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pénitence est fausse lorsque, en même temps que l'on se repent, « on n'a pas le propos de s'abstenir du péché par après, ou que, « si on retombe dans ses premières fautes, la pénitence qu'on a « faite perd sa force et son énergie, de manière qu'elle ne peut plus rien pour notre salut, tandis que nous demeurons dans nos péchés. C'est ainsi que les Pères doivent être entendus et interprétés. Il suffit donc d'avoir un ferme propos d'amender sa vie, voire que par après on ne viendrait à bout d'effectuer un « si bon propos (1). »

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555. Quant aux moyens d'apprécier l'amendement des récidifs, il faut avoir égard à la situation morale du pénitent, aux circonstances où il se trouve, à la manière dont se commet le péché, à la force et à la fréquence des tentations, et au nombre des rechutes. C'est par là qu'on peut juger si les rechutes sont un effet de la malice ou de la fragilité humaine. Celui qui, par exemple, pèche par suite d'une habitude plus ancienne, et par conséquent plus difficile à déraciner; celui qui est d'un naturel plus fortement porté au mal; celui qui, pour commettre le péché, a éprouvé un plus grand nombre d'assauts dans le même espace de temps, mérite, à nombre égal de rechutes, plus d'indulgence, parce qu'on remarque chez lui plus de fragilité et moins de malice, que celui qui s'est trouvé dans des circonstances différentes et plus favorables au bien. Lorsqu'il s'agit d'actes qui se font facilement et promptement, comme le consentement intérieur à des pensées de haine ou d'impureté, il y a pour l'ordinaire moins de malice que dans les actes extérieurs. De même, parmi les actes extérieurs, y a moins de malice dans les péchés de parole que dans ceux qui réclament l'usage des mains; moins de malice à pécher seul qu'avec un autre, à être séduit qu'à séduire. Il résulte de là que vous pourrez absoudre un pénitent qui, habitué à dire de mauvaises paroles six fois ou même plus de six fois par jour, n'en a proféré qu'une fois à peu près chaque jour pendant une semaine entière; et qu'il sera mieux de différer l'absolution à celui qui, habitué à pécher par action presque tous les jours, est retombé deux ou trois fois dans huit jours; car le premier montre plus d'efforts pour se corriger que le second. Cependant, si celui-ci se trouve dans des circonstances où le délai l'exposerait à un plus grand dommage

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(1) Paul Boudot, mort évêque d'Arras en 1635, Traité du sacrement de Pé nitence, etc. — Voyez aussi la Justification de S. Alphonse de Liguori, ch. 9. M. II.

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spirituel, par exemple, si on a lieu de craindre qu'il ne tombe dans le découragement; s'il ne peut revenir au même confesseur ; s'il est à la veille de recevoir le sacrement de Mariage sans pouvoir différer, on peut user d'indulgence à son égard, et l'absoudre après avoir fait tout ce que la charité peut suggérer pour l'exciter à la plus vive douleur de ses péchés (1).

556. On doit aussi avoir égard à l'âge du pénitent. Toutes choses égales, on sera plus indulgent envers les jeunes gens, soit parce qu'ils sont naturellement plus inconstants, plus mobiles, passant du bien au mal et du mal au bien avec la même facilité; soit parce que souvent il est à craindre, surtout dans les diocèses où la foi s'est affaiblie, que le délai de l'absolution ne décourage les jeunes gens, à raison des efforts qu'ils ont à faire pour vaincre le respect humain qui tend à les éloigner des sacrements. Toutefois, en donnant ici plus d'étendue à l'indulgence, le confesseur n'absoudra le pénitent qu'autant qu'après l'avoir excité à la contrition il jugera prudemment qu'il déteste ses péchés, et qu'il est réellement dans l'intention de changer de vie.

CHAPITRE XI.

Des Devoirs du Confesseur envers ceux qui sont dans l'occasion prochaine du péché.

