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attention sur des résultats que nous ne pouvons ici qu'indiquer rapidement, comment l'Espagne, recevant chaque année dans ses ports les galions chargés de l'or du Mexique et du Pérou, se trouvait posséder quatre ou cinq fois moins de numéraire que la France. Necker portait en effet en 1782 les valeurs monétaires de ce dernier pays à 2,200 millions de fr., tandis que celles d'Espagne n'étaient évaluées à la même époque qu'à 450 millions de fr.; il est clair que cinq années eussent suffi pour doubler cette somme si les trésors du Nouveau-Monde lui fussent restés!

en Afrique; 2o Cuba et Porto-Ricco, en Amérique; 3° les îles Philippines (voy.), avec une superficie totale de 19,000 lieues car. et près de 4 millions d'habitants. Ces établissements sont devenus un précieux débouché pour les produits de l'Espagne. Leur prospérité croissante a, par suite, ranimé la navigation marchande, bien déchue de son ancienne prospérité, mais qu'alimente encore la pêche de la sardine et le cabotage. En 1832, il est entré dans les divers ports du royaume 2,557 navires, et il en est sorti 2,378; Cadix et Barcelonne figurent seuls pour moitié dans ces nombres.

Quelques écrivains se sont attachés à établir que l'Espagne dut avoir sous la domination romaine une population qui ne s'élevait pas à moins de 40 millions. Mais cette assertion ne s'appuie sur aucune donnée positive; il n'y a pas non plus moyen d'en déterminer le chif

Depuis la grande révolution transatlantique qui a enlevé à l'Espagne ses immenses possessions continentales du Nouveau-Monde, le commerce de la métropole a reçu une heureuse impulsion. La somme totale des exportations et des importations a diminué, parce que le chiffre de l'importation des métaux pré-fre dans des temps postérieurs; on croit cieux a disparu, mais le montant de ses seulement pouvoir inférer, de faits nomexportations en produits indigènes a breux et constants, qu'il s'est opéré, doublé, par suite des progrès de son dans le cours du xvi siècle, sous l'inagriculture. Ce commerce doit donc en fluence du régime introduit par la mairéalité être plus profitable à la nation. son d'Autriche, une forte réduction dans En 1829, la somme totale des importa- la population alors existante. C'est ce tions a été de 114,490,000 fr., et celle que semble démontrer ce nombre condes exportations de 65,547,000 fr. Parmi sidérable de villes et de villages aujourles principaux articles d'exportation, d'hui à peu près déserts que présente les blés et farines comptaient pour l'Espagne. On en compte 149 en Ara12,647,000 fr., les laines pour près de gon, 73 dans Léon, 87 dans Valence, 10 millions, les vins pour 8 millions et 194 dans la Nouvelle-Castille, 308 dans demi, les fruits secs et frais pour 7 mil- la Vieille-Castille. Beaucoup d'autres lions et demi, le mercure pour 2,325,000 lieux habités présentent une quantité fr. Parmi les principaux articles d'impor- considérable de bâtiments en ruines; tation, nous remarquerons les denrées enfin presque toutes les grandes villes coloniales pour 28,118,000 fr., les pois- ont vu diminuer dans une forte prosons salés pour 7,539,000 fr., le tabac portion le nombre de leurs habitants. pour 8,289,000 fr., et les tissus divers Ségovie, qui, en 1525, contenait 5,000 pour 26,799,000 fr. Dans ce com- familles, n'en renferme aujourd'hui merce, la France et l'Angleterre en- que 2,000; Tolède n'a que 25,000 habitraient chacune pour près d'un tiers, et tants, au lieu de 200,000 qu'on y comples colonies qui restent encore à l'Es- tait autrefois; Séville, Grenade, Corpagne, notamment Cuba, qui, sous l'in- doue, ont subi des pertes semblables. fluence d'un meilleur système, a pris Quoi qu'il en soit, ce n'est qu'au commendans les derniers temps une si grande cement du XVIIIe siècle qu'on peut obteimportance (voy. l'article), pour près nir à ce sujet des renseignements aud'un quart. Ces colonies, qui ne forment thentiques. En 1723, un recensemer t en étendue que le 90o du territoire au- par feux porta le chiffre total de la potrefois possédé par cette nation en Es-pulation à 7,625,000 habitants: c'était pagne, sont: 1° les îles Canaries (voy.), I son dernier terme de décroissement. On

