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ministrateur de l'évêché pour Pierre de Savoie, alors en bas âge, avait fait faire une proclamation par laquelle il ordonnait que tous ceux qui avaient chez eux, ou pourraient avoir à l'avenir, des personnes atteintes de la maladie épidémique, eussent à les chasser de leurs maisons, et qu'eux-mêmes dussent fermer leurs habitations et sortir de la ville sous peine de confiscation de tous leurs biens. Cette rigoureuse ordonnance indigna les syndics; ils en appelèrent au siége apostolique et à la cour du métropolitain de Vienne. « Comme le remède de l'appel, disent-ils, vient à l'aide de ceux qui sont lésés et opprimés, de manière que les magistrats supérieurs peuvent réparer ce que les magistrats inférieurs ont fait de moins convenable; et comme les honorables et nobles syndics pensent avoir été lésés et opprimés, eux et leur communauté, par une crie ou proclamation faite par l'ordre et le mandat de très-révérend père en Christ et seigneur, l'archevêque de Tarse, administrateur général du siége épiscopal de Genève, ou de sa part et en son nom, et comme une telle crie ou proclamation est de droit nulle, ou du moins injuste, soit parce qu'elle est émanée contre toute équité et raison naturelle, divine et humaine, soit contre le libre arbitre accordé par Dieu, soit contre l'humanité et les préceptes de la loi divine, soit contre toute disposition de droit, soit contre les franchises, les libertés et les immunités de cette ville, soit parce qu'elle a été faite de la seule volonté de l'administrateur, tout à coup, sans préliminaire, sans avoir appelé ceux qu'il fallait appeler, ou plutôt à leur insu, sans avoir suivi aucune règle de droit, en violant plutôt le droit, soit enfin parce qu'elle est contre les œuvres de la charité et pour plusieurs autres causes patentes et qui découlent de la teneur de l'ordonnance; ils s'adressent et recourent humblement au saint siége apostolique et à la cour métropolitaine de Vienne, à qui la présente appellation doit être dévolue selon le droit et la

coutume (1). › Quel qu'ait été le sort de cet appel, dont nous ignorons l'issue, il est probable que ni les syndics ni la communauté ne se soumirent à l'injonction tyrannique de Thomas de Sur, et que cette fois, comme en plusieurs autres occasions, son administration inhabile et violente provoqua une résistance qu'il ne parvint pas à surmonter.

Il paraît que la peste tourmenta Genève à plusieurs reprises pendant les quinze ans qui suivirent l'arrêté de l'archevêque, car en 1469 les syndics exécutèrent un vœu qu'ils avaient eu l'intention de faire depuis plusieurs années, à Dieu, à saint Sébastien et à saint Antoine, pour les prier de délivrer la ville de la peste; ce vœu consistait, en ce qui concernait les syndics, à rassembler tout le peuple, hommes et femmes, les chanoines et tout le clergé, pour faire une procession générale le vendredi des Quatre-Temps (2). Ils s'adressèrent de plus à

{1} Preuve no XV.

(2) Acte des Syndics, 1469. Michel Monthion, Louis de Veyrier, Pierre de Veytey, Nicolin de Liga, concernant ce qui suit : Que dès plusieurs années les Syndics alors en charge avaient proposé de faire un vœu à Dieu et à saint Sébastien et saint Antoine, pour les prier de délivrer la ville de peste; voyant lesdits Syndics modernes que la peste continuait, ils avaient fait assembler le Conseil Général, pour les autoriser à faire ledit vou, ce qui étant unanimement accordé, les Syndics sont allés dans la chapelle Notre-Dame du cardinal d'Ostie, proposer aux chanoines là assemblés de recevoir leurs vœux, ce qu'ils ont accepté, et entre eux ont été faites à ce sujet les conventions suivantes. Que lesdits chanoines, tous les mercredis de chaque `semaine, diraient une messe à leurs dépens, à l'honneur de Dieu et desdits saint Sébastien et saint Antoine, et feraient une procession dans l'église, à laquelle les Syndics ont promis d'assister. En outre les Syndics ont fait vœu spécialement d'assembler tout le peuple, hommes et femmes, les chanoines et tout le clergé, chaque vendredi des Quatre-Temps, pour faire une procession générale, pour laquelle les Syndics paieront 30 sols qui se partageront entre les ecclésiastiques qui auront assisté à la procession dès le commencement jusqu'à la fin. (Noël, Extrait des Archives.)

l'évêque pour obtenir de lui une localité propre à bâtir un édifice destiné à retirer les malades atteints d'affections contagieuses. Ils représentaient dans leur requête, et en un style qu'ils cherchaient à rendre pathétique, suivant le goût du temps, que depuis longues années un fléau, une pestilence, une épidémie contagieuse régnait dans la ville de Genève; que leurs prédécesseurs avaient mis toute leur sollicitude à détourner, pour la conservation du genre humain et de tout le peuple, une contagion aussi cruelle, qu'eux-mêmes, les syndics actuels, s'étaient donné toute la peine possible afin de trouver un lieu convenable pour construire un édifice destiné à retirer et à séquestrer les personnes pauvres atteintes de cette infection; qu'aucun endroit ne leur avait paru mieux approprié qu'une certaine place nommée les Arénières, située entre Plainpalais et l'Arve. En effet, de tout temps cette place avait été à l'usage de la communauté; elle était infertile et ne rapportait aucun fruit à qui que ce fùt; elle avait été plusieurs fois visitée à cet effet par le vénérable Conseil épiscopal et par les chanoines les plus compétents et les plus honorables, et l'on n'avait su trouver aucun terrain plus propre et plus convenable pour ériger l'hôpital projeté. Les syndics, ne voulant pas procéder, sans la permission et le consentement de l'évêque à qui appartenait le domaine immédiat, demandaient humblement l'autorisation d'élever un édifice suffisant avec ses dépendances. Philippe de Compeis, vicaire-général de JeanLouis de Savoie, prit une connaissance approfondie de la requête, en délibéra avec maturité conjointement avec le Conseil épiscopal et le chapitre, examina lui-même la place désignée, et s'étant assuré par ses yeux de la vérité des assertions des syndics, trouva aussi qu'aucune localité n'était plus propice et plus convenable, et que la demande des syndics était conforme à la raison. En conséquence, après en avoir consulté de nouveau avec le Conseil épiscopal et le Chapitre assemblé, suivant l'usage, au son de la cloche, il donna aux syndics tout pouvoir de fonder, d'ériger et d'édi

