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ment général malade. Il classe les réalités hétérogènes qui se présentent à ses yeux, suivant des concepts phénoménologiques » (p. 9). « On remarquera dans cet ouvrage mon antipathie voulue pour les théories et les systèmes... Nous refusons de discuter des idées vides qui ne sont pas fondées sur la vie psychique tout entière, observée et représentée dans sa vérité ; nous refusons aussi de substituer à cette vie psychique réelle, qui seule enrichit nos concepts, des constructions anatomiques ou autres » (pp. 22-23).

Deux ou trois jugements bien concrets, sur des situations ou des personnes, feront mieux ressortir encore les préférences et les répugnances de M. Jaspers : « La moyenne des psychiatres officiels n'est compétente qu'en ce qui concerne la pathologie du cerveau, la médecine du corps, la médecine légale, la technique des soins à donner et celle de l'adminisstration... (Or) la psychopathologie est une science de l'esprit. Seule une culture philosophique permet une compréhension et une réflexion fécondes en psychiatrie.... La psychiatrie étant pratiquée presque exclusivement par des médecins dépourvus de la culture nécessaire, n'a pas atteint un niveau comparable à celui des autres sciences » (p. 39). Un peu plus loin, l'auteur compare son propre livre, tel du moins qu'il a voulu l'écrire, avec quatre ouvrages similaires, universellement connus des médecins et psychologues qu'intéresse cet ordre de questions: nous voulons dire, avec les traités de Emminghaus (1878), de Störring (1900), de Kretschmer (1922) et de Gruhle (1922). Laissant de côté, faute de place, l'éloge mérité que reçoivent ces psychiatres, nous retiendrons seulement un trait acéré, rudement décoché contre chacun d'eux Emminghaus « opère par description et... adopte sans critique le point de vue évident des sciences naturelles et médicales. Psychologiquement, il fait prévaloir (à tour de rôle), dans le détail, sans les critiquer ni les développer consciemment, des points de vue différents. La psychologie quotidienne spontanée prédomine dans son ouvrage, mais diluée et décolorée par une terminologie d'apparence scientifique et par le manque de profondeur de la psychologie officielle de son temps » (p. 40). Stőrring, au contraire, « met à la base de son étude un intérêt théorique, et il se laisse dominer

par les vues de la psychologie de Wundt... Les moyens de la psychologie d'alors, actuellement bien démodés, jouent un grand rôle dans l'ouvrage... La valeur du livre dépend dans une large mesure de celle des théories... On quitte déçu le livre dont le titre promettait tant » (p. 41). Quant au traité de Psychologie médicale, si en faveur aujourd'hui, de Kretschmer, « son but est avant tout didactique... C'est à une théorie que Kretschmer doit sa vue d'ensemble... (Ses deux idées directrices) sont schématisées à l'extrême. Il réduit l'organisation des faits à quelques formules... Dans cette simplification théorique, qui en apparence domine les faits, s'exprime une conception du monde (une Weltanschauung)... Ici, malgré la compréhension intuitive du détail, apparaît une prétention de tout comprendre, qui formule des rubriques avec une rapidité frappante, applique hardiment des concepts de classification (fût-ce même) à l'expressionnisme ou aux personnalités historiques, et, du point de vue philosophique, est inspirée (de la) mégalomanie caractéristique de quelques neurologistes (d'aujourd'hui)... Cependant, même avec cette méthode, Kretschmer ne réussit pas à donner une forme réelle à l'ensemble de la vie psychique, il se borne plutôt à un choix assez étrange de problèmes et de sujets. Dans le style, les images prévalent sur la netteté des concepts; ce qui apparaît, c'est moins l'idée que le bluff de l'expression » (pp. 4142). Il est permis de trouver cette sévérité excessive. Elle s'atténue un peu en faveur de Gruhle. Celui-ci, dans sa contribution importante au Handbuch der vergleichenden Psychologie, de Kaffka, « cherche un ordre (théorique) d'exposé, qui porte aux faits le moins de préjudice possible... Grâce à des concepts extraordinairement vastes... il obtient de grands tiroirs dans lesquels il peut jeter les phénomènes de façon à en faire le soutien de sa pensée... Si l'on prend son livre pour ce qu'il veut être, c'est-à-dire une compilation de faits, il est très utile » (pp. 42-43). On lira aussi avec intérêt les appréciations portées occasionnellement sur Kraepelin, Freud, Bleuler et autres psychiatres de marque.

En signalant chez autrui les écueils à éviter, M. Jaspers prend, envers le lecteur, une sorte d'engagement. Pour le tenir, il compte sur la vertu de la « méthode phénoméno

logique », qu'il s'est appliqué à transposer de la psychologie à la psychiatrie. Phénoménologie sincère, intégrale, doublée d'un effort de « compréhension génétique », c'est-à-dire d'explication causale des phénomènes enregistrés. Cette explication ne pouvant jamais être complète, l'auteur admet, à regret, qu'on la couronne, provisoirement, par des hypothèses théoriques, à condition de « ne le faire qu'avec la pleine conscience de leur nature et des frontières permanentes qui leur sont imposées » (p. 27).

Beau programme, au moins partiellement réalisé dans le Traité que nous avons entre les mains. Peu de pages y sont réellement banales; les autres, certes, ne sont pas toutes également profondes; la plupart nous paraissent instructives et suggestives. Plus de concision, çà et là, eût été possible. Et la version française sacrifie généreusement l'élégance à la fidélité littérale faut-il l'en louer ou le regretter? Au total, les traducteurs furent bien inspirés en mettant ce gros Manuel savant à la portée immédiate des lecteurs français il mérite d'être consulté.

