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tristesse et de vos plus vives douleurs? Est-ce parce que Dieu est méprisé, parce que Jésus est déshonoré et son peuple chargé d'opprobres, est-ce par compassion et par charité pour l'âme de votre prochain que vous vous affligez? Est-ce parce que le monde se plonge dans le mal? Pouvez-vous dire avec sincérité comme Jérémie : Ah! que mes yeux ne sont-ils une vive fontaine de larmes, et que ma téte ne font-elle en eau, je pleurerais nuit et jour, les enfans blessés à mort de la fille de mon peuple. Ah! que n'ai-je une cabane au désert, et j'abandonnerais mon peuple et je me retirerais du milieu d'eux, car ils sont devenus des adultères et des violateurs de la loi. Jérém. IX, 1. Mais hélas, ces sentimens ne sont guères connus aujourd'hui. On court avec le monde on se réjouit avec lui, on se soucie peu que Dieu soit offensé et déshonoré par les crimes qui inondent la chrétienté. On souffre sans peine des pécheurs grossiers, des ivrognes, des avares, on converse avec eux, on est leur ami et leur compagnon. Si parmi les gens du monde il s'en trouve qui soient un peu plus retenus et plus honnêtes que les autres, ce n'est qu'une disposition ou plutôt une indolence naturelle ; ils ne sont point affligés du péché dans leur âme, ils n'en ressentent pas de la tristesse, de la douleur et une aversion assez grande, pour se déclarer ennemis des œuvres infructueuses des ténèbres. Enfin, ils ne connaissent point cette horreur pour le mal, qui attendrit le cœur, quand ce Dieu si bon est déshonoré, outragé si généralement et si ouvertement. C'est pourtant cela qui fait une des principales causes de la tristesse des enfans de Dieu. Vous le sentirez, mes chers frères, quand vous aimerez Jésus sincèrement, vous verrez qu'il n'y a rien qui pénètre plus un

cœur qui l'aime que de le voir méprisé. Vous pleurerez alors non-seulement sur tout ce qui vous éloigne de lui, mais encore vous affligerez vos ames à la vue et au récit des actions détestables du monde.

II. Comme la tristesse des enfans de Dieu diffère dans sa nature et dans son principe de celle des mondains, il en est de même de leur joie.

1o. Dans la description que notre Sauveur fait dans notre texte de la nature de la joie de ses disciples, il nous la dépeint comme une joie solide, comme une joie réelle et complète qui fait oublier toutes les tristesses: Comme la femme qui enfante, dit-il, après qu'elle a accouché, ne se souvient plus de ses douleurs dans la joie qu'elle a, qu'une créature humaine soit venue au monde; vous de méme, vous avez maintenant de la tristesse, mais je vous verrai de nouveau, et alors votre cœur se réjouira. Comme la joie charnelle n'est fondée que sur la jouissance des biens qui n'ont que l'apparence et aucune solidité, elle ne peut pas être réelle, ni donner à une âme immortelle un vrai contentement. Elle n'agit que sur l'imagination, et l'imagination trompée fait aussi des impressions trompeuses sur le cœur qui lui font croire qu'il possède quelque chose de réel, dans le temps qu'il n'est repu que de chimères. C'est-là le fondement de la joie des mondains. Celle des disciples de Jésus étant fondée sur la possession d'un bien solide et réel, elle ne peut pas être imaginaire, ni par conséquent trompeuse et inconstante. Elle consiste en un tranquille acquiescement du cœur et de toutes ses affections dans l'heureuse jouissance du bien qu'il cherchait : cet acquiescement délivrant l'âme des

causes de la véritable douleur, qui sont le péché et la privation de la grâce, ne peut manquer d'y établir une satisfaction constante. Cette joie est donc une joie du cœur et non de l'imagination, votre cœur se réjouira. Sa réalité consiste en ce qu'elle est fondée sur la délivrance des vrais maux et sur la jouissance des vrais biens. Ces maux sont le péché et ses tristes effets qui rendraient l'âme malheureuse éternellement, si elle n'en était délivrée. Ces biens sont la grâce de l'amour de Dieu et l'assurance de sa réconciliation avec lui dans le sang du Sauveur. C'est sur cette base qu'est fondée la solidité de la joie des disciples; et cette joie est seule capable de contenter une âme, parce qu'étant spirituelle et immortelle, elle ne peut être satisfaite que par la possession des biens spirituels et éternels. Aussi le Sauveur veut-il nous faire comprendre que cette joie absorbe toutes les tristesses précédentes, et que quand on en est rempli, on oublie toutes les peines qu'on a essuyées.

