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rouissage. C'est le même qu'on appelle | 8°); deux essais : l'un, Sur la science ailleurs broic, et qui figure sur l'écusson de la Guerre (3 vol. in-8°, 1751), et du sire de Joinville. C. N. A. l'autre, Sur les grandes opérations de ESPADONS (hist. nat.), poissons qui la Guerre, ouvrage encore fort estimé forment un genre de la famille des scom- (4 vol. in-8° 1753); puis l'Histoire du béroïdes, la plus importante de celles de maréchal de Saxe (3 vol. in-4°), et un l'ordre des acanthoptérygiens. Ils ont la Supplément aux Réveries de ce grand plus grande analogie avec les thons, et se capitaine (1 vol. in-12, La Haye, 1757). reconnaissent au premier coup d'œil à leur mâchoire supérieure terminée en longue pointe en forme d'épée. Quoique doués d'une immense force, d'une extrême agilité, et nageant avec une vitesse qu'aucun habitant des eaux ne surpasse, les espadons mènent cependant une vie douce et tranquille. Ennemis du carnage, ils broutent seulement des fucus, et on les voit paisiblement escorter leurs femelles. Mais lorsqu'ils livrent des combats, ils sont terribles. A l'aide de la longue lame qui dépasse leurs mâchoires, ils parviennent quelquefois à terrasser des baleines. On dit que dans certains cas ils s'élancent comme un trait sur les embarcations, en traversent la carcasse, ou brisent contre elles leur formidable appendice. On conserve au Musée britannique un bordage de vaisseau qu'un de ces poissons perça de toute la longueur de son glaive, effort qui coûta la vie à l'espadon. L'espadon commun (xiphias gladius) est plus répandu dans la Méditerranée que dans l'Océan. Sa chair blanche et délicate est fort estimée, et on le pêche souvent au harpon, à peu près comme la baleine. Sa grande queue a la forme d'un croissant; son dos est noir, lavé de bleu sur les flancs; le ventre est comme d'argent. Il acquiert une très grande taille et atteint même jusqu'à 18 ou 20 pieds. C. L-R.

Destiné de bonne heure à l'état ecclésiastique, l'abbé d'Espagnac, fils du baron dont nous venons de parler, reçut les ordres et fut presque en même temps nommé chanoine à Paris. Mais le jeune abbé montra peu de goût pour l'état qu'il venait d'embrasser : il s'abandonna à son penchant pour les lettres, et ses premiers essais, en lui méritant de justes éloges, prouvèrent qu'on avait méconnu sa véritable vocation. Malheureusement une autre passion plus forte encore que l'amour des lettres se développa en lui et le perdit : ce fut l'amour des richesses; ce qui a fait dire de lui à un historien: auri sacra fames perdidit. Agent et ami du contrôleur général de Calonne, il ne s'occupa bientôt plus que d'entreprises dont une fortune rapide était le but. Entre autres opérations fort productives auxquelles il eut part, on a beaucoup parlé dans le temps d'une spéculation qu'il fit sur les actions de la Compagnie des Indes: cette opération était tellement scandaleuse que le gouvernement se vit obligé d'annuler lui-même les marchés. Lors de la disgrace de Calonne, l'abbé d'Espagnac partagea forcément le sort de son protecteur et peut-être de son complice; la cour l'exila pour inconduite, et ce ne fut qu'en 1789 qu'il osa reparaître. Deux années après, il présenta à l'Assemblée nationale un plan de finances qu'elle l'invita de faire imprimer; et sur la fin de cette même année il lutta avec force contre cette assemblée, relativement à l'échange du comté

En reparaissant sur la scène politique,

ESPAGNAC (M.-R. DE SAHUGUET, abbé D') naquit sur la fin de l'année 1752. Son grand-père, dit-on, avait été maître de poste à Brive-la-Gaillarde; pour son père, JEAN-BAPTISTE-JOSEPH de Sancerre. DAMAZIT DE SAHUGUET, baron d'Espagnac, né le 25 mars 1713 à Brive-l'abbé d'Espagnac avait compris qu'une la-Gaillarde, il mourut à Paris le 28 février 1783, lieutenant général et gouverneur de l'hôtel des Invalides. On lui doit plusieurs ouvrages sur l'art militaire, entre autres: Les Campagnes du roi en 1745-46-47 et 1748 (4 vol. in

grande révolution avait commencé : aussi, persuadé qu'il était que cette révolution ne tarderait pas à faire naître une foule d'incidents dont il lui serait facile de profiter pour accroître encore la fortune qu'il avait amassée, il se hâta de s'associer à la

