prêtre soit affermi dans la vertu, et qu'il se prémunisse fortement, par la pensée de la présence de Dieu, par la vigilance sur lui-même, par l'esprit de prière et de mortification, contre les différentes tentations qu'on rencontre si souvent dans le tribunal de la Pénitence. « Nemo, nisi valde sanctus, dit saint Laurent Justi« nien, absque sui detrimento proximorum curis occupatur. » Enfin, le prêtre ne doit entrer au confessionnal que comme ministre de Jésus-Christ, ne se proposant que la gloire de Dieu et le salut des

âmes.

506. Ainsi prémuni contre les dangers, allez au saint tribunal, plein de confiance en Dieu; mais veillez-y habituellement sur votre cœur, pour en exclure tout mal, et pour y conserver une sainte ferveur. On peut y éprouver des tentations d'impatience, de vanité, des mauvais penchants, qui, sans qu'on s'en aperçoive, entrainent au relâchement ou au rigorisme, et font qu'on absout ou qu'on renvoie le pénitent mal à propos, qu'on néglige sa guérison, ou qu'on fomente peut-être en soi des passions que le sacrement

(1) Timoth, c. 6. v. 11.

doit détruire dans les autres. Puisque vous purifiez les âmes avec le sang de Jésus-Christ, offrez chaque confession que vous entendez à une des cinq plaies du Rédempteur; priez tantôt notre divin Sauveur, tantôt le Père céleste, de bénir vos travaux; recomman dez votre ministère à la sainte Vierge, à l'ange gardien, ou à quelque saint. Si vous vous appliquez à vous-même les sentiments et les maximes que vous devez suggérer au pénitent, le ministère de la confession sera pour vous comme une méditation et une prière continuelle; vous serez constamment uni à Dieu, et vous attirerez les bénédictions du ciel sur vous et sur vos pénitents (1).

ARTICLE II.

Du Zèle nécessaire au Confesseur.

507. Après la sainteté, vient le zèle nécessaire dans le confesseur. Le prêtre ne peut être saint, comme il doit l'être, sans être animé du zèle le plus ardent pour la gloire de Dieu et le salut de ses frères. Le propre du prêtre, dit saint Anselme, est d'arracher les âmes au monde, et de les donner à Dieu : « Sacerdotis proprium est animas e mundo rapere, et dare Deo. » Le simple prêtre, qui n'a pas charge d'âmes, n'est pas pour cela dispensé d'entendre les confessions; s'il n'est pas capable de confesser, il doit travailler à se mettre en état d'exercer ce ministère. C'est le sentiment de saint Alphonse de Liguori (2). Mais les curés, les vicaires, les aumôniers, y sont plus spécialement obligés, et ce n'est que par le zèle le plus vif et le plus pur qu'ils pourront surmonter les peines, les ennuis, les dégoûts qu'on éprouve au tribunal de la Pénitence. Le confesseur n'est pas à lui; il se doit à tout le monde, aux enfants comme aux vieillards, aux petits comme aux grands, aux pauvres comme aux riches, aux ignorants comme à ceux qui sont instruits, aux insensés comme aux sages, aux pécheurs comme aux justes, et même plus aux pécheurs qu'aux justes: Non veni vocare justos, sed peccatores. A l'exemple du bon pasteur, du pasteur par excellence, il doit sacrifier son repos pour courir après la brebis égarée, et la ramener au bercail. Un prêtre zélé passera des heures et des journées entières au confessionnal; il y recevra tous ceux qui se présenteront, sans acception de personnes; il se gardera bien de refuser l'étranger, celui qu'il ne connaît point: il pourrait,

(1) Voyez le Prêtre sanctifié par l'administration du sacrement de Pénitence, no 126. — (2) Selva, ch. 9. § 1.

par un refus, être l'occasion de la perte éternelle du pécheur qui revient à Dieu. S'il ne peut recevoir à l'instant celui qui demande à se confesser, il prendra, autant que possible, les jours et les heures qui conviendront le mieux aux fidèles. Le caractère du zèle est le dévouement pour le salut de nos frères : « Ego autem liben«tissime impendam, et superimpendar ipse pro animabus vestris ; <«< licet plus vos diligens, minus diligar (1). » C'est un esprit de sacrifice et d'abnégation; c'est cette charité même qui est patiente, qui souffre et supporte tout: Charitas patiens est.... Omnia suffert.... Omnia sustinet (2).

