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sur la prononciation des mots. P. G-Y EULENSPIEGEL (TYLL), personnage probablement fictif, dont les aventures et les malices sont racontées dans un roman devenu populaire, surtout en Allemagne et en Suisse. On suppose

ou au commencement du XIVe siècle, au village de Kneitlingen, dans le pays de Wolfenbuttel, et qu'après maintes aventures, voyages et tribulations, il mourut vers 1350 dans la petite ville de Mollen, dans le nord de l'Allemagne, où l'on a vu longtemps une pierre sépulcrale sur laquelle étaient sculptés un miroir et un hibou, allusion aux deux mots allemands dont se compose le nom d'Eulenspiegel. Il y a des savants qui ont supposé que ce nom d'Eulenspiegel n'est que celui de l'Espiègle germanisé. Lucas de Leyde a représenté ce personnage sous le nom français dans une gravure dont il ne parait plus exister que 5 exemplaires, tous conservés en France et dont 3 sont à Paris. On ne sait dans quelle langue ont été écrites primitivement ses aventures. On cite une édition de 1483 en plat-allemand, mais on n'en connait pas d'exemplaires : si elle existait, elle servirait à prouver que Thomas Murner, à qui l'on a attribué ce roman, n'en est pas l'auteur; peut-être Murner n'en est-il que le traducteur. La plus ancienne édition dont l'existence soit certaine est celle de Strasbourg, 1519, in-4°: Von Dil Eulenspiegel; elle est en allemand. Il en parut d'autres à Augsbourg en 1540, in-4°, et à Strasbourg en 1543. Quand la réforme religieuse eut divisé l'Allemagne en deux sectes, chacune d'elles

verte, dit qu'il y avait 9 tables d'airain, Cet auteur croit qu'elles contenaient les ordonnances des rois; il dit qu'au moment où il écrit il s'était écoulé 133 ans depuis que deux d'entre elles avaient été transférées à Venise dans le palais du doge, d'où elles devaient être rap-qu'Eulenspiegel naquit à la fin du x111 portées après avoir été livrées à l'examen des savants; mais, ajoute-t-il, elles n'ont jamais été rendues. Les tables Eugubines furent vendues en 1453 à la ville de Gubbio pour laquelle stipulèrent ses magistrats; on céda pour ce précieux monument Gabellam montium et pascuorum communis dictæ civitatis Eugubinæ. Dans l'acte, il est formellement dit qu'il y a sept tables, ce qui a fait douter beaucoup de l'assertion qui veut qu'il en ait été envoyé deux à Venise. Mais le contrat est-il authentique? On pourrait peut-être contester le fait en présence d'un prix si élevé pour des inscriptions qu'on ne pouvait lire. Quelques auteurs, entre autres Gruter et Mérula, disent qu'il y avait huit tables. On en conserve des imitations à Rome et à Cortone. Le texte a exercé beaucoup de savants; enfin Bourguet s'aperçut qu'une des tables étrusques répondait aux deux qui sont tracées en caractères latins (Lettre à M. le marquis Scipion Maffei sur deux prétendues inscriptions étrusques): il crut y reconnaître les lamentations des Pélasges sur les calamités qui les atteignirent deux générations avant la guerre de Troie, opinion qui a été fortement contredite, et qui d'ailleurs n'est pas soutenable. M. Lepsius a publié, en 1833, une excellente dissertation dans laquelle il établit que les caractères des tables Eugubines sont postérieurs au 111° siècle de Rome, et ne peuvent avoir été écrits que vers la fin du iv, du moins en ce qui concerne les inscriptions en langue ombrienne. Les inscriptions latines, au contraire, lui paraissent postérieures à celle du monument de L. Cornélius Scipion, et par conséquent du vi siècle. M. Lepsius démontre aussi que l'ordre en a été interverti par les savants qui s'en sont occupés; enfin, par la comparaison des caractères et se fondant sur le peu qu'on sait des langues italiques, il établit quelques hypothèses ingénieuses

