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Au nom de la vieille science orthodoxe mise en cause, le vieux professeur Sanday descendit dans la lice. Sa faible réponse donna la mesure de l'embarras d'une critique qui prétend défendre des points qu'elle commence par mettre en dehors d'un libre examen. (1)

Dès lors le ton de la controverse changea. Moins sûrs de leurs affaires, les orthodoxes devinrent moins injurieux. Puis ils laissèrent peu à peu tomber la discussion.

Malgré leurs protestations et leurs clameurs dix-sept cent vingt-cinq ecclésiastiques avaient signé la déclaration (2).

Trois constatations pouvaient être faites à la fin de cette controverse.

En 1864, dix mille clergymen signèrent une profession de foi que l'Eglise d'Angleterre maintenait « sans réserve ni distinction, l'inspiration et la divine autorité de toutes les Ecritures canoniques, non seulement comme contenant mais comme étant le Verbe de Dieu ». En 1905, les anglicans orthodoxes n'eurent pas la pensée ou ne crurent pas possible de renouveler cette pieuse manifestation en face d'une pétition qu'ils jugeaient si scandaleuse.

(1) Standard, 16 mai. M. Sanday écrivit aussi dans le Daily Mail, 1o et

8 août.

(2) De ces signataires, 1362 appartiennent au clergé du Royaume-Uni, 363 à celui des colonies et de l'étranger. Vingt adhésions viennent de l'Inde, de Birmanie et de Ceylan. Un certain nombre de signatures ont été retirées et des ecclésiastiques ont fait savoir au comité que des réserves de détail sur la forme de la déclaration ou des raisons extrinsèques ne leur permettaient pas de donner leur nom.

En février 1906, soixante-dix-sept clergymen et notables laïques de l'Eglise Protestante Episcopale aux Etats-Unis, ont adopté la déclaration des Gentun Anglicans et l'ont adressée à tous les clergymen et à la presse de lear pays.

Le procédé de discussion auquel ils recoururent le plus souvent dans cette controverse fut de réclamer la démission ou l'expulsion des ecclésiastiques contaminés par la critique; mais ils n'ont point demandé aux laïques qui partagent les mêmes idées de se retirer de l'Eglise. Cependant le laïc, d'après son baptême, est obligé d'accepter les articles du credo tout autant que l'ecclésiastique. En faisant deux poids et deux mesures pour l'orthodoxie, les apologistes de la vieille foi chrétienne reconnaissaient qu'il y avait quelque chose de changé et dont il fallait tenir compte.

Et en effet, il est manifeste que la hiérarchie tolère dans l'Eglise un nombre croissant de fidèles pour lesquels la valeur historique des détails d'un dogme, bien plus, souvent même, le prétendu fait qui est censé lui servir de base, ne présente aucun intérêt. Ils n'en retiennent que ce qu'ils appellent « la valeur religieuse », c'est-à-dire le symbolisme édifiant. L'un de ces néo-chrétiens s'en expliquait ainsi fort crûment :

« Nous devons mettre « les récits de la résurrection » avec les récits poétiques de la création dans la Genèse, parmi les choses acceptées à une époque quelque peu puérile et crédule. Nous voulons que la conscience chrétienne prouve sa rectitude, non pas en acceptant des traditions mythiques, mais en acceptant les éternels principes du droit tels qu'ils sont indiqués dans la vie et les enseignements de Jésus-Christ, et en faisant un véritable effort pour vivre conformément à ces principes dans notre vie quotidienne comme il fit lui-même.... Si la résurrection sert à nous enseigner quelque chose, c'est sûrement à nous élever de la mort du péché à la vie de la justice, c'est à dépouiller le vieil

