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L'ancienne Eglise n'a jamais parlé sans embarras de la divinité du Christ, mais constamment de sa divinité et son humanité. La seule formule orthodoxe, au sens de l'ancien dogme, c'est donc « divino-humanité ». Par elle est maintenu le mystère qui, de l'aveu même de Jésus-Christ, doit planer sur cette question. Que Jésus fùt « le Seigneur et le Sauveur », c'est ce dont il n'a jamais fait mystère et ce que ses disciples ont éprouvé par ses paroles et ses actes. Mais, ce qu'il a gardé pour lui, inaccessible à nos regards, ce sont ses rapports avec son Père céleste. D'après mon sens historique, la formule « homme dieu » est sujette à caution, car elle empiète sur un domaine réservé où il ne nous est pas permis de pénétrer. On peut néanmoins la conserver, parce qu'en fait elle ne prétend rien expliquer, mais que, comme le terme « Fils de Dieu », elle a pour but de protéger cet être extraordinaire de toute profanation. Après nous être affranchis de l'illusion des anciens philosophes, qui croyaient pouvoir pénétrer les secrets de la divinité, le dernier mot qu'on puisse ici prononcer est: Dieu était en Christ.

« Il est plus important de méditer sur et de se conformer à ces paroles. « Si vous m'aimez, gardez mes commandements », etc., que de réduire en formules l'incompréhensible. Le temps vient, et il est déjà venu, où les chrétiens protestants se donneront la main, unis par la confession que Jésus-Christ est le Seigneur et la résolution d'obéir à ses paroles, et alors nos frères catholiques devront suivre l'exemple. Nous portons, comme un lourd fardeau, un long passé de malentendus, de formules semblables à des glaives, de larmes et de sang; mais un héritage sacré y est attaché. Ces deux legs de la tradition semblent inextricables et pourtant ils se dégagent peu à peu. Droiture et courage, sincérité vis-à-vis de nous-mêmes, liberté et amour, tels sont les leviers qui nous aideront à soulever le fardeau. La lettre de l'empereur n'aura pas été sans utilité pour nous aider à nous acquitter de cette noble tâche. »

Dans toute cette controverse un point parut piquer particulièrement la curiosité des spectateurs. Ils considéraient, et les églises où ils recevaient l'enseignement religieux leur faisaient ou les laissaient considérer Moïse comme le législateur religieux et moral de l'humanité, et voilà qu'ils apprenaient que, foi d'assyriologue et d'empereur, «< Moïse ne fit peut-être que renouveler des lois plus anciennement connues, tirant leur origine, cela est possible, du Livre de la Loi d'Hammourabi ». Qu'était Hammourabi ? Dans quels rapports Moïse se trouva-t-il vis-à-vis les législations antiques ? Quelle lumière jettent sur «<l'histoire sainte » traditionnelle les découvertes des orientalistes ?

Telles furent les questions qui se posèrent dans l'esprit de tous les gens intéressés à la religion. Les livres, les revues et les journaux y répondirent selon leur compé-tence scientifique, leur prudence confessionnelle et leur souci d'actualité (1).

(1) En Allemagne il y eut sur ces questions de nombreuses publications à propos desquelles on peut consulter particulièrement le Teologischer Jahresbericht. Otto Weber estime que les deux rapports de Delitzsch ont été tirés à plus de 100.000 exemplaires. La polémique qui a suivi a produit plus de 80 brochures dont les éditions dépassent de beaucoup 100.000 exemplaires. Les articles des périodiques sont incalculables. Cf. WEBER, Theologie and Assyriologie im Streite um Babel und Bibel (Leipzig, 1904, in-8°, 31 p.). Des traductions du code de Hammourabi ont été publiées en allemand par Hugo Winkler (Leipzig, 1902), en français par le père V. Scheil (Paris, 1904), en anglais par Rob.-Fr. Harper (Chicago, 1904).

