Sayfadaki görseller
PDF
ePub
[ocr errors]

| divin, donné à leur auteur, était plutôt une justice rendue à son mérite qu'une allusion aux sujets qu'il se plaisait à représenter. Pourquoi faut-il qu'une maigreur, une sécheresse, une pauvreté extrême de nature viennent affaiblir l'intérêt qu'a tant de titres inspirent ses ouvra

Jacques, de la cathédrale de Séville, la Conception de la Vierge, musée du Louvre, par le Roelas de Séville, mort en 1624, qui fut le Tintoret de l'Espagne; la célébration de la Messe, par Juan de Ribalta, mort en 1628, musée du Louvre, ouvrage plein de piété et d'onction, mais d'une vérité de nature bien près de la trivialité; les Noces de Cana, le Jésus au jardin des Oliviers, au Louvre, par Pedro Orrente, mort en 1644, imitateur heureux de Bassan le Vénitien dans les parties matérielles de l'art, et son supérieur de beaucoup dans ce qui touche la noblesse des pensées et leur expression; la Cène, célèbre à plus d'un titre, de Luis de Tristan, mort en 1640, élève de Dominico Theotocopouli, dit Greco ; le non moins célèbre Jugement dernier

vant leurs ouvrages, le spectateur jouitil de ce qu'il voit sans rien désirer de plus, sans être même tenté de leur reprocher les defauts qui les déparent. Tels sont, parmi les tableaux depuis longtemps counus et parmi ceux qui vont le devenir par l'exposition récente au Louvre de la collection réunie en Espagne par M. Tay-ges! Nous mentionnerons ensuite le Saint lor, sur l'ordre et avec les deniers du roi des Français, le Jésus portant sa croix et la Descente de croix par Campagna, conservés l'un dans la famille Acquaviva à Rome, l'autre chez le banquier Aguado, à Paris, tableaux merveilleux parla finesse de l'exécution, la vigueur et la largeur de l'effet, comme par l'énergie avec laquelle sont rendues les deux scènes de douleur et de résignation qu'ils représentent; puis la Descente de croix, dans l'hôpital de Las Bubas à Séville, le Saint Michel terrassant le diable en présence de la sainte Vierge et de plusieurs personnages en adoration, musée du Louvré, par le correct et noble Luis de Vargas. Tels sont ensuite les six tableaux de l'Histoire de saint Étienne, au palais de Madrid, celui de la Cène, qu'on a vu à Paris chez le restaurateur de tableaux Bonne-peint pour l'église de Saint-Bernard de Sémaison, par ce Vincent dit Juan de Joanes, qui fut le chef de l'école de Valence: ces ouvrages attestent que leur auteur était bon dessinateur, qu'il possédait la science des raccourcis et drapait largement, qualités rares alors chèz ses compatriotes. Tel est encore lè tableau des Saints Juste et Pasteur que Alphonse Sanchez Coello termina en 1583, sept ans avant de mourir, et dans lequel il a représenté une vue délicieuse d'Alcala de Henarès, ouvrage digné de la réputation de celui que Philippe II appelait son très aimé, et dont la fortune fut telle qu'il pouvait rivaliser de luxe avec son souverain ; puis le Jésus portant sa croix, musée du Louvre; le Jésus couronné d'épines, retiré du Louvre en 1814; une Voie de douleur que Philippe II fit mettre chez les hiéronymites de Madrid, et le Christ pleuré par les saintes femmes, de la collection Soult, par Morales, mort en 1586, qui sont des chefs-d'œuvre de sentiment, d'expression, de finesse d'exécution, et pourraient donner à penser que le surnom de

ville par le fougueux Fr. Herrera-le-Vieux, premier maître de Velasquez, et mort en 1656 on voit de lui au Louvre, entre autres ouvrages remarquables, une Voie de douleur, le Miracle des cailles au désert, et un très beau paysage enrichi de fabriqués. N'oublions pas cette Assomption, si simple de composition, si gracieuse, si brillante de coloris, ces trois Adora tions des bergers; ce Martyre de saint Barthélemy, cet Hercule assómmant un Centaure, nouvellement acquis au musée du Louvre, qui donnent la mesure du talent, de l'originalité, de l'énergie pittoresque qui distinguent J. Ribera; enfin cette Mort de saint Joseph, galerie de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg; une Mère priant son saint patron de demander à Dieu qu'il lui rende le fils dont elle déplore la mort prématurée, galerie de Darmstadt; l'Adoration des Bergers, au Louvre; le Porteur d'eau de Séville, chef-d'œuvre de vérité; une Adoration des rois, exécutée dans la première manière du maître; un Saint Paul ermite, visité par saint Antoine abbé ( le musée