réunion connue sous le nom de club de 1789; puis, toujours pour faire réussir ses projets, il alla s'asseoir parmi les jacobins, à l'influence desquels il dut d'être nommé fournisseur de l'armée des Alpes. Dénoncé bientôt après par Cambon, et décrété d'arrestation pour avoir fait des marchés frauduleux, il parvint à se faire décharger de cette première accusation, quelque faible que fût d'ailleurs sa défense. Rendu à la liberté, il fit l'entreprise des charrois militaires de l'armée de Dumouriez, et, afin de s'attirer la faveur du peuple, il fonda alors à Bruxelles un club républicain. Sa fortune devint bientôt immense; mais la défection du général auquel il s'était attaché lui devint funeste, et sa hardiesse à réclamer | auprès du Comité de salut public les avances qu'il prétendait avoir faites au gouvernement acheva de le perdre. Cité à la barre de la Convention comme complice de Dumouriez et fournisseur infidėle, il y improvisa durant trois heures sans préparation, sans même connaître les questions qui lui seraient adressées; il parla avec éloquence et clarté sur d'arides matières de fournitures et de calculs, qu'il sut orner d'anecdotes et de tableaux piquants; et néanmoins il fut arrêté le 1er avril 1793. Un premier décret ordonna l'apurement de ses comptes, et un second l'envoya, un an plus tard, devant le tribunal révolutionnaire. Condamné comme complice d'une conspiration tendant à détruire le gouvernement républicain par corruption, il fut décapité à Paris le 5 avril 1794, à l'âge de 41 ans. Il marcha au supplice avec Camille Desmoulins, Chabot, Bazire, Fabre d'Églantine, Danton, et plusieurs autres députés à la Convention, ainsi qu'avec le général Westermann.

On a de ce financier, fameux au temps de la révolution, quelques ouvrages écrits avec chaleur et qui ne manquent ni de style ni de goût. Les deux plus remarquables sont: l'Éloge de Catinat, qui fut couronné par l'Académie Française en 1775; le second a pour titre: Réflexions sur l'abbé Suger et sur son siècle (Paris 1780, 1 vol. in-8°). E. P-C-T.

ESPAGNE, España, en latin Hispania, et anciennement Iberia, Hespe

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ria, portion la plus importante de la péninsule qui forme l'extrémité occidentale de l'Europe et que le Portugal termine à l'ouest.

1o Géographie et statistique. L'Espagne est comprise entre les 35° 57 et 43° 44' de latitude septentrionale, et entre les 8° 20' et 21° de longitude orientale ( méridien de l'île de Fer); elle a ainsi 195 lieues du nord au sud, du cap Ortégal au détroit de Gibraltar, et 220 lieues de l'est à l'ouest, du cap Finistère au cap Creus. Ce territoire, dont la superficie totale est de 18,890 lieues carrées, forme le 23 de la surface entière de l'Europe, et assigne à l'Espagne le 9 rang parmi les états de cette partie du monde. Ses frontières du côté du Portugal ont 163 lieues d'étendue, et 115 lieues du côté de la France, par laquelle elle se rattache au continent européen. Ses côtes prennent sur l'Océan atlantique un développement de 296 lieues, et de 316 lieues sur la Méditerranée.L'Espagne présente en conséquence un périmètre d'environ 900 lieues, dont plus des deux tiers en rivages sinueux où se rencontrent plusieurs baies ou golfes importants: les plus remarquables sont la baie de Biscaye sur l'Océan, et le golfe de Valence dans la Méditerranée. A l'ouverture de ce dernier golfe est situé le groupe important des Baléares (voy. ce mot), seules îles qui dépendent de l'Espagne même.

et

Le sol généralement montueux élevé de l'Espagne se partage en deux versants généraux: le plus considérable est incliné vers le sud-ouest et envoie ses eaux dans l'Océan; l'autre se dirige vers l'est et porte les siennes à la Méditerranée. Les nombreuses chaînes qui coupent le territoire se rattachent toutes à la grande barrière des Pyrénées qui sépare l'Espagne de la France. Une première chaîne se prolonge à l'ouest au travers des provinces cantabres et est connue sous la dénomination de montagnes des Asturies. De cette chaîne, il s'en détache, vers les sources de l'Ebre, une autre qui court au travers de toute la Péninsule et forme la ligne générale de faîte entre les deux versants que nous venons d'indiquer. Celle-ci se subdivise en plu

