corrompu que du temps que le Sauveur parut au monde; cependant il n'y eut peut-être jamais de temps où l'on prit plus de peine à bien observer les dehors de la religion et à la rendre recommandable par l'éclat du culte extérieur. Les pharisiens étaient les plus grands admirateurs et presque les adorateurs de Moyse et des prophètes; ils se disaient enfans de Dieu; ils observaient les cérémonies de la loi avec la plus rigide exac→ titude; leur conduite extérieure les rendait tout-à-fait recommandables. Ils enseignaient le peuple, ils expliquaient les écritures, selon les lumières, ou plutôt, selon les préjugés qu'ils avaient. Il n'y avait point parmi eux des grossières idolatries, ni de péchés scandaleux.

L'église n'a pas une forme si apparente dans ces derniers temps. Il est vrai qu'il s'y trouve une sorte de pureté. On fait profession de la doctrine de l'évangile, mais tout cela n'est souvent employé qu'à autoriser Phypocrisie; de sorte que plus on a de priviléges extérieurs, plus on est éloigné de la réalité. Il semble que les chrétiens d'aujourd'hui n'adorent pas le même Dieu que ceux d'autrefois. Le vrai Jésus, ce Jésus, humble, doux, débonnaire, est à peu près inconnu aujourd'hui ; ses maximes et son exemple, sont des choses peu connues dans la réalité ; ainsi le témoignage de Jésus n'est pas moins nécessaire aujourd'hui qu'il l'ait jamais été : il est aussi dangereux qu'il l'était du temps que le Sauveur parlait à ses disciples, et il est aussi rare qu'il l'ait été dans aucun temps. Le nombre de ceux dont l'esprit de Dieu dit, qu'ils gardent le témoignage de Jésus, est bien petit; peu savent par expérience en quoi consiste ce témoignage. On ne pense pas que le témoignage qu'on doit lui rendre exige une confession,

de

non seulement de bouche, mais encore de cœur, conduite qui nous porte à soutenir ses intérêts et sa doctrine céleste contre les maximes relâchées et corrompues du siècle. Enfin il se trouve aujourd'hui peu de ces âmes élues qui portent le sceau de Jésus sur leur cœur par le témoignage intérieur, et son cachet sur leur bras par le témoignage extérieur. Le monde ne sait ce que c'est que de garder son témoignage, quoiqu'il fasse semblant de l'adorer et de croire en lui. Il n'y a que ceux qui le connaissent et que le Saint-Esprit a enseignés qui puissent lui rendre témoignage, comme il le dit dans notre texte : l'esprit de vérité rendra témoignage de moi, et vous aussi vous en rendrez témoignage, parce que vous avez été dès le commencement avec moi.

2o Ici le Sauveur parle de différens témoins. L'un est invisible et intérieur; les autres sont visibles et extérieurs. Ce n'est pas que le témoignage du Saint-Esprit diffère de celui des disciples, par rapport à sa nature; c'est un seul et même témoignage ; car l'esprit prophétique est de rendre témoignage à Jésus. L'esprit opérant intérieurement témoigne que la parole, ou le témoignage extérieur, est la vérité. Quand Jésus-Christ distingue ces deux sortes de témoins, c'est pour marquer la différente manière dont le témoignage est rendu. L'une, qui est intérieure, se fait par le Saint-Esprit dans le cœur, contre les ennemis du dedans; l'autre qui est extérieure, se produit contre les ennemis du dehors, et ce témoignage extérieur est celui que rendent les disciples de Jésus poussés et conduits par le St.-Esprit.

Comment le Saint Esprit rend-il témoignage à Jésus dans le cœur des enfans de Dieu? C'est en le glorifiant

en eux, quand, par le moyen de la parole et des promesses il leur présente Jésus comme un Sauveur puissant; de sorte que par la vertu de cet esprit, ils peuvent dire avec assurance de coeur: que Jésus est le leur Seigneur. 1. Cor xii. 3. Lorsque levant le voile de sa croix, il leur fait entrevoir sa grandeur ; de sorte qu'ils reconnaissent qu'il est la puissance et la sagesse de Dieu, quoiqu'il soit un scandale aux juifs et une folie aux Grecs. 1 Cor 1. 23. Il leur fait connaître cela d'une manière vivante et puissante, qui touche leur cœur et qui l'enflamme de zèle et d'amour. Le Saint-Esprit ne rend ce témoignage que dans les âmes qui donnent place à ses opérations; dans les coeurs affligés, qui, dans le sentiment de leurs péches, soupirent après un rédempteur pour être délivrées de la perdition dans laquelle elles se voient. C'est dans les cœurs où il peut habiter comme dans son temple qu'il rend témoignage de Jésus ; et par là il confond, non-seulement les ennemis du dedans, les doutes et les contradictions de l'incrédulité, les impostures de Satan, les accusations de la conscience, et les malédictions de la loi, mais encore tous les ennemis extérieurs qui tâchent d'ébranler la foi et de traverser le bonheur des enfans de Dieu.

