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àme loyale et tendre qui voulait détourner la foudre ! Tota die expandi manus meas ad populum non credentem et contradicentem! Mais en même temps, j'ai rendu grâce à Dieu des consolations de cette grande vie et de ce grand règne, consacrés au vrai combat, remplis des vrais triomphes de la foi, de la justice, de la charité et de l'honneur. Pie IX a régné vingtcinq ans, toujours fidèle à Dieu et aux hommes. Il a élevé le dogme de l'Immaculée Conception; il a cimenté autour de l'Église, autour du monde chrétien, autour de l'âme humaine, le rempart de l'infaillibilité; il a condamné toute l'erreur moderne et il l'a condamnée à jamais; il a jeté le grain de sénevé dans tous les lointains et dans tous les inconnus de la terre; il a contraint à l'amour de sa personne et au respect de sa fonction ce peuple du monde mécréant et contredisant, il l'a mis en état de connaître qu'il devra croire et cesser de contredire pour continuer d'exister.

Durant vingt-cinq ans, Pie IX a donc fait ces choses, il les a connues, il a su que ses œuvres étaient bonnes, son cœur a savouré ces incomparables délices de faire la volonté de Dieu; et par lui la grandeur est restée sur la terre.

Et durant vingt-cinq ans aussi, ceux qui n'ont pas refusé le présent de Dieu et qui ont accepté le guide qu'il leur donnait, les regards fixés sur Pie IX et le cœur obéissant, ont eu, grâce à lui, la joie d'aimer,

d'admirer, d'espérer, et déjà, des yeux de leur corps,

ils ont vu Dieu vainqueur.

IX

29 juin 1871.

L'Église catholique célèbre aujourd'hui la fête de saint Pierre pour la première fois depuis la proclamation de l'infaillibilité, et cette fête trouve Pierre dans la prison d'Hérode. Il est là, condamné, lié, gardé pour la mort. C'est la revanche de l'ennemi, et la preuve que la proclamation de l'infaillibilité ne change rien aux conditions temporelles du principat apostolique. La croix fut le trône du Maître, le trône du serviteur reste une croix. Seulement la croix est un trône immuable et éternel. Des revanches comme celles d'aujourd'hui, il y a longtemps que l'ennemi les peut prendre, et jusqu'à la fin elles lui seront concédées. Elles ont été toujours coûteuses, elles ont toujours péri; celle-ci, achetée de tant d'or et de sang, périra comme les autres.

Assurément, le siècle est dur à Dieu ! Il y a cent ans, Voltaire écrivait à Frédéric de Prusse: Encore vingt ans, Dieu verra beau jeu ! Il prédisait juste:

Dieu à vu beau jeu, en effet! Depuis cent ans, le monde a fait la guerre à Dieu, et cette guerre, que la France menait, est devenue une guerre du monde contre la France et contre lui-même, une guerre de la France contre le monde et contre elle-même. Le résultat pour le monde et pour la France paraît devoir être la formation d'un César. Peuple ou prince, César sera dur au monde, et l'on ignore ce qu'il pourra faire de bon. Nous avons présentement sous les yeux deux figures de ce César futur et prochain: l'une, M. de Bismark, avec sa bande de rois et son canon d'acier; l'autre, notre Commune avec ses hordes indestructibles et sa pompe à pétrole. Le monde est délivré du souci de choisir : il aura l'un ou l'autre, mais ne choisira pas.

Dieu, jusqu'ici, s'est tiré d'affaire mieux que les Titans. Lancé par la plume ou par la pompe, le jet de pétrole n'a pu encore atteindre ce ciel qui est «l'escabeau de ses pieds.» Le ciel n'est pas défiguré. Toutes les étoiles y sont encore, et ce que le télescope y peut voir, c'est qu'elles fonctionnent régulièrement. Dans l'ordre moral aussi, quoiqu'en apparence plus dérangé, les choses restent sur leurs gonds. Si l'on interroge la grande sentinelle commise à l'inspection de la nuit humaine, elle fait la même réponse: Custos, quid de nocte? Je vois en bas du vent, des poussières et des monstres; mais en haut, je vois

Dieu, et je vois que l'àme et l'esprit de l'homme ont besoin de Dieu!

Ils disent non; mais qu'importe, puisque Dieu les a faits pour avoir besoin de Lui, et veut toujours qu'ils aient besoin de Lui?

Ce siècle incrédule a couvé et a porté l'acte de foi le plus capable d'étonner son intelligence et son orgueil, le plus grand acte de foi qu'ait su faire l'huma

nité.

Que l'infaillibilité dogmatique de Pierre eût été déclarée et proclamée explicitement au premier Concile, quand son ombre guérissait les malades, quand son excommunication ôtait la vie, quand sa prière ressuscitait les morts, et quand enfin la parole du Christ rayonnait encore sur son front comme la présence de Dieu sur le front de Moïse, c'était alors l'aveu d'un fait actuel et non pas un acte de foi. Mais aujourd'hui Pierre passe, il parle, il prie, et les aveugles ne voient pas, les sourds n'entendent pas, les boiteux ne marchent pas, les morts restent morts. Il parle toutes les langues, aucune langue ne répond. Vainement il appelle les peuples, aucun n'accourt, Pierre n'est qu'un mortel faible et vieux, un roi sans soldats; bien pis, un insulté. Représentant de Dieu, soit! mais si rabaissé que l'on verrait encore plus de risque à insulter un ambassadeur de la France. Permis au premier venu d'aller dans sa ville, de se dresser sur son seuil, de l'insulter à la face du monde.

Point de vengeance contre qui veut accabler cette majesté suprême; la lâcheté du genre humain l'abandonne au despotisme du voleur et de l'histrion.

Oui, c'est là Pierre, aujourd'hui! Oui, et soudain l'Église, assemblée à son ordre de toutes les parties de la terre, se lève unanime, et, en présence de toutes les dérisions et de toutes les menaces, elle lui dit : Tu es l'INFAILLIBLE; tu es le juge de la vérité. Celui qui marchait pieds nus dans les poussières de la Judée t'a parlé pour toujours, et tu es le père et le docteur du monde. Tu es Pierie, et l'Église est bâtie sur toi. Cette parole est venue à toi à travers dix-neuf siècles. Elle a traversé les négations, les supplices, les tombeaux; elle est vivante et éternelle, et qui la niera est mort éternellement !

Voilà ce qui s'est dit, il n'y a pas encore un an, sur la fin du siècle de Voltaire; et la discussion est finie, et toute opposition est tombée, et c'est la foi de l'Église universelle jusqu'au dernier jour.

Que César à présent soit fait, ou qu'il se fasse demain quel que soit César, prince ou peuple, éphémère ou durable, l'acte de foi du dix-neuvième siècle demeure en permanence jusqu'au dernier jour, et César devra compter jusqu'au dernier jour avec lui.

Des revanches, il en pourra prendre certainement, Certainement elles coûterout cher, et certainement elles seront vaines. Quel que soit le règne qui commence, ce n'est pas le règne de Pierre qui finit.

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