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Cependant ces ouvrages ne contiennent ni l'histoire complète de la vie de Jésus-Christ, ni un exposé systématique de sa doctrine : ce sont en quelque sorte de simples mémoires sur sa vie, et des notions sur les points les plus importants de la religion qu'il a enseignée aux hommes. Des auteurs contemporains des événements qu'ils rapportent ne pouvaient donner une autre forme à leurs récits: c'est ainsi que Xénophon s'était borné à des mémoires sur Socrate, et ce furent des auteurs qui vécurent à une époque beaucoup plus reculée qui donnèrent la biographie de ce philosophe.

propre faiblesse et le besoin de se rap- | raient simplement traduit, et de telle procher de Dieu, dont ils s'étaient éloi- sorte que l'un aurait eu recours quelque gnés par le péché. fois à la version déjà faite par l'autre; la même traduction, retouchée et augmentée à différentes reprises, remaniée par d'autres auteurs, aurait enfin donné lieu aux trois premiers évangiles, tels que nous les possédons. Cet original syrochaldaïque, servant de base à nos trois premiers évangiles, a été appelé par Eichhorn évangile primitif ( Ürevangelium). Cette hypothèse, dont la première idée paraît être due à Le Clerc (Clerici Histor.eccles. duor. primor. sæc., Amst., 1716, p. 429, ad ann. 64, § 11), fut particulièrement développée par Eichhorn (Allgemeine Biblioth. d. bibl. Litterat. t. V, p. 761 et suiv., et avec quelques changements dans les différentes éditions de son Introduction au Nouveau-Testament ). Elle fut adoptée et modifiée par plusieurs savants, entre autres par Marsh (Additions à la traduction

et par Gratz (Neuer Versuch die Entsteh, der 3 erst. Evangelien zu erklæren, Tub., 1812). Quelque vraisembla

En comparant attentivement les trois premiers évangiles, on remarque dans quarante-deux différents passages de saint Matthieu, de saint Marc et de saint Luc, une coincidence qui va jusqu'à repro-anglaise de l'Introduction de Michaelis) duire les mêmes pensées sous des expressions presque littéralement les mêmes. Les différences qu'on trouve dans ces passages proviennent presque toutes d'ex-ble qu'elle paraisse, et quelque ingénieux pressions synonymes dont paraissent s'être servis trois traducteurs d'un même original; et dans les endroits où ces divergences sont un peu plus frappantes, une plus grande liberté de la part de l'un ou de l'autre de ces trois traducteurs parait y avoir donné lieu. De plus, nous trouvons dans saint Matthieu et dans saint Marc une douzaine de passages semblables, qui ne sont pas dans saint Luc; cinq dans saint Marc et dans saint Luc que saint Matthieu ne rapporte pas; quatorze dans saint Luc et dans saint Matthieu qu'on chercherait vainement dans saint Marc; enfin saint Matthieu nous offre cinq, saint Marc deux et saint Luc neuf passages qui ne se trouvent chez aucun des autres évangélistes.

Pour expliquer cette coincidence d'une part et ces divergences de l'autre, on a été amené à cette conjecture qu'il a dû exister un texte primitif probablement écrit en syro- chaldéen, source commune de nos évangiles actuels, mais qui serait perdu pour nous. Ce texte primitif, les trois premiers évangélistes l'au

que soient les développements que les savants lui ont donnés, elle est abandonnée aujourd'hui, comme trop artificielle, par la plupart des critiques. Plusieurs autres hypothèses qu'on a avancées n'ont pas réuni davantage les suffrages des divers théologiens. Telle est entre autres celle qui a été admise surtout par Paulus (Theol. exeg. Conservat., Heidelb., 1822, p. 86 et suiv.), par Gieseler (Hist. crit. Vers. üb. d. Entsteh. der schriftl. Evang., Leipz. 1818, p. 42 et suiv.), et par Schott (Isagoge, Jéna, 1830, p. 54 et suiv.), et d'après laquelle la base commune des trois premiers évangiles serait au contraire la tradition orale, dont les principales parties, répétées fort souvent par les premiers témoins des œuvres de Jésus-Christ, auraient bientôt pris une forme arrêtée, pour ainsi dire stéréotypée, qui se serait reproduite littéralement dans les passages communs à plusieurs de nos évangélistes.

