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Tenez, voilà un florin : je vous prie de dire pendant deux mois tous les lundis la messe des morts pour l'âme du feu mon mari. Encore que ce fût un bien vilain homme, la chair est faible; je ne peux m'empêcher de le regretter, quand je m'en souviens. Mais croyez-vous qu'il soit en purgatoire?...

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Je n'en sais rien... Ah! Seigneur !...

Soyez sans crainte. La clémence de Dieu est grande; à moins que la volonté ne manque à l'homme, le temps ne lui manque jamais pour se repentir.

Croyez-vous que le Turc vienne cette année en Italie ?

Oui, si vous ne faites pas de prières.

- Brrr! Le bon Dieu nous en garde! Avec ces diableries, j'ai une peur atroce d'être empalée. Mais je vois là-bas dans l'église une femme qui a du chanvre à moi, je veux aller la trouver. Je vous souhaite le bonjour.

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La dévote entre dans l'église et le moine fait cette sotte réflexion :

Togliete ora questo fiorino, e direte due mesi ogni lunedì la messa de' morti per l' anima del mio marito. Et ancora che fusse un omaccio, pure le carni tirano: io non posso far ch' io non me ne risenta, quando me ne ricordo. Ma credete voi ch' ei sia in purgatorio?

Senza dubbio.

Io non so già cotesto..... Ah! Nostro Signore !

Non dubitate; la clemenza di Dio è grande: se non manca all' uomo la voglia, non gli manca il tempo a pentirsi.

Credete voi che' 1 Turco passi questo anno in Italia?

Se voi non fate orazione, si.

Naffe! Dio ci ajuti. Con queste diavolarie, io ho una gran paura di quello impalare. Ma io veggo qua in chiesa una donna che ha cert' accia di mio: io vo' ire a trovarla. Fate col buon di.

- Andate sana... Le più caritative persone che sieno, son le donne, e le più fastidiose! Chi le scaccia, fugge il fastidio e l' utile; chi le intrattiene, ha l'utile e i fastidi insieme. Et è il vero, che non è il mele senza le mosche.

Les plus charitables personnes du monde sont les femmes et aussi les plus ennuyeuses en les chassant, vous évitez l'ennui et le profit; en les écoutant, vous avez le profit et l'ennui. Mais il n'y a pas de miel sans mouches.

Voilà une scène que Shakespeare eût signée. Quel dommage que ces figures si vraies, si vivantes, se meuvent dans une intrigue si légère et si scandaleuse, et qu'il ait fallu tant de gravelures pour amuser le siècle de Léon X ! Il n'en est pas moins certain que, dans ce mince sujet, Machiavel a mis tout son génie. Ici, comme en tout, il s'est montré novateur et créateur. Il a trouvé la comédie nouvelle, non plus renouvelée de l'antique, non plus composée avec les trois ou quatre personnages toujours les mêmes du théâtre latin, mais présentant la famille telle que l'avait vue Boccace, telle qu'elle existait encore au seizième siècle, avec ses trois membres essentiels, le mari, la femme et le confesseur. Par malheur il ne sentit peutêtre pas toute l'importance de son œuvre; peut-être aussi lui dit-on qu'il devait faire comme les autres, imiter les anciens. Aussi, après ce coup de génie, n'offrit-il guère à la scène qu'une Clizia et une Andria, c'est-à-dire une copie de Plaute et une traduction de Térence. Il quitta le chemin qu'il s'était frayé, pour remonter sur la grande route en omnibus. Le théâtre italien, en ce siècle-là, ne devait produire qu'un seul chef-d'œuvre. Il n'en fit pas moins sa tâche et ouvrit la campagne où triomphèrent si glorieusement Racine et Molière un siècle et demi après le Trissin et Machiavel.

V.

Il y a de tout dans ce demi-siècle : les contrastes et les disparates les plus étranges: Léon X, l'épicurien pacifique, entre Jules II le batailleur et l'austère Adrien VI. Des bohêmes comme Benvenuto Cellini à côté de parfaits chevaliers comme Balthazar Castiglione. Ici des complaisants tels que Guichardin et le Bembe ou des vendus tels que Paul Jove et l'Arétin; là des patriotes tels qu'Alamanni qui pleurait la patrie perdue et la stimulait à renaître (1), l'évêque Guidiccioni (1480-1541) qui flétrissait

(1)

E tu, Fiorenza bella ond'hoggi suona

Si lunge il grido, ma non forse quale

Brama chi teco ogni hor piange et ragiona...

Tu stessa accendi, e non t'accorgi, il foco
Che strugge in te non pur la libertade,
Ma'l corpo, e i figli et l'alma a poco a poco...

