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mentionné les dons, les legs, nous avons relevé toutes les reconnaissances; nous ne sommes pas sans doute arrivés à tout retrouver, et de plus, nous n'avons pu en aucune manière faire entrer en ligne de compte le casuel, le produit journalier de la charité des fidèles. Quant au casuel, il revenait de droit au recteur de la chapelle unie à l'hôpital et qui constituait un bénéfice. Pour le reste, quelle était la part qui lui revenait, quelle était celle de l'hospice? Il nous est difficile de le dire; toujours est-il qu'il s'éleva quelquefois des plaintes sur les aliénations commises par ces agents au détriment de la maison de charité (1). Et nous serions parvenus à reconstituer en entier les propriétés et les revenus de ces maisons, que nous n'aurions qu'une notion très-imparfaite de leur véritable fortune, faute d'un élément de comparaison.

Nous avons pensé faire une chose utile, en cherchant à offrir cet élément. La richesse d'un établissement de charité peut bien s'évaluer, d'après la quantité de blé ou de denrées de première nécessité que ses facultés lui permettent de se procurer. En fournissant donc toutes les notions que nous avons pu réunir sur les prix de ces denrées (2), nous donnons le moyen de faire une comparaison entre leur prix à une époque déterminée et le prix actuel. Quant au blé, nous supposons la coupe ou l'octane des temps anciens égale à celle de nos jours, et nous n'avons aucune raison de croire qu'elle ait changé d'une manière notable; ainsi donc, quand nous verrons qu'en 1454 la coupe du blé coûtait huit sous, en comparant ce prix au prix moyen actuel (que l'on peut estimer 16 ou 18 francs), nous en conclurons qu'en cette année on pouvait avoir pour un sou la même quantité de blé que l'on en aurait actuellement pour 2 fr., 2 fr. 25 c. (3). Nous savons

(1) Preuve no IV.

(2) Preuve no I.

(3) Nous arrivons par la comparaison que nous établissons, à as

que cela ne donne ni la valeur intrinsèque ou métallique de l'argent, ni même sa valeur relative d'une manière absolue, puisqu'il faudrait que la comparaison portât sur un grand nombre d'objets; mais cela permet d'estimer combien de pauvres, avec ses revenus, un hôpital, pouvait entretenir.

Ne possédant pas sur les denrées un bien grand nombre de notions pour les époques un peu reculées, nous avons employé, pour suppléer à l'insuffisance des renseignements directs, un procédé que nous soumettons à l'appréciation de nos lecteurs. On sait qu'au moyen âge l'usure (ou le prêt à intérêt), était sévèrement défendue; mais en appelant le prêt d'un autre nom, les transactions s'opéraient absolument de la même manière. Ainsi, au lieu de dire qu'on prêtait son argent à intérêt ou usure, on disait qu'on donnait une certaine somme pour acheter une rente; rente qui pouvait être en argent, en blé, ou en ce qu'on voulait. Ces sortes d'achats se faisaient presque invariablement sur le pied du 5 pour 100; par exemple, en donnant 100 florins, on achetait une rente perpétuelle de 5 fl., et en rendant les 100 fl., on se rachetait de l'obligation de la rente, absolument de la même manière que de nos jours, on rembourse le capital, quand on ne veut plus payer l'intérêt. Nous avons lieu de penser que le même taux s'exigeait quant au blé, et que quand on donnait une certaine somme d'argent

signer à l'argent une valeur d'échange, beaucoup supérieure à celle que lui attribue M. Cibrario (Dell' Economia politica del medio evo, Turin, 1842, tome III, p. 231 et suiv.), en combinant divers éléments: voici la valeur qu'il donne au sou genevois du 14° siècle (d'après celle du denier multipliée par 12): 1301, 2 fr. 12 c. 1308, id. 1309, 2 fr. 20 c. 1313, 2 fr. 8 c. 1330, 1 fr. 75 c. 1336, 1 fr. 66 c. 1338, 1 fr. 59 c. 1343, 1 fr. 66 c. 1347, id. 1353, 1 fr. 82 c. 1359, 1 fr. 79 c. 1358, id. 1363, id. 1375, 1 fr. 76 c. 1381, 1 fr. 13 c. 1381, id. 1384, 1 fr. 18 c. 1396, 1 fr. 35 c. Peut-être le blé a-t-il plus augmenté de prix, en notre pays, qu'en celui où M. Cibrario a pris ses données sur cette substance.

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pour avoir une coupe de blé de cens, en divisant cette somme par vingt, on avait le prix pour lequel on aurait vendu la coupe, c'est-à-dire, le prix moyen; car il n'eut pas convenu à l'acheteur d'acheter en temps de disette, il aurait payé trop cher un blé qui serait revenu à un prix naturel l'année suivante; et le vendeur n'aurait pas trouvé son compte à vendre à un prix bas à cause de l'abondance, parce que l'année suivante il aurait dû fournir son blé à un prix ordinaire; il fallait donc que ce fut un prix moyen. Quoique ce procédé indirect ne soit qu'approximatif, il nous semble, surtout quand il concorde avec les renseignements positifs, ne pas devoir être négligé (1).

Nous avons aussi donné tous les prix du vin que nous avons pu trouver. En supposant le setier ancien, semblable au setier moderne, on tirera les mêmes inductions.