Pour trouver l'origine la plus naturelle des évangiles, il nous paraît nécessaire d'admettre qu'il existait une ré

daction primitive, antérieure à ce qu'on peut appeler leur publication. Il est probable que cette publication n'eut lieu que plus tard et à une époque où peut-être la mort de plusieurs apôtres en faisait sentir le besoin. Les chrétiens formant des communautés dispersées par tout le monde civilisé, et n'étant visités que de temps à autre par quelques disciples du Seigueur, ou par des missionnaires qui ne l'avaient pas connu, il leur importait nécessairement de pouvoir lire des récits authentiques sur la vie et la doctrine de celui qu'ils adoraient comme leur maitre et leur sauveur. D'un autre côté des personnes qui n'avaient encore du christianisme qu'une connaissance vague, mais qui déjà se sentaient attirées vers lui, devaient désirer qu'on leur offrit des renseignements exacts et authentiques sur lesquels elles pussent former leurs convictions: c'est dans ce but par exemple que saint Luc écrivit son évangile et l'adressa à son ami Théophile. Enfin ceux qui se trouvaient à la tête des églises avaient besoin de posséder un livre qui fût la base et le guide des enseignements qu'ils donnaient à leur troupeau. Tout cela explique suffisamment ce qui a pu amener la publication des évangiles.

Mais la rédaction primitive des écrits qui ont servi de base aux évangiles de saint Matthieu et de saint Jean aurait-elle eu lieu à la mème époque seulement ? Cela nous paraît peu probable, quoique cet avis ait été assez généralement adopté par les théologiens protestants. Si les disciples de Jésus-Christ avaient ignoré que leur maître ne resterait pas longtemps avec eux, s'ils avaient vu le Seigneur lui-même écrire ses discours, comme l'avaient fait plusieurs prophètes (voir Jérémie, XXXVI), ou s'ils n'avaient pas su qu'ils étaient appelés à devenir les apôtres de l'Évangile, nous concevrions qu'ils n'eussent pas songé à consigner par écrit leurs souvenirs; mais Jésus leur avait annoncé sa mort longtemps avant de la subir (Matth. XVI, 21); mais il ne parait pas avoir laissé une seule ligne écrite de sa main, et sa lettre à Abgar, roi d'Édesse, transcrite par Eusèbe (Hist. Eccl., I, 13) est évidemment un écrit supposé;mais enfin Jésus-Christ leur

avait dit à plusieurs reprises que c'était eux qu'il avait choisis pour répandre sa doctrine. Nous concevrions encore que cette rédaction primitive des évangiles n'eût eu lieu qu'à une époque déjà éloignée des événements, si des hommes contemporains des faits qu'ils racontaient n'eussent écrit des mémoires connus aux apôtres, comme cela paraît démontré, et si Papias, disciple des amis des apôtres, n'assurait pas expressément que saint Marc prenait des notes sur ce que saint Pierre racontait de JésusChrist (Eusèbe, H. E. III, 39). Dira-t-on que les apôtres étaient tellement inhabiles à écrire que la force des circonstances pouvait seule les y engager? Mais quelles difficultés pouvaient présenter des récits aussi simples que ceux qui sont contenus dans les quatre évangiles? D’ailleurs les épîtres que saint Jean nous a laissées prouvent suffisamment que cet apôtre n'était pas privé des connaissances nécessaires à une semblable composition, et saint Matthieu, en sa qualité de publicain ou de receveur des contributions, devait avoir quelque usage de l'art d'écrire. Puis, ce devait être un besoin, pour le cœur de saint Jean surtout, de fixer par l'écriture ce qui aurait pu échapper à sa mémoire, quelque fidèle qu'on la suppose, lui qui prenait tant d'intérêt à tous les discours d'un maître dont il était le disciple bien-aimé.

Il nous sera donc permis d'admettre une rédaction primitive antérieure à la publication des évangiles, et cette opinion devient encore plus plausible pour peu que nous examinions les passages qui font allusion à des notes prises peu de temps après les événements. Dans saint Jean, ch. XIV et suivants, par exemple, l'évangéliste reproduit avec une scrupuleuse exactitude les paroles de JésusChrist, sinon dans l'ordre même suivant lequel elles étaient sorties de la bouche du Seigneur, au moins de manière à nous convaincre que peu de temps après les avoir entendues i les avait mises par écrit, au fur et à mesure qu'elles lui revenaient à l'esprit et que sa mémoire les lui rappelait.

