Sayfadaki görseller
PDF
ePub

sans avoir autrement égard aux limitations du sens primitif, tire de la Bible l'enseignement qui convient aux besoins des temps nouveaux. » (1)

Il ressort de l'exposé de cette opinion et de son contexte que le commentaire ecclésiastique est tout autre chose qu'une explication ou une déduction d'un livre sacré. Le prédicateur glose et raisonne par analogie, en se rattachant à la Bible, source de la tradition chrétienne. Il ne prend pas le sens, mais l'esprit des textes. Seulement, en admettant que la Bible n'est pas, au sens strict, certaine, révélée et infaillible, les partisans de cette opinion sont-ils orthodoxes? N'ont-ils pas été déjà et ne seront-ils pas toujours désavoués par l'Eglise ?

(1) LOISY. Etudes Bibliques, 3e édition, p. 13-19.

III

(1900-1903)

LES PROTESTANTS LIBÉRAUX

Position théologique de MM. Auguste Sabatier, Eugène Ménégoz, Adolphe Harnack, Jean Réville.

En déclarant, au xvre siècle, que l'Ecriture sainte était l'autorité suprême, les protestants se firent un devoir de la pénétrer aussi profondément que possible. Comme ils la scrutaient avec d'autant plus d'assurance qu'ils la croyaient divine, ils aboutirent avec le temps et fatalement à des conclusions révolutionnaires pour l'orthodoxie. Les dogmes semblèrent ébranlés.

Au commencement du XIXe siècle, deux penseurs religieux essayèrent de les sauver, Hegel, en leur prêtant un sens métaphysique; Schleiermacher, en déclarant que la religion consiste essentiellement dans le sentiment qu'a l'homme de sa dépendance de la cause de l'univers.

Les obscurités de la pensée de Hegel et la tendance d'une époque qui se souciait aussi peu de métaphysique que de dogmes proprement dits, empêchèrent la fortune du premier système.

En soutenant que la foi est un fait de conscience, Schleiermacher proposait à un siècle positiviste une base

acceptable pour les spéculations religieuses. Le fait peut être purement subjectif; il n'en est pas moins un fait. Aussi l'affirmation de l'instinct religieux de l'homme rentre-t-elle dans presque toutes les définitions de la religion qui ont été formulées depuis Schleiermacher et il y a bien peu de ces définitions qui aient omis d'y indiquer, comme un facteur essentiel, la dépendance de l'homme à l'égard d'un pouvoir ou de pouvoirs supérieurs.

Une nouvelle philosophie religieuse s'est élaborée dans le sens de ces conceptions. Auparavant, on considérait, dans la société chrétienne, la religion surtout comme un système de vérités confiées à l'homme par Dieu au moyen d'une révélation extérieure, révélation commencée dans le paradis terrestre et achevée par les apôtres de Jésus, le Fils de Dieu fait homme. Désormais, les plus savants théologiens protestants sont enclins à faire de la religon un sentiment purement intérieur c'est l'esprit humain prenant de plus en plus conscience de son rapport avec Dieu. De tous les livres prétendus sacrés, ceux qui racontent le mieux cette histoire, ce sont les livres juifs. De toutes les expériences religieuses de l'homme, la plus parfaite est la religion chrétienne. On peut dire que ceux qui mettent en œuvre la prédication du Christ, pratiquent la religion. Leur société dans le cours des siècles s'est formé une sorte de conscience collective qui, tout en conservant en principe les dogmes et les pratiques du passé, les adapte sans cesse aux temps présents: cette conscience collective s'appelle la tradition. Le salut s'opère par la foi indépendamment des croyances.

4.

« L'objet de la foi religieuse est Dieu. Les formes sous lesquelles se manifeste cette foi peuvent varier selon les temps, les lieux, les individus, mais si la foi est réelle, elle se ramène toujours, en dernière analyse, à la foi en Dieu... Dieu ne damne pas un homme qui lui a donné son cœur, quand même cet homme aurait sur la nature de Dieu et les choses de la religion des croyances incorrectes, des erreurs dogmatiques sévèrement jugées par les théologiens. Il est sauvé malgré ses erreurs. » (1)

--

Les dogmes, dit un des docteurs de ce système, Auguste Sabatier, sont des expressions symboliques dans lesquelles les hommes ont résumé leurs expériences religieuses. L'enseignement des grands génies religieux, le Christ et les apôtres, leur manière de voir et de sentir se sont transmis dans les différentes branches de la société chrétienne. Celles-ci ont répété, exposé, modifié leurs croyances selon le degré de leurs connaissances générales, selon la civilisation de leur temps. Les conceptions surannées ont été peu à peu abandonnées, traduites, remplacées par d'autres formules répondant à la mentalité des générations nouvelles. L'adaptation s'accomplit par ceux qui

(1) E. MÉNÉGOZ. Publications diverses sur le fideisme et son application à l'enseignement traditionnel (P., Fischbacher, 1900, ir-8, IX-425 p.), P. 245-246.

Ce système religieux a été soutenu en France, principalement par Auguste Sabatier et Eugène Ménégoz. On l'appelle le « fidéisme » et quelquefois le symbolo-fidéisme ». Il ne faut pas confondre ce « fidéisme» protestant avec un système qui porte le même nom dans la théologie catholique. Le fidéisme protestant dit qu'il suffit d'avoir la foi en Dieu pour être sauvé, indépendamment des croyances qui peuvent être erronées; les catholiques fidéistes soutiennent que la foi, don de Dicu, se suffit à elle-même et sc prouve par elle-même, sentant sa propre vérité ; la foi précède l'intervention de la raison qui, à elle seule, ne peut pas donner une démonstration de la religion.

allient à un sens profond des dogmes traditionnels la compréhension des progrès intellectuels. L'esprit du Christ survit ainsi grâce à ceux qui en sont imprégnės. Ce qui importe, en effet, dans son enseignement, ce ne sont point les idées particulières qu'il a tenues de sa race et de son temps, c'est la beauté morale de sa prédication. L'Esprit qui l'a fait agir et parler anime tout homme religieux c'est la raison, en tant qu'elle s'exerce sur notre relation avec la cause de l'univers. Cet Esprit, tout en nous attachant au Christ et en nous faisant admirer l'évangile, cherche à élaborer une théorie religieuse de plus en plus scientifique. Il unit l'amour de la tradition à l'amour du progrès Il aboutit à une digne autonomie de la pensée. La conviction intérieure la sanctionne. La foi est personnelle, individuelle et subjective; mais, comme la même évolution entraîne le monde, comme la raison l'inspire et la guide, il n'en subsiste pas moins une religion extérieure, une église chrétienne, héritière et continuatrice de la petite société réunie par Jésus.

La prédication du Christ se résume en trois traits principaux (1) :

Le royaume de Dieu et sa venue.

Dieu le Père et la valeur infinie de l'âme humaine. La justice supérieure et le commandement de l'amour. Cette prédication est donc vraie pour tous les temps et pour toutes les conditions. « L'histoire montre que l'Evangile a vraiment continué à vivre et qu'il reparaît toujours de nouveau (2) ». Il est éternel. Ce ne sont pas ces croyances (1) Harnack. L'Essence du Christianisme, p. 56.

(2) Ibid., p. 315.

« ÖncekiDevam »