du Louvre possède l'esquisse de ce tableau célèbre); Apollon instruisant Vulcain des amours de Mars et de Vénus, et cent autres tableaux de Velasquez de Silva (voy. VELASQUEZ), conservés à l'Escurial et au Pardo, qui sont des témoignages de la supériorité irréfragable de ce maître sur ses compatriotes de tous les âges, et l'ont fait nommer le coryphée de l'école nationale et de celle de Madrid en particulier. En effet, aucun artiste espagnol n'a possédé à un plus haut degré les parties élevées et essentielles de l'art; Luca Giordano voyait en lui la théologie de la peinture.

Alors les arts, en Espagne, et principalement la peinture, étaient à leur apogée; mais à la mort de Philippe IV, en 1665, ils périclitèrent, comme ils avaient fait à la fin du xvie et au commencement du xviie siècle; ils faillirent même s'éclipser entièrement. Il était réservé à Philippe V de leur tendre une main secourable. Dès que ce petit-fils de Louis XIV se sentit affermi sur son trône, on le vit mettre à profit les grandes leçons qu'il avait puisées à la cour de son aïeul, en faisant venir de France et d'Italie des peintres et des sculpteurs pour orner le palais de Saint-Ildefonse, élevé par ses soins à l'imitation de celui de Versailles, en envoyant de jeunes peintres étudier les arts en Italie, en réunissant à grands frais des tableaux de maîtres, et en acquérant la précieuse collection d'antiquités de la reine Christine de Suède. L'effet de ces soins généreux fut de répandre le goût des arts, de les mettre en honneur, de leur créer des protecteurs parmi les nobles de sa cour, et de faire fleurir trois génies qui rendirent à la peinture sa splendeur passée : Alonzo Cano, de Séville, mort en 1667, qu'on a comparé, non sans raison, à Michel-Ange, comme peintre, sculpteur et architecte, et dont le Musée royal du Pardo, près de Madrid, possède deux chefs-d'œuvre: saint Germain de Rodillas entendant la trompette du jugement dernier, le Christ mort soutenu par un ange, et le Musée du Louvre une Descente de croix, outre onze autres tableaux parmi lesquels est le portrait du célèbre Calderon de la Barca; François Zurbaran, mort en

1662, le peintre des expressions sombres et réfléchies, des exaltations mystiques, que son Apothéose de saint Thomas d'Aquin, exposée au Louvre en 1815, a fait connaître en France, et dont le saint François en extase, et près de 80 autres tableaux, exposés aujourd'hui dans le même palais, justifient la grande réputation; enfin Murillo, mort en 1682, l'étoile fixe de l'école de Séville, l'élève et l'ami de Velasquez, celui des peintres de sa nation, qui marche immédiatement après l'illustre ami et imitateur de Rubens et qui peut lui être comparé pour la belle entente du clair-obscur et du coloris, la facilité et la grâce du pinceau, la naïveté et le charme de l'expression. Son Adoration des bergers, les deux tableaux retraçant l'origine de Sainte-Marie-Majeure, à Rome, sa Sainte Élisabeth de Hongrie soulageant les pauvres, que le Louvre possédait en 1815, son mystère de la Conception de la Vierge, son Jésus au jardin des Oliviers, son Père éternel contemplant l'enfant Jésus, son Jeune mendiant, restés dans ce Musée; enfin les 40 tableaux de sa main dont on a entouré son portrait, peint par lui-même, dans la nouvelle Galerie espagnole qu'on y a jointe, tableaux parmi lesquels il faut citer le Christ et saint Jean aux bords du Jourdain, l'Enfant prodigue, la Reine des anges, la Vierge à la ceinture, Saint Rodriguez, Saint Bonaventure écrivant ses mémoires, absoudront du reproche d'exagération les critiques qui l'ont placé sur la même ligne que Van Dyck*.

Les élèves immédiats de ces grands peintres soutinrent faiblement l'école qu'ils avaient régénérée. Claude Coello, de Madrid, mort en 1693 du chagrin d'avoir vu Luca Giordano, appelé d'Italie pour peindre les voûtes de l'Escurial, achever de perdre l'art par une facilité plus séduisante que savante, fut néanmoins un peintre de premier ordre, comme on en peut juger par son tableau de l'Eucharistie, dans la sacristie de l'Escurial, et son Apparition de l'enfant Jésus à saint François, galerie du Louvre, ouvrages où l'on reconnaît une ten

(*) Voy. ces articles de tous ces peintres qu'on vient de passer rapidement en revue.