557. Il ne s'agit ici que de l'occasion du péché mortel; car on n'est point obligé de déclarer en confession les péchés véniels. Or, on entend par occasion tout objet extérieur qui, en frappant nos sens, fait naître en nous la pensée du mal et nous porte au péché. On distingue l'occasion éloignée et l'occasion prochaine. La première est celle qui ne porte que faiblement et indirectement au péché, de sorte que celui qui se trouve dans cette occasion ne tombe que rarement. On n'est point obligé de fuir les occasions éloignées autrement, il faudrait sortir du monde; car on trouve partout de ces sortes d'occasions. Cependant, comme il y a des occasions qui, sans être prochaines, sont plus ou moins dange

(1) Voyez le Prêtre sanctifié, no 90, etc.; le Manuel des Confesseurs, par M. l'abbé Gaume, tom. 11. no 321, etc.

reuses, c'est un devoir pour le confesseur d'y faire attention; d'exciter avec prudence et précaution, suivant la nature de ces occasions, la vigilance des pénitents, et de les en éloigner autant que possible: tels sont, par exemple, certains jeux, les danses, les bals et les spectacles. Quoique ces divertissements profanes ne soient pas une occasion de péché mortel pour tous, on doit en faire remarquer le danger à tous, et en détourner les pénitents, sans exiger toutefois qu'ils y renoncent absolument, à moins qu'ils n'y trouvent le danger probable de pécher mortellement (1).

L'occasion prochaine est celle qui nous porte si fortement au péché, qu'il est probable ou vraisemblable que celui qui s'y trouve tombera dans le péché mortel. Il y a des occasions qui sont prochaines de leur nature; ce sont celles qui portent par elles-mêmes au péché telles sont la lecture des livres obscènes, la fréquentation des lieux de débauche, la présence d'une personne qu'on retient à la maison, si on est dans l'habitude de pécher avec elle on les appelle occasions absolues, naturelles. Il en est d'autres qui ne sont prochaines qu'accidentellement : on les appelle relatives ou personnelles, parce qu'elles ne sont occasions de péché que par rapport à certaines personnes : tels sont les cabarets, pour ceux qui sont sujets à l'ivrognerie; le jeu, pour ceux qui s'y laissent emporter à des blasphèmes; la danse, les spectacles, pour les personnes qui ne peuvent y prendre part sans tomber fréquemment dans quelque péché mortel contre le sixième précepte. Tels sont encore, pour certaines personnes faibles ou ignorantes, les emplois les plus honnêtes, les fonctions les plus saintes. Enfin, l'on distingue les occasions volontaires, que l'on peut faire cesser plus ou moins facilement; et les occasions involontaires, qui sont indépendantes de la volonté telles sont les occasions que l'on ne peut absolument quitter, ou dont on ne peut se séparer sans scandale ou sans danger de compromettre sa réputation.

558. Comment connaître si une occasion de péché est prochaine? Ce discernement n'est pas facile, soit parce que les théologiens ne s'accordent pas à nous donner les mêmes règles, soit parce qu'on est souvent embarrassé quand il s'agit de faire l'application de celles qui sont le plus généralement adoptées. Néanmoins, on doit regarder comme prochaine toute occasion, soit absolue, soit relative, où l'on est tombé fréquemment. « Occasio proxima per se ■ est illa in qua homines communiter, ut plurimum, peccant :

(1) Voyez le tome 1. no 647, etc.

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quæ, licet per se respectu aliorum proxima per accidens est illa « non sit proxima, eo quod non sit apta de sua natura communi«< ter inducere homines ad peccatum, tamen respectu alicujus est proxima; vel quia hic in illa occasione, et si non fere semper, nec frequentius, frequenter tamen cecidit; vel quia, spectata ejus præterita fragilitate, prudenter timetur ipsius lapsus. Unde « perperam dicunt Navarrus, Lugo et Viva cum aliis non esse in « occasione proxima adolescentes, qui laborando cum fœminis peccant consensu, verbis aut tactibus, eo quod, ut dicunt, non fere semper in talibus occasionibus peccant; nam, ut diximus, «< ad occasionem proximam constituendam sufficit ut homo frequenter in ea labatur. Notandum vero quod aliquando occasio, « quæ respectu aliorum est proxima, respectu hominis valde pii << et cauti poterit esse remota (1). Ex præmissis infertur esse in oc«< casione proxima, 1o qui domi retinet mulierem cum qua sæpe peccavit. Et hic notandum quod si quis non habet ad suam dispositionem mulierem, cum qua peccat, sed cum ea peccat sem« per ac accedit in illius domum, tunc illuc accedere erit occasio proxima, etiamsi semel in anno accederet. 2° Qui in ludo frequenter labitur in blasphemias vel fraudes. 3° Qui in aliqua domo, caupona, aut conversatione (frequenter), incidit in « ebrietatem, rixas, verba aut gestus lascivos ( aut cogitationes obscœnas). » Ainsi s'exprime saint Alphonse de Liguori (2). 559. Selon le bienheureux Léonard de Port-Maurice,

