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changer un peu la couleur du plan primitif, en allumant des feux de Bengale.

Quel homme que le P. Gratry! Parmi tant d'indigents, il a su innover; parmi tant d'obstinés, il a le génie de se taire! Mettons toujours le P. Gratry à part. Si j'étais chargé de le peindre, je l'entourerais de lis à cause de sa candeur, et de coquelicots pour figurer la grâce éclatante de son style. A ses pieds on verrait un bréviaire bien relié en chagrin bleu, et bien agrafé de fermoirs coquets. D'une main il déplierait le paravent de la prudence, de l'autre, il remettrait son épée au fourreau. Et il aurait un air songeur et fin, en regardant deux personnages allégoriques un petit ange, le rasoir à la main, pour lui rafraîchir la tonsure; l'autre, un petit diable qui veut lui coller sur la tête le chapeau d'académicien.

Chassez ce mauvais petit diable, P. Gratry, et s'il s'obstine, prenez en guise d'exorcisme l'opuscule de Mgr Nardi, dont un ecclésiastique français vient de nous donner une version vive et fidèle. Vous verrez là plusieurs malentendus scientifiques analogues à ceux qui ont dévoré votre temps et votre réputation d'homme sérieux. La correction qu'on leur fait subir vous instruira, sans vous infliger le déplaisir de tomber directement sur vous.

M. Palmé, qui a pris un rang distingué parmi les éditeurs infaillibilistes, a donné une physionomie

charmante à l'excellent opuscule de Mgr Nardi. C'est une innovation agréable de voir une brochure catholique imprimée avec élégance, et non pas uniquement « comme pour l'amour de Dieu. »

Mêmes remerciements à M. l'abbé Cheruel, curé de Saint-Honoré, de Paris, pour la réimpression du livre de messire Louis Abelly, évêque de Rodez, sur l'obéissance et soumission qui est due à N. S.-P. le Pape, en ce qui regarde les choses de la foi. Je lis avec délices ce traité que le jansénisme avait habilement recouvert d'oubli. Quel bon savoir, quelle belle langue, et que nous sommes loin de ces correctes verdeurs de l'esprit, quoique généralement académiciens! Il faut l'avouer, la polémique de presse sur l'infaillibilité nous entraîne à sa suite dans d'étranges misères. Elle nous fait discuter des textes et des affaires de rien; des phrases et des emphases, des caquets, moins encore, la sonorité de la salle des séances! Nous voyons plus de tactiques essayées que de principes produits et appuyés, et enfin les grandes raisons sont tirées du monde extérieur, de la disposition des princes, des pentes de l'opinion publique. Tout cela « fait de la peine. » On s'en console en lisant ces bons vieux livres, où la véritable doctrine, la véritable histoire et la véritable piété, se fortifiant l'une l'autre, tiennent de si beaux conseils et s'arrêtent à de si fermes décisions.

C'est le mérite du livre d'Abelly. L'on veut bien

que je me plaise à dire que le prêtre distingué qui nous l'a rendu, fut, dans sa jeunesse, le correspondant à Rome de l'Univers. Le premier, il entreprit de tenir les catholiques de France au courant des choses de Rome, et de faire un journal romain dans un journal de Paris. Il y a vingt-cinq ans. Cette famille de l'Univers a été entêtée et persévérante! Mais elle n'a pas perdu son labeur. Chose étrange! en me reportant à ce temps-là, je me rappelle des épisodes de la correspondance de M. Cheruel, qui se renouvellent aujourd'hui du côté des mêmes personnages, ramenés sur le même terrain. Les hommes ne vieillissent pas tant que l'on croit : la suppression de l'Univers était demandée à Grégoire XVI comme elle a été demandée récemment à Pie IX, par la même IMPORTANCE, pour les mêmes raisons..., qui n'étaient, peut-être, pas données.

Mais je reviens au livre d'Abelly. Il n'est pas seulement instructif par l'abondance de la doctrine sur le point qui occupe aujourd'hui l'attention des esprits sérieux; il est encore agréable par le style, plein de noblesse et de droiture; il est même amusant par l'actualité.

Je viens de dire que les hommes ne vieillissent pas; je devrais dire qu'ils ne meurent pas : la polémique d'Abelly ne se borne pas à dévoiler la pénurie doctrinale que nos adversaires opposent à la constante foi de l'Eglise; elle nous montre souvent les person

nages eux-mêmes. Ils étaient jansénistes dans ce temps-là, et refusaient les constitutions du Pape. C'était le fond de leurs sophismes contre l'infaillibilité.

Ils avaient les mêmes procédés, le même entêtement d'ignorance; dans le chœur, on entendait les mêmes voix. Les dames dont on a tant parlé ces joursci, tenaient le même rôle avec la même ardeur. Le bon Abelly leur donne un salut en passant. Il rappelle ce que saint Jérôme écrivait à la vierge Démétriade pour l'empêcher de se laisser prendre aux brochures de Rufin et de tomber aux filets des Origénistes: « Le vrai bien de votre âme m'oblige de vous exhor«ter à demeurer toujours dans la foi de Notre Saint« Père le Pape Innocent, qui est le successeur d'A<«< nastase au Saint-Siége apostolique, et que vous << preniez bien garde (quoique vous vous croyiez <«< bien prudente et sage) de recevoir, sous quelque « prétexte que ce soit, une doctrine étrangère. » Sur quoi Baronius observe que saint Jérôme ne parle pas de saint Augustin, quoique Démétriade, retirée en Afrique, pùt aisément consulter le grand et saint docteur. Il lui parle d'Innocent pour cette raison : « qu'il savait très-bien que la foi catholique est tou« jours conservée pure et entière avec plus de certi« tude en la Chaire de Pierre. »

CVI

L'EXPOSITION ROMAINE.

I

19 inai.

Je comptais vous parler de l'Exposition romaine, ou plutôt de l'exposition de Rome. La voilà finie sans que j'y aie pu mettre les pieds, qu'une seule fois ou deux. Quand j'y voulais aller, j'étais toujours attiré d'un autre côté. Je regrette peu de m'être laissé détourner, regrettez moins encore de n'avoir pas eu un rapport de ma façon. Il eût été incompétent et compromettant. J'ignore ce que l'industrie a de bon, je nie qu'elle ait rien de beau, ce qu'elle a de mauvais me frappe outre mesure. Dans cette disposition, comment flatter suffisamment une dame si fière et si régnante? Ses chevaliers, armés de marteaux, de scies, de vrilles, et de tous les engins de destruction imaginables, n'auraient pas manqué de nous faire un mauvais parti.

La vitrine, quelle qu'elle soit, ne m'a jamais pu charmer. Vingt et cent objets, dont chacun a son prix

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