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troduit en Italie la culture de la fève (faba) qu'un de leurs ancêtres prit ou reçut le surnom (cognomen) de Fabius. Its se divisèrent en un grand nombre de branches, telles que Ambusti, Buteones, Dorsones, Galli, Gurgites, Hadriani, Labeones, Maximi, Persici, Pictores, Quinctiliani, Rustici, Sanga, Vibuliani, Virgiliani. Une tribu de Rome reçut de cette famille le nom de Fabia. S.

Un des grands traits de l'histoire primitive de Rome est le brillant dévouement de la famille des Fabius, qui s'offrit l'an 477 avant J.-C. pour soutenir seule la guerre contre la puissante cité des Véiens. En lisant le récit dramatique de Tite-Live, il semblé qu'une puissante colonie sort du sein de Rome et va fonder au fort de Créméra un état qui rivalise d'énergie et d'audace avec la mère-patrie. Cette concentration de tous les in

cette ville. « S'il fallait, disait-il souvent, « sauver cette place que le Roi m'a con«fiée, je ne balancerais pas à mettre sur a la brèche ma personne, mon bien et ma famille. » Le collier des ordres du Roi lui fut offert en 1662; mais il le refusa, sous prétexte qu'il ne pouvait produire les preuves exigées. On lui fit entendre que les siennes ne seraient pas examinées avec rigueur: il répondit que son manteau ne brillerait jamais d'une croix acquise au déshonneur de son nom. Si l'on en croit Voltaire, Mazarin proposa à Fabert de surveiller l'armée. « Il &faut aux ministres des gens qui les ser<< vent de leurs bras et d'autres de leurs << rapports: permettez que je sois des « premiers. » Mazarin a dit depuis : « S'il << fallait se méfier de Fabert, en qui donc a placer sa confiance? » Illustre par ses hauts faits, par une loyauté, un désintéressement dignes des héros de l'anti-térêts humains et religieux dans le senquité, Fabert était encore un de ces philosophes religieux que vante à juste titre l'histoire des guerriers chrétiens. Sa vie avait été pure, sa fin fut exemplaire, édifiante; dans ses derniers moments il s'entoura de tous les secours d'une religion qui faisait son espérance. Il mourut le 17 mai 1662, et fut inhumé dans l'église des Capucins-Irlandais, dont il était le fondateur.

«

Fabert, quoiqu'il n'eût pas étudié, n'écrivait pas moins sa langue avec quelque correction. Ses lettres (de 1634 à 1652), ses ordonnances, sa relation du siége de la Marfée, dans les mémoires de Montrésor (Leyde, 1663), attestent de grandes connaissances; on y voit briller sa haute raison, et par-dessus tout le noble amour qui l'embrasait pour le service du roi et l'intérêt de sa patrie.

Courtilz de Sandras a donné une vie de Fabert, Amsterdam, 1697. Celle qui a été publiée par le père de La Barre, Paris, 1752, est préférable.

Le fils du maréchal de Fabert, gouverneur comme lui de Sedan, périt au siége de Candie. J. L-T-A.

FABIA (GENS), l'une des plus illustres familles patriciennes des premiers temps de l'ancienne Rome. A en croire les Fabiens eux-mêmes, ils descendaient d'Hercule et d'Évandre, et ce fut pour avoir in

timent de la patrie donne à ces hommes de l'ancienne Rome l'aspect le plus gigantesque et le plus imposant. Les Fabius, d'abord victorieux, mais entraînés au précipice par l'attrait enivrant et souvent perfide du succès, périrent tous, au nom→ bre de trois cent six, et avec leurs clients. Plusieurs avaient été des personnages consulaires. Un seul enfant de douze ans laissé à Rome devint la nouvelle tige de cette illustre famille, dont un des membres, Fabius Maximus, fut le sauveur de Rome après la sanglante défaite du Trasimène, par sa lutte prudente et habile contre Annibal. Ce sacrifice des Fabius fut plus fructueux pour l'état qu'une victoire ordinaire : Créméra fut les Ther

mopyles de Rome, un exemple entrainant pour toutes les autres familles patriciennes.

