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SOIXANTE-DIXIÈME ENTRETIEN.

CE QUI EST NÉCESSAIRE POUR LA CONSECRATION DE L'EU-
CHARISTIE: DISPOSITIONS POUR LA RECEVOIR DIGNEMENT.

LE D. La manière dont vous venez d'exposer ces questions de l'eucharistie, ne laisse aucun doute sur la vérité des dogmes qu'elles renferment; on est forcé de dire : Oui, vraiment, la chose est ainsi; des autorités nombreuses, imposantes, infaillibles, font un devoir de l'accepter. Cependant, il reste bien des difficultés embarrassantes dont on voudrait connaître la solution. Je vais donc vous les proposer, à moins que vous ne préfériez consacrer cet entretien à quelque autre sujet.

LE TH. Je désire continuer l'exposition de ce qui constitue l'eucharistie; après quoi nous pourrons examiner toutes les difficultés que vous aurez à proposer. Ces paroles de saint Matthieu : Pendant qu'ils soupaient, Jésus prit du pain, et l'ayant héni, il le rompit, et le donna àses disciples, en disant: Prenez et mangez, ceci est mon corps (26), nous apprennent que Jésus-Christ employa, pour

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se servir

la consécration de son corps, du pain de froment. C'est le seul que l'on appelle pain d'une manière simple et absolue. Des hérétiques ont voulu faire usage d'autres substances pour les consacrer dans l'eucharistie; mais l'Eglise les a toujours condamnés, en déclarant qu'on ne doit que de pain. Telle est la croyance constante des Orientaux et des Latins. Au reste, peu importe pour la validité du sacrement que ce pain soit fermenté ou azyme, sans levain ; les Grecs emploient le premier, les Occidentanx le se cond, et jamais on n'a jugé que cette différence fût substantielle, de manière à altérer le sacrement. Le concile de Florence l'a défini dans sa dernière session, en déclarant que chacun devait se con former à l'usage établi dans son Eglise..

Cependant le pain azyme nous paraît plus convenable, parce que le levain est souvent considéré comme le symbole de la corruption; au lieu que le pain azyme peut servir à indiquer la pureté extérieure, la sainteté de l'esprit et du cœur qu'on doit apporter à la réception de cet auguste sacrement. D'ailleurs, il paraît certain que le Sauveur a consacré avec du pain azyme, en instituant l'eucharistie après la pâque légale. Car la loi defendait sous peine de mort, de faire usage en cette circonstance, de pain fermenté, et d'en conserver dans sa maison (1); en n'employant que du pain azyme, nous agissons donc d'une manière

(1) Exod. 11.

plus conforme à l'institution et à l'esprit du

sacrement.

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Nous voyons aussi dans les évangélistes que Jésus-Christ employa du vin pour la consécration de son sang : et prenant ensuite le calice, il le leur donna, en disant: Buvez-en tous, car ceci est mon sang... Or, je vous déclare que je ne boirai plus de ce fruit de la vigne (2); le calice contenait donc du vin, et l'Eglise n'a jamais reconnu qu'un autre liquide pût être consacré dans l'eucharistie. On a toujours été dans l'usage de mêler un peu d'eau à ce vin, parce que, nous dit le catéchisme du concile de Trente, la tradition apostolique el l'autorité des conciles nous apprennent que notre Seigneur le fit lui-même, comme les Juifs le pratiquaient. Toutefois cette omission ne serait pas la validité de la consécration. un obstacle pour Voyons maintenant combien les symboles du pain et du vin étaient propres à indiquer la nature et les effets que nous reconnaissons dans l'eucharistie. Et d'abord, ils nous représentent Jésus-Christ comme la vie de nos âmes, luimême a dit : Ma chair est véritablement une nourriture, et mon sang est véritablement un breuvage. Puis l'Eglise est un seul corps composé de plusieurs membres, dont l'union est parfaitement représentée par les éléments du pain et du vin. Comme le vin est fait de plusieurs raisins, et le pain de plusieurs grains, ainsi tous, tant que nous

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(1) Matth. 26.

sommes, nous ne faisons qu'un seul corps, etant unis ensemble par les liens les plus etroits, lorsque nous avons participé à ce divin mystère (†). » Vous reconnaissez aussi dans ces éléments le signe sensible nécessaire pour les sacrements, qui indique d'une manière admirable l'effet produit dans nos âmes par la sainte eucharistie.

Le Seigneur prononça ces paroles en donnant aux apôtres son corps et son sang: Prenez et mangez, ceci est mon corps... buvez-en tous, car ceci est mon sang. Il a pu se rendre présent sous les saintes espèces par un seul acte de sa volonté ; on croit néanmoins qu'il consacra par les expres➡ sions que nous venons de rapporter. Quoiqu'il en soit, le prêtre ne peut consacrer l'eucharistie d'une manière mentale, intérieure, il doit prononcer ces paroles sacramentelles ou de semblables qui aient la même signification. Suivant le décret adressé aux Arméniens, la forme de ce sacrement consiste dans les paroles employées par le divin Sauveur. Le catéchisme du concile nous dit : « Cette forme dont s'est servi Jésus-Christ lui même pour la consécration de son corps et de son sang, a été constamment suivie dans l'Eglise catholique... Ces expressions de notre Seigneur Faites ceci en mémoire de moi, font voir clairement la vérité que nous traitons; cet ordre qu'il donna à ses apôtres, ne se rapporte pas seulement à ce qu'il avait fait, mais encore à ce qu'il

(2) Catech. C. Trid.

avait dit, et surtout aux paroles qu'il avait prononcées, autant pour produire que pour signifier l'effet du sacrement. >>

Le pouvoir de consacrer l'eucharistie n'appar tient qu'aux évêques et aux prêtres; car les paro les de Jésus-Christ: Faites ceci en mémoire de moi, ne s'adressaient qu'aux apôtres et à leurs successeurs dans l'ordre sacerdotal. Aussi n'a-t-on jamais reconnu cette puissance de la consécration aux laïques, aux ministres inférieurs, pas même aux diacres revêtus d'un caractère sacré. On ne peut donc comprendre, comment Luther ose avancer que tout fidèle en est investi dans la réception, et par la vertu seule du baptême. Combien de fois des circonstances extraordinaires auraient été une occasion légitime d'exercer ce droit ! jamais cependant, on n'a reconnu aux laïques la faculté de consacrer, pas même durant les persécutions, dans les voyages, les maladies, ni dans les solitudes du désert où les anachorètes restaient longtemps privés de la sainte eucharistie, n'ayant ni évêques ni prêtres pour la consacrer. Et souvent ils avaient à faire de longs voyages pour se procurer le bonheur de participer à ce sacrement dans les grandes solennités...

Déterminons quelles sont les personnes appelées à participer à la sainte eucharistie, et les dispositions qu'elles doivent y apporter. Jusqu'au XII° siècle, on était dans l'usage de la donner aux petits enfants aussitôt après le baptême et la confirmation, ce qui se pratique encore chez les Grecs.

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