Svegliati, o pigra; che la tua salute
In altro sta che 'n tesser drappo o lana,
Ond' il nome e le forze hor hai perdute...

Volgi le antiche e le moderne carte,

E' ntenderai che, senza il ferro, l'oro

Serva è ricchezza che 'n un giorno parte.

(Et toi, belle Florence, dont la renommée retentit aujourd'hui si loin, mais non telle que la voudrait celui qui sans cesse avec toi parle et pleure, tu allumes toi-même, sans t'en douter, le feu qui détruit en toi, non seulement la liberté, mais peu à peu le corps, les fils et l'âme. - Réveille-toi, paresseuse, car ton salut dépend d'autre chose que de tisser la laine (vile industrie) qui t'a fait perdre ta force et ton nom. Lis les anciennes histoires et les modernes, et tu compendras que, sans le fer, l'or est une richesse esclave qui disparaît en un jour.)

si énergiquement l'aigle impériale « ensanglantant sa serre au milieu de nous pour faire une courte et honteuse conquête et, aveugle, quittant le vrai chemin de l'honneur », la pauvre Laura Terracina qui, dans ses sonnets plaintifs, désespérant des Italiens, n'attendait plus que de Dieu le salut de l'Italie; le vieux Nardi (1476-1557), « le bon, le vénérable Nardi, » qui, fidèle au parti de la liberté, le soutint dans son « Histoire de Florence » avec une partialité généreuse; l'orateur Bartolommeo Cavalcanti (1503-1562) qui mérita l'exil pour avoir harangué fortement et vaillamment la milice florentine dans l'église du Saint-Esprit; Machiavel lui-même qui, malgré sa complaisance politique pour les Médicis, eut de si franches colères, de si chaudes admirations, tant de haine contre l'étranger, tant de passion pour Florence et pour l'Italie. Les caractères énergiques ne manquaient pas ; on gardait le souvenir tout frais encore de ce Pierre Capponi qui avait parlé si fièrement à Charles VIII. « Rendezmoi Florence, disait le roi, ou je ferai sonner mes claiSonnez vos clairons, répondit Capponi, et nous sonnerons nos cloches. » D'où le fameux jeu de mots de Machiavel:

rons.

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Lo strepito dell' armi e de' cavalli
Non potè far che non fosse sentita
La voce d'un Cappon fra cento Galli (1).

Il y avait même des violents, des forcenés, témoin ce Lorenzino de Médicis qui, après avoir coupé des têtes de statues antiques, égorgea de sa main son cousin Alexan

(1) Le fracas des armes et des chevaux ne put empêcher d'être entendue la voix d'un Capponi parmi cent Gaulois (d'un chapon parmi cent coqs).

:

dre et osa justifier l'assassinat politique dans une « Apologie » célèbre, « froide et emphatique déclamation, >> selon Villemain; « la seule chose vraiment éloquente en italien,» selon Giordani. Villemain vivait dans un pays en liberté, Giordani mourut en 1848 sous de petits despotes. Vers 1830, l'Apologia de Lorenzino fut rééditée avec admiration par un Bonaparte; maintenant, après les attentats des nihilistes, on ne la lirait plus qu'avec dégoût. Répétons-le donc il y avait de tout dans la première moitié du seizième siècle. En certaines cours, des mœurs infâmes; ailleurs, toutes les vertus domestiques: Élisabeth de Gonzague et Guidobald, duc d'Urbin, Isabelle d'Este et le marquis de Gonzague, Vittoria Colonna et le marquis de Pescaire, Portie de' Rossi et le poète Bernard, père du Tasse, Véronique Gambara et Gibert de Corrège; il serait facile de multiplier les noms. A côté des poètes et des conteurs obscènes, à côté de Molza qui suivait Berni et ne valait guère mieux que l'Aretin; bien plus, dans Molza lui-même, car il prenait tous les tons, nous trouvons des amoureux platoniques et séraphiques. Une jeune fille, Gaspara Stampa, sort de cette foule et nous étonne par la sincérité, l'emportement de l'enthousiasme et de la passion. Une autre, que Carducci vient de retrouver, Barbara Torelli, chante son mari mort après treize jours de mariage: elle voudrait se jeter dans la fosse, attiédir de sa chaleur ce corps glacé, repétrir cette poussière avec ses larmes, ramener le cher mort à la vie; après quoi, triomphante et hardie, elle ira dire à l'assasMonstre, voilà ce que peut l'amour (1) » !

sin

(1)

Deh! perché non poss'io la breve fossa
Seco entrar dove hallo il destin condotto,

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