Cependant le fait de la résurrection de Lazare, qui ne se trouve pas dans

saint Matthieu, non plus que l'action | E6palovs, secundùm Hebræos), le même symbolique de Jésus-Christ lavant les probablement que celui des douze apópieds à ses disciples la veille de sa mort, tres (Evangel. duodecim apostolorum), et la sainte Cène dont saint Jean ne parle est celui que les anciens auteurs citent le pas, semblent contraires à l'hypothèse plus souvent. On le connaissait aussi de notes prises par les apôtres. Mais d'a- sous le nom d'évangile des Nazaréens bord tous les apôtres n'étaient pas con- ou des Ébionites, parce que c'était celui stamment auprès de Jésus-Christ, et dont ces sectes se servaient principalependant les derniers jours qu'ils passè- ment, peut-être même exclusivement. Il rent réellement avec lui, le trouble, l'an- était écrit en hébreu, ou plutôt en langoisse, la joie auxquels ils étaient livrés gue araméenne, et les passages qu'en ont tour à tour ne durent pas leur permettre de cités les anciens renferment divers faits prendre des notes, suivant leur usage or- que nous ne trouvons point dans nos quadinaire. Plus tard, lors de la rédaction tre évangélistes. Cet évangile des Héde son évangile, Matthieu négligea ces breux a beaucoup d'analogie avec les nôfaits, soit qu'ils ne fussent plus présents tres, surtout avec celui de saint Matthieu; à sa mémoire, soit qu'il eût des raisons saint Jérôme crut même pendant quelparticulières, à nous inconnues, pour que temps qu'il renfermait le texte oriles supprimer; raisons pareilles à celles ginal de l'évangile de cet apôtre, mais qui lui ont fait passer sous silence une il modifia plus tard cette opinion. Les foule d'autres événements et d'enseigne- deux traductions qu'il en avait faites en ments intéressants conservés par saint grec et en latin sont perdues et, du temps Lue et saint Jean. Si enfin ce dernier ne d'Origène et d'Eusèbe, cet évangile était fait aucune mention de l'institution de la déjà rangé parmi les apocryphes. sainte Cène, cela s'explique par l'époque où il a publié son évangile: il pouvait bien alors passer sous silence un sacrement auquel on ne contestait pas ce caractère, mais qu'on célébrait déjà dans toutes les églises de la chrétienté, comme le prouve la première épître de saint Paul aux Corinthiens.

Les notes prises par les témoins oculaires,ayant ensuite circulé pendant quelque temps parmi les amis et les disciples des apôtres, durent recevoir diverses additions, suivant le caractère individuel de chaque lecteur, suivant son point de vue et son opinion, enfin suivant les souvenirs qu'ils avaient recueillis eux-mêmes. Quelques récits exacts se mêlèrent sans doute à un grand nombre de fausses données, mais n'en altérèrent pas moins le travail primitif dans quelques exemplaires, de manière à en faire de nouveaux ouvrages qui n'avaient plus de commun que le fait fondamental. C'est à cela, sans doute, que doivent en partie leur origine ces nombreux évangiles d'auteurs différents dont parlent les écrivains ecclésiastiques, mais qui n'existent plus qu'en très petits fragments, et dont nous citerons les principaux.

L'Evangile des Hébreux (Evary. xa

L'Evangile dont se servaient Cérinthe et Carpocrate, gnostiques du premier et du second siècle, paraît avoir été à peu près le même que le précédent; seulement il se rapprochait davantage de celui de saint Luc.

L' Evangile des Egyptiens (Κατ' Αίγυπ Tious)avait aussi beaucoup de rapport avec ceux de saint Matthieu et de saint Luc; mais il contenait en outre des passages mystiques qui favorisaient les idées ascétiques répandues en Égypte depuis les temps les plus reculés.

Les Mémoires des apótres (Åñoμvnpovýμata tāv Arootolav) que Justin martyr cite fort souvent et qu'il nomme aussi les Évangiles (Evayyélia) ou l'Évangile (Evayyéktov), passaient autrefois pour être un évangile apocryphe. Il paraît néanmoins que ce n'est autre chose qu'un texte de nos évangiles canoniques avec un très petit nombre d'additions apocryphes.