homme avec ses actes et à revêtir le nouvel homme dans toute notre vie de chaque jour. Alors nous pouvons cesser de débattre des questions telles que « la résurrection de Jésus-Christ » et abandonner notre propre avenir aux mains de la parfaite sagesse et du parfait amour... Le dogme n'a jamais rendu les hommes saints, et il les a souvent rendus cruels et non charitables. Quand nous aurons abandonné de puériles légendes comme nous avons abandonné les idoles aux taupes et aux chauves souris, quand nous aurons marché dans « la lumière qui illumine tout homme », nous ne serons peut-être pas encore à l'abri de toute illusion, mais nous nous serons libérés de croire une chose uniquement parce qu'elle est pétrifiée dans quelque vieux credo et nous nous réjouirons dans la liberté dont jouissent ceux qui ont l'esprit du Christ (1) ».

(1) W. Baylis dans Hibb. Jour., july 1905, p. 816; cf. aussi ci-dessus ch. IV, p. 73, note 2, le point de vue du Rev. Shaw-Stewart, l'un des Cent-un.

XIII

LA VRAIE QUESTION

Les critiques ne nient pas a priori la possibilité des miracles; ils examinent seulement si ceux que racontent les évangiles sont attestés par des témoignages recevables.

L'apologétique traditionnelle reproche ordinairement aux critiques de partir dans l'étude de l'histoire biblique du principe a priori que le miracle est impossible. Comme elle tient que « la vraie philosophie » conclut à sa possibilité et que l'histoire prouve son existence, elle met en garde contre tous leurs travaux. La question très simple de la valeur du témoignage d'un fait se complique ainsi d'une grave dispute théorique. Le débat n'est cependant pas essentiellement aussi complexe et la critique peut s'exercer sûrement d'après les règles de la logique sans faire intervenir la métaphysique.

Prenons comme exemple les récits qui concernent la naissance viginale.

D'après les orthodoxes, ces récits doivent s'interpréter ainsi : « Jésus, fils unique de la vierge Marie, est né miraculeusement de l'opération du Saint-Esprit. Les évangiles appellent, à la vérité, quelquefois Joseph le père de Jésus ; ils parlent de ses frères et de ses sœurs. Mais cela doit s'entendre. »

Si les critiques hétérodoxes rejettent cette interpréta

tion, ce n'est pas parce qu'ils nient la possibilité d'un fait plus ou moins extraordinaire de « parthenogenèse » ou même d'un miracle unique; c'est qu'ils trouvent dans les récits des témoignages, des marques de retouches qui leur enlèvent leur valeur, ou même qui les font formellement déposer à l'encontre des desseins de leurs correcteurs.

« Jésus, disent ces hétérodoxes, était le fils d'un obscur ouvrier de Nazareth, Joseph, et de sa femme, Marie, qui eurent en plus quatre fils et quelques filles.

« De ces données très simples et très sûres, l'esprit légendaire a tiré que Jésus est descendant de David, qu'il est né d'une vierge, restée perpétuellement vierge. Le même esprit légendaire ajoute maintenant que Joseph est resté vierge. L'histoire a été transformée en quatre étapes qu'il est possible d'esquisser » (1).

1re ÉTAPE: Jésus, fils de Joseph, descendant de David. D'après les croyances populaires, le Messie, le sauveur du peuple, le restaurateur de l'autonomie, le fondateur du royaume de justice devait appartenir à la famille royale de David.

Quand la foi à la résurrection eut été établie, et que Jésus, à cause de cette résurrection, eut été reconnu

(1) Le bienveillant lecteur remarquera sans doute que je n'élève pas ici une thèse contre la naissance virginale. Je m'y prendrais autrement. J'expose seulement des hypothèses critiques qui, après certaines découvertes historiques, ne sont pas indignes d'attention. Les objections que je note, par devoir d'historien, sont d'ailleurs très répandues, quelques-unes ont été exposées dans des journaux (la Petite République, la Dépêche de Toulouse, le Standard). Il n'y a plus guère que les théologiens qui ne les sachent pas, parce qu'ils ne veulent pas les savoir.

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