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eut

son Eulenspiegel particulier. On traduisit bientôt les aventures d'Eulenspiegel en vers latins, sous le titre de Ulularum speculum, aliás triumphushumanæ stultitiæ vel Tylus Saxo, Utrecht, 1558 et 1563, in-8°; puis en prose: Noctuæ speculum, complectens omnes res memorabiles variasque et admirabiles Tyli Saxonici.... ab Ægid. Periandro, Francfort, 1567, in-8°. Des traductions françaises furent imprimées à Lyon, 1559, in-16; à Orléans, 1571, in-12; à Anvers, 1579, in-8°. On n'en connaît pas du XVIIe siècle; mais au commence

ment du XVIIIe parut Tiel Wliespiegel, de sa vie, de ses faits et merveilleuses finesses par lui faites, et dès grandes fortunes qu'il a eues, lequel par les fallaces ne se laisse tromper, trad. du ilamand, Rouen, 1701, in-8°. Depuis, on a souvent réimprimé, parmi les livres de la bibliothèque bleue, la Vie de Tiel Vlespiegle, Troyes et Paris, in-8°, sans date. Sous cette forme on le réimprima fréquemment en Allemagne, par exemple Der wieder erstandene Eulenspiegel, Cologne et Nuremberg, sans date. Dans ce pays, on lui a fait aussi l'honneur de plus belles éditions: Leben und Meinungen des Till Eulenspiegels, Breslau, 1779, 2 vol. avec fig.; Leben und sonderbare Thaten Till Eulenspiegels, Prague et Vienne, 1795, in-8°. Enfin on en a fait des imitations: en 1671 on publia à Dortrecht un Ræmsch Ulenspiegl, satire contre les catholiques, et en 1738 un Allemand fit paraître l'Eulenspiegel français. M. Gærres, auteur d'un ouvrage sur les romans populaires, présume que les aventures du prétendu Eulenspiegel furent inventées successivement et passèrent ainsi de bouche en bouche, jusqu'à ce qu'enfin quelqu'un s'avisât de les mettre par écrit. Les plaisanteries et les farces sont grossières; cependant quelquefois le comique des aventures est d'assez bon aloi. Un pareil livre, sur un héros sorti des rangs du peuple et agissant comme le peuple, devait plaire à la multitude, qui en était peut-être l'auteur sans s'en douter. Eulenspiegel, ajoute M. Goerres, demeura le bouffon du peuple quand les princes eurent aboli les fous de la cour. D-G.

EULER (LÉONARD), l'un des plus grands géomètres des temps modernes, naquit à Bâle le 15 avril 1707. Son père, ministre protestant, après l'avoir initié lui-même aux premiers éléments des mathématiques, le plaça dans l'université de Bâle, où le jeune Euler suivit avec assiduité les cours de Jean Bernoulli (voy.). Dès ce moment il fut géomètre. En vain sa famille s'efforça de tromper sa vocation en le jetant tour à tour dans la carrière de la théologie et dans celle de la jurisprudence: un penchant irrésistible le ramena constamment à ses premières

études. De rapides progrès furent le prix de cette heureuse persévérance. A 19 ans, il obtint un accessit dans un concours public dont le sujet était la détermination du meilleur système de mâture pour les vaisseaux. Quelques années après ce succès, reçu membre de l'Académie de Saint| Pétersbourg sur la recommandation de Daniel et de Nicolas Bernoulli, dont il avait conquis l'estime et l'amitié, il publia dans le recueil des Actes de cette société savante une série de mémoires qui fondèrent sa réputation sur une base aussi large que durable.En 1741, le grand Frédéric l'appela à Berlin, et l'Académie prussienne le choisit pour un de ses associés libres. Cette distinction n'était que le prélude de nouveaux triomphes: elle parut redoubler l'activité de son génie, et dix prix successivement obtenus dans les concours ouverts par l'Académie des Sciences de Paris lui méritèrent l'honneur de figurer parmi les membres de ce corps illustre. Enfin, comme si toutes les institutions savantes se fussent donné le mot pour mettre le comble à sa gloire, il reçut une partie de la récompense que le gouvernement anglais et la Société royale de Londres avaient destinée à la solution du problème des longitudes.

