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coexistence de l'erreur, l'inspiration divine par elle-même exclut toute erreur..... L'Esprit-Saint a tellement poussé et excité ces hommes à écrire, il les a de telle sorte assistés d'une grâce surnaturelle quand ils écrivaient, qu'ils ont dû et concevoir exactement, et exposer fidèlement, et exprimer avec une infaillible justesse ce que Dieu voulait leur faire dire et seulement ce qu'il voulait. Sans quoi, il ne serait pas lui-même l'auteur de toute l'Écriture. »>

L'enseignement de Léon XIII n'est que la répétition de la doctrine des conciles du Vatican, de Trente et de Florence, qui représente elle-même une croyance héritée de la primitive église et de la synagogue, et systématisée par la scolastique (1).

Chez les Hébreux, il y avait des gens dont la profession était d'être inspirés : c'étaient les prophètes. Leurs oracles passaient pour la parole même de Yahvé et eux-mêmes les donnaient pour tels : « Ainsi parle Yahvé ». On recueillait leurs discours comme divins.

Le christianisme, à ses débuts, fut plus encore le règne de « l'Esprit ». La croyance au prochain avènement du Messie et à l'établissement du royaume produisit une véritale explosion d'enthousiasme religieux. La prophétie eut naturellement sa place parmi les phénomènes qui régnèrent dans les premières communautés. Mais si grande que fût leur ferveur, on n'eut pas de peine à s'apercevoir que beaucoup de prétendus inspirés ne débitaient que des inepties. Il se produisit alors des objections contre l'inspiration. Saint Paul les combattit : « N'éteignez point

(1) Voyez à l'appendice I les textes des conciles de Trente et du Vatican.

l'Esprit, écrivait-il aux Thessaloniciens (I, V, 19-20); ne méprisez pas les prophéties; éprouvez toutes choses et retenez ce qui est bon. »

Pour Saint Paul, ce qui n'est pas bon ne vient pas réellement de l'Esprit; ce qui est vraiment inspiré, le vrai spirituel ne trompe pas (1). L'inspiration authentique était infaillible.

La pensée de l'apôtre restait conforme à la doctrine juive. La Loi avait été dictée par Dieu, et si l'on vénérait un peu moins les Prophètes et les Hagiographes, c'était qu'on ne les considérait que comme un commentaire ; mais on les croyait également exempts d'erreur.

Quand l'enthousiasme de la primitive église s'éteignit, l'inspiration ne fut plus attribuée qu'à ses chefs, à ses docteurs et à ses saints. Justin ne se croyait pas inspiré. Clément de Rome et Ignace d'Antioche le sont. Le grand évêque de Carthage, saint Cyprien (mort en 258), mentionnant un livre qu'il a composé, déclare l'avoir écrit sous l'inspiration et l'impulsion de Dieu.

Hugues de Saint-Victor (mort en 1142) soupçonnait encore si peu les théories subséquentes de l'inspiration scripturaire qu'il divisait le Nouveau Testament entre les Evangiles, les Apôtres et les Pères (2). On admettait très difficilement que les Pères orthodoxes se fussent trompés.

La scolastique, étrangère aux difficultés d'ordre historique, s'efforça de préciser logiquement la notion de l'inspiration et, partant du principe que les livres inspirés

(1) Cor., 11, 15.

(2) Cf, abbé Mignon, les Origines de la scolastique, 1, 217.

sont des oracles de Dieu, elle les considéra comme infaillibles. Tous les livres reconnus traditionnellement comme faisant partie du recueil sacré furent déclarés participer au même privilège. On n'établit point de différence de degré dans l'Ancien Testament entre les œuvres supposées de Moïse et les autres livres, ni dans le Nouveau Testament entre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ et les œuvres attribuées aux apôtres. On mit à part les écrits des Pères.

Cette doctrine devint le fond de l'enseignement de l'Eglise romaine et c'est elle qui inspire les décrets des Conciles de Florence, de Trente et du Vatican, ainsi que les récentes déclarations de Léon XIII.

