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Ils auront soin avant tout qu'aucune parole, émanée d'eux, ne nous expose gratuitement devant nos concitoyens à d'injurieux soupçons. Confions-nous à eux il y ya de leur honneur et de leur intérêt comme du nôtre. Car no re situation est pareille dans le combat que nous soutenons en commun. Eux aussi ont une place non pas à prendre, mais à garder dans les institutions modernes. Nous en connaissons, par exemple, qui, depuis vingt ans, ont siégé dans les assemblées parlementaires de France, sous l'empire de constitutions différentes en certains points, mais qui toutes rendaient hommage au principe de la liberté moderne. Cela ne veut pas dire assurément qu'ils trouvent ces constitutions excellentes de tout point, et ils ont bien raison de ne pas les juger ainsi. Mais cela veut dire pourtant qu'elles ne contiennent aucune prescription dont l'application répugne invinciblement à leur conscience. Sans quoi, ils auraient imité leurs devanciers du siècle dernier, qui se sont laissé précipiter dans les cachots de la Terreur et trainer à l'échafaud, plutôt que de jurer l'odieuse constitution civile du clergé. Une fois admis dans ces assemblées, ils sont appelés à y défendre les libertés de l'Eglise et des catholiques, en les plaçant sous l'égide de la liberté commune. L'an dernier, plus d'un d'entre eux a fait entendre une voix éloquente en faveur de la liberté d'enseignement supérieur, réclamée par des catholiques pour tous les citoyens en général, sous les seules garanties qu'exigent la morale publique et la police. L'an prochain, s'ils reviennent à temps du Concile, la même pétition leur sera remise, revètue de plus de signatures encore, et adressant un appel plus pressant à leur autorité et à leur éloquence. Ils ne failliront point à la défense de cette juste cause. Mais pense t-on qu'ils ne vont pas d'avance se demander comment ils achèveraient, ce jour là, leur plaidoyer, si on pouvait les interrompre, en leur montrant un décret du Concile, souserit par eux et d'une encre à peine séchée, qui déclarerait cette liberté mème détestable devant Dieu et abominable devant les hommes?

Cette pensée et d'autres semblables ne les abandonneront

de

pas. Du haut de leur siége du Vatican, ils ne perdront pas vue l'esprit de cette grande société, dont ils ont été les enfants avant d'être les pasteurs. Ils songeront que, si cette société est imparfaite, comme toutes les familles humaines, elle est pourtant riche de gloire et de vertus, et que, si on doit l'avertir de corriger ses vices, on ne peut pas lui demander de changer le fond de son être et les principes passés dans son sang. Ils songeront à ces populations rurales, où la vieille foi garde encore tant de racines, qui les accueillent eux-mêmes dans leurs visites pastorales avec une si touchante effusion de piété filiale, mais qui doivent pourtant aux institutions de la société moderne leur avénement à l'indépendance et à la propriété, et qui se feraient tuer plutôt que de renoncer à aucune d'elles. Ils songeront à ces masses ouvrières ou oisives des grandes cités, si dénuées d'enseignement religieux, si promptes à s'enflammer et à s'égarer, et qu'une seule parole tombée de la chaire sacerdotale et dénaturée par le venin de la presse pourrait éloiguer pour jamais de la vérité. Ils songeront à cette jeunesse chrétienne, chaste milice de la charité, dont les rangs sont plus purs et plus pressés qu'à aucune autre époque de l'Eglise : nobles âmes qui vivent dans l'attente des biens éternels, mais qui sont cependant de leur âge comme de leur temps, qui ont hesoin, même dans les choses de ce monde, de croire et d'aimer, et à qui on ne fera jamais admettre que la société où elles vivent à l'aise et qui leur sourit est le règne du démon et un enfer sans espérance. Ils songeront à tant d'œuvres pieuses que le souffle de la liberté nouvelle a fait éclore et protége, et qu'une animadversion politique ou populaire impru demment excitée pourrait sécher dans leur fleur. Ils réfléchiront enfin que cette génération, travaillée par tant de ferments d'agitation divers, a plus besoin de paix que de conflits nouveaux et de bénédictions que d'anathèmes; qu'au fond, elle est lasse du doute et affamée de vérité, et que, si l'incrédulité ou l'intolérance ne lui donnent que des serpents à dévorer, c'est à eux de leur apporter le pain de l'àme qu'elle appelle. Nous ne leur demandons, à Dieu ne plaise, de trahir aucun des droits

de cette éternelle vérité. Mais la charité aussi a ses lumières, et le patriotisme ses devoirs. Le cœur d'un évêque est celui d'un juge et d'un père. Il saura tout concilier.

IV

Telles sont nos espérances sur les deux questions que l'imprudence de quelques écrivains a livrées à une discussion prématurée. Peu nous importe que ces questions soient mal jugées par la presse; elles seront bien jugées par le Concile, par le souverain Pontife uni aux évêques et, pour toute conscience catholique, la voix de l'Eglise est la voix de Dieu.