La vie d'Euler fut douce et paisible. Marié deux fois, il devint père de treize enfants et trouva le bonheur dans l'intimité des affections de famille. A l'âge de 59 ans, frappé d'une cécité incurable, il ne perdit rien de son ardeur pour l'étude et continua ses travaux jusqu'à la fin de ses jours, qu'une mort subite termina le 7 septembre 1783. Une humeur toujours égale, une gaité charmante qui parfois dégénérait en malignité, l'amour de la solitude, des mœurs simples et pures, tels étaient les principaux traits du caractère de ce grand homme.

Émule et successeur de Daniel Bernoulli, rival de d'Alembert, dont il méconnut souvent les généreux procédés, il continua l'école de Leibnitz et en soutint l'éclat par l'importance et la multitude de ses découvertes. L'algèbre et l'analyse transcendante sont peut-être les deux branches de la science mathématique qui doivent le plus à ses recherches: il étendit la théorie des suites, créa le

3 vol. in-4°. Voir Condorcet, Éloge d'Euler et un autre Éloge, par N. Fass, Pétersb., 1783, in-4°.

Les fils de ce géomètre marchèrent sur

ses traces.

JEAN - ALBERT Euler, l'aîné de ces fils, né à Saint-Pétersbourg le 27 novembre 1734, fut aussi un géomètre distingué, sans égaler toutefois le génie de son père. On lui doit une foule de mémoires répandus dans les collections de plusieurs académies d'Europe. En 1761, il partagea avec Bossut (voy.) le prix proposé par l'Académie des Sciences de Paris à l'auteur qui indiquerait la meilleure manière de lester et d'arrimer les vaisseaux. L'année suivante, il concourut avec Clairaut (voy.) et fut couronné comme lui pour un savant mémoire sur la théorie des comètes. Dès l'âge de 20 ans, il fut membre de l'Académie de Berlin; puis successivement secrétaire, inspecteur de l'académie militaire, conseiller de cour au service de Russie, conseiller d'état, etc., il mourut comblé d'honneurs à Saint-Pétersbourg, le 6 septembre 1800.

calcul des fonctions circulaires, répandit de nouvelles lumières sur l'analyse indéterminée, la théorie des nombres, et perfectionna, concurremment avec d'Alembert, le calcul intégral aux différentielles partielles. Mais ses travaux ne se bornèrent pas à la spéculation: il sut les diri- | ger vers un but d'utilité positive et réelle. Grâce à ses efforts, secondés plus tard par ceux des Lagrange et des Poisson, la mécanique, éclairée par le flambeau de l'analyse, repose aujourd'hui sur les principes les plus rigoureux, et le génie maritime lui saura toujours gré d'avoir appliqué le premier les mathématiques à la construction et à la manœuvre des vaisseaux. Physicien, il acquit un nouveau titre à la reconnaissance des arts en contribuant à l'invention des lunettes achromatiques; philosophe, il se distingua par une tendance marquée vers les idées religieuses: il chercha à démontrer en forme l'immatérialité de l'âme, et défendit la révélation contre les attaques des esprits forts. Jamais écrivain ne fut plus laborieux ni plus fécond : le nombre de ses écrits s'élève à plus de 400, et cependant cette prodigieuse abondance n'a rien de stérile, rien ou presque rien que la critique la plus sévère voulût en retrancher. Fuss, le père, a dressé un catalogue des ouvrages d'Euler, qu'on trouve à la fin du 2e volume des Institutions de calcul différentiel publiées par ce grand géomètre. Parmi les productions qui ont fait le plus d'honneur à son génie, il suffira de citer les suivantes: Mechanica analytica, Pétersbourg, 1736, 6 vol. in-4°; Methodus inveniendi lineas curvas, Lausanne, 1744, in-4°; Theoria motús planetarum et cometarum, Berlin, 1744, in-4°; Scientia navalis, Pétersbourg, 1749, 2 vol. in-4o; Institutiones calculi differentialis, 1755, 2 vol. in-4°; nouv. éd. Pétersb., 1804; Instit. calculi integralis, Pétersbourg, 1770, 3 vol. in -4°; Lettres à une princesse d'Allemagne (la princesse d'AnhaltDessau) sur quelques sujets de physique et de philosophie, Pétersbourg, 1772, 3 vol. in-8°, ouvrage qu'Euler écrivit en français. Le style en est généralement incorrect et la métaphysique surannée. Dioptrica, Pétersbourg, 1771,

