Sayfadaki görseller
PDF
ePub

Sergent sur quelque question en l'air, par exemple sur le figuier de l'évêché de Quimper, qu'il n'avait jamais vu, et qu'il soutenait n'être pas le plus beau figuier du monde. A la fin, Mgr Sergent arrivait à prouver que son figuier suffirait pour nourrir la Bretagne, et Mgr Delalle à démontrer que ce merveilleux figuier n'existait pas; puis venait M. Chesnel, qui disait : En somme, c'est un figuier.

Quand Mgr Delalle trouvait quelqu'un pour lui renvoyer le volant, il excellait dans ce jeu de bonne humeur, particulièrement français, d'orner et d'enrichir une bagatelle et de faire courir les plus brillantes couleurs sur une bulle de savon. Il y a peu de plaisirs d'esprit comparables au charme de voir cette gravité qui se délasse en jetant des diamants et des fleurs. C'est ainsi que, non loin de là, à Tulle, on s'amusait après souper, et que de joyaux j'ai pour mon compte emportés de ce royal amusement!

Hélas! je songe maintenant à la douleur de Rodez. Quelle lumière éteinte, quelle douceur évanouie, quel deuil dans le cœur simple et robuste de ces bons prêtres dont Mgr Delalle était si aimé et qu'il aimait tant, et dont il était si fier! Il les a gouvernés durant plus de quinze ans, avec vigilance et respect, dans la justice, dans la doctrine et dans la charité; il leur a donné l'exemple de la foi, de la liberté apostolique et de toute vertu.

Mgr Delalle appartenait à la presse catholique. Au

début de sa carrière, étant vicaire de Saint-Germaindes-Prés, à Paris, il fut pendant près de deux ans rédacteur de l'Univers, qui commençait alors sa laborieuse existence. Déjà l'Univers avait eu l'honneur de compter parmi ses collaborateurs l'abbé Gerbet, et, plus tard, il eut les dernières lignes qui sortirent de la plume du grand Bonald. Nous ne pouvons pas nous étonner qu'il ait résisté à tant de violents orages, étant établi sur de tels fondements.

IX

28 juillet.

La mort inopinée de Mgr l'évêque de Quimper ajoute aux douleurs de l'Eglise de France. Pour le diocèse du vénéré défunt et pour tous ses amis, la perte est inexprimable; le Saint-Père en sera touché au cœur. Mgr Sergent était humblement et profondément dévoué à l'Église. C'est à Rome, pendant le Concile, qu'on a vu la sincérité, l'étendue, l'activité de ce dévouement fondé sur une grande et forte doctrine et sans cesse animé par une piété dont la simplicité tranquille n'excluait pas l'ardeur. Extérieurement, évêque de Quimper n'avait rien d'empressé. Il était

fin, perspicace, souriant, et comptait beaucoup sur la raison qui veut et sait être patiente; mais il était de ceux qui savent être patients contre la patience même, et quiconque eût entrepris de le fatiguer ou de le détourner en lui persuadant d'attendre eût perdu son temps. Sa patience agissait, et son attente avançait. Il voulait toujours servir l'Église et la servait toujours; il venait toujours à ses fins, qui étaient l'accroissement de la vérité dans les àmes. Jamais sa charité ne répugnait aux lenteurs, aux aimables détours, aux industries d'un esprit doux et pacifique. Il était toujours ferme, on ne le trouvait sévère qu'à toute extrémité.

Dernièrement, à l'occasion de la mort de son vénérable et cher ami et émule Mgr Delalle, évêque de Rodez, j'ai parlé des charmes de son esprit et de ces tournois de bonne grâce qui faisaient les délices de la galerie pendant les trop courtes après-dinées du séminaire français. Ils étaient du même âge,de même humeur, de même sentiment, et tous deux sont morts du même genre de mort dont ils se savaient également menacés. C'était là peut-être pour chacun d'eux et pour la même part le secret de leur sérénité d'esprit. Ils ne se donnaient point de ces affaires qui inquiètent parce qu'elles ne seront jamais que difficilement finies et pourront avoir besoin d'être régularisées. Ils se tenaient en mesure de tout quitter immédiatement.

J'ai eu souvent déjà l'occasion de dire combien, nous autres laïques, nous étions édifiés de la vie austère que menaient à Rome, pendant le Concile, la plupart de nos évêques. Parmi ceux-là, je peux aujourd'hui nommer, hélas! Mgr l'évêque de Quimper. Habituellement malade, sujet à des étouffements douloureux et périlleux, il passa tout le temps du Concile dans une cellule où n'abondaient ni l'air ni le jour. Il parlait de la Bretagne, de son figuier, de son pèlerinage de Rumengol toujours battu par le grand vent de la mer, mais il ne se permettait pas un regret, et il resta jusqu'au dernier jour et jusqu'à la dernière heure. Pie IX l'appelait son sergent.

[ocr errors][merged small][merged small]

Je termine ce livre plus tard que je ne l'avais prévu, au second anniversaire du jour où j'ai commencé de l'écrire, et les faits qui m'ont contraint d'en ajourner la publication ont ajouté, à ceux que je rapporte, des

clartés et des confirmations que je n'attendais pas

sitôt.

Entre l'ouverture et la prorogation du Concile, huit mois environ se sont écoulés. Dans cet intervalle, l'Église, interrogeant du même regard et sa tradition infaillible, et les périls imminents de la société catholique, a reconnu un dogme nécessaire, là où quelques esprits ne voulaient voir qu'une doctrine peut-être incertaine et en tout cas inopportune. Comptant sur l'assistance divine promise à sa prière, l'Église examina une dernière fois ce dogme qui émergeait comme de lui-même de l'ombre relative où les siècles précédents l'avaient laissé; elle le constata par une discussion large et libre, et enfin le mit en son rang, parmi les assises de l'édifice toujours le mème et toujours agrandi où elle abrite le genre humain. Car l'Église est la demeure permanente et bàtie de Dieu; elle ne varie pas et ne s'ajoute ni ne se retranche rien, mais elle s'agrandit perpétuellement par une perpétuelle expansion de la lumière. La mission du temps est de promener le flambeau qui de jour en jour et de siècle en siècle nous révèle son immensité.

Dès le lendemain de la proclamation du dogme, la guerre a été déclarée entre la France et l'Allemagne, les deux nations intellectuelles du monde; intellectuelles, c'est-à-dire dominantes, parce que le monde obéit nécessairement aux idées. Comme la

« ÖncekiDevam »