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des tempêtes; derrière moi j'ai perdu le port et le vent me pousse au large. A droite sont les élus qui demandent secours, à gauche les démons et les mauvais qui nous molestent et nous agitent; au-dessus de moi je vois la vertu éternelle où l'espérance me pousse; au-dessous est l'enfer que comme homme je dois craindre, parce que sans l'aide de Dieu j'y tom berais certainement... Mais quel sera, Seigneur, le prix accordé dans l'autre vie à celui qui sortira victorieux de pareilles batailles? Une chose que l'œil ne peut voir, que l'oreille ne peut entendre, la béatitude éternelle. Et quel sera le prix accordé dans cette vie? Le serviteur ne sera pas plus grand que son maître, répond le Seigneur. Tu sais qu'après la prédication je fus crucifié; toi aussi, tu dois t'attendre au martyre. O Seigneur, Seigneur, accorde-le-moi vite, ce martyre, et fais-moi bientôt mourir pour toi, comme tu es mort pour moi! Je vois déjà le couteau aiguisé... Mais le Seigneur me répond: Attends, attends encore un peu, afin que ce qui doit advenir advienne. Et après cela tu emploieras la force d'âme qui te sera donnée (1), » sur quoi le pro

(1) Un giovane, partendosi di casa sua, si mise nel mare a pescare; ed il padrone della nave lo condusse pescando in alto mare, dove non si vedeva più il porto : onde il giovane cominciò a lamentarsi altamente. O Firenze ! quel giovane che si lamenta è su questo pergamo. Io fui condotto fuori della casa mia al porto della religione, ove andai nella età di ventitré anni, solo per cercare la libertà e la quiete; due cose che amavo sopra tutte le altre. Ma ivi riguardai le acque di questo mondo, e cominciai colla predica a guadagnare qualche anima; e trovandovi io piacere, il Signore mi ha messo in mare e portatomi in alto mare, dove ora sono e donde non vedo piu il porto. Undique sunt angustia. Dinanzi ai miei occhi, io vedo apparecchiarsi tribolazione e tempesta; di dietro io ho perduto il porto, ed il vento mi spinge in alto. A destra sono gli eletti che domandano aiuto, a sinistra i demonü

chain martyr reprenait son texte : « Louez le Seigneur, parce qu'il est bon. »

En même temps il chantait, dans la langue du peuple de ces a louanges spirituelles » (Laudi spirituali) que les plus raffinés, les plus impies même osaient répéter ou imiter :

<< Si vous voulez que Jésus règne par sa grâce dans votre cœur, toutes les haines, les colères, changez-les donc en doux amour! Chassant bien loin toute rancune, que chacun prenne en soi la paix : voilà ce qui plaît à Jésus là-haut au ciel, ici-bas dans le cœur (1). »

Mais Savonarole avait beau faire des vers, il détruisait ceux des autres et en rappelant que Platon avait pros

e cattivi che ci molestano e tempestano di sopra io vedo la virtù eterna, e mi spinge la speranza; di sotto è l'inferno che come uomo io debbo temere, perchè senza l'aiuto di Dio vi cadrei certamente... Ma quale sarà, o Signore, il premio conceduto nell' altra vita a chi riesce vittorioso in simile battaglia ? Cosa che l'occhio non può vedere, l' orecchio non può udire, la beatitudine eterna.

E quale

fia il premio conceduto in questa vita? Non sarà il servo maggiore del suo padrone, risponde il Signore. Tu sai che dopo la predicazione, io fui crocifisso cosi il martirio toccherà anche a te. O Signore, Signore, concedimi dunque questo martirio, e fammi presto morire per te, come tu sei morto per me. Ecco già parmi vedere il coltello affilato... Ma il Signore mi dice: aspetta ancora un poco, acciò vengano le cose che hanno a seguire, e poi userai quella fortezza d'animo che ti sarà concessa... >>

(1)

Se volete Jesù regni

Per sua grazia in vostro core,
Tutti gli odii e pravi sdegni
Commutate in dolce amore;
Discacciando ogni rancore,
Ciascun prenda in se la pace :
Questo è quel che a Gesù piace
Su nel cielo e qui nel core.