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sieurs branches auxquelles sont don- | caissés, très rapides, et rarement navinées les dénominations très multipliées gables dans leur partie supérieure. A ces de Sierras (monts) de Oca, de Moncayo, cours d'eau naturels nous devons ajoud'Alcaraz, etc. Des ramifications secon- ter ceux que la main de l'homme a su daires séparent les divers bassins des ouvrir sur le sol pour les besoins du comfleuves: telles sont la Sierra-Morena ou merce et de l'industrie; mais ils sont en montagne noire, qui forme la limite en- petit nombre et de peu d'importance. Le tre les eaux de la Guadiana et du Guadal- canal impérial ou d'Aragon, commencé quivir; la Sierra-Nevada, ainsi nommée par Charles-Quint, qui part de Tudela en parce que son sommet est toujours cou- Navarre et vient aboutir à l'Èbre, a 26 vert de neiges, qui sépare les eaux lieues et demie de longueur; le canal de du Guadalquivir de celles qui coulent Ségovie, magnifique voie de communicaau sud dans la Méditerranée; la Sierra tion destinée à unir la Méditerranée à de Ronda, qui va se terminer au pro- l'Océan, devait avoir 140 lieues de promontoire élevé dont on avait fait ja- longement, et n'en compte guère qu'une dis une des colonnes d'Hercule. Les vingtaine de terminées. Les canaux de sommets principaux parmi ces chai- Madrid et de Castille ne sont également nes sont les suivants : le Cerro de Mul- qu'entrepris. L'achèvement de ces trahacen, dans la Sierra-Nevada, à 3,598 vaux, l'amélioration du cours des rimètres au-dessus du niveau de la mer; vières, l'ouverture de routes nouvelles, le Picacho de Veleta, à 3,515 mètres; la surtout de routes secondaires qui manMaladetta (Pyrénées), à 3,355 mètres. quent presque partout en Espagne, Plusieurs autres points des chaînes des constituent un des plus pressants besoins Asturies, de l'Aragon, de la Catalogne pour ce pays, dont diverses portions imou des provinces méridionales atteignent portantes se trouvent parfois encore une hauteur de 12 à 1,800 mètres. Parmi dans un état d'isolement presque comles points habités les plus élevés, citons plet. la ville de Ronda, dans le royaume de Grenade, à 1,460 mètres de hauteur; le fameux couvent de Monserrat, en Catalogne, à 1,238, et le palais de l'Escurial, à 1,027 mètres. Les Castilles forment un vaste plateau dont l'élévation moyenne est de 600 mètres. Madrid, capitale de tonte la monarchie, est à une pareille hauteur au-dessus du niveau des mers qui forment la ceinture de la Péninsule. Les cours d'eau les plus importants qui arrosent ce magnifique territoire sont, parmi ceux qui se jettent dans l'Océan, la Guadiana, qui a 140 lieues de développement, et le Tage, qui a 120 lieues de cours en Espagne seulement; viennent ensuite le Guadalquivir qui a 90 lieues de cours; le Douro, 80, en Espagne; le Minho, 50, et le Xénil, affluent du Guadalquivir, 45. Parmi ceux qui se jettent dans la Méditerranée nous nommerons l'Ebre, quia 130 lieues de développement; la Segura,qui en a 100;le Xucar,70, et la Cinca, affluent de l'Ebre, 40; ces dix fleuves ou rivières forment un cours de 870 lieues. La plupart sont, ainsi que leurs autres affluents, profondément en-spectacle d'une admirable fécondité. Là

L'Espagne le dispute aux contrées les plus favorisées d'Europe sous le rapport du climat : la température moyenne est 17°,6, au centre, et 14°,94 à l'extrémité nord. Sous le 40° parallèle moyen, la limite perpétuelle des neiges est à 3,021 mètres au-dessus du niveau de la mer, tandis qu'en France, sous le 45o parallèle moyen, elle n'est qu'à 2,323 mètres. La température moyenne de Cadix est, avec celle de Malte, la plus élevée de l'Europe. A Madrid, la chaleur moyenne ne dépasse guère le 15o degré centigrade; elle a pour terme, à Paris, le 10°. La quantité moyenne de pluie qui tombe en Espagne est de 864 millimètres ou 31 pouces 11 lignes, c'est-à-dire six à sept pouces de moins qu'en Italie, et 3 pouces environ de plus qu'en France. L'évaporation annuelle est de 900 millimètres ou 33 pouces.