la voit se relever dans la suite par une marche très lente à la vérité, mais dont les résultats sont toutefois sensibles: en 1769, un nouveau recensement éleva le chiffre à 9,301, 708 individus; en 1803, on le portait à 10,351,000 individus, à raison de 550 habitants par lieue carrée. A partir de cette époque, l'accroissement devint plus rapide: ainsi, en 1826, la population fut officiellement évaluée à 13,953,000 individus, ou 738 par lieue carrée; en 1834, à 14,186,000; si elle a suivi, comme il paraît probable, la même marche depuis cette époque, malgré les calamités qui ont pesé sur le pays, sa population doit approcher aujourd'hui de 15 millions d'habitants. On peut calculer, si son mouvement restait le même, qu'elle doublerait en 94 années: il ne faut à la population britannique pour doubler que 52 ans.

Cette population est très inégalement distribuée entre les diverses provinces. Quelques-unes sont presque désertes; la population se presse au contraire dans d'autres. On compte 2,100 habitants par lieue carrée dans la province de Madrid et dans le Guipuzcoa: il n'y en a que 320 dans la Manche, et 360 dans l'Estrémadure. Sous le rapport de la répartition de la population entre les villes et les campagnes, l'Espagne présente un résultat à peu près semblable à celui qu'offre la France, c'est-à-dire que le quart de ses habitants environ est groupé dans les villes. Mais on ne compte que 230 villes en Espagne à raison de 5,000 habitants, terme moyen pour chacune; et tandis qu'il y a chez nous une de ces villes par 16 lieues carrées de territoire, il n'y en a qu'une en Espagne par 82 lieues carrées; fait important qui explique la faible influence qu'exercent en général les cités dans les changements politiques de ce pays. On compte actuellement en tout 145 cités (ciudades) et 4,350 villes, 12,495 villages et 18,871 paroisses.

ont considérablement diminué le nombre du clergé régulier. En 1835, on comptait encore 1,940 couvents avec 30,906 religieux. Le clergé espagnol a toujours, au reste, été proportionnellement plus nombreux qu'en aucun autre état catholique. En 1826, le pays | était divisé en 61 diocèses épiscopaux. Le clergé séculier se composait en tout de 57,892 chanoines, curés, vicaires etc., etc. Les richesses possédées par l'Église d'Espagne sont immenses : vers 1788 on estimait ses revenus en terres, maisons, bétail, à 150 millions. En 1812, Cabarus (voy.) affirmait, d'après des recherches détaillées et basées sur des opérations cadastrales, que le clergé possédait le quart du capital territorial, dont il élevait la valeur totale à 12,500,000,000 fr; en outre, sur le produit total des dimes, l'Église percevait, vers 1817, une somme d'environ 80 millions; son casuel enfin ne devait pas être au-dessous de 30 millions de francs: un petit nombre d'individus absorbaient ainsi l'énorme revenu de 260 millions de francs, supérieur à celui de plusieurs états de l'Europe. Les révolutions de ces derniers temps n'ont porté qu'une faible atteinte à cette opulence, si peu en harmonie avec l'esprit véritable du ministère évangélique.