Parmi les études publiées à ce sujet citons celles de Dareste, Nouvelle Revue historique de droit (1903); abbé François Martin, La Quinzaine (1903); Cohn, Die Gesetze Hammurabis (Zurich, 1903); Kohler-Peiser, Hammurabi's Gesetz (Leipzig, 1903); Eduardo de Hinojosa, Espana Moderna (décembre 1904) ; G. Rivière, Revue des Idées (15 février 1905); Ph Berger,

Le fait que dix siècles peut-être avant Moïse, en admettant que Moïse ait été le législateur des tribus israélites, un souverain oriental, Hammourabi, ait donné à son peuple une loi présentant des analogies avec le vieux code juif, et même supérieure en quelques points, diminuait aux yeux des croyants, la certitude d'une révélation divine sur le Sinaï. La polémique qui s'était élevée autour des conférences de Delitzsch leur prouvait qu'on ne peut pas encore reconstituer l'histoire de l'influence babylonienne sur l'Asie antérieure. Mais elle montrait en même temps que la Genèse pourrait bien n'être qu'un recueil de légendes, et que l'histoire de l'homme, dont l'ancienneté est infiniment plus reculée que ne le prétend la Bible, doit s'esquisser à l'aide de la géologie, de l'anthropologie, de l'embryogénie, et des recherches archéologiques qu'on appelle « le préhistorique »>.

Bref, les objections contre les notions traditionnelles de l'inspiration, de la révélation, de « l'origine mosaïque du Pentateuque (1) se trouvèrent puissamment renforcées et largement vulgarisées.

Grande Revue (15 avril 1905); Roger Bornand, Bibliothèque Universelle (octobre 1905); Mari, Rivista stor.-crit., (février 1905).

(1) L'importance de cette thèse pour l'orthodoxie chrétienne est très bien exposée par un théologien qui fait autorité chez les catholiques et auquel ses travaux ont valu d'être nommé par Léon XIII et Pie X, premier secrétaire de la commission pontificale des études bibliques, M. l'abbé Vigouroux : « La question de l'authenticité,c'est-à-dire de l'origine mosaïque du Pentateuque est une question capitale. Elle est comme le fondement sur lequel repose tout l'édifice biblique et par là même la religion juive et chrétienne. Si l'histoire de la sortie de l'Egypte n'a été rédigée que plusieurs siècles après, ceux qui nient l'inspiration des Ecritures peuvent en contester l'autorité au nom de la critique, en nier la véracité, et considérer comme des

mythes les grands événements et les grands miracles qui amenèrent la délivrance des Hébreux du joug égyptien. De plus, ils ont le droit de prétendre que le Pentateuque ne nous représente pas l'état religieux, intellectuel et moral des contemporains de Moïse, mais celui d'une époque postérieure, où la civilisation avait progressé, où la religion s'était perfectionnée, où la législation s'était formée peu à peu, grossissant et se complétant d'âge en âge. La loi mosaïque n'est point dans ce cas le fruit de la révélation mais du progrès naturel de l'esprit humain. Le caractère surnaturel de la religion et des institutions hébraïques se trouve ainsi profondément altéré ou plutôt détruit, et quoique le théologien soit toujours armé pour défendre les premiers livres de l'Ancien Testament au nom de la foi, le critique ne l'est plus contre l'incrédulité qui rejette d'une part les décisions de l'Eglise et récuse d'autre part l'autorité d'une histoire, écrite longtemps après les événements qu'elle raconte, et dont il est impossible de vérifier et de contrôler les témoignages. L'origine divine de la loi judaïque, la vocation du peuple élu, la révélation primitive, tous les grands faits, en un mot, qui sont la base du christianisme, deviennent ainsi suspects et douteux, en dehors de l'autorité de l'Eglise ». Les Livres saints et la critique rationaliste, tome III (2 édit., 1887 et 5° édit., 1902), p. 2-3.

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D'après la doctrine traditionnelle des chrétiens sur la Bible les livres qu'elle renferme «ont Dieu pour auteur, ayant été écrits sous l'inspiration du Saint-Esprit ».

Les difficultés historiques que présentent ces documents sacrés ont amené la plupart des théologiens protestants à préciser de moins en moins la nature et les conséquences de leur origine surnaturelle. Comme on l'a vu précédemment par le manifeste théologique de Guillaume II, le mot inspiration revêt chez eux un sens large, applicable au mouvement de génie qui porte le poète, l'artiste, le guerrier, le législateur à créer des chefs-d'œuvre.

L'Église romaine est restée très ferme sur le sujet et Léon XIII a répété sa doctrine en face des novateurs dans son encyclique Providentissimus, en 1893:

<< Tous ces livres et ces livres tout entiers que l'Église regarde comme sacrés et canoniques ont été écrits avec toutes leurs parties sous l'inspiration du Saint-Esprit. Or, loin d'admettre la

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