crit les poètes de sa république, il ne donnait pas tort à Platon. Quand il fut le dictateur moral, le réformateur de Florence, il ne se contenta pas de déclarer une guerre implacable aux libertins, partisans des Médicis, il fit plus encore orateur et polémiste puissant, d'une activité dévorante, ne cessant de prêcher que pour écrire, il soulevait le peuple contre la corruption de l'Église, contre l'obscénité des lettres, contre le paganisme des arts. A la fois inquisiteur et révolutionnaire, il célébra deux fois le carnaval par des processions lugubres autour d'un bûcher où l'on avait jeté imprudemment toutes les « vanités » jusque-là tolérées, même le « Décaméron » de Boccace; on a tort de brûler les livres : ils se vengent toujours. Savonarole allait d'une église à l'autre, tonnant contre les scandales de Rome; le pape lui ordonna de se taire, il n'obéit qu'un instant et parla plus fort; l'excommunication vint le frapper, il secoua son froc et la foudre se dissipa au vent, en cendre éteinte; il avait refusé le chapeau de cardinal et disait tout haut : « Je parle au nom de Dieu. Était-ce déjà Luther? - Parmi les auditeurs du moine, se trouvaient deux jeunes gens qui allaient bientôt acquérir un grand nom; l'un, Michel-Ange Buonarroti, écoutait avidement; l'autre, plus étonné qu'entraîné, secouait la tête. Ce dernier se nommait Nicolas Machiavel. Il ne comprenait pas que cet homme au langage étrange et violent, traitant les prêtres de telle façon que les chiens n'en voudraient pas manger (1), eût acquis une si grande autorité dans Florence. Le futur auteur du « Prince », déjà fort avisé, se demandait com

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(1) ... O preti,... trattarvi in modo che non ne mangerebbero i cani. La lettre contenant cette phrase est le premier écrit connu de Machiavel.

ment tout cela finirait. L'adhésion de Michel-Ange montrait la foi d'un patriote rigoureux; le doute de Machiavel marquait l'opposition de la Renaissance. Les Luther ne peuvent réussir que chez les croyants. Savonarole n'était pas de force à tenir longtemps ce peuple entier sous la discipline de l'Évangile en un pays où étaient déjà nés l'Arioste, Raphaël et Léon X. Il ne toucha pas au dogme et se déclara toujours catholique très fidèle : peut-être continua-t-il Arnaud de Brescia, Cola di Rienzo, par certains côtés Jacopone de Todi, mais il ne pouvait devenir réformateur. Il y avait chez lui l'inspiration, l'intuition du prophète, l'autorité qui soulève les masses : on peut dire que ce fut un saint, mais il ne fallait plus de saints, il fallait des hommes. Savonarole périt supplicié, comme son divin maître, mais ne laissa pas d'apôtres; Michel-Ange, en sa vieillesse, le lisait encore, mais ne le suivit pas.

VII.

« J'ai oublié à dire que moi, étant arrivé à Florence, allant au-devant du roi (Charles VIII), allai visiter un frère prêcheur, appelé frère Hiéronyme, demourant en un couvent réformé, homme de sainte vie, comme on disoit, qui quinze ans avoit demouré au dit lieu... La cause de l'aller voir fut parce qu'il avait toujours prêché en grande faveur du roi, et sa parole avoit gardé les Florentins de tourner contre nous, car jamais prêcheur n'eut tant de crédit en cité. Il avoit toujours assuré la venue du roi (quelque chose qu'on dît, ni qu'on écrivît au contraire), disant qu'il étoit envoyé de Dieu pour châtier les tyrans

d'Italie et que rien ne pouvoit résister, ni se défendre contre lui. Avoit dit aussi qu'il viendroit aussi à Pise, et qu'il y entreroit et que ce jour mourroit l'état de Florence, et ainsi advint; car Pierre de Médicis fut chassé ce jour. Et maintes autres choses avoit prêchées avant qu'elles advinssent, comme la mort de Laurent de Médicis; et aussi disoit publiquement l'avoir par révélation, et prêchoit que l'état de l'Église seroit réformé à l'épée. Cela n'est pas encore advenu, mais en fut bien près, et encore le maintient. Plusieurs le blâmoient de ce qu'il disoit que Dieu lui avait révélé, autres y ajoutèrent foi. Pour moi, je le répute bon homme. » Ainsi parle Philippe de Commines qui vit le père Hiéronyme (Savonarole) à Florence en 1495 et qui, sans s'échauffer pour lui, ne le traita pourtant pas d'hérétique et de paillard », comme faisaient plusieurs de la cité ». Plus tard, en racontant la mort du moine, Commines dit tranquillement : « Les charges n'étoient sinon qu'il mettoit discord en la ville et que ce qu'il disoit de prophétie, il le savoit par ses amis qui étoient du conseil. Je ne les veux accuser ni excuser; je ne sais s'ils ont fait bien ou mal de l'avoir fait mourir, mais il a dit maintes choses vraies que ceux de Florence n'eussent su lui avoir dites. » C'est déjà le ton de l'histoire de Froissart à Commines, on sent que l'esprit français a marché. Il s'est élevé de la chronique chevaleresque aux mémoires attentifs, avisés, réfléchis.: le narrateur, déjà critique, « s'est délibéré de ne parler de chose qui ne fût vraie et qu'il n'eût vue ou sue de si grands personnages qu'ils soient dignes de croire. » Sa langue n'est point parfaite, mais il dit ce qu'il veut sans plus d'emphase dans le style que dans le jugement, car il avait vu de près les hommes. « En lui, dit-il de Louis XI,

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