Le sol de l'Espagne est dans une partie assez considérable de sa surface sec et aride, mais plusieurs provinces, telles que la Catalogne, l'Andalousie et le royaume de Valence, présentent le

croissent en pleine terre, indépendam- | à 80 millions de francs. On ne compte

ment des céréales, la vigne, le mûrier, l'olivier, l'oranger, le citronnier, le cotonnier, la canne à sucre, le nopal à cochenille, etc.; mais l'ignorance apathique dans laquelle est encore plongée la population des campagnes l'empêche de tirer de la terre sur laquelle elle est placée tout le parti possible. Il y a eu pourtant quelques progrès dans les 30 dernières années. Ainsi un document cadastral de 1803 établit que la surface des terres arables en rapport était à cette époque de moins de 3 millions d'hectares ou 1,518 lieues c., produisant en grains 34,726,000 hectolitres, quantité inférieure de 6 millions d'hectolitres environ à celle qu'exigeait la consommation annuelle de 11 millions d'habitants que l'Espagne pouvait avoir | alors; aujourd'hui, le pays fournit et audelà à sa consommation, quoique la population se soit élevée dans cet intervalle à plus de 14 millions d'hommes. En 1829 l'Espagne put exporter 632,000 hectolitres de blé, valant 12 millions et demi; le produit moyen atteint aujourd'hui 61,000,000 d'hectolitres; l'étendue des terres cultivées dépasse 5 millions d'hectares et comprend près des deux septièmes du pays; environ 12,000 lieues carrées, au surplus, c'est-à-dire les deux tiers de la superficie totale, sont encore en pàtures peu productives: on voit ainsi tout ce qui reste à faire pour amener cette contrée au degré de prospérité agricole que présentent d'autres pays de l'Europe moins bien dotés par la nature.

qu'une bête à cornes environ pour cinq habitants, ce qui forme une proportion moindre de moitié de celle que présente la Grande-Bretagne.

Les autres produits agricoles de l'Espagne étaient évalués, d'après le cadastre terminé en 1803, aux quantités suivantes: 7,301,000 hectolitres de vin, dont les plus renommés, ceux de Malaga, d'Alicante, de Xérès, deviennent un article important de commerce; 3,600,000 hect. d'eau-de-vie, 894,000 hect. d'huile, 14,685,000 kilogr. de lin et de chanvre, 48,000 de coton d'Ivica, 734,000 de soie. Ces quantités n'ont reçu qu'un accroissement peu considérable jusqu'à ces derniers temps. Le pays, en général déboisé, n'offre aucune forêt importante. La valeur brute totale des produits agricoles était estimée en 1803 à 1,268,455,000 fr., à raison de 34 fr. par hectare; aujourd'hui cette même valeur peut être portée à 1,800,000,000 fr., à raison de 50 fr. par hectare, terme moyen.

A ces produits nous devons ajouter ceux des mines si célèbres dans les temps anciens (voy. CARTHAGE). Celles de métaux précieux qu'exploitaient les Romains au nord de la Péninsule, n'existent plus que dans l'histoire et vainement depuis des siècles on a essayé d'en retrouver le gisement; l'inexpérience des explorateurs, l'intervention du fisc, les événements politiques, n'ont pas permis de donner suite à des opérations qui deviendront peut-être un jour pour l'Espagne, placée sous de plus favorables conditions, la source de richesses considérables. Parmi les mines d'argent reconnues et explorées dans les derniers temps, nous devons désigner spécialement celles de Guadalcanal en Andalousie. On calculait à la fin du siècle dernier que les mines royales de mercure d'Almaden, dans la Manche, réputées les plus riches de l'Europe, produisaient 900,000 kil., valant 4,500,000 fr. On retirait de celles de plomb qui se trouvent sur presque tous les points de l'Espagne 1,600,000 kilogr., et de celles de fer, qui sont également riches et nombreuses, 9,000,000 de kil. Ces quantités se sont beaucoup aug