La noblesse comptait dans le recensement de 1803 pour 1,440,000 individus, ou 1 sur 7. Elle est surtout concentrée dans les provinces septentrionales en Biscaye et dans les Asturies, presque tout le monde est noble; dans la Vieille-Castille (voy. HIDALGO), on comptait 1 noble sur 3 habitants, et 1 sur 5 en Navarre; mais cette noblesse était simplement nominale : les gentilshommes qui la composent en grande par

(*) En 1833, le Correo literario de Madrid en a donné l'état suivant: 8 archevêques, 52 évê16,481 curés, 4.929 vicaires, 17,411 bénéficiers, ques, 2,393 chanoines, 1,869 vice-capitulaires, 27.757 tonsurés, 15,015 sacristains, 3,927 frè D'après le recensement de 1803, le Les lais, 61,727 moines et 24,007 religieuses. On estimait à 300 millions de franes les revenus an clergé comptait sur la population totale estima nuels du clergé. Le décret du 25 juillet 1835, qui pour 203,298 individus, ou 1 sur ferma les couvents n'ayant pas plus de 12 moi50; plus de la moitié de ces deux cents nes, supprima 900 maisons de religieux. Le et quelques mille individus appartenant décret du 9 mars 1836 abolit entièrement les à l'Église étaient des moines ou religieux militaires, mais il n'a pu encore être mis à couvents, les congrégations et les ordres religieuses. Les événements subséquents exécution.

J. H. S.

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tie ne s'en font pas un titre pour obtenir quelque privilége; ils exercent indifféremment toutes les professions; il y a longtemps qu'en Espagne la féodalité a cessé de peser sur la population, et voilà pourquoi la question aristocratique n'est pour rien dans les révolutions qui l'agitent. Depuis 30 ans, le nombre des familles réputées nobles a décru rapidement au travers des guerres civiles. On ne comptait plus en 1826 qu'environ 400,000 nobles (cavalleros, escuderos ou hidalgos), entre lesquels 1,323 ducs, marquis, comtes et barons, dont quelques-uns possèdent, avec le titre honorifique de grands d'Espagne (voy. GRANDESSE ), une immense étendue de terres. Le nombre des propriétaires fonciers, nobles ou non nobles, devait s'élever en tout à cette époque à 423,636 individus.

Formée du mélange de races diverses, la nation espagnole en porte encore les traits distincts. La division du pays en plusieurs états indépendants a longtemps empêché une fusion véritable entre les portions principales de la population. L'Aragonais, le Catalan, le Castillan, l'Andaloux, forment à bien des égards des peuples différents, dont les écrivains étrangers ont souvent confondu les mœurs et le caractère. Les institutions nouvelles, si elles se consolident, auront sans doute pour effet d'effacer toutes ces distinctions, et de composer un caractère national que recommanderont d'éminentes qualités, surtout un noble orgueil, un énergique amour de l'indépendance, qui déja dans ce siècle se sont signalés par une lutte héroïque, où toute la puissance napoléonienne est venue échouer.

Les géographes divisent habituellement l'Espagne en 15 grandes provinces, dont quelques-unes ont titre de royaume; ce sont: la Biscaye, le royaume de Na varre, la Vieille-Castille, la NouvelleCastille, le royaume d'Aragon, la Catalogne, les royaumes de Valence, de Mayorque, de Murcie, de Grenade, l'Andalousie, l'Estrémadure, le royaume de Léon, la principauté des Asturies, qui donne son nom à l'héritier måle de la couronne, et la Galice. Mais c'est là une division surannée qui n'a rien de réel. Sous le rapport administratif et finan

cier, le territoire, non compris les pays basques désolés par la guerre civile et déclarés en état de siége, a été partagé le 30 novembre 1833 en 43 provinces *; sous le rapport militaire, il est divisé en 13 capitaineries générales, et en 5 gouvernements d'une moindre étendue, mais indépendants des capitaineries générales; ces gouvernements généraux sont subdivisés en 83 autres gouvernements subalternes, dont 27 sont dits de la couronne de Castille, 32 de celle d'Aragon, et 14 des Ordres militaires de Santiago, de Calatrava, d'Alcantara et de Montesa, etc., aujourd'hui bien déchus de leur ancienne illustration, mais dont les revenus sont encore considérables. Sous le rapport judiciaire enfin, le pays est partagé en 12 ressorts de cours royales ou tribunaux supérieurs, comprenant 165 siéges de corrégidors (voy.).