A ces espérances, dont nous avons longuement indiqué les motifs, que d'espérances plus radieuses encore viennent s'ajouter, au fond de nos âmes, à l'approche de cette assembléc de saints et de sages, dépositaires de la foi, représentants de tous les peuples qui vivent sur la terre! S'il répond à l'appel du souverain Pontife et à l'attente des nations, le Concile du Vatican préparera le retour à l'unité de ces races de l'Orient, endormies dans l'immobilité, de ces chrétientés perdues auxquelles saint Paul écrivait des lettres qui ne pourraient plus même aujourd'hui arriver à leur adresse, les Éphésiens, les Galates, les Thessaloniciens! A sa voix, les Hébreux se sentiront peut-être ébranlés et convaincus. Quelle joie, si les fils de Luther et de Calvin, répandus sur toute la terre, et conquérants du monde, mais « à quoi sert de conquérir le monde, si l'on perd son âme! » se rapprochaient du centre de l'unité, et s'il nous était donné de voir cesser enfin cette division entre frères qui est depuis trois cents ans le principal obstacle à la propagation de l'Evangile dans l'univers et à l'établissement de la paix en Europe! Quelle tâche admirable à tenter! Quels

nobles et importants travaux! Le Concile peut encore, par ses déclarations. restaurer les grandes vérités attaquées par la renaissance d'un matérialisme athée, et sauver la raison non moins menacée que la foi. Il peut rappeler les éternels principes de la justice et du droit des gens, et condamner l'usurpation, l'usage de la force, l'abus de la guerre, l'horreur de l'esclavage, fléaux dont nos yeux ne sont pas débarrassés. Il peut, en louant le travail, la science, le commerce, et leurs merveilles, flétrir l'agiotage coupable, le luxe effréné; rappeler les riches à la morale, les écrivains au respect du public, les puissants à leurs devoirs; supplier pour les pauvres femmes et les petits enfants précipités dans les ateliers; restaurer la grande loi du repos du dimanche, seul moyen de rompre l'asservissement du travail manuel, de reiever, de reposer les hommes, de les rendre à la famille, aux devoirs publics, aux plaisirs de l'esprit, au culte de Dieu; prêcher l'instruction et combattre l'ignorance qu'un pape appelait, il y a cent cinquante ans, l'origine de tous les maux. Enfin le Concile, en rendant à la société humaine des services si nécessaires, s'occupera de l'Eglise elle-même, des progrès indispensables de l'éducation du clergé, des moyens nouveaux de répandre la foi parmi les païens et de la conserver au milieu des peuples catholiques, à travers les obstacles, mais aussi à l'aide des ressources que présente un monde transformé. Quelle immense carrière! Quelle sublime mission! Avec l'aide de Dieu, le Concile du Vatican, nous voulons le croire, marquera dans l'histoire de ce siècle et de tous les siècles une date considérable, et il se rendra maître de l'admiration des incrédules, comme il est déjà par avance de l'adhésion complète, respectueuse, joyeuse, unanime, des croyants catholiques de toutes les écoles, de toutes les langues, de tous les pays.

LETTRE DE MGR L'EVÊQUE D'ORLÉANS AUX PRÊTRES DE SON DIOCÈSE POUR LEUR DONNER COMMUNICATION DE SON AVERTISSEMENT A M. LOUIS VEUILLOT, RÉDACTEUR EN CHEF DU JOURNAL L'Univers.

Messieurs et très-chers coopérateurs,

Je viens vous donner communication d'un avertissement que j'ai cru devoir adresser à M. Louis Veuillot, rédacteur en chef du journal l'Univers.

Il m'a paru convenable et utile de vous faire cette communication.

Je n'ai pas coutume, vous le savez, de rien publier de sérieux pour la cause de l'Eglise, que je ne vous l'adresse.

Ainsi en ai je agi spécialement avec vous pour mon Avertissement aux Pères de famille, et pour ma défense de l'Encyclique du 8 décembre 1864.

Je n'ai pas besoin de vous dire les graves motifs qui me font un devoir particulier de vous donner connaissance de ce nouvel écrit, vous les trouverez dans cet écrit même.

Quand ces pages vous arriveront, je serai déjà sur le chemin de Rome. Accompagnez-moi de vos prières, et ne cessez de demander à Dieu, que, malgré les témérités et les imprudences de certains hommes, ce saint Concile, si nécessaire et tant désiré, devienne pour l'Église et po ur le monde, selon le vœu du Saint-Père et de tous les évêques, une grande œuvre de lumière, de charité et de paix.

Veuillez agréer, messieurs et très-chers coopérateurs, la nouvelle assuranee de mon profond et religieux attachement. FELIX, Evéque d'Orléans.

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