S.

dance marquée vers les doctrines pittores- | tels que Catalogo de los cuadros que ques du Titien, de Rubens et de Van Dyck. existen colocados en el real Museo de Le premier rappelle A. Cano pour le des- pinturas del Pardo, Madrid, 1824; Nosin, Murillo pour la couleur, Velasquez tizia de los cuadros que se hallan collopour l'effet. Mais cet ouvrage magnifique cados en la galeria del Museo del Rey, est peut-être le dernier fleuron de la sito en el Pardo de esta corte, Madrid, couronne artistique de l'Espagne, car, de- 1828, etc.; puis à la Coleccion lithograpuis, la peinture a constamment été en fica de cuadros del Rey de España el décadence. En vain Ferdinand VI éta- señor don Fernando VII, que se conblit-il à Madrid cette Académie de pein- servan en sus reales palacios, Museo y ture, sculpture et architecture, projetée Academia de San-Fernando, con inclupar son père Philippe V, sur le modèle sion de los del real monasterio del Escude celle de Paris; en vain Charles III, son rial; obra dedicada a S. M., y litografiasuccesseur, érigea-t-il en Académie royale da por habiles artistas, bajo la direccion celle qui avait été fondée à Valence en de don José Mussoy Valiente, Madrid, 1752 par des particuliers, et confia-t-il au 1826; à l'ouvrage El Real Museo, de don savant Preziado la direction des études Mariano Lopez Aguado, Madrid, 1835; des élèves qu'il envoyait à Rome; en au Viage artistico à varios pueblos de vain appela-t-il à sa cour Raphaël Mengs, España, con el judicio de las obras de dans l'espoir que la vue des nombreux las tres nobles artes que en ellos existen ouvrages qu'il lui confierait exciterait y epocas à que pertinecen, Madrid, une salutaire influence sur le goût de ses 1804; enfin au chapitre que M. Viardot sujets: tant d'efforts furent inutiles, au- a consacré au musée de Madrid dans ses cun peintre vraiment capable ne signala Études sur l'histoire des institutions de cette époque funeste. Le roi Charles IV la littérature, du théatre et des beauxétait trop peu porté aux grandes entre- arts en Espagne, Paris, 1835. Quant à prises; l'art était trop pour lui une mar- la belle collection Hope, de l'Ermitage chandise pour qu'il pût le tirer de sa de Saint-Pétersbourg, on trouvera sur langueur. Néanmoins l'école moderne elle quelques renseignements dans la node la Péninsule n'est pas entièrement tice et dans l'ouvrage qui ont été indiqués dénuée de sujets dignes d'estime : Fr. au mot ERMITAGE. S. Goya, peintre de Charles III en 1780, dont le Louvre contient plusieurs ouvrages; Jos. Madrazo, Mariano Sanchez, Bartholomeo Montalvo, enfin Jos. Aparicio, élève de David, à Paris, et de l'académie d'Espagne à Rome, et dont le salon de 1806 au Louvre nous a offert un épisode de l'épidémie d'Espagne en 1804 et 1805, tableau plein de sentiment et de science pittoresque, sont des artistes qui ont contribué par leurs ouvrages à rétablir l'honneur et la gloire de l'école espagnole. L. C. S.

[ocr errors]

ESPAGNOLES (langue et littÉRATURE). 1o Langue. Le latin, cette noble langue-mère qui fut universellement parlée pendant quatre siècles des rives de l'Euphrate au détroit de Gibraltar, a laissé, en se retirant parmi les langues mortes, trois beaux rejetons : l'italien, le français, l'espagnol, tous trois d'une filiation facile à reconnaître quoique chargés de boutures étrangères. Ainsi, pour ne parler que de la langue espagnole, au moment où les formes latines telles qu'elles avaient été consacrées par les auteurs de la cour d'Auguste commencent à s'altérer et marchent vers une décadence qui n'est au fond qu'une transformation, le torrent des peuples germaniques se précipite sur la Péninsule : après les Alains, les Vandales, les Suèves, dont les deux premiers ne font que passer, dont le dernier se contente d'un coin de la terre qu'il a envahie, les Visigoths arrivent et

