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tive plus brève et plus nette. S'il y a des modifications, elles seront dans ce sens, car les expressions contestées ont été proposées par l'esprit d'accommodement, espérant gagner des volontés qu'il reconnaît maintenant radicalement hostiles.

On ne croit pas que les votes négatifs persévèrent, ni surtout qu'ils résistent à l'affirmation du Concile et du Pape, puisqu'alors ce serait l'hérésie déclarée, S'il fallait prévoir ce cas extrême, il se trouverait done alors dans l'Église une centaine d'évêques qui n'auraient pas la foi de l'Église? Assurément, ce serait une des plus terribles épreuves par où l'Église eùt passé. Mais qu'arriverait-il alors? Il arriverait que cent évêques à la fois cesseraient d'être évêques et catholiques. Rien ne serait plus horrible et rien ne démontrerait mieux que le Concile est arrivé au moment opportun. Et les peuples, d'un accord unanime, repoussant ceux qui oseraient entreprendre de les appeler à l'erreur, iraient à celui qui a les paroles de la vie éternelle. Pasce aynos, pasce oves! Voilà le titre inébranlable. Celui qui est chargé de paître le troupeau est celui qui connaît infailliblement le pâturage, et l'Église est où il est et va où il va. Pour le reste, nam oportet et hæreses esse... Necesse est enim ut eveniant scandala.

CXLIII

15 juillet.

Si mes mesures réussissent, vous pourrez publier le dogme à Paris quelques heures après qu'il aura été proclamé dans Rome. Il faut bien. que la vapeur et l'électricité, qui sont surtout des agents de bourse et de police, fassent aussi quelque besogne pour l'Église. En attendant, je vous envoie d'avance quelques réflexions, auxquelles je vous prie de donner place dans le numéro qui affichera le grand décret. Je demande à votre amitié de faire en sorte que je me trouve là. On dit que toute peine mérite salaire. La peine d'avoir travaillé huit mois à Rome peut passer pour un repos et pour une récompense. Mais je veux croire que j'ai pris de la peine afin de prendre aussi mon salaire, qui sera d'être des premiers à me prosterner, en signe de très-profonde et très-joyeuse obéissance.

Je m'agenouille, je dis Credo, je rends gràces avec une certitude parfaite, avec une allégresse entière, avec une espérance absolue. La proclamation de l'immortelle foi de l'Église à l'infaillibilité de son Chef

est une des grandes bénédictions de Dieu sur le genre humain; une de ces bénédictions qui non-seulement soutiennent et réparent, mais qui créent. Le dogme n'est pas nouveau, et néanmoins il apportera dans le monde quelque chose de nouveau. Sur les bases éternelles qu'il affermit et qu'il élargit, il installera le nouvel ordre dont le monde a besoin.

Sans doute, l'ordre nouveau, quoique déjà commencé, échappe encore à la vue des hommes, même de ceux qui l'invoquent et qui en ont l'instinct, même de cette élite humaine qui forme la tête de l'Église. Devant le mystère de l'avenir, les porte-voix de l'esprit de Dieu, assurés de ne point se tromper dans leur fonction surnaturelle, ne sont plus que des fils d'Adam. Ni le Concile, ni le Pape ne savent ce que Dieu veut faire, comme instrument social, du dogme qu'ils proclament. Ils le proclament parce qu'il existe et parce qu'il était nié; ils le définissent parce qu'il était mal ou imparfaitement compris. Mettre la vérité à sa place et en son jour, de telle sorte que l'erreur ne la puisse plus couvrir et reste à jamais impuissante contre sa majesté, c'est l'œuvre qu'ils devaient au monde : là s'est borné leur dessein. Ce qui suivra ne les regarde plus, du moins pour aujourd'hui. Il convient d'insister sur ce point.

Le Pape et le Concile ne se sont pas dit, suivant l'usage des conspirations et des sectes, qu'ils allaient faire un dogme pour faire ensuite, par le moyen de

ce dogme, telle ou telle chose et réaliser tel ou tel plan. L'école Janicot leur a bien attribué cette conception par la voix aimable et pieuse de M. Gratry; mais l'aimable et pieux M. Gratry a paru trop ingé. nieux. Il est clair pour la probité commune que ce n'est pas l'Église qui pose des principes comme on dresse des embuscades et comme on fabrique des fausses clefs. Cet art s'inspire de la politique, et non de la théologie. Ainsi ont été fabriqués, posés, appliqués sous la sanction de l'anathème, depuis environ cent ans, à peu près tous les dogmes sociaux qui aujourd'hui régissent, c'est-à-dire qui broient et pulvérisent la société humaine. Dogmes de 89 et leurs dérivés, souveraineté du peuple, sécularisation et divinité de l'État, athéisme de la loi, principe des nationalités, droits de l'erreur, droits de la fraude, en résumé droit de la force: voilà les dogmes qui ont été faits avec l'intention de s'en servir, et ils ont servi, servent et serviront. La fabrique est en pleine activité. Toute terre civilisée est une usine à dogmes; on les forge, on les combine entre eux, et tout dogme et toute combinaison de dogme a pour but de harponner quelque chose sur quelqu'un, ou peuple ou individu. Le Pape en a dressé naguèro la liste, du moins des principaux: c'est le Syllabus. L'on y peut voir que toute cette dogmatique est un immense instrument de rapine publique et privée. La pratique révolutionnaire en multiplie les preuves éclatantes.

La Révolution, comme l'ancienne Rome, a un nom mystérieux qui est son charme triomphant: elle s'appelle la dépossession, et ses dogmes se font agréer par la vertu de ce nom secret. Etudiez les figures qui depuis un siècle, à différents titres et durant plus ou moins de temps, ont été populaires dans les lettres, dans la philosophie, dans la politique: vous trouverez partout les fabricateurs et les apôtres des nombreux dogmes de la dépossession. Et le plan général est de déposséder Dieu du monde, et le monde de Dicu, au moyen de la force, dernier mot de l'erreur. La race de l'Évangile n'a ni le même but ni les mêmes besoins que la Révolution et ne peut faire les mêmes choses. Ses tendances ne sont point celles que nous représentent aujourd'hui les Mazzini, les Cavour, les Bismark, les Prim et les autres incarnations de César, identiques sous des masques différents. Elle ne crée point ses dogmes et ne les exploite point. Elle les affirme au prix de sa popularité, au prix de ses richesses, au prix de sa liberté et de son sang Par là, sans doute, elle veut mettre Dieu en possession du monde et le monde en possession de Dieu; mais elle n'attend ce triomphe que de l'amour, dernier mot de la vérité.

Un ordre nouveau s'établira, parce qu'il est nécessaire. Il est commencé, parce que nous voyons un développement de la vérité, et qu'un développement de la vérité ne peut être qu'un développement de la

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