CHARLES Euler, deuxième fils de Léonard, né à Saint-Pétersbourg en 1740, s'adonna à l'étude de la médecine et de l'histoire naturelle. Médecin de l'empereur et membre de l'Académie impériale des Sciences, il remporta en 1760 le prix proposé par l'Académie de Paris sur la question de savoir si le mouvement moyen des planètes conserve toujours la même vitesse, ou si, par la succession des temps, il ne subit pas quelque modification.

CHRISTOPHE Euler, le troisième fils, né à Berlin en 1743, étudia les mathématiques, qu'il appliqua spécialement au génie militaire. Promu par Catherine II au grade de major d'artillerie, il fut envoyé par l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg pour observer le passage de Vénus sur le soleil, en 1769. Sa vie ne présente aucun fait qui puisse intéresser l'histoire des sciences. EM. D.

EULOGIES (du grec ɛvλoyéw, je bénis), choses bénites, bénédictions.

Dans la primitive Église, tous ceux qui assistaient à la célébration de la liturgie participaient à l'hostie immolée;

les absents la recevaient par le ministère | et les côtes du Pont-Euxin jusqu'à Trades diacres sous le nom d'eulogies. Cet pezus, contrées où les armes macédousage servait à maintenir l'union entre les niennes n'avaient pas encore pénétré. évêques qui s'envoyaient souvent l'eulo- Eumènes, vainqueur d'Ariarathe, acheva gie. Quand la piété eut diminué parmi la conquête des deux premières avec l'aples chrétiens, on se contenta de bénir du pui de Perdiccas et malgré l'opposition pain pour ceux qui ne communiaient d'Antigone. pas. Alors les eulogies n'étaient plus l'eucharistie (voy.) comme dans les premiers temps, mais seulement du pain bénit, suivant la prescription du concile de Laodicée, tenu vers le milieu du ive siècle. Dans l'Église grecque, après qu'on a séparé ce qu'il faut de pain pour le sacrifice, tout le reste est coupé en petits morceaux distribués aux assistants ou envoyés aux absents sous le nom d'eulogies. Chaque fidèle reçoit avec respect ce morceau de pain bénit, comme un mémorial de l'eucharistie. Voy. ANTIDORON. Au 1x siècle, le pape Léon IV, le concile de Nantes et plusieurs évêques renouvelèrent le canon du concile de Laodicée.

Nous voyons dans les Acta sanctorum des Bollandistes, dans le Père Gretser et dans les Siècles bénédictins de dom Mabillon, qu'on ne bornait pas le nom d'eulogies au pain bénit, qu'on l'étendait à tout autre objet que l'on se donnait en signe de paix et d'amitié, que cet objet fût consacré ou non par la prière. Cette dénomination s'étendit aussi aux choses offertes à l'Église. J. L. EUMÈNES, né de parents obscurs à Cardie, dans la Chersonèse de Thrace, fut d'abord secrétaire intime de Philippe, roi de Macédoine et père d'Alexandre-le-Grand, puis de ce dernier qu'il suivit en Asie (335 av. J.-C.). Aussi vaillant sur les champs de bataille qu'habile dans les conseils, il mérita et obtint le commandement de l'un des deux corps appelés hétères. Pour récompenser ses services, Alexandre lui fit épouser la sœur de sa femme Barsine, fille de Darius.