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« donne communément le nom d'occasion prochaine à celle où, «< attendu les circonstances de la personne, du lieu et de l'expé«rience passée, on pèche toujours, ou presque toujours, ou du « moins fréquemment. C'est ce qui la distingue de l'occasion « éloignée, dans laquelle, eu égard aux mêmes circonstances, on ne pèche que rarement. Ainsi, l'occasion prochaine n'est jamais « telle que quand elle a, d'une manière absolue ou relative, union fréquente avec le péché. Tel est le caractère propre qu'assignent les théologiens pour distinguer l'occasion prochaine de l'occasion éloignée... Mais il est à propos de remarquer que « nous n'entendons pas ici que la fréquence des chutes soit tou«jours absolue quant au temps et quant aux actes, de sorte que « pour constituer l'occasion prochaine il soit nécessaire de pécher « tous les jours ou presque tous les jours, ou de commettre dans

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(1) S. Alphonse de Liguori, lib. vl, no 452, · - (2) Ibidem et Praxis confessarii, no 64.

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« le même espace de temps un certain nombre de péchés. Non; « mais il suffit qu'elle soit relative au nombre de fois qu'on s'est exposé à l'occasion. Ainsi, un homme ne tient pas, à la vérité, « dans sa propre maison, la personne avec laquelle il a coutume a de pécher, moins encore il l'entretient ailleurs dans sa dépen<< dance; le concubinage serait trop évident. Mais il la visite dans « une maison qui ne lui appartient pas, et, pour cacher son intri«gue et tromper les regards de ceux qui épient ses démarches, il « ne la visite qu'une seule fois par mois, et même plus rarement. « Il est certain que s'il pèche le plus souvent (1) quand il se rend « dans cette maison, si de douze fois l'année il n'en passe pas cinq « ou six sans tomber, il doit être infailliblement réputé dans l'oc«< casion prochaine du péché. Quelquefois encore il ne faudra pas « s'attacher au nombre matériel des chutes, mais plutôt à exami«ner quelle est l'influence de l'occasion sur le péché, et jusqu'à quel point le péché dépend de l'occasion. Toutes ces considéra«tions sont abandonnées à la prudence du confesseur, qui pèsera « mûrement le fait avec toutes les circonstances (2). »

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560. Ainsi, on se comportera comme si l'occasion était prochaine envers une personne qui n'a fait encore qu'une seule chute, si, étant déjà fort portée d'elle-même au mal, elle se trouve continuellement en présence de son séducteur, qui, à raison de sa position, a beaucoup d'ascendant sur elle; ut si ancilla facilis semel peccaverit cum hero, præsertim si ab eo peccati emolumentum speret. Elle est évidemment dans un danger prochain de rechute.

(1) La Méthode de Direction, par un directeur du séminaire de Besançon, définit les occasions prochaines celles qui « nous mettent dans un danger pro«bable, moral et prochain de pécher; ce qui fait que celui qui s'y trouve « tombe presque toujours dans le péché : In ea positus SÆPIUS peccat, ainsi «< qu'on s'exprime dans l'école. » Chap. 7. art. 2. § 1. Nous n'admettons point cette notion, quoiqu'on la trouve dans plusieurs théologiens: pour que l'occasion du péché soit prochaine, il suffit que celui qui s'y trouve tombe fréquemment, sæpe, frequenter, comme le dit S. Alphonse. Toutefois, nous sommes loin d'accuser l'auteur de cette Méthode d'avoir voulu favoriser le relâchement pour l'absolution de ceux qui sont dans l'occasion du péché; car, citant d'une manière incomplète et quelquefois inexacte les Avertissements de S. Charles aux Confesseurs, il se montre encore plus sévère que ce grand archevêque, auquel certainement personne ne reprochera d'avoir été trop indulgent: Quem nemo certe dicet plus æquo indulgentem. C'est la remarque de Benoît XIV, de Synod. diœces. lib. VII. cap. 63. On peut voir dans l'introduction du Manuel des Confesseurs, de M. l'abbé Gaume, et dans la Justification de la Théologie de S. Alphonse, ce que nous avons dit de la Méthode de Direction. (2) Discorso mistico e morale, nos 21 et 23.

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