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si des paroles ou des écrits religieux qu'on avait vénérés jusque-là comme inspirés, l'étaient véritablement. Ces remarques constituèrent les premières tentatives «< rationalistes » et les premières «< crises de la foi ». On en trouve une expression touchante dans Plutarque (50-139) quand, pour sauver la notion de l'inspiration elle-même, le brave Théon éprouva le besoin d'expliquer pourquoi la Pythie ne rendait plus ses oracles en vers, et de ne plus soutenir la révélation des mots : « La parole, dit-il, ny la voix, ny la diction, ny la mesure ne sont pas du Dieu, ains sont de la femme; lui donne seulement les imaginations et allume en l'âme la lumière pour esclairer l'advenir, ce qui est et s'appelle Enthousiasme (1). »

Telles sont les principales objections qui se posent au commencement du XXe siècle contre l'inspiration. Elles ne sont point nouvelles, mais les progrès des sciences historiques les ont rendues plus fortes, plus précises, plus pressantes.

Les théologiens protestants n'en paraissent pas accablés. Comme ils ont écarté du canon des écrits inspirés un certain nombre de livres ou de fragments admis par les catholiques, ils ont diminué le total des menues difficultés. Pour les difficultés générales, beaucoup d'entre eux les esquivent en réduisant l'intervention divine à une sorte d'action providentielle. Dieu aurait simplement voulu conserver à l'humanité des récits utiles ou nécessaires à son développement spirituel.

Enthousiasme signifie, d'après l'étymologie,

(1) Traduction Amyot. inspiration, possession par Dieu.

Les théologiens catholiques, quand même ils le voudraient, ne peuvent pas aller aussi loin. Pour eux, l'inspiration est un dogme.

Les uns en maintiennent l'ancienne notion et prétendent qu'elle fut même verbale, c'est-à-dire que Dieu a dirigé l'écrivain sacré dans le choix des mots ou qu'il les lui a dictés. Les partisans de ce système défendent ordinairement la véracité absolue et intégrale de la Bible, quitte à refuser de voir les objections, ou à en remettre la solution aux découvertes futures.

D'autres ne pressent pas autant les notions théologiques. Quelques-uns vont même jusqu'à réduire l'inspiration à une assistance. Il n'y a, disent certains théologiens, d'erreurs que là où il y a affirmation. Or, comme dans la Bible il n'y a point d'affirmations erronées, elle ne renferme point d'erreurs. Ces propositions inexactes sont de pures opinions, des citations implicites non garanties.

« Il ne faut pas prendre les assertions de la Sainte Ecriture au pied de la lettre, sans commentaires, il faut les prendre dans le sens où elles ont été données; absolument, si l'écrivain inspiré les donne absolument; relativement, s'il les donne relativement. Dans le premier cas, les propositions sont vraies et inspirées en elles-mêmes; dans le second, elles ne le sont que dans le sens qu'elles avaient dans l'esprit de l'écrivain et c'est ainsi que l'on doit entendre les métaphores, les histoires, les fictions, les figures, les généalogies, les données cosmographiques, physiques, etc., et aussi les sources dans lesquelles a puisé l'hagiographe, les narrations qu'il a rapportées dans son livre, car tout cela dépend seulement de l'intention de l'écrivain sacré. Ainsi, il peut user de documents, de traditions qui

rapportent les événements d'une manière poétique. D'où il suit qu'il faut expliquer l'Ecriture et l'inspiration, au moyen d'une critique pénétrante et saine, en s'attachant particulièrement à l'interprétation donnée par la Tradition ou l'antiquité. Aussi l'exégète doit-il être un érudit ; et si les Pères n'enseignent rien sur un point obscur, il faut attendre le jugement de l'Eglise qui possède la science et la clef des Ecritures (1). »

Pour comprendre et expliquer l'inspiration, les théologiens contemporains orthodoxes ont pris deux moyens.

Les uns ont examiné surtout la part de l'écrivain sacré dans la composition des Livres saints, en s'efforçant de connaître sa vie, son milieu, sa manière de travailler.

Les autres sont partis, dans leur étude, de la notion que Dieu inspire l'Ecriture et que par conséquent il en est l'auteur, au sens propre et véritable.