On compte en Espagne environ 3 millions de bêtes à cornes, près de 19 millions de moutons, 3 millions de porcs et 6 à 700,000 chevaux ou mulets; quelques races de chevaux, notamment l'andalouse, jouissent encore d'un juste renom, bien que la pureté n'en soit pas généralement conservée avec assez de soin. Le progrès n'a été très marqué depuis 1803 que pour les moutons, dont on portait le nombre à cette époque à 12 millions seulement. Ces troupeaux fournissent annuellement 36 à 38 millions de livres pesant de laines, dont une grande partie provient de mérinos; ce produit, dont la supériorité est reconnue, s'élèvementées depuis. Dès 1803 la seule pro

vince de Guipuzcoa produisait 3,375,000 | blait devoir accroître considérablement kil. de fer très estimé : la guerre civile son importance. Des flottes nombreuses a depuis considérablement réduit cette allaient chaque année chercher les riches belle industrie. L'Espagne fournit aussi produits de ces mines. Vers la fin du siè en petite quantité du cuivre, du zinc, de cle dernier, on ne les évaluait pas à moins l'antimoine, etc. La houille se trouve par de 122 millions, terme moyen. Mais les bancs considérables dans plusieurs par- vastes possessions espagnoles de l'Améties du royaume, notamment dans les rique ne se peuplaient qu'aux dépens de Asturies, mais l'exploitation en est en- la mère - patrie. Tous ceux d'entre les core peu avancée. régnicoles qu'excitait l'esprit de spéculation, c'est-à-dire les hommes les plus capables d'imprimer une heureuse im

L'industrie manufacturière, qui fut si longtemps dans l'état le plus prospère en Espagne, est loin de s'être re-pulsion à la société, passaient les mers: levée, comme l'agriculture, de l'état de décadence où elle était tombée; les causes principales de cette décadence furent l'expulsion des Maures, qui formaient en grande partie la population ouvrière, le monopole du gouvernement étendu❘ à une foule d'objets importants, enfin un système de taxation exagérée sur les matières premières. Jamais peut-être pays n'offrit un exemple plus frappant des conséquences d'une administration vicieuse sur la marche de la production. En 1519, on comptait à Séville 16,000 métiers à soieries, qui employaient 130,000 ouvriers, il n'y avait plus que 405 métiers en 1673; ce nombre s'est relevé à 2 ou 3,000 seulement depuis cette époque. En 1612, les draps de Ségovie étaient considérés comme les plus beaux de l'Europe; on en fabriquait annuellement 35,000 pièces, dont la confection occupait 34,000 ouvriers en

la nation se trouvait ainsi de plus en plus livrée à une funeste langueur. Bientôt la production agricole et industrielle fut insuffisante pour subvenir aux besoins des colonies: il fallut avoir recours à l'étranger, et ce fut avec l'or qu'elles fournissaient qu'on paya les articles de première nécessité, qu'il ne leur était pas permis d'obtenir directement. La situation de l'Espagne se trouva dès lors bien changée; on ne pouvait plus la considérer que comme une sorte d'entrepôt où venaient s'échanger les métaux précieux d'Amérique contre les articles fournis par des peuples plus industrieux. Le gouvernement se soutenait par les droits qui résultaient de cette vaste opération, et l'Espagne allait se ruinant de jour en jour, comme pour offrir une imposante justification de ces hautes théories d'économie politique, qui nous enseignent qu'en définitive pour s'enrichir il faut produire. Le témoignage irrécusable des chiffres vient à l'appui de ces assertions. Ainsi de 1786 à 1789, les possessions coloniales de l'Espagne rapportaient à ce pays, année moyenne, en marchandises, 54 millions de fr., et en métaux précieux 122 millions de fr.; elles en recevaient en retour en produits espagnols, 66 millions, et en produits étrangers, 75 millions. L'étranger fournissait par le commerce patent 44 millions, et par la contrebande 86 millions; il recevait en Les vicissitudes du commerce de l'Es- échange: en produits coloniaux, 15 milpagne n'offrent pas un résultat moins lions de fr.; en produits espagnols, 28 curieux à signaler: immense encore au millions de fr.; en métaux précieux, 87 XVIe siècle, il déclina par les mêmes cau- millions de fr. Voilà les données qui renses qui firent déchoir l'industrie. L'ex-dent raison d'une situation peut-être uniploitation des mines du Nouveau-Monde que dans l'histoire commerciale du monlui fournit d'abord un aliment qui sem- de. On s'explique, en portant quelque

1788, il ne sortait plus des fabriques de Ségovie que 4 ou 500 pièces de draps très imparfaits. On estimait en 1808 que l'Espagne possédait 78 manufactures de draps et lainage, 22 de toiles, 78 de tissus de coton et 95 de tissus de soie. Quant à cette fabrication jadis si prospère d'articles divers de sparterie (voy.), elle a presque entièrement disparu. En 1826, la population industrielle ne s'élevait pas à 500,000 individus, c'est-à-dire au vingt-huitième de la population totale.

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