Dans le premier partage des états du conquérant de l'Asie (323 av. J.-C.), Eumènes * eut la Cappadoce, la Paphlagonie

(*) Il avait rendu des services importants aux grands de Macédoine qui se disputaient la succession d'Alexandre sans pouvoir compter sur J'appui de l'armée. Voir Flathe, Geschichte Maredoniens, t. I, p. 443-44.

S.

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Au milieu des troubles qui suivirent la mort d'Alexandre, Eumènes resta fidèle à la cause des enfants de ce prince. Pendant la guerre que Perdiccas, administrateur de l'empire, fit aux chefs ligués contre lui, Eumènes, qui n'avait pu empêcher qu'Antipater et Craterus ne franchissent l'Hellespont, les vainquit dans un grand combat*, et tua de sa main Néoptolème. Cratère fut aussi blessé mortellement dans cette bataille. Eumènes eut ensuite à combattre Antigone à Orcinium, en Cappadoce (320' av. J.-C.), mais trahi par Apollonide, chef de sa cavalerie, il fut défait. Avec 500 hommes dévoués, il se sauva à Nora, forteresse entre la Cappadoce et la Lycaonie, et sut pendant un an déconcerter toutes les attaques dirigées contre lui. L'ambitieux Antigone, dont le but était de dépouiller les enfants d'Alexandre, voulut s'attacher un si redoutable adversaire : il lui proposa un projet de traité par lequel ce dernier devait s'engager à n'avoir d'autres amis que les siens. Au nom d'Antigone Eumènes substitua les noms de Philippe Aridée, d'Olympias mère, et des rois fils d'Alexandre, et renvoya le traité ainsi modifié et qu'il avait eu l'adresse de faire sanctionner par les troupes macédoniennes qui l'assiégeaient dans Nora. Ce désintéressement lui assura la confiance de la reine Olympias, d'Aridée et de Polysperchon, tuteur des jeunes rois. Le siége de Nora fut levé. Eumènes passa en Cappadoce, l'an 319 av. J.-C., pour agir contre Antigone; il avait sous ses ordres tout ce qui restait des vieux soldats de Phi

(*) Cette victoire d'Eumènes dans laquelle pourtant il s'était montré aussi généreux que vaillant, le rendit odieux aux Macédoniens; car,

disaient-ils, il avait appris aux Barbares à vain-
cre leurs phalanges (voir Plut., in Eumen., 5-7.
Diod. Sic., XVIII, 29-32, etc.). Il fut mis en quel.
que sorte au ban de la nation, et l'on fit plusieurs
tentatives pour le faire assassiner par ses propres
soldats.
$.

lippe et d'Alexandre; mais ce dernier n'etait plus là pour enchaîner leur volonté aussi Eumènes ne put-il leur assigner à son gré des quartiers d'hiver. La lutte dura plusieurs années : le brave Eumènes suivit le satrape rebelle dans l'intérieur de l'Asie et soutint avec vigueur, malgré les embarras que lui suscitait Peucestas, chef de sa cavalerie, la cause des deux jeunes rois. On en vint à une bataille décisive en Gabiène, l'an 315 av. J.-C.: Eumènes mit d'abord en déroute l'armée d'Antigone; mais ce dernier, profitant de la trahison de Peucestas, tourna la phalange macédonienne et | s'empara du dépôt où les Argyraspides plaçaient ordinairement leurs familles et leurs richesses. Il leur offrit ensuite de leur tout rendre s'ils voulaient lui livrer Eumènes : ces vétérans de l'armée d'Alexandre consentirent à cette honteuse transaction. Après quelques hésitations, Antigone fit égorger Eumènes. Ainsi périt, à l'âge de 44 ans, ce grand homme, auquel était promis un brillant avenir. A toutes les qualités du guerrier et de l'homme d'état il joignait une droiture, une élévation de caractère qui le mettaient au-dessus de tous ses rivaux. Ceux-ci, délivrés de son opposition, firent mourir bientôt après Olympias, les jeunes rois et leurs mères, et prirent euxmêmes la couronne, après avoir partagé définitivement entre eux le vaste empire créé par le génie d'Alexandre.