Ces travaux n'ont point donné de résultats appréciables pour l'esprit moderne. Un savant disait à ce propos : << Pour juger une soupe aux choux, faut-il partir de l'idée de soupe ou de l'idée de choux ? Le plus simple est d'y goûter. »

(1) Etudes franciscaines, janvier 1904, p. 44, art. du P. Joseph de Bavière. Le principal représentant de la théorie des « citations implicites erronées» est le R. P. Prat, S. J. (La Bible et l'Histoire, 1904); le chanoine Mangenot s'est rallié à son système (Polybiblion, mars 1904, p. 195); sur une théorie semblable du P. François de Hummelauer, cf. les observations du P. Joseph Brücker. Etudes, 20 janvier 1905, et articles de Cruveilhier dans Rev. du Cl. franç, des 15 nov. et 15 déc. 1905. Le P. F. Girerd propose un système différent (Ann. de phil. chrét., mars 1904. p. 627), celui de l'affirmation divine: « Bien qu'il y ait toujours inspiration, il n'y a affirmation divine que dans les choses qui regardent la foi et l'enseignement moral. » Voyez plus bas, chapitre XI, deux décisions de la Commission biblique relatives à ces théories exégétiques.

Beaucoup de contemporains goûtent les livres bibliques et ils déclarent que rien ne les distingue des livres qui n'ont point d'origine surnaturelle.

Les remarques des théologiens ne sont point pour les faire changer d'avis. Examinons-en quelques-unes.

Ce fait de l'inspiration de nos Livres saints n'est pas du ressort de la critique historique. C'est un dogme de foi qui nous est enseigné par l'Eglise. » (1)

Si l'inspiration n'est pas du ressort de la critique historique, peut-on l'appeler un fait ?

« Il n'y a que les âmes admirablement candides qui s'imaginent comprendre la nature de l'inspiration, fût-ce en faisant appel à la scolastique. On est souvent dupe des mots que l'on emploie, car les mots sont aussi obscurs que la chose qu'ils définissent. De pareilles définitions ne sont que des jeux d'esprit. On ne comprend pas plus l'inspiration que l'on ne comprend le concours divin dans l'ordre de la nature, et la grâce dans l'ordre surnaturel. Les opérations de Dieu nous échappent toujours, nous n'en voyons que le résultat et la trace, comme dans la vision de l'Horeb. » (2)

L'inspiration n'est pas plus garantie que la légende de l'Horeb. Où en voit-on « le résultat et la trace » ?

« L'inspiration n'a pas pour objet premier d'enseigner, mais de conserver le souvenir des vérités révélées et des faits de l'histoire qui permettent de comprendre l'ordre et la suite de la révé

(1) Lepin, Jésus messie d'après les synoptiques,p. VIII.

(a) Mgr Mignot, Correspondant, 10 avril 1897, p. 12.

lation, quoique le but de l'écrivain sacré puisse bien être l'enseignement.» (1)

Est-ce qu'une vérité révélée n'est pas une vérité enseignée ? Et si l'inspiration a pour objet de conserver l'histoire de la révélation, pourquoi les auteurs des écrits sacrés sont-ils inférieurs aux historiens profanes et païens, leurs contemporains?

Sans s'attarder sur ces problèmes théologiques, un célèbre exégète émet les réflexions suivantes qui marquent le point de vue d'une nouvelle école de plus en plus nombreuse :

<< La psychologie des écrivains inspirés n'est pas autre que celle des écrivains vulgaires, et la Bible, comme tout livre, est le fruit d'un travail humain, qui ne se dérobe pas plus à l'analyse que celui d'où procèdent les autres œuvres littéraires de l'antiquité et celles du temps présent.

« Ne craignons pas d'affirmer que ce travail humain est seul accessible à nos expériences mais qu'il n'exclut pas, qu'il inclut plutôt le travail divin que la foi reconnaît en lui. L'action de Dieu dans l'homme inspiré n'est pas plus analysable indépendamment du travail psychologique et littéraire qui s'accomplit dans l'homme et par l'homme, que le travail de Dieu dans la nature n'est analysable indépendamment du mouvement et du rapport des choses...

« Il n'y a pour l'interprète de la Bible que deux attitudes qui soient conformes à la saine raison celle de l'historien qui prend la Bible telle qu'elle est, et qui s'efforce de déterminer la signification originelle du témoignage biblique, et celle de l'Eglise qui,

(1) Lagrange, La Méthode historique, p. 90.

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