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DES

HOPITAUX DE GENÈVE

AVANT LA REFORMATION,

PAR MM. J.-J. CHAPONNIÈRE, D.-M., ET L. sordet, archIVISTE.

On se ferait une fausse idée des hôpitaux du moyen âge, si l'on en jugeait d'après ceux de nos jours. Ceux-ci, on le sait, sont des établissements dans lesquels sont réunis des malades pour recevoir tous les genres de secours qu'exige l'état de chacun d'eux. Ceux-là n'étaient qu'un lieu de refuge pour les passants, pour les pauvres qui n'avaient pas de domicile; et, en ce sens, l'étymologie du mot s'accordait mieux avec la réalité de la chose. L'hôpital donnait l'hospitalité, on ne s'occupait point encore à y soulager l'humanité souffrante (1). Il n'entre point dans notre plan de décrire les

(1) Consideret quoque tua diligentia in eleemosinis, ubi xenodochia, id est, hospitalia fieri jubeat, in quibus sit quotidiana pauperum et peregrinorum susceptio. (Epistola Alcuini ad C. M.)- Nobis competens et venerabile videtur ut hospites, peregrini, et pauperes, susceptiones regulares et canonicas per loca diversa habeant. (Capit. Car. Mag., lib. I, cap. 75.)

Ducange, Gloss. med. et inf. latinit., art. Hospitale. Cette reTOM. III, PART. I.

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changements divers qu'eurent à subir les établissements connus sous ce nom, relativement à leur destination. Nous dirons seulement que, pour ce qui concerne Genève, les léproseries furent jusqu'à la fin du quinzième siècle les seules maisons où l'on reçut des malades; mais, comme l'un de nous l'a dit déjà, ces malades étaient incurables, et si on les enfermait, c'était pour les séquestrer, et non pour les guérir (1).

Ce ne fut que vers l'an 1490 que, pour l'hôpital des pestiférés, nouvellement construit, on engagea un chirurgien qui dut y rester à demeure, pour y administrer les secours de l'art à ceux dont la contagion peuplait l'hôpital. Pour tous les autres hôpitaux, et les actes de fondation que nous possédons en font foi, il ne s'agissait que d'asiles destinés à recevoir les indigents; c'étaient des espèces de dépôts de mendicité.

Genève en possédait un certain nombre; outre les léproseries, elle en eut deux jusqu'au milieu du quatorzième siècle. A cette époque, sous l'influence de circonstances qui ne sont pas bien connues et qu'il serait curieux d'étudier, trois autres se fondèrent presque en même temps; ce qui semblerait indiquer un mouvement plus grand de population, un abord plus considérable d'étrangers, circonstances qui se lient probablement à quelque nouvelle phase de la vie intérieure et extérieure de notre cité; enfin le quinzième siècle en vit s'élever deux, que Genève dut à la générosité d'un de ses citoyens.

C'est l'histoire de ces institutions que nous allons entreprendre; nous y joignons celle de l'hôpital des pestiférés,

marque n'a point échappé à M. de la Teyssonnière; dans ses Recherches historiques sur le département de l'Ain, tome IV, p. 109. H dit en note: Hospitalis ne signifie point hôpital mais indique un lieu où l'on donnait asile et secours aux pauvres.

(1) Des léproseries de Genève au 15° siècle, Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie, tome I, p. 133.

d'un autre petit hôpital fondé hors des franchises par un citoyen genevois, et qui dépendait d'une administration genevoise; enfin, celle de cette administration qui, sous le nom de boîte de toutes âmes, dirigeait les secours de la charité et de la bienfaisance publiques dans la ville et la banlieue. Les matériaux nombreux de nos archives seront les sources de notre travail, et si nous n'arrivons pas toujours à une solution définitive de toutes les questions, nous n'avançons aussi aucun fait, dont nous ne fournissions immédiatement la preuve et le moyen de contrôle.

-Jadis, comme de nos jours, Genève était une ville de passage, où se rencontraient fréquemment des personnes de tous pays. C'étaient plus particulièrement des pèlerins qui se rendaient à Rome, des étrangers qui y allaient demander justice (1), sans doute aussi des commerçants qui visitaient nos foires, des aventuriers militaires qui, ennemis de toute discipline, vendaient leurs services à qui les payait le mieux, et des gens sans aveu que l'absence de police régulière et les fondations du genre de celles dont nous nous occupons, devaient multiplier singulièrement; on se fera une idée de eette affluence, en sachant qu'en moins d'une année (du 13 oct. 1538 au 4 oct. 1539), on fit l'aumône à 10,653 passants à l'hôpital général (2).

Rien ne nous fait mieux connaître l'état de Genève sous le

rapport du paupérisme au quinzième siècle, que les statuts que fit le chapitre pendant la vacance du siége (1458), à l'instance et avec l'avis des Syndics et des Conseillers. Ce document remarquable a été traduit et publié par Mr. Galiffe dans ses Matériaux historiques. Nous tenons à en reproduire

(1) Bulle d'Innocent VIII. Preuve no XVII.

