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2-1-27

AVANT-PROPOS

DE LA PREMIÈRE ÉDITION

Il y a quatre ans, je publiais l'histoire de la Question Biblique chez les Catholiques de France au XIXe siècle. Il est facile de reconnaître aujourd'hui que ce livre a été utile. Même ses plus véhéments censeurs en ont tenu compte, autant qu'ils le pouvaient.

Depuis cette publication, le terrain des débats s'est agrandi. Pendant le XIXe siècle, ils avaient principalement porté, particulièrement en France, sur l'Ancien Testament. Sans doute, des chrétiens de naissance niaient la valeur historique de l'Evangile, mais la très grande majorité de leurs coreligionnaires croyants ne s'en inquiétait point. Elle les tenait simplement pour des esprits faux et des impies. Aujourd'hui il n'en est plus ainsi. Toutes les Églises connaissent les objections de la critique contre les livres qui constituent les fondements mêmes de la foi chrétienne, toutes sont forcées de les discuter, même l'Église romaine qui semblait, par sa forte discipline, la mieux protégée contre les nouveautés. Bien plus, c'est en France que sévit principalement la crise de la croyance, c'est dans le clergé qui a donné au catholicisme ses plus grands.

apologistes, et ses plus nombreux missionnaires. L'événement est gros de conséquences pour l'évolution intellectuelle du monde.

Afin de permettre de mieux apprécier la situation, j'ai voulu esquisser le tableau de cette nouvelle période de la controverse biblique. Mon désir est de renseigner, comme toujours, avec précision et sincérité, sans équivoque ni réticence, en m'efforçant de donner aux débats leurs vraies proportions, et de laisser parler eux-mêmes les textes et les faits.

Si parfois je semble m'écarter de mon rôle de pur historien, c'est pour présenter quelques explications qui me paraissent nécessaires. Elles tiennent si peu de place, cependant, que, fussent-elles erronées, tous les lecteurs, je l'espère, reconnaîtront qu'elles ne vicient pas l'exactitude du récit.

Paris, le 10 avril 1906.

LA QUESTION BIBLIQUE AU XX SIÈCLE

I.

(1900-1903)

ÉTAT GÉNÉRAL DE LA QUESTION

Dans l'Eglise Romaine. - Dans l'Eglise Grecque. Chez les Vieux-Catholiques. Chez les Protestants. Les Rationalistes. Frédéric Delitzsch. - Lettre de Guillaume II.

Conférences de Le code d'Hammourabi.

Quand s'ouvrit le XXe siècle la question biblique semblait être dans une période d'accalmie (1).

L'Eglise romaine avait rappelé ses exégètes à l'ordre. Après avoir supprimé, au congrès international des savants catholiques de 1900, la section des sciences scripturaires, qui aurait pu troubler les intelligences, le pape, pour les rassurer instituait, le 30 octobre 1902, une commission chargée spécialement «< du développement des études sur l'Ecriture Sainte ». Dans toute la catholicité il n'y avait guère qu'un point noir l'attitude de l'abbé Loisy qui semblait incarner les difficultés de la question biblique. Si l'illustre exégète, condamné récemment par l'archevêque de Paris, avait déclaré vouloir ne plus s'occuper

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(1) Sur la question en général au XIXe siècle, le meilleur livre à consulter est The Bible in the Nineteenth Century, by J. Estlin Carpenter (Londres, Longmans, 1903, xv-512 p.). L'auteur, né à Ripley, Surrey, le 5 octobre 1844, fils du célèbre physiologiste William B. Carpenter, fut nommé, en 1875, professeur de théologie à Manchester-Collège. Il y professe actuellement l'histoire des religions.

d'apologétique, ni rien publier sous des pseudonymes, il n'en continuait pas moins, sur les mythes babyloniens et sur les évangiles, des travaux exclusivement scientifiques qui dérangeaient grandement les conceptions traditionnelles. Les théologiens orthodoxes le surveillaient avec soin et le dénonçaient régulièrent dans leurs petites revues intransigeantes. Mais Léon XIII refusait de le frapper, tant qu'il ne deviendrait pas formellement hérétique. Il voulait que l'affaire Loisy restât une affaire disciplinaire française où la papauté n'eût pas à se compromettre. Les congrégations romaines affectaient d'ailleurs à son égard une tolérance très libérale.

On lui connaissait en Italie, et même au Vatican, des amis et des défenseurs dévoués. On ne les inquiétait pas. Les sulpiciens qui, en France, n'aimaient point à parler de lui, le citaient avec honneur dans l'enseignement de leurs séminaires aux Etats-Unis (1).

En Angleterre, les apologistes catholiques, particulièrement les jésuites, ne manquaient point d'alléguer son cas pour prouver combien l'Eglise romaine est ouverte à tous. les progrès et respectueuse de toutes les recherches consciencieuses.

Les spectateurs optimistes ou superficiels pouvaient croire, dans l'église catholique, que les chaudes alertes subies à la fin du XIXe siècle sur le terrain biblique étaient passées et que la barque de Pierre avait définitivement évité les écueils de la critique.

(1) Six de ces sulpiciens progressistes, notamment MM. Gigot, Driscoll, Holland, Mahoney et Wakeham, ont quitté la société au commencement de 1906.

Pendant que l'église « mère et maîtresse » se rassérénait, l'église grecque continuait à dormir son sommeil oriental. La question biblique ne s'est même pas posée chez elle. Quelques-uns de ses évêques et de ses prêtres qui ont été étudier en Allemagne en connaissent la gravité. Ils en éprouvent d'autant moins l'envie de modifier l'enseignement traditionnel. On a d'ailleurs autre chose à faire dans les Balkans que de s'occuper d'exégèse.

Quant au clergé de Russie, la vigilance impériale et la puissance d'une église d'Etat l'ont préservé jusqu'ici des questions trop troublantes. Dans les hautes académies ecclésiastiques, on sait le français et l'allemand; on profite des travaux publiés en ces deux langues, mais on les utilise d'une manière confessionnelle et non point objective, tout comme en France les apologistes catholiques, les Meignan, les Freppel et les Vigouroux utilisaient naguère les publications étrangères. L'ignorance de la langue russe où sont ordinairement les occidentaux, ne permet point d'ailleurs de suivre les travaux accomplis dans cette église (1).

La partie protestante de l'empire, la Finlande, est également restée, en exégèse, beaucoup plus préoccupée d'orthodoxie que de recherches scientifiques. De plus, des mesures rigoureuses en été prises pour que du choc de l'interprétation luthérienne du Nouveau Testament avec l'interprétation grecque, il ne se dégageât point des étincelles capables de causer un incendie. Le génie inquiet de Tolstoi a entrevu et soulevé des difficultés (2), mais le

(1) La Rivista storico-critica delle scienze teologiche fondée à Rome en 1905 publie des bulletins de théologie russe.

(2) Cf. particulièrement son livre les Evangiles (Paris, 1896).

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