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17 mai.

Dans sa Réponse à Mgr l'archevêque de Malines, Mgr l'évêque d'Orléans a écrit cette phrase:

Faisons un grand Concile; développons les vives et fécondes. puissances de l'Église...; dissipons enfin par des déclarations nettes, précises, formelles, tous ces affreux malentendus qui nous dévorent. Voilà comment nous ramènerons à nous ce siècle qui nous fuit, et comment nous pourrons sauver la société, qui crie au secours par toutes les voix de ses souffrances et de ses périls.

Dom Guéranger a signalé ici du louche et du creux. Il y paraît comme en maint autre endroit, que, selon Mgr l'évêque d'Orléans, le chef de l'Église n'a eu ni l'idée du «< grand Concile, » ni le sens des « affreux malentendus qui nous dévorent, » ni la parfaite intelligence des moyens de « ramener le siècle qui nous fuit, » et « de sauver la société qui crie au secours. » Toute l'opposition conciliaire roule sur cette défaillance du Pape. C'est le thème sarpique. Dans la brochure et dans les journaux qu'elle résume, on retrouve fréquemment «<les malentendus qui nous dévorent. »

Ces malentendus qui nous dévorent me semblent bien vouloir faire entendre que le Pape ne s'y entend pas. Mais le P. Ramière veut tourner cela d'une autre façon.

- Oui, dit-il, faisons un grand Concile ! Et il déroule un demi-volume intitulé: Le programme du Concile tracé par Monseigneur l'évêque d'Orléans. On pourrait trouver une pointe d'ironie. Néanmoins, le P. Ramière est quasi pris par le texte dont il scrute les profondeurs. Il en aime l'élan et la pompe, et il part d'un même élan et d'une même pompe pour le temple de la Concorde universelle, paraissant croire que son adversaire va se laisser entraîner. Je doute que nous touchions à cet aimable dénouement. Cependant il n'est pas douteux que le P. Ramière indique le moyen de faire un grand Concile en dissipant les malentendus qui nous dévorent.

Le vrai moyen de faire un grand Concile, c'est de décréter la foi. La foi étant un feu très-ardent et trèslumineux, par ce feu seront aussitôt détruits les « affreux malentendus. » Plus de nuit, plus de monstres, plus de malentendus, mais au contraire un bien entendu général. Donc, que la foi parle haut, qu'on s'entende bien, et nous ne serons plus dévorés; tout au contraire, la clarté de la foi dévorera le malentendu. C'est si simple, et nous cherchons tant!

Le P. Ramière déduit ses raisons comme il a coutume de faire, en bon ordre et en bon style. «- Dé

veloppons les vives et fécondes puissances de l'Église... » Il prouve très-bien que la plus vive et féconde puissance de l'Église est sa Tête et non pas ses têtes, et que l'Église n'a des têtes que parce qu'elle a une tête. << Dissipons enfin par des déclarations nettes, précises, formelles, tous les affreux malentendus qui nous dévorent..... » Il prouve très-bien que les déclarations dont on a besoin partout ne peuvent être nettes, précises, formelles, opportunes, telles enfin qu'il les faut, qu'autant qu'il y a une tête pour les affirmer. Il le prouve avec la même dexté rité et la même solidité à l'égard des malentendus théologiques et à l'égard des malentendus politiques. Tout réclame la Tète, car la saine politique découle de la saine théologie. Pour savoir ce que l'on doit faire, il faut premièrement savoir ce que l'on doit croire. Qui le dira, s'il n'y a pas de tête? Et si plusieurs têtes le disent sans accord possible, qui le saura?

C'est de l'A B C. Mais, comme il est manifeste que le monde ne sait plus lire, et que beaucoup de gens considérables s'appliquent à bouleverser l'alphabet, il faut remercier ceux qui consentent à nous apprendre les lettres. Le P. Ramière mérite une grande reconnaissance pour le soin qu'il met à cet office plein d'ennuis et même de péril.

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Mgr Francesco Nardi, membre du haut tribuna] romain de la Rote, est un autre gardien très-vigilant

du bon sens public en matière de foi; et lui aussi sait ce qu'il en coûte! Il a de vastes connaissances, une dialectique vigoureuse, un talent d'écrire tout à fait rare; il s'est placé au premier rang parmi les défenseurs de la justice. Tout cela lui vaut des injures de choix. Plusieurs messieurs qui ont tourné mal, et d'autres qui ne promettent pas de bien finir, ne font aucune difficulté d'adresser à Mgr Nardi les outrages personnels les plus grossiers, sans autre motif que l'incapacité où ils sont de lui répondre autre chose. Ces hommes austères l'accusent d'intrigue, ces hommes désintéressés l'accusent d'ambition. On les voit ramper, grimper, se faufiler, on les voit paraître à toutes les fenêtres sans qu'on leur connaisse aucun moyen d'ouvrir correctement aucune porte. Ils sont irréprochables néanmoins. Dieu les avait faits pour les grandeurs et les fortunes. Quant à Mgr Nardi, qui ne monte que sur la brèche, il est très-répréhensible d'y paraître si souvent. Méprisant ces clameurs, il retourne au rempart, imperturbable dans sa politesse comme dans son courage.

Nous avons de lui une réfutation des fameuses Observations de Mgr l'évêque d'Orléans. Jeté par morceaux dans les colonnes d'un journal italien, cet ouvrage n'a pas été assez connu. Je le regarde comme un modèle de polémique. Rien n'est omis, tout est bref, tout va au but. C'est savant sans fatras, net

sans sécheresse, courtois sans impertinence, sans platitude et sans labeur.

Les premiers chapitres offrent un intérêt particulier. L'auteur recherche l'origine et l'original de ces fameuses Observations, qui ont paru en allemand, en anglais, en français, peut-être en arabe, et enfin en italien. Mgr Nardi croit avoir de bonnes raisons pour dire que l'original est allemand, de Munich. Et alors nous, fière France, nous n'aurions lu et admiré qu'une

traduction!

Quoi qu'il en soit, l'éminent publiciste prend la pièce et la démonte avec une rare prestesse. Examen fait de ses diverses parties, il conste que, depuis six ou neuf mois, la polémique faillibiliste n'a rien inventé. La criminelle ingérence de la presse catholique, la chute du pape Honorius et celle des autres papes prétendus hérétiques et errants, l'intérêt des protestants, des schismatiques et des idolâtres, les « affreux malentendus, l'unanimité morale, le péril d'exciter la colère et les représailles de l'Europe incrédule, tout se trouve condensé dans ce premier factum français ou allemand, et tout est ruiné par cette première réfutation italienne. Les principaux faux textes et les principaux faux faits viennent de là, sont redressés ici. Depuis six mois on s'est acharné à amplifier les Observations omnilingues de Munich ou d'Orléans. On a écrit des volumes, mais c'est toujours la même chose. Seul, le P. Gratry a eu le mérite de

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