On trouve la vie d'Eumènes dans Plutarque et dans Cornélius Népos. On consultera aussi avec fruit l'ouvrage de Mannert intitulé Geschichte der unmit

telbaren Nachfolger Alexanders, Leipz., 1787, in-8°.

J. L-T-A.

EUMÉNIDES, voy. Furies. EUMOLPUS. Une tradition le faisait descendre de Triptolème; elle ajoutait que, le premier, il avait institué les mystères d'Eleusis. On n'accordait pas toutefois que ce fut le même qu'Eumolpus de Thrace, car il ne fallait pas que la civilisation d'Athènes eût une source étrangère: les prétentions de l'orgueil national ne le permettaient pas. Cependant les traditions qui, pour consacrer cette manie, faisaient naître un autre Eumolpus, étaient loin d'être aussi générales. D'autres

auteurs soutenaient qu'Eumolpus était le père de Céryx, et qu'ainsi la race des Ceryces avait une commune origine avec celle des Eumolpides, que nous n'appellerons pas les descendants d'Eumolpus, mais les membres de la maison dont il fut le chef. Suivant la fable, Eumolpus était fils de Poseidon (Neptune) et de Chioné. Il fit avec Éleusis la guerre contre Érechthee. Thucydide et Platon nous en parlent. Érechthée était son bisaïeul, car il avait pour fille Orithya, femme de Borée, et celle-ci fut la mère de Chioné, en sorte qu'Eumolpus se rattachait par la naissance aux rois athéniens de la race de Cécrops. Ainsi que le fait observer M. Creuzer, c'est là sans doute une tradition ou une généalogie de conciliation pour expliquer d'une manière satisfaisante l'origine des mystères d'Éleusis (voy.); mais il y a nécessairement un fond historique, autrement Thucydide n'eût point parlé de cette guerre. Érechthée y périt, et de même le fils d'Eumolpus. La paix fut conclue à condition qu'Eumolpus et sa race exerceraient la juridiction sur les crimes commis contre la religion et le sacerdoce suprême, mais qu'Erechthée et ses descendants conserveraient la royauté. Euripide avait fait de cette guerre un sujet de tragédie, et elle était bien propre à cela, puisqu'Erechthée immola sa fille Perséphone pour apaiser les dieux. Les sœurs de l'infortunée jeune fille ne voulurent point lui survivre et s'immolèrent ellesmêmes. Ces expiations passèrent ensuite dans la famille des Eumolpides; le glaive des guerriers devint le couteau du sacrificateur. Précédemment, Érechthée avait sacrifié aux puissances souterraines, et l'une de ses filles s'appelait Chthonia. On retrouve jusque dans la naissance d'Eumolpus l'idée d'alliance de l'eau et de la terre, puisque sa généalogie se rattache aux Erechthides ou hommes de la terre et qu'il est fils de Neptune. Les sacrifices s'adressaient sans doute aussi à Proserpine, la déesse des profondeurs, fille de Neptune, qui pouvait arrêter les fureurs de son père. La transaction qui termine la guerre a encore le même sens.

Les EUMOLPIDES rapportaient leur origine à Musée, fils d'Eumolpus, et,

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