Le AiαTEσσáρav de Tatien, dont les anciens font quelquefois mention, parait n'avoir été qu'une harmonie* de nos quatre évangiles. Les données que nous avons sur cet écrit sont cependant trop vagues

(*) Ce mot sera expliqué plus loin,

pour qu'il soit permis de se prononcer d'une manière positive à cet égard. L'Evangile de Marcion avait une grande analogie avec celui de saint Luc: aussi en sera-t-il question dans l'article de cet évangéliste.

Voyant que les trois premiers évangiles rapportent à peu près les mêmes paroles de Jésus-Christ, on a cherché à faire un ensemble de ces relations et à établir une harmonie entre elles et entre les notices contenues dans l'évangile de Il résulte de l'examen de ces différents saint Jean; mais dès les premiers temps écrits que, malgré beaucoup d'erreurs, du christianisme on n'a pu se dissimuler ils contenaient des relations généralement qu'il existait des contradictions assez imconformes à celles qui se trouvent dans portantes entre les divers récits. C'est nos évangiles. Il ne faut donc pas les ainsi que Celse, païen du 11° siècle, confondre avec les évangiles apocryphes dont M. Salvador (De la vie et des docproprement dits, ramas de fictions ab- trines de Jésus-Christ) vient de reprosurdes et de légendes les unes plus ridi- | duire les arguments, et un grand nombre cules que les autres. Ils étaient très nom- d'autres auteurs, ont motivé leur oppobreux dans le 11° siècle et les suivants, sition au christianisme par la différence mais jamais l'Église ne les a reçus. Voy. qui existe entre la relation de saint MatAPOCRYPHES. thieu et celle de saint Luc sur la généalogie de Jésus-Christ. Plusieurs essais ont été faits pour concilier ces contradictions.

Les différents évangiles admis dans les premiers temps par les membres de presque toutes les églises devaient, par leur nombre et par les versions diverses des mêmes faits qu'on y trouvait, jeter dans le récit de ces faits une grande confusion, et rendre encore plus incertain ce qu'il importait tant de connaître d'une manière exacte. Les recherches laborieuses qu'on était obligé de faire pour démêler l'exacte vérité, au milieu de cette foule de versions contradictoires, rendit nécessaire dès le principe un travail cri- | tique, une espèce d'instruction sur les faits, dans laquelle on s'informât auprès de témoins oculaires, principalement des apôtres, de ce qu'il y avait d'authentique dans ces récits divers. Saint Luc entreprit un travail de ce genre, et son évangile, écrit probablement après ceux de saint Matthieu et de saint Marc, devint d'autant plus utile que ces deux derniers évangélistes passent sous silence plusieurs faits intéressants. Mais les trois évangiles réunis étaient encore loin de contenir tout ce que le Seigneur avait fait et enseigné. Il restait donc à saint Jean beaucoup à ajouter; et lui-même, bien qu'il ait écrit le dernier, n'a pas entièrement épuisé le sujet, comme on le voit par l'observation ajoutée à la fin de son livre, que Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses, et que si on les rapportait en détail, le monde entier ne pourrait probablement pas contenir les livres qu'on en écrirait (Jean, XXI, 25).

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Quelques auteurs, admettant l'inspiration littérale des livres du NouveauTestament (voy. ThéopneustiE), supposent que les événements se sont passés exclusivement ainsi qu'ils se trouvent consignés dans les quatre évangiles; que l'ordre chronologique et celui des matières ont été strictement observés par les auteurs de ces livres, et que si l'un d'eux rapporte à une certaine époque des événements, des paroles, des enseignements de Jésus-Christ qu'un autre assigne à une époque différente, c'est parce qu'à plusieurs époques et avec les mêmes circonstances les mêmes événements se sont passés, les mêmes paroles ont été prononcées, et les mêmes enseignements donnés par Jésus-Christ.

Cependant les difficultés presque insolubles que présentent ces principes ont fait naître une autre opinion. Plusieurs critiques ont admis que les évangélistes n'ont suivi qu'un ordre chronologique général, sans prétendre l'appliquer à tous les événements qu'ils rapportent. Ces critiques ajoutent que des transpositions de faits et de paroles ne doivent point être regardées comme des contradictions et ne sauraient porter atteinte à la véracité des auteurs ni à l'exactitude de leurs écrits, et qu'il devient possible de concilier toutes ces divergences et d'établir une parfaite harmonie entre les quatre évangiles.

rences de contradictions. D'ailleurs ces contradictions, peu importantes au fond, parlent en leur faveur : elles sont un témoignage irrécusable de leur bonne foi et de celle de l'Église primitive, dont le respect pour ces textes ne lui a pas permis d'y faire la moindre altération.