Le pardon du dictateur Papirius Cursor à son général de cavalerie QUINTUS FABIUS MAXIMUS RULLIANUS, l'an 326 avant J.-C., pour avoir, contre ses ordres, combattu et vaincu en son absence les Samnites, forme un autre beau drame de l'histoire romaine. Jamais la majesté de la dictature et l'inflexibilité du commandement ne se manifestèrent d'une manière plus éclatante. L'omnipotence dictatoriale confiée à Papirius éprouvait une atteinte grave de la victoire non autori

s'écrièrent les Carthaginois. Tel fut le début de la seconde guerre punique.

Le membre le plus célèbre de cette famille est QUINTUS FABIUS MAXIMUS, surnommé Cunctator ou le Temporiseur, l'un des plus grands capitaines de l'ancienne Rome..

Unus homo nobis cunctando restituit rem. ENNIUS. L'agression d'Annibal était habile; elle enflammait ses soldats par l'audace de l'entreprise, la convoitise du butin et l'impression des promesses toujours abondantes et magnifiques. La victoire était probable; mais le côté dangereux de sa position, ce fut qu'elle était une nécessité. L'attente était pour lui un revers; elle dissipait son or, ses provisions, glaçait ses soldats, ses alliés, et tarissait toutes les sources de ravitaillement.

sée de Fabius. Son sang versé en expia- | tion sous la hache du licteur est le seul sacrifice qui puisse rendre à la dictature toute sa terreur salutaire. Papirius voit l'armée livrée à une violente indignation: il la brave et seul lutte avec succès contre elle en lui refusant le pardon de Fabius.Ce fier jeune homme, saisi de crainte, fuit pour chercher un asile dans le sein du sénat : Papirius le poursuit dans ce sanctuaire tout plein de la gloire des aïeux de l'illustre coupable; le sénat, comme l'armée, implore en vain le dictateur. L'appel au peuple interjeté par le père de Fabius, l'assistance des tribuns, les cris et la vive sympathie du peuple entier pour Fabius, tout est inutile: Papirius montre le destin de Rome attaché au respect de la discipline militaire, à l'intégrité de la puissance dictatoriale; il semble ainsi faire dépendre l'extermination des Romains ou leur triomphe sur l'univers de l'issue de cette terrible discussion. Un profond silence succède à l'orage: alors s'opère une péripétie admirable. Les raisonnements, les clameurs, les menaces sont oubliés. Le vieux Fabius, ancien consul et dictateur, embrasse les genoux de Papirius, et tout le peuple romain semble se prosterner avec lui. Les pleurs et les prières sont les seules armes de cette multitude subjuguée par l'ascendant d'un seul homme. Papirius cède avec une majestueuse clémence à cette paternelle supplication.

Un autre Fabius prend un caractère aussi touchant en s'offrant pour servir sous son fils comme lieutenant. Nous trouvons ensuite un Fabius chef d'une ambassade envoyée l'an de Rome 534 à Carthage, et composée de cinq sénateurs. Le sénat voulait des réparations pour la prise de Sagonte, ou déclarait la guerre. A la seconde audience, Fabius, pour couper court aux tergiversations du sénat de Carthage, se présente et montre un pan de sa robe qui était plié dans sa main. «J'apporte ici, dit-il, la paix ou la guerre; on vous en laisse le choix.-Faites-le vousmême, réplique le président du sénat de Carthage, car nous acceptons tout.-Je vous donne la guerre, dit Fabius en laissant tomber le pli de sa robe.-Nous la recevons de bon cœur et la ferons de même, »

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Fabius, par son système de guerre défensive, eût épargné à Rome la honte et le deuil des journées du Tésin, de la Trébia, de Trasimène, de Cannes, s'il eût dirigé les armées romaines dès le début de la guerre.

