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lébrer la messe devant ces autels consacrés aux Saints de la Compagnie, apôtres, confesseurs, martyrs, en songeant à cette longue histoire pleine de lumière, de sang et de miracles, on s'explique pourquoi, malgré les rois, les bourreaux et les gens de lettres, il y a toujours des Jésuites. C'est une grande merveille que la ténacité du bon sens humain, et avec la ténacité du bon Dieu, elle fait de grandes merveilles.

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Je ne veux pas vous décrire les fêtes qui suivent la fête de la messe dans une église de Rome. On ne peut pas tout prendre et tout dire en une fois. Mais, puisque je suis au Collège Romain, je n'en sortirai pas encore, et je ferai mention d'une fête de la science qu'on y a donnée l'autre jour. C'était sous forme de conférence; - des courses et des conférences scientifiques, vous voyez que Rome est «au pas.» Le conférencier était le P. Secchi. Il a invité quelques personnes, il en est venu mille; beaucoup de cardinaux, trois cents évêques, le reste de prêtres et laïques romains et étrangers. Auditoire qui me semble encore donner un dessous aux villes de la civilisation. Ce rare public étant rassemblé dans l'aula grande du Collége, le P. Secchi s'en est emparé, l'a enlevé, voilà bien le mot, et lui a fait faire un voyage d'environ deux heures dans le soleil. Je ne vous décrirai pas ce voyage. C'est ici que je suis souverainement incompétent. J'ai bien vu les courses de La Guerche-sur-l'Aubois, mais ce soleil, à présent que je viens de le parcourir, j'en suis aveuglé.

Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a là dedans beaucoup de charbon et d'autres choses qui brûlent ensemble et donnent chacune leur couleur, laquelle pleut ici en poussière d'or le matin, en poussière d'or et de pourpre le soir. Que cela vous suffise pour le moment. Je n'ai pas tout entendu, je n'ai pas retenu tout ce que j'ai entendu, et je ne saurais pas répéter tout ce que j'ai retenu et compris, grâce à la parole nette et limpide du P. Secchi, accompagnée d'expériences charmantes. Après une seconde séance, qui aura lieu ce soir, l'éminent astronome donnera son travail aux Etudes des PP. Jésuites, où vous pourrez le lire en bon français. Malheureusement vous n'aurez pas ces ingénieuses expériences qui nous montraient à peu près (car il y a encore des obscurités) comment le soleil nous éclaire, et ce que sont les taches du soleil, et que Dieu est grand dans la fabrication du soleil comme dans la fabrication des insectes. Vous n'aurez pas non plus le spectacle véritablement émouvant de cet incomparable auditoire rassemblé de toutes les parties du monde, et si attentif et si charmé.

Autre fête c'était hier soir, au Palatin, dans le palais de Néron. La science, l'art, le Concile, le printemps et le Pape y étaient. Le Pape chez Néron, le Vicaire du Christ chez le vicaire de Satan! Mais je vois que ceci me mènerait loin. Je tâcherai demain, si rien ne vient à la traverse, ou plus tard, de vous dire l'impression et de vous décrire la scène, toute

simple d'ailleurs. Les antiquaires romains avaient fait leur diner annuel pour célébrer il natale de Rome. A cette occasion, le Saint-Père, qui leur avait envoyé quelques bouteilles de son vin, est venu, en Médicis, leur dire bonjour et visiter les fouilles que dirige savamment le baron Visconti. Au diner, l'un des savants convives à servi la troisième porte de Roma quadrata, tout nouvellement retrouvée. Vous savez que ces antiquaires se nomment Visconti, Rossi, Rosa. C'est déjà beaucoup, et plus que quantité de grosses académies ne pourraient fournir, et il y en a d'autres encore. Mais je veux seulement vous dire que j'ai vu Pie IX.

Après ces énormes fatigues de la Semaine -Sainte et des fêtes qui ont suivi, en dépit des audiences, vraiment formidables depuis l'ouverture du Concile, et plus lourdes durant cette quinzaine, le Saint-Père, Dieu soit béni, se porte très bien. Il a bon visage, sa démarche est vaillante comme sa voix, cette voix qui porte de la loggia de Saint-Pierre à l'extrémité de la place Rusticucci, passant sur cent mille têtes. Il y avait beaucoup d'évêques et quelques centaines de personues. M. Visconti lui a adressé un discours, on lui a servi un sonnet qui venait d'éclore, il a pris une glace et s'est ensuite promené dans les fouilles. Là, chacun a pu l'aborder et lui baiser la main. Vive Pie IX! Vive le Pape-Roi! Vive le Pape infaillible! à pleine poitrine. C'est toujours la mème scène. L'in

faillibilité est ainsi proclamée dans les rues, au moins une fois chaque jour par la voix du peuple, en attendant la voix de Dieu. Je suis témoin qu'on y est parfaitement accoutumé, et que cela ne paraît en aucune sorte hérétique ni sentant l'hérésie.

Et la voix de Dieu, quand viendra-t-elle? Ah! il faut savoir attendre, il faut surtout savoir prier. Samedi dernier, on comptait sur quelque chose pour dimanche. Le dimanche a passé, rien n'est venu. Sera-ce pour la semaine? Chi lo sa? Il faut avouer que Pie IX ne montre aucune hate. On me l'avait bien dit : il ne se hâtera point, Il ne reculera point. Il connaîtra le moment de Dieu, et il le prendra. On dit maintenant que ce sera pour la Saint-Pierre. Là-dessus quelques-uns s'écrient que tout est gagné, d'autres que tout est perdu. Je crois qu'il n'y aura rien de gagné, rien de perdu, et que tout simplement le fruit tombera lorsqu'il sera mùr; et j'ajoute que personne, mais personne, ne le croit loin de sa pleine et parfaite maturité.

Vous avez lu maintenant la Constitution proclamée dimanche en session publique. Vous avez lu les dixhuit anathèmes portés contre l'erreur, dans la vieille forme de la souveraineté de l'Église. Beaucoup de gens disaient qu'il n'y aurait plus d'anathèmes, quelques-uns disaient qu'il n'en fallait plus. Les voilà, les voilà pour l'éternité; et, à mon avis, tout le travail de révolte qui s'est fait depuis cent ans,

tombe caduc. Plus d'une pauvre raison s'en indigne. aujourd'hui qui demain sera éclairée, s'avouera vaincue, et en rendra des actions de grâces immortelles.

LXXXVIII

28 avril.

Le Journal du Loiret nous apporte d'excellentes nouvelles du Concile. Ne sachant pas si vous les aurez remarquées, et n'ayant rien de plus consolant à vous dire, je vous les renvoie. Vous apprécierez la grâce modeste de la rédaction.

D'après les plus récentes nouvelles du Concile, l'apaisement s'est fait à Rome, et l'on y rend particulièrement justice à l'attitude des deux personnalités les plus brillantes de l'épiscopat français, Mgr l'archevêque de Paris et Mgr l'évêque d'Orléans. On applaudit à l'esprit de conciliation dont ils sont tous deux animés. On subit l'influence de leur autorité morale, on reconnaît ce qu'il y a de sage et véritablement pratique dans leurs efforts pour écarter des décisions conciliaires qui pourraient troubler l'union de l'Église et de l'État, telle qu'elle existe en France. Enfin le Saint-Père, assure-t-on, est très-touché de la sincérité des convictions et des opinions développées soit au Concile même, soit en dehors des réunions officielles, par les

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