508. «Il ne suffit pas, dit un pieux auteur, d'avoir bien accueilli « et encouragé le pénitent, il faut encore que vous le supportiez patiemment durant le cours de sa confession. Ce sera pour vous,

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il est vrai, une occasion d'exercer votre vertu; car il est pénible « de se voir accablé par la multitude des pénitents, ou retenu par « un seul, qui, unissant aux longueurs, aux doutes, à un langage grossier et peu intelligible, un fatras de choses et de cas em<< brouillés, cause à celui qui l'écoute un travail et un ennui que « l'amour paternel seul peut faire surmonter; amour qui ne se lasse « jamais, et qui nous fait aimer la fatigue. Pour ranimer et nourrir << en vous cette charité, gravez profondément dans votre cœur et méditez souvent les maximes suivantes : 1° Si Jésus-Christ n'a pas hésité de donner son sang et sa vie pour le salut des âmes, qui de nous, qui sommes ses ministres, pourra refuser d'y em«ployer au moins son temps et son travail? Pourrions-nous faire << un usage plus noble et plus avantageux de nos forces, que de les « consacrer à l'œuvre pour laquelle Dieu lui-même s'est donné tout entier? 2o Qua mensura mensi fueritis, remetietur vobis (3). Comme si le Seigneur vous disait : Si vous prodiguez à cette ame la patience, la consolation et les soins que demande son salut, il « sera fait à vous-même ce que vous aurez fait pour elle; je vous supporterai aussi de mon côté, je vous aiderai et vous sanctifierai. Mais si vous lui refusez tout cela, malheur à vous! Je vous refuserai ces mêmes avantages; je ne serai plus si indulgent à «< tolérer vos manquements; je vous accorderai moins de secours. « Si donc vos intérêts vous touchent, sachez supporter le pénitent « avec patience. 3° Si le Seigneur réserve pour le jugement dernier « une récompense publique et éternelle aux plus petites œuvres de

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(1) II. Corinth. c. 12. v. 15. — (2) I. Corinth. c. 13. v. 4 et 7, -(3) Matth.

c. 7. v. 2.

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« la charité de l'ordre inférieur, je veux dire qui concerne le tem« porel, quelles récompenses ne prépare-t-il pas aux œuvres de la « charité spirituelle, qui lui est si supérieure, qui enrichit les âmes « de la grâce, qui les nourrit, qui les délivre de l'esclavage du « démon et des maladies spirituelles? Mais vous qui, par votre patience, ramenez dans le sein du Père céleste des enfants égarés, « vous n'attendrez pas jusqu'au jugement dernier à recevoir les grâces et les récompenses qu'il vous promet. Combien de tenta«<tions périlleuses n'éloignera-t-il pas de vous? Combien ne vous « en fera-t-il pas surmonter? Combien de secours spirituels ne vous « prodiguera-t-il pas? Montrez donc une patience à toute épreuve « durant tout le cours de la confession; et quand vous sortirez du « saint tribunal, épuisé de fatigue, si vous avez traité vos péni<< tents en père charitable, vous trouverez en Dieu un père qui « vous comblera de grâces et de consolations (1). »

ARTICLE III.

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De la Douceur et de la Fermeté nécessaires au Confesseur.