Tels sont les développements que ces critiques donnent à leur opinion. Nous insisterons particulièrement sur cette observation qu'aucune des contradictions que nous rencontrons dans les évangiles ne regarde le fond de la doctrine chrétienne, au sujet de laquelle nous trouvons partout une unité de vues et de rapports bien plus grande que dans les ouvrages profanes qui nous ont transmis la connaissance des événements des siècles passés. Il en résulte que, tout en usant de son droit d'examiner consciencieusement les faits rapportés dans les évangiles, la critique ne saurait rejeter les témoignages historiques qui affirment que ces faits se sont passés tels qu'ils sont consignés dans nos livres saints.

Enfin d'autres critiques sont allés plus loin sans nier qu'il existe de véritables contradictions entre les évangiles, ils n'y ont vu que des erreurs légères, et, recherchant de bonne foi ce qui leur paraissait le plus conforme au caractère de l'époque et à celui des principaux personnages, ils se sont efforcés de tracer des actions et des doctrines de JésusChrist un tableau aussi fidèle qu'il était possible de faire avec les moyens donnés. A les en croire, tel serait le vrai moyen d'établir l'exactitude des relations évangéliques et d'éviter les conséquences pernicieuses d'une critique ennemie du christianisme, et qui depuis les temps les plus anciens, comme elle le fait encore aujourd'hui, s'appuie sur ces contradictions vraies ou apparentes pour en induire la fausseté des faits rapportés dans nos livres saints. Partant donc du principe que des contradictions qu'on remarque entre les historiens profanes ne résulte pas la non-existence des personnages qui ont joué un grand rôle dans la marche de l'humanité, ces sa- Avant de parler des anciens témoins vants en ont conclu que de même quel- qui se sont prononcés en faveur de l'auques détails inexacts, quelques paroles thenticité des évangiles, il importe de mal rapportées, ne font pas de Jésus- faire quelques observations générales à Christ un personnage imaginaire ou my- ce sujet. Nous ne devons pas trouver thique, comme nous le présente de nos étrange de ne voir les évangiles cités que jours M. Strauss dans son fameux livre fort rarement par les Pères apostoliques. de la Vie de Jésus. En effet, introduite Ces écrivains, vivant dans les premiers dans l'histoire ancienne ou moderne, une temps de l'Église, avaient entendu euxtelle argumentation la rendrait entière- mêmes, de la bouche des témoins oculaiment problématique, et, en l'employant res ou de celle des disciples de ces deravec habileté, il ne serait pas difficile de niers, tout ce que les évangiles, d'ailleurs révoquer en doute même les faits qui se encore peu répandus, pouvaient leur apsont passés sous les yeux de chacun d'en- prendre, et ils prenaient naturellement tre nous. Nous voyons tous les jours des plus d'intérêt à des relations verbales qu'à écrivains d'un esprit cultivé tomber en la lettre morte, parce que non-seulement contradiction avec eux-mêmes; mais de les premières étaient plus animées, mais ce que l'une ou l'autre de ses données est qu'elles leur laissaient toute la latitude de nécessairement fausse, et de ce que toutes prendre des informations plus détaillées les deux peut-être le sont, en conclura-t- et plus précises, et de peser même les difon que l'auteur qui tombe dans de telles ficultés. Et ce que nous avançons là n'est erreurs a inventé tout ce qu'il raconte? pas une supposition gratuite de notre Or à combien plus forte raison devons part à l'appui de cette opinion nous nous trouver de semblables erreurs dans pouvons citer le témoignage d'un contemles relations d'auteurs qui n'avaient que porain des disciples des apôtres, d'un peu d'usage dans l'art d'écrire, et dont ami de Polycarpe, disciple de saint Jean les récits simples et naïfs, tout en ex- l'évangéliste, de Papias enfin. Eusèbe primant la vérité, pouvaient la présen- (Hist. Eccl., III, 39) rapporte que Pater quelquefois avec de légères appa-pias, quoique connaissant les écrits de

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