Il est à désirer qu'un savant connaisseur réunisse bientôt, dans une description générale, tous les tableaux de l'école espagnole que possède Paris, c'est-à-dire ceux du Musée, ceux de la nouvelle Galerie Louis-Philippe, ceux du maréchal Soult, de M. Aguado, etc. Pour ceux, en plus grand nombre et surtout plus célèbres qui sont restés en Espagne, nous renvoyons les lecteurs aux livrets des musées royaux, fondent un empire qui va durer trois

siècles. L'élément germanique, ainsi établi | encore que de lointaines espérances. Il dans cette terre méridionale, y exercera s'est divisé en trois idiomes : le castillan, une action puissante dont les traces ne le galicien et le catalan; c'est dans celuis'effaceront point; il contribuera à la for- ci surtout qu'on trouve de l'analogie avec mation de la nouvelle langue vulgaire le limousin et avec le provençal. Les deux qui servira de lien encore imparfait entre autres conservent une physionomie plus les vainqueurs et les vaincus; il y intro- distante. Le catalan, grâce à ses rapports duira quelques traits d'une physionomie presque identiques avec la langue des tudesque, à côté des traits toujours do- troubadours, fait de plus rapides progrès; minants du latin. Mais à peine les hor- mais, par une conséquence nécessaire des du Nord ont-elles eu le temps de aussi, il ne tarde pas à déchoir; l'éclat s'asseoir et de commencer le travail de dont il a brillé un moment n'était qu'un leur civilisation, qu'une autre multitude reflet de l'éclat plus vif de cette poésie accourue du côté du Midi leur enlève leur qui enchantait alors les cours d'Aix et conquête et les refoule au pied des Py- de Toulouse, et l'un et l'autre ont dů rénées. Celle-ci, à la langue déjà harmo- pâlir et s'éteindre ensemble. Au contraire nieuse et élégante, aux mœurs déjà po- | le galicien et le castillan sont restés émilies, semble d'abord exercer une influence nemment nationaux ; tous deux, en s'életoute-puissante; tous les chrétiens qui ont vant à la poésie, ont tiré leurs accents des accepté le joug arabe oublient le latin émotions, des espérances, de la vie même corrompu qu'ils parlaient auparavant, à des peuples au sein desquels ils se sont tel point que, d'après le témoignage d'un développés; ils ont grandi au milieu de la évêque du 1x siècle*, sur mille chrétiens lutte incessante des chrétiens contre les espagnols il s'en trouvait alors à peine un Maures, et tous les accidents de cette seul capable de comprendre le latin de lutte, les chants de triomphe, les cris la messe, tandis qu'un grand nombre douloureux de lá défaite, le cliquetis des d'entre eux s'exprimaient élégamment arraes, les sanglots des mourants, y ont en arabe. Cependant les chrétiens, un trouvé un écho retentissant et fidèle. Le moment oubliés dans les montagnes des castillan est devenu la langue de Léon, Asturies, en sortent pour reprendre pied quand ce royaume s'est absorbé dans la à pied la terre qui leur a été ravie. La Castille; et dès lors il a régné sans rival au langue vulgaire, le romanzo, suit les centre de la Péninsule. Le galicien s'est mênes destinées que le peuple qui la étendu le long des côtes de l'Atlantique parle d'abord méprisée et considérée avec les armes victorieuses qui fondaient plutôt comme un patois que comme un le royaume de Portugal, et il est devenu, idiome, elle acquiert peu à peu un dé- lai aussi, une langue indépendante qui veloppement considérable; on remarque doit, sous le nom de portugais (voy.), alors une forte ressemblance entre ce parvenir à de brillantes destinées. Nous romanzo et celui qui se parle en France n'avons point à nous en occuper: notre le long des côtes de la Méditerranée, et tâche se borne à parler de cette langue aussi avec celui qui a succédé dans l'Ita- | castillane qui a réuni sous les lois d'une lie elle-même à la langue de Virgile. seule grammaire tous les dialectes de Seulement, tandis que du x11° au XII l'Espagne, à l'exception du dialecte ocsiècle le romanzo du midi de la France cidental, de même que les rois castillans et celui de l'Italie ont acquis un haut de- ont étendu leur sceptre sur Léon, sur Togré de perfection, que le premier, sous le fède, sur Valence, sur Grenade, sur nom de provençal, est devenu la langue toutes les villes couronnées de l'Espagne, favorite des poètes et des princes, que sur toutes, sauf celle qui siége à l'embouDante va bientôt employer l'autre à con-chure du Tage et qui vit jadis la flotte de struire la magnifique épopée des doctrines catholiques, le romanzo des Espagnes, bien plus lent dans sa marche, ne donne

e

[blocks in formation]

|

Vasco de Gama déployer ses voiles pour aller découvrir le monde oriental.