fier un hôpital et toutes les constructions qui pouvaient lui être utiles ou nécessaires, tant sous le rapport, temporel que spirituel, et il accorda autour de l'hôpital quarante toises de terrain du côté de la ville, trente-huit toises du côté de l'Arve, et soixante-quatorze sur les côtés; l'acte dit que ces toises avaient été mesurées la veille en présence du grand-vicaire, et qu'on en avait marqué les limites par des bornes en pierre. On n'ignore pas que l'hôpital des pestiférés était situé au milieu du cimetière actuel, qui couvrirait ainsi l'étendue de terrain dont il est ici question (1). Il se passa quelques années avant que la ville commençât à bâtir son hôpital; la peste, sans doute, se radoucit un peu; mais en 1473 elle reparut, et l'on reprit le projet de l'établissement d'un hospice (2). L'évêque, qui devait venir visiter Genève, insistait pour que l'administration fit fermer les habitations infectées, eût une maison pour renfermer les malades, fit cesser les jeux et garder les portes de la ville, pour que les malheureux atteints de la contagion ne pussent entrer (3). On se plaignait aussi que certains médecins ignorants se mêlaient d'exercer la médecine, ce qui tournait au grand préjudice de la ville, et on en parla au Conseil épiscopal (4). En attendant qu'on eût bâti l'édifice que l'on destinait aux pestiférés, le Conseil

(1) Preuve n° XVI.

(2) Grenus, Fragments historiques sur Genève avant la Réformation, Genève, 1823, p. 40: « I 1473, 30 Mars. 2 April. Fuit expositum quod videretur locus ad edificandum hospitale pestis. — 4 April. Expositum fuit in Consilio generali per Syndicos quod pestis incipit regnare in civitate, advisando quod bene fieret quod, construeretur unum hospitale ad reponendum percusos pestis, cum una capella et cimisterio et aliis necessariis. Fuit facta commissio Syndicis, assistentibus J. de Orseriis, A. de Lestelley, et M. de Nanto, quod facerent construere in loco per eos cognito dictum hospitale et emergentia ex eodem, dando eis omnimodam potestatem circa hæc necessariam. »

(3) Flournois, Extrait des registres du Conseil, 1473, 13 dvril, (4) Ibid., 27 Avril.

Ioua une grange et un pré à Plainpalais, pour y déposer momentanément les malades; il pourvut aussi ce chétif établissement de deux hôpitaliers et de quelque mobilier qui ne témoigne pas de la richesse des ressources dont il disposait. Le Conseil aurait bien voulu avoir en propriété cette grange et ce pré, mais les fonds manquaient pour l'acheter, et il fut question de vendre l'hôpital de la Madelaine fondé par Versonay, pour subvenir aux frais de cette acquisition. On fit même un inventaire des meubles (1); on trouva toutefois

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(1) Ibid., 20 Avril. Fut dit en Conseil que N. Aymé de Versonay est content que l'hôpital de Sainte Marie-Madelaine se vende et que le prix soit employé à bâtir l'hôpital qu'on veut faire en Palais pour la contagion, — 1474, 22 Février. Fuit expositum qualites hospitalerius hospitalis Palatii vult absentare locum si non minis trentur sibi ejus victualia. Ordinatur quod sibi dentur 6 grossi pro quolibet mense super auroboscio animarum donec aliter provisum fuerit et quod nihilominus quæratur unus alius hospitalerius. — Id. 5 Juillet. Ordinatur dari sex solidos hospitalerio hospitalis Palati super auroboseio animarum. Id. 20 Décembre. Exponitur qualiter Johannes Mallens libenter venderet suum hospitale et vendet prout dicit. Concluditur quod ematur dietum hospitale si possibile est. Id. 30 Décembre. Ordinatur dari Marqueto hospitalerio sex grossos semel.-- 1475, 14 Mars. Fuit commissum clerico ville et G. de Fogia, vocato Jaquemeto Roguz (le directeur de la boîte de toutes âmes), quod faciant inventarium in hospitali sito ante ecclesiam Mar. Magdalenes. Id. 7 Avril. Fuerunt recepti pro regendo hospitali infirmorum de peste, videlicet Petrus Meysinerii et Petrus Grisodi, de mense in mensem et sub salario cujuslibet mensis, decem octo solidorum pro quolibet ipsorum duorum. Ipsi juraverunt super sanctis Dei evangeliis diligenter infirmos visitare et alimenta ipsorum facere, eisque juxta eorum posse subvenire, bonumque et legale computum de bonis ipsius hospitalis reddere... Et post prandium fuit facta visio de bonis ipsius hospitalis, in quo sunt sex eulcitre de quibus due sunt bone et quatuor pauci valoris, item sex pulvinalia, sex coperture lecti et sex linteamina et non plura. Et fuerunt tunc remisse claves super nominatis Petro Meysinerii et Petro Grisodi. Id. 18 Juillet. Ordinatur quod mutetur quidam Burgundus hospitalerius hospitalis Planipalatii, quia multi de co se

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