<< Loin d'admettre la coexistence de l'erreur, l'inspiration divine par elle-même exclut toute erreur; et cela aussi nécessairement qu'il est nécessaire que Dieu, Vérité suprême, soit incapable d'enseigner l'erreur... Ceux qui pensent que dans les endroits authentiques des Livres saints se trouve quelque chose de faux, ceux-là, ou bien altèrent la notion catholique de l'inspiration divine, ou font Dieu lui-même auteur de l'erreur... Aucune découverte, ni dans la nature, ni dans les monuments de l'histoire, ne peut être réellement en contradiction avec les Ecritures. >> (1)

Les objections que soulève cette doctrine dans les esprits modernes et contemporains, les luttes qu'elle a causées sont trop connues pour qu'il soit besoin d'y insister longuement.

Quand Galilée eut exposé le système du monde, les théologiens de l'Inquisition, qui prétendaient s'en tenir à

(1) Encyclique Providentissimus.

ce qu'ils lisaient dans leur Bible condamnèrent ses travaux par les deux propositions suivantes :

« Le soleil est au centre du monde et immobile, proposition absurde, fausse en philosophie et hérétique dans son expression, car elle est contraire à la sainte Ecriture.

« La terre n'est pas le centre du monde et n'est pas immobile, mais se meut par un mouvement diurne, proposition également absurde et fausse en philosophie; considérée au point de vue théologique, elle est au moins erronée dans la foi. » (1)

Depuis cette condamnation, il n'y a pas eu de grandes découvertes en météorologie, en zoologie, en botanique, en géologie, en physiologie, en physique, que les théologiens n'aient regardées de mauvais œil, représentées comme des absurdités, dénoncées comme un danger parce qu'elles contredisaient la Bible. D'un autre côté, il n'y a pas eu de grandes découvertes qui n'aient donné aux incrédules occasion de taxer la Bible d'erreur (2).

Après avoir essayé un grand nombre d'échappatoires, la très grande majorité des théologiens a fini par déclarer que les Livres saints ne se proposent point de nous apprendre le système scientifique du monde, et que leur langage se conforme aux pensées et aux expressions du temps des écrivains sacrés. Il faut ajouter cependant qu'il subsiste, çà et là, des hommes d'une foi plus robuste, qui, confiants

(1) Sur la question de Galilée on peut consulter un récent travail de M. l'abbé Vacandard dans ses Etudes de critique et d'histoire religieuse (Paris, Lecoffre, 1904, in-12).

(2) Cf. Ferrière (Emile). Les erreurs scientifiques de la Bible (Paris, Alcan, 1891).

dans la parole de Dieu, soutiennent encore que la terre est immobile, que le monde a été créé en six jours de vingt-quatre heures et qu'il y a eu un déluge universel.

Si le conflit créé entre les vieilles expressions bibliques et les sciences naturelles semble apaisé, il ne l'est point pour ce qui concerne les sciences historiques. Les apologistes réfutent les objections une à une avec une bonne volonté inlassable. On peut dire que l'humanité ne les écoute plus, même pour s'égayer de leurs répliques. Ce qui lui paraît la plus grande erreur, c'est celle de l'exégèse traditionnelle qui prend pour lettre d'histoire tout un ensemble plus ou moins légendaire. L'idée que l'on puisse nombrer l'âge de l'humanité d'après la Bible, repose sur une conception manifestement enfantine de son histoire, que l'on prenne la chronologie massorétique ou celle des Septante. Les variations des apologistes sur le déluge plus ou moins universel ont déconsidéré la thèse (1). A côté de ces points si graves, l'opinion publique ne s'intéresse point à des bévues comme celles que l'on peut relever dans Tobie pour Salmanasar et dans Judith pour Nabuchodonosor, ou à des problèmes tels que celui de savoir si Athalie était la fille ou la sœur d'Achab. Il en est de même pour le Nouveau Testament. Qu'importent les tours de force exégétiques tentés pour faire concorder les deux généalogies du Christ? Elles ne sont qu'un détail. La parole que lui attribuent trois évangélistes dans un discours sur les signes précurseurs de la fin du monde : « Je vous dis en vérité que cette génération ne passera

(1) Cf. La Question biblique au XIX siècle.

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