Le premier caractère de la joie des disciples de Jésus consiste en ce qu'elle est réelle et solide, et qu'elle se démontre telle par des effets consolans et relatifs à la nature de notre âme. En effet, toute autre joie que celle-là ne subsistera point et sera reconnue un jour pour un fantôme trompeur. C'est ce que les mondains éprouveront à leur confusion éternelle. Ils verront que que toutes leurs joies n'auront été que des illusions, des songes, dont il ne restera rien qu'un triste souvenirs, de faux biens qui cachent des maux réels et qui disparaîtront comme un ombre dans ce grand jour de la manifestation de toutes choses; c'est ce qu'ils reconnaîtront alors, mais trop tard. Voilà, mondains, les plaintes que vous ferez un jour. Vous éprouverez que Vol. III.

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toutes les choses dans lesquelles vous cherchez votre bonheur, sont comme une terre éboulée qui, manquant sous les pieds, vous laisse tomber dans une ruine éternelle; ou comme ce breuvage séduisant, dont l'homme s'étant énivré, passe en peu de temps des accès d'une joie frénétique à de cruelles douleurs.

La joie des disciples de Jésus succède non-seulement à la tristesse, mais encore elle découle du fond de la tristesse même. C'est c'est ce que Jésus-Christ veut faire entendre à ses disciples, quand il leur dit : Votre tristesse sera convertie en joie. C'est la maxime de Dieu, d'affliger avant de consoler, de blesser avant de guérir, de faire descendre aux enfers avant de mener en paradis. Dans le monde la joie va la première, ensuite la tristesse ; mais une tristesse éternelle succède à une fumée de joie passagère. Ce n'est pas que Dieu prenne plaisir à affliger, à blesser et à condamner; mais comme l'homme est déjà en lui-même misérable, accablé de maux, chargé de malédiction et de condamnation, Dieu ne fait autre chose que lui découvrir par sa lumière ce qu'il est. Il ne condamne point, parce que celui qui ne croit point au Fils de Dieu est déjà condamné : son incrédulité est la sentence de sa condamnation. Mais Dieu fait voir à l'homme qu'il est sous cette condamnation, et qu'il y demeurera éternellement, s'il ne s'en laisse délivrer. Dieu n'afflige point, il ne fait que découvrir les véritables maux qui sont en l'homme, et les traits mortels du péché dont Satan l'a navré, afin qu'il recoure au céleste médecin. Dieu ne mène point en enfer, mais il fait sentir à l'homme, qu'il le porte dans soi, L'homme découvrant cela à la faveur de la lumière de Dieu, s'afflige, gémit dans le sentiment de sa misère. Ce senti

ment le porté à chercher la délivrance; et c'est ainsi que, par la tristesse, il parvient à une véritable joie. Une pareille tristesse ne peut manquer d'être changée en joie. Elle est comme une mère féconde qui, au plus fort des travaux et des douleurs de l'enfantement, met son fruit au monde, et ce fruit c'est la joie.

Enfin le Sauveur nous dépeint la joie de ses disciples comme une joie constante et durable. Personne nè vous otera notre joie. Ce n'est point une joie frivole et passagère qui s'évanouisse aussitôt qu'elle est née. Comme le bien qui la produit est éternel, elle l'est aussi. La constance de cette joie répond à sa réalité, car comme elle placé le cœur dans un doux acquiescement à la possession d'un bien qui s'étend jusque dans l'éternité, elle ne finit point. On dira peut-être que l'expérience ne s'accorde pas avec ce que nous disons de la constance de la joie des chrétiens, puisque les âmes les plus sincères éprouvent que la joié qu'elles ressentent dans la possession de la grâce de Jésus, est souvent altéréé et interrompue, pour faire place à des mouvemens d'inquiétude et d'angoisse qui s'emparent d'elles. Mais il faut remarquer qué leur joie peut etre constante sans être toujours également sensible. Elle ne consiste pas dans de vifs transports ou dans de continuelles effusions, mais elle rend le cœur content, tranquille, satisfait et résigné au milieu des plus grands troubles; et cela parcé qu'il possède Jésus, et en lui tous les biens capables de le rendre heureux pour toute l'éternité. Ainsi, quoiqu'une âme en qui Jésus à répandu la joie de son esprit soit sujette à être agitée, elle ne l'est jamais profondément, parce qu'elle trouve en lui un fond d'assurance 'inébranlable et un centre de repos. Le cœur est comme

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