Mais l'expérience est pour l'homme la leçon du malheur, et peut-être fallaitil les désastres des trois premières batailles pour produire l'habile temporisation de Fabius. Son système de guerre défensive était une de ces conceptions neuves et fortes qui ne peuvent être senties par la foule toujours vouée à la routine. Rome, depuis quatre siècles, avait contracté une longue pratique de l'agression. Aussi le peuple accorda-t-il sa faveur à Q. Minucius Rufus, général de la cavalerie, et le dictateur Fabius Maximus fut rappelé à Rome sous prétexte d'accomplir un sacrifice. A peine Minucius se vit-il à la tête de l'armée qu'il donna le signal du combat, à la satisfaction générale de l'armée, lasse de cette longue guerre de marches et de haltes alternatives; mais le bouillant général ne fut sauvé que par Fabius, qui survint assez à temps pour prévenir une déroute. Cet échec fut la sanction du système de ce dernier. Minucius, reconnaissant son erreur, s'empressa de rendre le commandement à son chef et de se ranger sous ses ordres, pour faire sous lui l'appren— tissage de la victoire.

Cependant la présomption et l'empor- | Homère, complétèrent la séduction par

tement de Minucius étaient en harmonie avec le caractère du peuple, qui s'empressa de choisir dans le même sens un des consuls de l'année suivante. Ce fut Terentius Varron: Cannes (voy.) devint le châtiment de ce choix inconsidéré.

Rome dut son salut à la sage circonspection de Fabius Maximus, imitée après son commandement par les consuls Attilius et Servilius. Le temps qui amène la tardive justice fit enfin reconnaître les éminents services de Fabius : le nom de bouclier de Rome, qui lui fut donné, valait le plus éclatant triomphe.

Fabius était d'une rare probité. Après la bataille de Cannes, il avait été choisi par le sénat pour traiter avec Annibal de la rançon des prisonniers romains tombés au pouvoir du vainqueur. Une somme fut fixée entre les deux généraux, mais le sénat ne ratifia pas le traité. Alors Fabius, pour ne pas manquer à sa parole, vendit tous ses biens et compléta ainsi la somme. Il mourut dans un âge avancé, l'an 202 avant J.-C. A-RE.

des conceptions sublimes, par de hautes leçons allégoriques, cachées sous le voile de la fable. Elle fut alors plus qu'un système, elle devint une religion; religion poétique qui constitue, chez les Grecs et les Romains, cet ensemble de croyances et de faits merveilleux que nous avons nommé mythologie, mot auquel nous devons renvoyer, sur cette fable primitive, des développements plus étendus, pour arriver tout de suite à la fable, synonyme d'apologue (voy.), petite narration morale, dont le genre, qui nous a été légué par les anciens, est un de ceux qui a été le plus cultivé par les modernes.

Nul doute que l'Orient n'ait vu naître les premières fables. L'esclavage d'une part, qui contraignait le faible à déguiser la leçon ou le conseil qu'il voulait donner au puissant; d'autre part, la vivacité d'imagination des habitants de ces contrées, qui prête aisément une âme, des passions, des discours aux animaux, et même à des êtres moins rapprochés de nous, concoururent à cette création. L'amour-propre national des Grecs l'attribua à Ésope, dans sa captivité chez le roi de Lydie. Les nations de l'Asie la revendiquent pour Lokmân: la vie de ce dernier est inconnue; celle de l'autre n'est probablement qu'un recueil de fables biographiques; mais les deux versions s'accordent à placer dans l'Asie le théâtre de cette féconde découverte.

FABLE, FABULISTES. Dans son acception générale, la fable (fabula, peutêtre de fari, parler, fabulari, raconter) est un récit ou une suite de récits dont l'imagination a fait tous les frais, ou dans lesquels un fond vrai se trouve altéré par des circonstances et des détails inventés. La fable, dans ce sens, est de la plus haute antiquité, et son origine remonte aux premiers âges du monde. La vanité eut une grande part à sa naissance, car chaque peuple a voulu embellir son berceau; l'amour du merveilleux, le penchant à l'exagération, le besoin d'émotions ou de distractions agréables, sentiments, comme les pre-logie brahmanique. Le peuple hébreu, à miers, inhérents à notre nature, ne contribuèrent pas moins à sa création et à ses rapides succès.