Aucun de nos hôpitaux n'était richement renté; c'étaient de petits édifices dont pas un n'était digne d'être remis en mémoire, au dire de Bonivard (2); ce n'était point une raison pour nous de ne pas chercher à évaluer ce qu'ils avaient, et de négliger de donner tous les détails de localité qui s'y rapportent.

Nous ferons encore, en terminant ces préliminaires, une remarque importante, c'est que les rentes de ces établissements, comme toutes les rentes en général, devaient diminuer par le fait de l'abaissement de la valeur de l'argent et de l'exhaussement du prix des denrées; ainsi un cens stipulé à une certaine époque, ne représentait plus la même valeur

(1) Cependant nous devons dire qu'il conviendra d'augmenter un peu la somme à laquelle on arrivera par ce calcul; nous l'avons toujours trouvée inférieure au renseignement direct; il est bien prơbable que l'argent étant rare et le blé commun, surtout pour les agriculteurs qui passaient ces sortes de marchés; ils faisaient moins de difficultés à s'engager à un taux d'intérêt plus élevé.

(2) Chroniques, Ed. Dunant, tome I, p. 113.

100 ans, 200 ans plus tard, et continuait à se payer sur le même pied qu'il avait été stipulé; les monnaies avaient été áltérées, la valeur métallique des espèces avait baissé, le prix des subsistances s'était considérablement élevé, et le cens restait nominalement le même, quand réellement il n'équivalait plus qu'au 1/4, au 1/10, au 1/12 de ce qu'il était primitivement. Pareille chose n'avait pas lieu, quand la rente était stipulée en blé; c'étaient alors ceux qui acquittaient la rente qui avaient à se plaindre, parce que le prix de cette denrée avait beaucoup augmenté. Cette observation n'a point échappé à l'auteur d'un mémoire sur l'évaluation des monnaies et des mesures françaises; nous l'avions faite avant de connaître son opinion, que nous sommes heureux de donner pour appui à la nôtre (1).

HOPITAL DE NOTRE-DAME DU PONT.

Commençons par l'établissement qui fut probablement le premier de ceux que l'on consacra jadis dans Genève à recevoir les pauvres proprement dits; car nous ne parlerons pas des léproseries, antérieures sans doute, mais dont l'un de nous a déjà fait connaître l'organisation (2), et qui d'ailleurs n'étaient pas des fondations de charité, puisque les riches, aussi bien que les indigents, y étaient renfermés, et

(1) Bonamy, Réflexions sur l'évaluation de nos monnaies et de nos mesures. Mémoires de littérature, tirés des registres de l'Académie royale des Inscriptions et Belles-lettres, depuis l'année 1761 jusqu'en 1763, édition in-12, tome LIX, p. 478-518.

(2) Des léproseries de Genève au 15° siècle. Mémoires de la Soc. d'Hist., tome I, p. 101.

étaient même tenus d'y apporter une partie de leurs biens. Le plus ancien acte (1) qui fasse mention de l'hôpital de Notre-Dame du Pont, est une lettre de vente du 15 novembre 1288, faite par Aymon, fils de feu Amédée de la Rue (ou de la Charrière) de Saint-Gervais, à Lambert, prêtre et recteur de la chapelle du Pont, d'une pièce de terre arable située près de Saconay le Petit, au prix de 25 sous (2). L'année suivante, Jordane de Saconay, Peronet et Humbert ses fils, vendent au même Lambert, recteur de l'hôpital de la vierge Marie du pont du Rhône, une maison sise à Genève, au lieu dit Bornua, pour le prix de 6 livres et 12 sous genevois, et sous la rente annuelle de 27 deniers et de 3 deniers d'aumône à l'hôpital du pont du Rhône (3).

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(1) Dans plusieurs actes relatifs au couvent des Frères prêcheurs de Palais, datés de 1269, il est fait mention à Plainpalais d'un chosal dit de l'hôpital; nous pensons qu'il s'agit de l'hôpital de Notre-Dame du Pont, qui eut de bonne heure des propriétés en cette localité. Cela reculerait de quelques années la première mention faite de cette fondation.—1269, 3 kal. Apr. 3 non. Novemb. Pecia terre sita in Planopalatio subtus casale quod dicitur hospitalis. (2) Nos officialis curie Gebenn. notum facimus... Quod coram mandato nostro vid. coram Girodo Amici, clerico eurie predicte jurato... personaliter constituti Aymo filius Amedei de Carreria de Sancto Gervasio quondam ex una parte et domin. Lambertus presbiter habitator de Gebenn. ex altera... Dictus Aymo... vendit... eid. domino Lamberto... quamdam peciam terre arabilis sitam apud Saconayum parvum... pro precio viginti quinque solid. Gebenn.... Datum XVII kal. Decembr. anno Domini millesimo cc° LXXX° octavo. (Reg. des reconn. coté n° 10.)

(3) Nos official... Quod coram... Johanne de Russins. constituti Jordana de Saconay Peronetus clericus et Humbertus filii ejus... vendunt domino Lamberto, rectori hospitalis Beate Marie pontis Rodani Gebenn. quoddam casale cum domo et edificio sitis in eodem casali... quod situm est Gebenn. in loco dicto Bornua sub annuo censu viginti septem denariorum... et salvis tribus denariis de helemosina debitis quolibet anno hospitali de ponte Rodani... et

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