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CXL

8 juillet.

Les pompiers de Rome ont offert dimanche dernier un petit divertissement au Saint-Père, au Concile et à la ville. Dans une des cours du Vatican, ils avaient préparé une maison à brûler, remplie de gens à sauver, ils ont allumé le feu, ils ont sauvé les gens, ils ont éteint les flammes, et le Saint-Père leur a donné la bénédiction, fort bien gagnée par ces braves gens. Leur simulacre nécessitait beaucoup de force, d'adresse et de courage. Quoique ce fùt pour rire, il s'agissait néanmoins de grimper par des cordes aux corniches du Vatican, de prendre là des incendiés en chair et en os, et de les amener à terre les chemins fort aériens instantanément établis pour les aller chercher. Tout cela s'est fait dans les conditions les plus héroïques, avec une agilité merveilleuse, sans le moindre accident. Rome, qui fournit l'agile et vaillant bataillon des San-Pietrini, donne encore des pompiers du premier ordre, égaux aux nôtres, disent les hommes compétents. L'éloge, sans doute, ne peut aller plus loin.

par

Ils ne sont pas moins bien outillés. Les engins les plus nouveaux passent les monts et arrivent ici longtemps avant que le reste de 1 Italie en ait entendu parler. Le picrate, les bombes, les procédés ingé nieux pour la fabrication des journaux, de la fausse monnaie et des faux billets de banque, voilà ce que l'Italie accueille avec faveur, imite et perfectionne promptement. Rome a plus de goût pour les moyens d'éteindre le feu. Ses pompiers qui emploient les mêmes instruments que les nôtres, qui sont d'aussi hardis gymnastes, qui ont la même bonne renommée de probité et de courage, portent un nom que je préfère. Ils se nomment Vigili. Ils ont également bonne grâce et bonne humeur. Leurs exercices terminés et le feu éteint, sur la cime de la maison sauvée, ils se sont transformés en lettres de l'alphabet. A un coup de sifflet, ils ont écrit en belles majuscules humaines: Viva Pio nono! Je n'ai pas besoin de vous dire le succès de cette gambade courtoise et joyeuse. Le Pape riait de bon cœur, tout le monde applaudissait. Dans le secret de leur pensée, quelques personnages politiques qui se trouvaient là, ne laissaient pas d'admirer très-sérieusement. Quoi done! A cette heure encore, en Europe, il existe un souverain que ses propres journalistes n'insultent pas, et devant qui les pompiers et le peuple crient sincèrement Vice le roi !

Si les affidés de l'école Janicot veulent terminer

leur campagne conciliaire par un parallèle entre Paris et Rome, la justice les oblige d'écrire qu'à Rome les pompiers sont égaux et les théologiens supérieurs. Là-dessus, ceux de leurs lecteurs qui ont un peu de génie verront à quelle ville appartient la palme. Je garantis que Joseph de Maistre n'hésiterait pas, mais M. Janicot peut errer.

Vendredi dernier, les sténographes du Concile ont appris que le Pape les recevrait le jour même, à l'heure de sa récréation. Ils sont venus au nombre de vingt-quatre, conduits par Mgr Fessler, secrétaire de l'auguste assemblée. Le Saint-Père leur donna un rinfresco dont il prit sa part, parla à chacun d'eux, et ensuite leur annonça qu'en récompense de leur service très-diligent et très-intelligent, il voulait leur donner des prix. Il avait fait préparer divers cadeaux, tels que bréviaires, missels, calices, albums, etc. Une loterie fut organisée. Deux jeunes élèves du collège Capranica, neveux de Pie IX, tirèrent les numéros, et chacun reçut ce que le sort lui avait assigné. Tous les lots étaient beaux, tout le monde gagna, et tout le monde fut content. Les jeunes capraniciens eurent les bourses qu'ils avaient vidées; l'historiographe du Concile, M. l'abbé Cecconi, et l'habile chef des sténographes, M. l'abbé Marchese, ancien rédacteur de l'Unita cattolica, eurent, à part, chacun un très-beau calice en argent ciselé.

Quand ce fut fini, le Saint-Père leur dit: Il faut maintenant voir la bibliothèque du Pape. Il leur fit faire le tour de sa bibliothèque, attirant leur attention sur divers livres, vases et gravures. Il s'arrêta devant une image représentant la barque de saint Pierre au milieu des flots tourmentés. D'après la description qui m'en a été faite, c'est, je crois, un dessin de M. Lemud. Le Pape leur dit : - Il y a du vent, et la situation ne serait pas sûre, si le pudrone di casa venait à s'éloigner, mais il est là !

Il y a trois ou quatre jours ont été également reçus les assignateurs des postes. Le Saint-Père leur a donné des médailles et les a entretenus, avec sa bonne grâce accoutumée, des diverses choses du moment. Il y a eu quelques mots sur les journaux catholiques. Je ne vous les répéterai point, ne voulant pas risquer d'être indiscret. Je peux cependant vous dire que rien n'était décourageant pour nous.

Puisque nous sommes au Vatican, ne perdons pas l'occasion d'entrer à Saint-Pierre. Je m'y trouvais hier d'assez bon matin. Le soleil entrait par les trois fenêtres du portique, et ses larges rayons allaient tomber jusque vers le troisième pilier de la grande nef. Il n'y avait quasi personne, mais Saint-Pierre est aussi beau solitaire que rempli, et la beauté de sa solitude est plus émouvante. On disait la messe à dix autels à la fois. J'allai la prendre à l'autel de

Saint-Léon le Grand, élu par moi comme patron spécial de l'Univers, quand le journal a reparu. Je l'ai choisi à cause de sa foi aux divines prérogatives de Saint Pierre, à cause de sa nonciature en France à cause de sa victoire sur Attila, à cause de la ma jestueuse vigueur de ses homélies qui sont au nombre des piliers de la foi et de la raison humaine. C'est là qu'il est dit que l'ancienne Rome croyait s'être fait une grande religion, parce qu'elle n'avait repoussé aucune erreur; et magnam sibi videbatur suscepisse religionem quia nullam respuerat falsitatem. Quand le P. Gratry trouvera de tels mots, alors M. Vacherot et moi nous ne l'emploierons plus au jeu du volant.

De l'autel de Saint-Léon, où il me semble que je suis avec vous tous, et d'où il me semble aussi qu'il nous vient bien des forces, je suis redescendu vers la Confession. Les lumières de la fête sont éteintes, mais il y a toujours celles qui ne s'éteignent jamais. La basilique de Saint-Pierre est l'église des lumières. Nulle part on ne voit si souvent les autels allumés et avec tant d'abondance. La raison en est, dit saint Grégoire le Grand, que Pierre fut le premier prédicateur de la résurrection du Christ, et par lui la foi a été communiquée à toute l'Église. La Confession de Saint-Pierre est comme une fontaine de lumière. Tous ceux qui s'y agenouillent ne connaissent pas co vieux symbole infaillibiliste. Je me permets de leur

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