(2) Comptes de Claude Magnin, hospitalier général: sensuyvent le nombre des passans á qui on a faict laulmone a lospital depuys le 13 jour doctobre 1538 jusques au jour dessoubs nomme (4 octob *539).

ce qui concerne notre sujet, empruntant la traduction ci-dessus mentionnée, et donnant le texte en note (1).

«Quoique, entre les œuvres de piété auxquelles les préceptes divins, naturels et moraux obligent toute personne or

(1) Licet autem in operibus pietatis ad que divino, naturalique et morali precepto tenetur quilibet orthodoxus, non minimum sit pauperes reficere, sibique de bonis a Deo susceptis misericorditer subvenire, quia tamen effrenata multitudo passim Gebenn. affluencium pauperum ex omni regione christiana aliquos diversis casibus irretitos, alios pravis artibus utentes, alios fingentes se infirmos cum sani essent, alios divites cum sese falsa simulatione pauperes monstrarent, fuisse ac esse detexit, et per talem multitudinem successit ut septem hospitalia civitatis predicte, plerumque non sufficiant ad receptionem eorumdem sed domos, cameras et receptacula plurima, interdum propria, interdum ad firmam, locagiumque, teneant et habeant in dicta civitate suburbiisque Gebenn. Et sic, cum dicti pauperes indesignenter, singula opida remota et propinqua deambulent et circuant, frequenter ad dictam civitatem presertim quadragesimali et nundinarum tempore, reclinando, successit ut, proh dolor, experientia pluribus annis edocuit et ita successuris, nisi Deus advertat, verisimiliter formidatur, quod ex locis infectis tales venientes, contagiosis morbis, presertim epydimia, Gebenn. et incolas Gebenn. infecerunt. Propter quod, non quidem homines ab elemosinarum largicione retrahere, sed pocius ad id docere volentes. Et hiis morbis, periculis, acque dampnis quantum cum Deo possumus obviare, illud presertim actendentes quod salvator noster dixisse legitur: «Desudet elemosina in manu tua, donec invenias justum cui des,» et in canticis habetur, ordinatam esse caritatem, que ordinacio, secundum beatum Ambrosium est, ut primo diligatur Deus, secundo parentes, tercio filii, postea domestici, ultimo extranei. Debet etiam esse personarum discretio in elemosina impendenda. Nec tantum paupertas, quantum fides et vera religio, in pauperibus actendere est, propter quod sanctus Augustinus utilius esse dicebat, esurienti panem removere, quam sibi frangere, ubi justiciam negligebat, ut sic justicie deditus acquiescat. Non enim sufficit bonum facere, nisi illud debito modo benefiat. Benefieri autem quantum ad propositum doctores scripserunt, quando quatuor in elemosine distribucione concurrunt videlicet, hominis ele

thodoxe, là moindre ne soit pas d'assister les pauvres et de subvenir miséricordieusement à leurs besoins avec les biens qu'on a reçus de Dieu, on a découvert avec certitude, que, parmi la foule effrénée des mendiants qui affluent constam

mosinam facientis, voluntas ylaris, ut propter Deum non ex tristicia vel necessitate fiat, secundùm ut voluntate concordi, et cum nullo pravam habeat voluntatem. Tercium ut fiat animo liberali, dando libenter et secundum dantis potestatem. Quartum ut fiat voluntate fideli, dando non despectu neque ominio (?) minimo, sed quod prodesse valeat accipienti. Quod si quidem fieri posse non videtur, ubi per importunitatem a pauperibus extorquetur elemosina, presertim recipientes validi sicut et compotes et tales qui ante, labore vel studio suo possent aliunde vitam conquirere et inopiam deffensare, illa eciam pauperum multitudo, frequensque concursus, ita temperanda est in ordine racionis, ne per ipsam, aliis pericula aut dampna vel injurie preparentur. Hiis igitur et aliis justis de causis, omnes ad officia pietatis discrete commonemus, firmiter statuentes quod nullus pauperum vel egenorum seu coquinorum, affluencium in dicta civitate et suburbiis ejus, elemosinam manualem queritans, hospicium alibi recipiat, quam in altero septem hospitalium civitatis Gebenn. predictorum, inhibendo omnibus et singulis civibus, habitatoríbus et incolis dicte civitatis et suburbiorum ejus, et eis in virtute sancte obediencie. Injungendo quod a modo in antea in habitacionum suarum domibus, orreis, grangiis, vel receptaculis, firme vel locacionis titulo, tales non recipiant sed ad se declinantes, ad hospitalia remiclant patefaciendo et notifficando ipsis, si extranei sunt. Quod non plus uno die Gebenn. commorentur Nos enim hospitalium predictorum rectoribus et magistris, eorumque loca tenentibus presentibus et futuris, sub excommunicationis et LX solidorum pena firmiter injungimus, quatenus omnibus et singulis diebus ac noctibus prudenter et diligenter actendant, quod pauperes et egenos seu coquinos ad dicta hospitalia applicantes non recipiendos pote quia validos vel divites, aut confecte sub simulacione paupertatis, aliquid agere volentes, hoc discernere possunt, non recipiant. Recipiendos vero, pote quia infirmi egeni debiles vel confracti et tales quibus pium est subvenire non expellant, advisando singulos extraneos, quod ultra diem naturalem ibidem esse non licet, nisi morbus aut :

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