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pittori (1), mais artiste avant tout, maître du dessin, l'auteur de la « Cène » et de la « Joconde ». Le jeune Buonarroti osa lutter avec un pareil homme et opposa dans un concours le carton de la « Guerre de Pise » au carton de la << Bataille d'Anghiari ». Ces deux œuvres ont disparu, mais

(1) Noi conosciamo chiaramente che la vista è delle veloci operagioni che siano e in un punto vede infinite forme; niente dimeno non comprende se non una cosa per volta. Poniamo caso: tu, lettore, guardi in un occhiata tutta questa carta scritta, subito giudicherai quella esser piena di varie lettere; ma non conoscerai in quel tempo che lettere siano, nè che vogliano dire, onde ti bisogna fare, a parola a parola, verso per verso, a voler aver notizia d'esse lettere. Ancora se vorrai montare all'altezza d'un edificio, converratti salire a grado a grado; altrimenti fia impossibile pervenire alla sua altezza. E così dico a te che la natura ti volge a quest' arte. Se vuoi aver vera notizia delle forme delle cose, comincierai dalle particole di quelle; e non andare alla seconda, se prima non hai bene nella memoria e nella pratica la prima. E se farai altrimenti, getterai via il tempo, o veramente allungherai assai lo studio. E ti ricordo che impari prima la diligenza che la prestezza.

(Nous savons clairement que la vue est une des opérations les plus véloces et qu'elle perçoit en un moment des formes infinies; cependant elle ne comprend qu'une chose à la fois. Par exemple: toi, lecteur, tu embrasses d'un coup d'œil tout ce papier écrit; tu jugeras aussitôt qu'il est plein de lettres diverses, mais en ce peu de temps tu ne sauras pas quelles sont ces lettres et ce qu'elles veulent dire; il te faut, pour en être informé, les parcourir ligne après ligne et mot après mot. Pareillement, si tu veux arriver au sommet d'un édifice, il te faudra monter l'escalier marche à marche, sans quoi il te sera impossible de parvenir jusqu'en haut. J'en dis autant à toi qu'un penchant naturel pousse à la peinture. Si tu veux avoir une vraie notion des formes des choses, tu commenceras par en étudier séparément chaque parcelle et tu n'iras pas à la seconde, si tu n'as pas exactement la première dans la mémoire et dans la main. Si tu fais autrement, tu perdras ton temps et véritablement tu allongeras beaucoup l'étude. Et je te rappelle d'apprendre plutôt la diligence (l'assiduité) que la célérité.)

Benvenuto Cellini, qui vit la «Guerre de Pise », a déclaré que c'était le chef-d'œuvre de Michel-Ange.

Cependant, Rome avait pour pape un homme d'énergie et de volonté, Jules II, qui aimait la gloire. Il voulut l'auteur de David, il le prit de force et lui commanda son propre tombeau. Il fallait beaucoup de marbre, car l'ouvre devait être la plus colossale qu'on pût concevoir : quarante statues devaient s'y grouper, dont une seule fut achevée, et cette quarantième partie du groupe est le chefd'œuvre de la statuaire moderne, le « Moïse » qui est maintenant assis dans l'église de Saint-Pierre-aux-Liens. Pour trouver des marbres, le sculpteur était parti pour Carrare ce fut alors qu'en se promenant au bord de la mer, et en admirant un énorme rocher qui commande toute la côte de Gênes à Livourne, il eut l'idée de sculpter ce pan de montagne. Ce ne fut qu'un projet, mais qui fait frémir. Les blocs de Carrare, embarqués sur la mer, remontèrent le Tibre et roulèrent sur la place Saint-Pierre qui en fut couverte. Jules II embrassa Michel-Ange: ces deux hommes s'entendaient tout en se disputant toujours. Le pape disait de l'artiste : « Il est terrible, on ne peut vivre avec lui,» mais il ne pouvait vivre sans lui. Il avait fait construire un pont-levis qui reliait son palais à l'atelier où il allait souvent surprendre son sculpteur pour parler avec lui, dit Condivi, comme il l'aurait fait avec un frère. Ils étaient tous deux très emportés et se fâchaient plus souvent qu'à leur tour. Un jour que le Saint-Père était occupé, Michel-Ange ne put arriver jusqu'à lui. Un valet lui barra le passage. «Eh bien! s'écria le sculpteur, dites au pape que, s'il veut me voir désormais, il m'envoie chercher. » Là-dessus, sautant à cheval et partant au galop, il ne s'arrêta qu'au delà de la frontière.