On peut aussi dire dans un sens, que le Saint-Esprit rend témoignage à Jésus dans les méchans. Cette parole, il rendra témoignage de moi, s'accomplit aussi à l'égard des mondains. Quoique le Saint-Esprit n'habite pas en il ne laisse pas que d'y faire entendre de temps en temps la voix de la vérité. Il se tient à la porte du cœur, et jette de temps en temps quelques rayons de lumière dans la conscience, pour manifester à l'homme ses péchés et sa corruption, afin de le convaincre de la

eux,

nécessité de se convertir, et d'aller à Jésus pour avoir la vie; combien de fois l'impie se sent-il inquiet et tourmenté sur son état? combien de fois est-il obligé d'avouer que le seul bon parti qu'il ait à prendre est celui de suivre Jésus? combien de fois envie-t-il dans son cœur l'état des vrais disciples qu'il voit se conduire autrement que lui, quoiqu'ils passent pour insensés, et qu'il se moque souvent d'eux quand il est avec ses compagnons de méchanceté? combien de fois souhaite-t-il de pouvoir vivre comme eux et de participer à leur bonheur? Il ne faut donc point douter que l'esprit de Dieu ne travaille souvent dans le cœur des plus méchans. Il est vrai que ces mouvemens sont bientôt étouffés pour faire place à ceux de la chair; cependant ils ne laissent pas que d'être réels et souvent assez sensibles pour troubler la fausse joie des enfans du siècle. On n'en peut point douter après que l'écriture nous assure que l'esprit de Dieu plaide dans les hommes, même dans les plus méchans. Gen. vr. 3. Qu'il convainc le monde de péché, Jean xvI. 8. Que les impénitans résistent au Saint-Esprit, et endurcissent leur coeur à la. voix de Dieu. Ps. xcv. 8. LXXVI. 12.

C'est ainsi que le Saint-Esprit rent intérieurement témoignage à Jésus dans les bons et dans les méchans; mais il faut qu'il y ait aussi dans le monde un témoignage extérieur, qui soit connu, sensible et frappant, afin le monde soit combattu dans ses mensonges et dans que les fausses idées qu'il a de Jésus et de son règne.

Ce témoignage extérieur, ce sont les disciples de Christ qui le rendent : il sont les organes dont le SaintEsprit se sert pour parler et pour agir dans le monde. C'est pourquoi le Sauveur leur dit : vous aussi vous

rendrez témoignage de moi, parce que vous avez été dès le commencement avec moi. Ceux qui sont appelés à rendre ce témoignage extérieur à Jésus doivent done 'être revêtus des dons de l'esprit et avoir été instruits dans son école.

Premièrement, il faut que ce soit conjointement avec le Saint-Esprit, qu'ils rendent témoignage. Cette expression, vous aussi, signifie que le témoignage des disciples, ne doit pas être séparé de celui du St.-Esprit, mais qu'il doit en être une suite et une dépendance. Il faut qu'ils aient été instruits par cet esprit de lumière, avant qu'ils puissent rendre témoignage. S'ils voulaient s'ingérer à témoigner avant que d'avoir reçu dans leur cœur le témoignage de Jésus, ils seraient bientôt surmontés; mais quand ils ont ce témoignage scélé en eux par le Saint-Esprit, c'est ce qui leur donne de l'assurance, et les met en état de parler avec certitude et confiance de ce qu'ils savent et de ce qu'ils ont appris par l'illumination de la grâce. C'est ce qui les rend fermes et inébranlable au milieu des contradictions du monde et des calomnies de Satan et de ses organes : c'est ce qui leur donne la force de souffrir patiemment et de vaincre heureusement toutes les persécutions des ennemis, et de pénétrer avec leur témoignage à travers toutes les armées infernales qui veulent leur résister. C'est là le principe d'où doit découler le témoignage que les disciples de Jésus lui rendent, et c'est là en même temps la source d'où provenaient toutes les forces qui, de tous temps, ont rendu les témoins de la vérité intrépides et victorieux; au milieu des supplices et des tourmens les plus cruels. Quand Pierre et ses compagnons comparaissent devant les grands et les peuples de la