509. Si la douceur, cette vertu éminemment chrétienne, est nécessaire à tous, elle l'est plus particulièrement encore aux ministres du sacrement de Pénitence. Obligé quelquefois de corriger le pénitent, le confesseur doit toujours le faire avec douceur. C'est l'avis de l'Apôtre : « Si præoccupatus fuerit homo in aliquo delicto, « vos, qui spirituales estis, hujusmodi instruite in spiritu lenitatis; considerans teipsum, ne et tu tenteris; alter alterius onera por«<tate, et sic adimplebitis legem Christi (2). » Nous devons d'abord considérer nos propres défauts avant de reprendre ceux d'autrui, afin de sentir pour les autres, surtout pour ceux qui nous donnent le doux nom de père, cette compassion dont nous avons besoin pour nous-mêmes Souvent on réussit plus par la douceur que par la sévérité, dit le concile de Trente: « Sæpe plus erga corrigendos agit benevolentia quam austeritas, plus exhortatio quam minatio, « plus charitas quam potestas (3). » Mais un confesseur ne doit pas oublier qu'il est juge; que la fermeté, par conséquent, ne lui est pas moins nécessaire que la douceur; que ces deux vertus s'allient

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(1) Le Prêtre sanctifié par l'administration du sacrement de Pénitence, première partie, § 8. — (2) Galat. c. 6. v. 1 et 2. —(3) Sess. x. de Reformatione, cap. 1.

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dans le ministre des sacrements, comme la justice et la miséricorde s'allient dans celui qui en est l'auteur: « Noli quærere fieri judex, <«< nisi valeas virtute irrumpere iniquitates (1). » La fermeté sans douceur, comme la douceur sans fermeté, n'est plus une vertu ; c'est une espèce de cruauté qui tue ou qui laisse périr les âmes. Malheur à celui qui impose un joug que le Seigneur n'impose point, un fardeau qu'il ne pourrait porter lui-même! Malheur aussi, dit un prophète, à celui qui met des oreillers sous la tête des pécheurs, afin qu'ils dorment tranquillement de leur sommeil de mort! « Væ « quæ consuunt pulvillos sub omni cubito manus, et faciunt cervi«< calia sub capite universæ ætatis ad capiendas animas (2) ! » Il est donc nécessaire que le confesseur réunisse la fermeté à la douceur, et la douceur à la fermeté; ou, en d'autres termes, qu'il applique le plus exactement possible les règles de l'Église, tout en compatissant, à l'exemple du Pontife éternel, aux infirmités du pécheur. Suppléant de Dieu comme ministre du sacrement, comme juge et comme médecin, il ne sera le dispensateur fidèle de ses dons qu'en faisant ce que Jésus-Christ ferait lui-même, s'il siégeait en personne au tribunal sacré. Ayant constamment les yeux sur celui dont il tient la place, il craindra tout à la fois d'être trop sévère et trop indulgent; il ne peut ni lier ni délier à volonté, contre l'ordre de Dieu : « Non potest ligare et solvere ad arbitrium, dit saint Thomas, sed tantum sicut a Deo præscriptum est (3). » Il se rappellera néanmoins que, quoique le Seigneur soit souverainement juste, ses commisérations sont au-dessus de toutes ses œuvres, et qu'il vaut mieux avoir à lui rendre compte d'un excès de miséricorde que d'un excès de sévérité : « Melius est Domino rationem « reddere de nimia misericordia quam de nimia severitate. » C'est la pensée d'un auteur ancien (4), et nous la retrouvons dans le décret de Gratien, sous le titre : « Melius est errare in misericordia « remittendi quam in severitate ulciscendi. » C'est aussi la pensée de saint Ambroise : « Ad misericordiam promptior est quam ad « severitatem Spiritus Dei (5). » C'est encore la pensée du Docteur angélique (6), de saint Antonin (7), de saint Raymond de Pegnafort (8), et de saint Odilon de Cluny. Comme on reprochait à ce saint abbé d'être trop indulgent à l'égard des pécheurs, il répondait que s'il fallait être damné, il aimait mieux l'être pour avoir

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(1) Eccli. c. 7. v. 6.

art. 3 et 4.

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·(2) Ezech. c. 13. v. 18.

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- (3) Sum. part. 3. quæst. 18. (4) L'auteur de l'Opus imperfectum in Matthæum. —(5) De Pœnitentia, lib. 1. cap. 2. — (6) Opuscul. 65. — (7) Sum. part. 2. tit. 4. cap. 5. - (8) Sum. lib. 1. tit. 34.

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