Il y a dans le royaume, pour l'instrucction publique 11 universités, dont les plus célèbres sont celles de Salamanque, Compostelle, Valladolid, Tolède, etc.**

(*) Les 43 provinces de la nouvelle création portent toutes les noms de leurs chefs-lieux. On a voulu faire disparaître les anciennes distinctions historiques pour arriver plus facilement à la fusion des intérêts provinciaux en un seul intérêt national et préparer la centralisation des affaires. Il est à regretter que les cartes les plus

récentes et les derniers statisticiens, comme par exemple M. Schubert (Manuel de Statistique générale, t. III, 1836), n'aient pas encore adopté

cette division officielle. A la tête de l'administration des provinces sont placés des fonctionnaires analogues à nos préfets et portant le titre de delegado; elles sont subdivisées en districts (partido) administrés par des subdélégués. Les délégués qui ont pour chef hiérarchique immédiat le et contrôlés dans leurs fonctions par le conseil ministre de l'intérieur (del fomento), sont assistés électif de la deputation provinciale, comme les alcades (voy.) le sont par les municipalités ou ayuntamientos, réorganisés par décret du 23 juillet 1835.

S.

(**) M. Schubert compte 15 universités, dont Salamanque, Valladolid et Alcala de Henarès étaient autrefois qualifiées de mayores, et toutes les autres de menores. Cependant il y en a aujour d'hui 8 complètes, c'est-à-dire réunissant toutes les facultés ; ce sont, suivant l'ordre de leur importance actuelle: Valence, Valladolid, Saragosse,Saint-Jacques de Compostelle, Séville, Gre

nade, Cervera et Salamanque, bien déchue, comme l'on voit, de son ancienne splendeur et livrée aujourd'hui à un sombre esprit monacal. Ces 8 universités réunies étaient fréquentées en 1826 par 7,718 étudiants, dont 958 théologiens seale ment, le clergé étant formé dans les 56 séminaires ou colléges du royaume.

S.

Le peuple est dans l'état actuel privé de | 16,740,000 fr.; département de l'intétoute instruction: aussi la statistique cri- rieur, 2,160,000 fr.; id. de la justice, minelle ne présente dans aucun autre 4,860,000fr.;id.des finances,21,606,000 pays de l'Europe une égale proportion fr.; id. de la guerre, 64,800,000 fr.; id. de crimes contre les personnes. En 1826, de la marine, 11,340,000 fr.; intérêt de on comptait qu'il y avait eu 1,233 meur- la dette étrangère, 56,160,000 fr.; total: tres consommés (ou 1 sur 10,000 ha- 177,666,000 fr. Le déficit est par conbitants), et 1,773 tentatives de meurtre séquent de 15 millions de fr.; il a été bien avec blessures graves (ou 1 sur 7,000 ha- plus considérable encore dans les années bitants). A la même époque, on ne comp- précédentes. L'ensemble de la dette putait pas en Espagne moins de 300,000 va- blique, que grossissent de temps à autre gabonds, mendiants, contrebandiers, de nouveaux emprunts péniblement conetc.: c'est 1 sur 35 habitants. tractés et toujours plus onéreux, est éva– lué à 4 milliards.

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Dans cette situation financière si fàcheuse, l'état militaire reste hors de proportion avec l'étendue du territoire et les besoins actuels de la guerre. L'armée se monte à environ 93,000 hommes, savoir: garde royale, 5,600 hommes; infanterie de ligne, 40,000 hommes; cavalerie, 8,000 hommes; artillerie, 5,500 hommes, milice provinciale, 34,000 hommes. Le matériel consiste en 5,560 bouches à feu. La flotte, jadis si puissante, se compose de 56 bâtiments, dont 26 vaisseaux de ligne ou frégates, la plupart hors d'état de tenir la mer*.