Des trois dialectes bien distincts sortis

de la langue vulgaire parlée sous la domination des Visigoths, le castillan est celui

[ocr errors]

qu'ils l'ont changé contre le son de l's ou du z. D'un autre côté, il paraîtra peut-être bizarre que la prononciation germanique, répandue avec le torrent des Barbares victorieux sur toute la surface de l'Europe centrale et méridionale, n'ait laissé cette trace marquée de son influence que dans une des contrées où elle a dû le moins

gnées de son point de départ, et que l'on sait d'ailleurs qu'entre tous ces conquérants de l'empire romain les Visigoths, comme leurs frères les Ostrogoths, se montrèrent constamment enclins à prendre les mœurs, les habitudes, le langage des vaincus plutôt qu'à leur imposer les leurs. Ces considérations,jointes au séjour si long que les Arabes firent dans la Péninsule, à cette conquête bien autrement enracinée que celle des Visigoths, au degré tout autre de civilisation auquel ils étaient parvenus lorsqu'ils l'accomplirent, enfin à la part éclatante et incontestable que leur littérature a eue dans la formation de la littérature castillane, tandis qu'on n'y retrouve aucun air de famille avec le génie des peuples germaniques, nous porteraient à penser que l'opinion qui fait dériver de leur prononciation l'un des caractères les plus frappants de la prononciation castillane reste toujours la plus vraisemblable*.

qui a conservé dans un grand nombre de mots le plus de traces de l'influence germanique. Plus tard, nul doute que le contact continuel avec les Arabes, tantôt sur les champs de bataille, tantôt durant les courts intervalles de paix, dans les fêtes que les cours chrétiennes et mauresques célébraient à l'envi, nul doute aussi que la réunion successive à la cou-agir, puisqu'elle était une des plus éloironne de Castille de tous ces royaumes maures pleins de chrétiens qui s'étaient si bien accoutumés au langage de leurs conquérants, n'aient mêlé au castillan une foule de mots et de locutions arabes. Nous pouvons donc nous représenter cette langue comme ayant le latin pour base constitutive et primordiale, et pour éléments qui ont concouru d'une manière secondaire à sa formation, le visigoth et l'arabe. Quant à l'idiome antique qu'on parlait dans la Péninsule avant l'invasion romaine, il ne paraît pas qu'il en subsiste des traces sensibles dans le castillan, non plus que dans aucun des autres dialectes qui ont succédé à la dénomination de la langue latine (voy. IBÈRES). Si, comme il y a apparence, cet idiome est le même que celui des peuples basques (voy.), on peut assurer qu'il n'existe aucune analogie entre lui et l'espagnol.Il s'agirait maintenant d'examiner lequel, de l'arabe ou du visigoth, a fourni de vastes emprunts à la langue castillane. Ici se présente tout de suite une question assez difficile à résoudre: d'où vient dans le castillan cette aspiration gutturale qui forme l'un des caractères les plus frap-à-fait national. Il ne faut jamais perdre pants de sa prononciation? L'opinion la plus ancienne et la plus générale l'attribue à l'influence de l'arabe, dans lequel cette aspiration se retrouve; des auteurs récents ont crucependant pouvoir le faire dériver du visigoth qui, selon eux, se serait maintenu plus intact dans les montagnes de la Castille que dans les autres parties de l'Espagne : l'aspiration gutturale existant dans les langues germaniques aussi bien que dans l'arabe rendrait cette supposition admissible. Une chose remarquable, c'est que les Portugais, qui n'ont pas eu moins de rapports que les Castillans avec les Arabes, n'ont point adopté le son guttural dans les mots qu'ils ont empruntés à ceux-ci, mais

Nous avons remarqué que le développement de la langue castillane, plus lent que celui de la plupart des idiomes de famille romane, eut un caractère tout

de vue cette vérité en étudiant la langue et la littérature espagnoles : ce n'est pas dans les palais des grands, au milieu du luxe et de l'oisiveté des cours que cette langue a pris forme, a revêtu ses prémiers ornements, que cette poésie à déroulé ses premières images et ses premières inspirations; c'est sur les champs de bataille. Ce n'est pas dans l'esprit de quelques écrivains d'élite qu'elles ont été élaborées et façonnées c'est du

(*) Ce caractère a pu aussi étre le produit du sol même de l'Espagne. On sait que Cicéron, dans son ouvrage de Divinatione, parle de la langue des Ibères comme d'un idiome dur à l'oreille ainsi qu'au gosier; et Martial, Espagnol de naissance, n'en donne pas une idée plus avantageuse.

S.

« ÖncekiDevam »