D'autres titres encore en garantissent la gloire à cette partie du globe. Bien avant Pilpay ou Bidpai, son fabuliste, l'Inde avait produit des fables qu'elle prétend aussi anciennes que sa mytho

son tour, peut réclamer pour ses livres sacrés le premier usage connu de ces leçons allégoriques : la Bible en offre de Sœur cadette de la fable, et toutefois nombreux exemples. N'est-ce pas une presque sa jumelle, la poésie vint aussi fable des plus touchantes que la Brebis en aide à son aînée, à qui elle devait du pauvre, racontée par le prophète beaucoup elle-même. Quel homme eût Nathan dans les livres des Rois ? un apoété insensible à leur double attrait ? logue d'un sens profond que la Vigne et Aussi devant également à toutes les deux le Buisson, autre récit du livre des Jud'heureuses inspirations, Orphée, Li-ges? La sagesse de Salomon appelle nus, Musée, popularisèrent par leurs aussi parfois la fable à son secours, et chants des fictions ingénieuses. Hésiode, La Fontaine lui doit cet utile avis aux

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Toutefois si Phèdre seul mérite le nom de fabuliste romain, nous ne devons pas oublier ici deux fables, dont l'une est célèbre dans les annales de Rome, l'autre dans la littérature: la première est cet apologue des Membres et de l'Estomac, qui, dans la bouche de Ménénius, eut un si puissant effet; l'autre, cette piquante narration (le Rat de ville et le Rat des champs) où la poésie et la philosophie d'Horace brillent ensemble d'un si vif éclat.

Lorsqu'un nouveau genre est entré dans le domaine littéraire, la critique arrive pour lui imposer des règles. Aristote, ce premier législateur de l'empire des lettres, voulut restreindre le champ de la fable en ne lui accordant pour personnages que les animaux: Le philosophe de Stagyre, qui fut souvent l'organe de la raison dans ses principes de goût et de composition, en avait cette fois adopté un trop exclusif. Pourquoi, demande avec raison Arnault, lui-même fabuliste distingué, pourquoi déshériter les autres ouvrages de la nature du privilége de donner aussi des leçons à l'homme? S'il consent, dans ce but, à embrasser une illusion, à permettre qu'on prête un langage au bœuf, au lion, à l'agneau, pourquoi n'étendrait-il pas cette concession à l'arbre, à la montagne, au ruisseau, etc.? Cette extension n'a rien qui blesse le goût et ne peut que fournir au talent de nouvelles ressources aussi ce chapitre de la charte aristotélique est-il un des premiers dontos

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auteurs ont secoué le joug. Le Chéne et le Roseau, et bien d'autres objets inanimés, ont parlé chez notre La Fontaine, et trop bien parlé pour que nous n'eussions pas beaucoup perdu à ce qu'ils

restassent muets.

Quintilien, pour son époque, Lamotte-Houdar chez nous, ont aussi tracé des poétiques de la fable, et celle du dernier surtout contient d'excellents préceptes, bien qu'il n'en ait pas assez profité pour lui-même.

Leur premier principe, c'est que la fable doit toujours contenir une leçon, une moralité; c'est essentiellement un symbole, dit très justement Lamotte. En effet, un poème, une tragédie, une comédie même, en dépit du castigat ridendo, ne sont pas absolument tenus de renfermer cette leçon de mœurs ou de conduite : il n'en est pas de même de la fable; elle n'existe qu'à cette condition, et c'est d'elle qu'on aurait droit de dire, si ce sens moral ne s'y trouvait pas : Qu'est-ce que cela prouve?

Cette moralité doit-elle être exprimée en termes formels? doit-elle être placée en tête ou à la fin de la fable? C'est au tact du fabuliste à le guider sur ces deux points; c'est à lui de juger si elle ressort assez clairement de son récit pour n'avoir pas besoin d'être formulée en précepte ou sentence. Quant à la place qu'elle doit occuper, nous ne pensons point, comme Lamotte, qu'il faille nécessairement et dans tous les cas assimiler la fable à une énigme, et laisser au lecteur le soin et le plaisir d'en chercher le mot, en gardant constamment la moralité pour la conclusion. Il aurait dû, ce nous semble, se rappeler en cette occasion un de ses meilleurs vers:

L'ennui naquit un jour de l'uniformité. Sans doute le lecteur aimera souvent à devancer le poète dans la conséquence que celui-ci veut tirer de son récit; avant lui, en lisant la condamnation du pauvre baudet dans les Animaux malades, il şe sera dit l'équivalent de ce distique:

Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Mais croit-on que lorsque le malin

bonhomme lui aura dit en commençant | tension disproportionnée à ce genre; mafs sa narration:

La raison du plus fort est toujours la meil leure ;

Nous l'allons prouver tout à l'heure,

il ne serait pas moins déraisonnable peutêtre de vouloir l'enfermer dans un cercle trop étroit, et de lui ôter ainsi la franchise et le naturel de son allure. Un auteur, un académicien a, de nos jours, publié un recueil de fables dans lequel il s'est imposé la loi de ne consacrer que quatre vers à chacune : c'est un de ces tours de force littéraires (renou

il ne sentira pas sa curiosité éveillée par le désir de savoir comment l'auteur va le prouver et par le plaisir non moins vif de rattacher au principe le développement des faits qui le démontrent? Con-velés d'ailleurs de Benserade, de Bourcluons que les deux manières ont leurs avantages, et que c'est au goût à en déterminer comme à en varier l'emploi.

mœurs,

sault et de quelques autres), dont le lecteur, malgré leur difficulté, sait peu de gré à celui qui les tente. Il est tel sujet de cette nature où la concision peut être un mérite, parce que le sujet s'y prêtait sans efforts: : nous en citerons pour exemple cette fable d'un écrivain presque inconnu du reste, le père Barbe, prêtre de la doctrine chrétienne.

«

Un enfant s'admirait, placé sur une table. Que je suis grand, dit-il! » Quelqu'un lui répondit:

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Descendez, vous serez petit.
Quel est l'enfant de cette fable?
Le riche qui s'enorgueillit.

Mais allez donc renfermer ainsi dans
quatre ou cinq vers des sujets comme
les deux Pigeons, les Animaux mala-
des de la peste, ou même le Corbeau et
le Renard, et tant d'autres ! vous n'aurez
réussi qu'à leur faire subir le supplice du
de Procuste. Voy. QUATRAIN.

Une règle plus invariable, et qu'il n'est jamais permis d'enfreindre, c'est ce que l'on peut nommer, par une alliance de mots qui n'est hardie qu'en apparence, la vraisemblance de la fable. Les animaux ou les autres objets qu'on y met en scène doivent y conserver leurs leurs qualités, leurs attributs réels ou conveņus un lion timide, un cerf courageux, une violette orgueilleuse, un poison bienfaisant, etc., répugneraient trop à cette raison dont le lecteur veut conserver quelque usage au milieu des illusions auxquelles il a consenti à se prêter. Deux ou trois fois La Fontaine luimême s'est écarté de cette loi, fondée sur la nature, et à laquelle, par conséquent, plus que tout autre il était fait pour rester fidèle. Ce n'est point toute-lit fois sa Montagne en mal d'enfant que nous signalerons comme une de ces infractions. Outre la piquante moralité tirée par lui de cet apologue, il était bien permis à un poète d'assimiler à ce convulsif enfantement les violentes commotions qui ébranlent plusieurs de ces monts semés sur notre globe. Mais comment défendre une fable aussi dénuée de vraisemblance convenue, aussi impossible en un mot, que celle du Lion amoureux d'une jeune fille, et se laissant enlever, pour lui plaire, les griffes et les dents? L'Homère de la fable dormait assuré ment quand il fit choix d'un pareil sujet. Quintilien avait voulu établir en principe absolu que la fable doit être racontée en peu de mots : la postérité a modifié son arrêt. Sans doute la fable est essentiellement un poème en miniature, qui ne doit point prendre une ex

Ce fut, pour les anciens faiseurs de poétiques, une grande discussion que celle de déterminer si la fable devait être écrite en vers ou en prose, et quelle sorte de style devait y être employée. Heureusement nous sommes dispensés de les suivre dans cette arène. La Fontaine a pleinement résolu les deux problèmes : après ses vers si faciles et si harmonieux, il n'a plus été permis de songer à un autre langage; et, quoique resté inimitable sous ce point de vue comme sous tant d'autres, il a bien fallu l'imiter au moins pour le rhythme et la mesure. Quant au style de la fable, on sait assez que La Fontaine en a donné, non pas un, mais vingt modèles divers. Tour à tour gracieux, badin, touchant, sublime même, sans cesser d'être naïf, il sera pour tous les siècles le fablier; après lui, on n'a plus vu que des fabulistes.

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