Le gouvernement est une monarchie constitutionnelle, réglée conformément aux principes établis dans l'acte voté par les cortès actuelles, le 8 juin 1837; cet acte, qui a remplacé l'estatuto real depuis que nous avons rédigé l'article CORTÈS, institue un roi qui sanctionne et promulgue les lois, et deux chambres égales en droits pour les délibérer, savoir un sénat et une chambre des députés. Les députés sont élus directement par les citoyens, à raison d'un député par 50,000 habitants. Les sénateurs sont nommés par le roi, sur une liste triple que lui présentent les électeurs. Le sénat ne doit former en nombre que les trois cinquièmes de l'autre cham-et bre. Ces institutions sagement entendues pourraient assurer à l'Espagne cette existence libre et prospère qu'elle appelle de ses vœux, mais malheureusement la continuation de la guerre civile ne leur a permis encore ni de s'asseoir, ni de se développer. Une telle situation ne peut aussi que perpétuer le désordre des finances, qui est la plaie de ce pays. En 1833, les revenus publics se sont composés des sommes suivantes, évaluées dans les budgets espagnols en réaux (le réau équivaut à un peu plus du quart de notre franc): impôt sur la consommation ou rentes provinciales, 35,100,000 fr.; dimes, 10,800,000 francs; douanes et tabacs, 24,300,000 francs; impôt sur le sel, 16,200,000 fr.; timbre, 5,400,000 fr.; impôts sur les maisons, 16,200,000 fr.; taxes diverses, 32,400,000 fr.; sur le fond d'amortissement, 21,600,000 fr.; total, 162,000,000 francs. Les dépenses

ont été comme suit: liste civile et département des affaires étrangères,

On peut consulter sur la géographie la statistique de l'Espagne: Dicciona rio geographico-historico de España, por la real Academia de la Historia, Madrid, 1802, in-4o; don Seb. Miñano, Diccionario geografico e stadistico de España y Portugal, Madrid, 1826 et an. suiv., t. I-VIII, in-4°; comte A. de Laborde, Voyage pittoresque et historique en Espagne, Paris 1807-1815, 4 vol. in-fol., et Itinéraire descriptif de l'Espagne, nouv. édit. Paris, 1827, et suiv., 6 vol. in-8° avec atlas; Moreau de Jonnès, Statistique de l'Espagne, Paris, 1834, un vol. in-8°, travail intéressant auquel nous avons fait de nombreux emprunts pour cette notice.

2° Histoire. L'Espagne fut primitivement habitée par un peuple appelé Ibériens ou Hispaniens, et formé, selon toute

(*) Ajoutons que les principaux ordres du royaume sont la Toison-d'Or, les ordres de Charles III, de Saint-Ferdinand, de Saint-Hermene

gilde, d'Isabelle-la-Catholique, l'ordre de la
Marine, et celui de Marie-Louise pour les da-
mes. Ce dernier, comme la Toison-d'Or, est avant
tout un ordre de cour.
J. H. S.

apparence, du mélange d'anciennes colonies africaines, phéniciennes et gauloises. Devenus maitres de tout le littoral de la Méditerranée, les Carthaginois s'emparèrent de la côte orientale d'Espagne et y formèrent de puissants établissements. A l'époque où commença la grande lutte entre Carthage et Rome, l'Espagne dépendait presque en entier de la première de ces deux républiques célèbres qui était parvenue à faire des tributaires ou des alliés de tous les nombreux peuples anciens habitants de ce pays (voy. Iв- | RIENS, CELTIBÉRIENS, CANTABRES, etc.). Après la bataille de Zama qui décida en faveur des Romains l'issue de la seconde guerre Punique, l'Espagne fut enlevée aux Carthaginois: Rome s'y introduisit et en fit graduellement la conquête; mais ce ne fut pas toutefois sans rencontrer une vive résistance de la part de ces peuples aguerris et jaloux de leur indépendance. Les plus habiles généraux de la république y furent successivement envoyés. Le siége de Numance (voy.), qui dura, quatorze ans, est un des plus beaux faits militaires de l'antiquité.