On peut se figurer la colère du pape. Cinq courriers envoyés pour ramener le fugitif ne purent l'atteindre qu'en pays toscan. Ils firent les méchants; Michel-Ange leur dit : « Partez ou je vous tue. » Ils s'adoucirent, mais ne purent obtenir de lui qu'une lettre au pape. Dans cette lettre, Michel-Ange faisait des excuses, mais déclarait nettement qu'ayant été traité comme un faquin pour prix de son affection et de ses services, il priait Sa Sainteté de choisir un autre sculpteur. Jules II, outré de colère, écrivit bref sur bref à Florence et finit par effrayer le pauvre Soderini. Ce gonfalonier disait au gréviste : « Tu t'es conduit avec le pape comme n'aurait pas fait le roi de France; tu comprends que nous ne pouvons pas pour tes beaux yeux soutenir une guerre contre Rome. Prépare-toi donc à partir. » L'artiste révolté répondit : « J'irai chez le Grand Turc. >> Ce prince, en effet, voulait faire jeter un pont de Constantinople à Péra, et il avait songé à Michel-Ange. Il fallut la main de Dieu pour faire comprendre au lion blessé qu'il ne serait pas plus libre à Constantinople qu'à Rome.

Enfin Jules II étant entré à Bologne, l'épée à la main, comme on sait, Michel-Ange, vivement pressé par un cardinal, consentit à rentrer en grâce. Il partit avec une sorte de passeport de Soderini qui le recommandait comme un bon jeune homme dont on faisait tout ce qu'on voulait avec des caresses. « Il faut lui montrer de l'affection et du bon vouloir et il fera des miracles. » Ces phrases peignent l'homme et sont bonnes à retenir.

Le farouche pénitent alla donc à Bologne et fut conduit tout droit au pape qui était en train de dîner. Le premier regard de Jules II fut terrible : « C'est toi qui devais venir à moi, s'écria-t-il, et tu as attendu que nous te vinssions chercher. » Buonarroti, à genoux, mais frémissant, balbu

T. I.

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tiait de fières excuses qui étaient des reproches. Il disait qu'il n'avait point agi par méchanceté, mais par indignation, n'ayant pu supporter le traitement qu'il avait reçu. Jules II setaisait, ne sachant trop que répondre; un évêque vint à son secours : « Que Votre Sainteté lui pardonne, murmura ce prélat : le pauvre homme a péché par ignorance. Ces peintres sont tous ainsi. » Alors Jules II, qui avait besoin de se mettre en colère contre quelqu'un, s'abattit sur l'évêque. Il lui cria : « Tu dis des sottises que je ne dirais pas moi-même. C'est toi qui l'insultes, l'ignorant, c'est toi ! va-t-en au diable! » Et il le frappa de sa canne, puis, comme le camail violet ne se hâtait pas de sortir, les domestiques le mirent à la porte à coups de poing. La colère était passée, et Jules II donna sa bénédiction à Michel-Ange. Tous les personnages nous plaisent dans cette scène, même le pauvre monsignor qui reçut les coups. Les nigauds sont souvent bons à quelque chose.

Quelque temps après, Buonarroti, maître dans tous les arts, peignait les voûtes de la Sixtine. Il avait voulu tout faire de ses propres mains, même les échafauds nécessaires à son travail, et travaillait de l'aube au soir, portes closes, broyant son mortier, préparant ses couleurs, faisant le charpentier, le maçon, ne voulant voir personne, dormant la nuit tout habillé, sur ses échafauds. Mais le pape, très curieux, très impatient et d'une fougue fiévreuse, voulait voir et venait souvent frapper à la porte. Il retroussait sa robe et grimpait jusqu'à la plate-forme sur une échelle à chevilles, derrière l'artiste qui lui tendait la main. Un beau jour, il n'y tint plus et dit à Michel-Ange qui lui résistait en vain : « C'est trop beau, il faut que tout le monde voie! >> Les échafauds furent enlevés le jour même, et, dès le lendemain, avant qu'on eût balayé la chapelle, le pape y entra

le premier; il y dit la messe quelques heures après; on laissa entrer le peuple et ce fut une immense acclamation, un véritable ouragan d'enthousiasme.

C'est ainsi que travaillaient ensemble ces deux hommes, le pape et l'artiste, qui passaient leur vie à se quereller. Jules II collaborait avec son intelligence supérieure ou du moins avec ce diable au corps qui était aussi une inspiration. Il donnait des conseils, voulait mettre un peu d'or aux tableaux de la voûte. Michel-Ange répondait : << Non! Je ne veux pas que les hommes portent de l'or sur leurs vêtements. Mais ma chapelle aura l'air bien pauvre. Les hommes que j'ai peints là, répondait le vrai prêtre, étaient aussi de pauvres gens. >>

II.

Par malheur Léon X devint pape : c'était un homme de plaisir et d'esprit, assez fin, un peu rusé, lettré du reste et poli, qui encouragea les arts et sut occuper Raphaël. Mais on ne le lui a pas assez reproché, il fit perdre neuf années à Michel-Ange; et quelles années! Quand Léon monta sur le trône, le peintre de la Sixtine. avait trente-huit ans. Il passa donc sans rien faire cette période de pleine fécondité où l'homme jeune encore et déjà mûr porte à la fois ses fleurs et ses fruits comme les orangers d'Italie. Léon, qui était Florentin et qui avait un faible pour Florence, voulut embellir sa ville et faire une façade à l'église de Saint-Laurent. Ce fut à ce travail qu'il destina Michel-Ange. L'artiste obéit à contre-cœur, parce qu'il aurait voulu achever le tombeau de Jules II: il partit pour Carrare afin de fouiller encore ces monta

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