J. MARECHAL, S. J.

LA DIVINATION, par J. MAXWELL, Docteur en médecine. Un vol. de 282 pages (12 × 18), de la Bibliothèque de Philosophie scientifique. Paris, Flammarion, 1927.

Prix 12,00 francs.

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M. Maxwell, magistrat et docteur en médecine, appartient nullement à ce groupe de « métapsychistes >> modérés spirites, d'ailleurs - qui se déclarent convaincus de la réalité objective de nombreux faits supranormaux devant lesquels d'autres chercheurs demeurent sceptiques. Dans ce petit traité de divinatione, comme dans les précédents ouvrages du même auteur (par exemple: Les phénomènes psychiques, ou, plus récemment : La magie), une confiance, peut-être trop accueillante, dans la valeur des observations utilisées se double d'un esprit critique indéniable, appliqué aux interprétations causales.

Que nous apporte le nouveau volume de M. Maxwell? D'abord un aperçu historique de la divination dans les civilisations anciennes (primitives, gréco-romaine, orienIVe SÉRIE. T. XIII.

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tales, etc.). Puis un exposé descriptif, combiné avec un essai sommaire de classement raisonné, des espèces de divination qui ont survécu au monde antique d'une part, astrologie, chiromancie, physiognomonie, géomancie, cartomancie, onirocritie, bref, tous les « arts divinatoires » où se combinent en proportions diverses des données empiriques, généralement insignifiantes en elles-mêmes, et une interprétation subjective pouvant s'alimenter à des sources d'information moins apparentes; d'autre part, l'ensemble des procédés groupés par l'auteur sous le titre de « divination intuitive » parce qu'ils mettent en œuvre une connaissance supranormale directe: télépathie, précognition, rétrocognition, automatismes motosensoriels (par exemple, dans l'usage de la baguette divinatoire), psychométrie, lucidité à l'état de veille ou dans l'état somnambulique, enfin prophétie proprement dite. Un essai d'interprétation psychologique et philosophique de la divination occupe une quarantaine de pages à la fin du volume. Il y a là des remarques judicieuses, des vues ingénieuses, mais aussi des hypothèses métaphysiques terriblement hasardées, esquissées avec une réserve d'expression qui ne suffit pas à dissimuler leur étrangeté.

J. MARÉCHAL, S. J.

PRIESTS AND KINGS, by HAROLD PEAKE and HERBERT JOHN FLEURE. (Tome IV de The Corridors of Time). Un vol. de 208 pages (14 × 20), avec 115 cartes et illustrations. Oxford, Clarendon Press, 1927. - Prix : 5 sh. net.

Nous avons rendu compte précédemment des deux premiers tomes de cette série, qui devait en comprendre quatre. Le troisième volume (que nous n'avons pas reçu) aura conduit le lecteur jusqu'à la fin du Néolithique. Dès cette époque, le développement de l'agriculture avait provoqué l'établissement d'agglomérations sédentaires; les échanges commerciaux se multipliaient, non seulement de village à village, mais de région à région, réalisant ainsi peu à peu un premier tracé des grandes voies de communication. Voici maintenant que les villages primitifs deviennent çà et là des cités, dominant un territoire plus ou moins étendu. La vie politique s'organise, mêlée d'abord à la vie

religieuse, sous l'autorité de chefs qui furent souvent des prêtres. Cette aurore des premières civilisations historiques nous est narrée sous le titre : « Rois et prêtres ». Les auteurs, en une suite de chapitres, nous la montrent se levant sur la Mésopotamie, sur l'Égypte des premières dynasties, sur la Crète et sur tout l'horizon Égéen (Asie-Mineure, Archipel, Hellade), puis s'étendant au lointain Turkestan, remontant la vallée du Danube, se blottissant en Transsylvanie, dans le coude oriental des Carpathes, et s'étirant enfin à travers l'immense région des Terres Noires, de la Galicie jusqu'à Kiev. Histoire sommaire d'un millénaire entier, de 3500 à 2500 avant Jésus-Christ, environ.

On conçoit qu'une des difficultés les plus sérieuses que durent surmonter les auteurs fut l'échelonnement continu d'une chronologie plausible. Ils utilisent et citent de bonnes sources; mais les sources existantes sont parcimonieuses, et la conjecture joue forcément ici un rôle important de suppléance. Au fond, la sûreté parfaite du détail n'a peutêtre pas une telle importance, si le lecteur, grâce aux cartes, aux tableaux synoptiques et aux nombreuses illustrations qui soutiennent un texte d'une précision un peu sèche, parfois artificielle, emporte une image globale, juste et parlante, du premier essor de la vie civilisée. Ce but général nous semble atteint; l'écueil serait que, malgré les avertissements des auteurs, l'on crût, en fermant le livre, posséder une science ferme, là où, souvent, l'on n'eut sous les yeux qu'une interprétation intelligente de données bien fragmentaires encore.

Il est superflu de louer l'exécution typographique d'un volume sorti de la Clarendon Press.

J. MARECHAL, S. J.

ESSAI CRITIQUE SUR L'ESTHÉTIQUE DE KANT, par VICTOR BASCH, professeur à la Sorbonne. Un vol. de L-634 pages (18 × 26), de la Bibliothèque d'Histoire de la Philosophie. Paris, Vrin, 1927. Prix: 60,00 francs.

C'est un ouvrage considérable et très dense que M. V. Basch nous offre derechef, en ressuscitant « typographiquement» son ancienne thèse de Doctorat, depuis longtemps

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