Lorsqu'éclatèrent les longues et sanglantes dissensions qui préparèrent la chute de la liberté romaine, la Péninsule en devint souvent le théâtre. Sertorius (voy.), qui la gouvernait avec justice, y défendit longtemps la faction de Marius contre les lieutenants de Sylla. Des mains de ce général, la province tomba dans celles de Pompée, qui se vit bientôt obligé de la livrer à César avec le monde entier. Sous l'empire, la Péninsule fut divisée en trois parties principales la Taragonaise au nord, la Bætique au sud, et la Lusitanie (Portugal) à l'ouest. Elle reçut, comme la Gaule, les institutions municipales par lesquelles les Romains surent pendant plusieurs siècles maintenir les peuples sous leur domination. L'Espagne parvint dans cette longue période à un haut degré de prospérité.

Lors de la dissolution de l'empire romain, au commencement du ve siècle, les Vandales, les Suèves et les Alains, après avoir séjourné quelque temps dans la Gaule, franchirent en 405 les Pyrénées et se répandirent dans la Péninsule, où nulle résistance ne pouvait leur être op

Encyclop. d. G. d. M. Tome X.

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posée; les Vandales s'établirent en Bætique, les Suèves en Galice et les Alains en Lusitanie : ces derniers se soumirent peu après aux Vandales. Mais bientôt de nouveaux conquérants suivent la route qui leur a été tracée. Les Visigoths (voy.), après avoir lutté quelque temps dans le midi de la Gaule où ils formaient un vaste état, prennent la résolution de passer en Espagne sous la conduite de leur roi Ataulf (voy.), qui s'empare en 415 de Barcelone; Euric, un de ses successeurs, achève de conquérir, en 472, toutes les parties de la contrée où dominaient encore les Romains. La Péninsule se trouva alors partagée entre deux royaumes, celui des Suèves et celui des Goths; bientôt il n'y en eut plus qu'un seul, le roi Leovigilde ayant mis fin en 584 à la puissance des Suèves en Espagne.

La monarchie des Goths subsista jusqu'au commencement du VIII° siècle; des troubles religieux agitèrent le règne de la plupart de ces princes. Les Goths avaient adopté l'hérésie d'Arius : introduite par eux dans le pays, elle y rencontra une vive opposition de la part des évêques; les rois se prononcèrent tantôt pour, tantôt contre. Parmi ces querelles, le pouvoir s'énerva et passa graduellement aux mains des grands et du clergé; tout se décidait en concile, le trône même était devenu électif. Les Arabes, dont les conquêtes rapides embrassaient alors tout le nord de l'Afrique, songèrent à profiter de l'état d'anarchie et de faiblesse où se trouvait plongée l'Espagne. L'an 711 de J.-C. (92 de l'hégyre), Mousa, lieutenant du khalife Walid, passa en Espagne avec une puissante armée; la bataille de Xérès, où le roi Roderic trouva la mort, mit fin à la monarchie des Goths; la Péninsule entière passa sous le joug des Musulmans. Peu après cette conquête, la première dynastie des khalifes, celle des Omméiades (voy.), ayant été renversée du trône par les Abassides (voy.), unrejeton de la famille déchue nommé Abd-elrahman parvint à se rendre en Espagne où, reconnu khalife à Cordoue en 456, il opéra de la sorte le démembrement du grand empire des Arabes. Le khalifat de Cordoue (voy.) fut lui-même démembré dans le x1° siècle par suite de

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