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rassiers s'élancent à leur tour, conduits par Bessières, et renversent deux lignes d'infanterie, puis culbutent la troisième formée par l'insurrection hongroise.

L'archiduc revient avec ses réserves pour enlever Aspern: Masséna soutient le choc vigoureusement. Le village est écrasé par les boulets, incendié par les obus, encombré par les morts des deux partis. Le combat dure toute la soirée et dégénère en un épouvantable carnage qui se prolonge pendant une partie de la nuit. Le village, enveloppé par les trois corps d'armée d'Hiller, de Bellegarde et de Hohenzollern, tombe au pouvoir des Autrichiens. Alors Masséna réunit ce qui lui reste d'artillerie; appuyé d'une vive canonnade, il s'élance avec le général Legrand à la tête du 26° et du 18° régiment, et enlève enfin Aspern, où les Français passent le reste de la nuit, laissant toutefois le cimetière et l'église à la division Vacquant du corps de Bellegarde, qu'il est impossible de débusquer.

Le feu dura encore une partie de la nuit. L'air était sillonné par les obus. L'incendie d'Aspern et d'Essling éclairait le théâtre de cet horrible carnage. A peine les troupes eurent-elles trois heures de repos. Ainsi finit la première journée d'Essling, dans laquelle trois divisions d'infanterie et deux de cavalerie de l'armée française avaient combattu toute l'après-midi trois grands corps de l'armée autrichienne.

ler et de Bellegarde rend de nouveau les Français maîtres d'Aspern. Alors l'empereur fait avancer Lannes entre Aspern et Essling. La division Saint-Hilaire s'élauce sur la ligne de l'armée autrichienne qui ne peut tenir et se replie d'abord avec régularité; mais une mêlée s'engage, le désordre se met dans les rangs des Autrichiens. La présence de l'archiduc qui se montre partout est impuissante pour retenir ses troupes; il saisit le drapeau de Zach et les ramène un instant, mais en vain. Entouré de ses adjudants qui sont tous blessés, il est entraîné lui-même dans la retraite des siens. L'armée française se voyait déjà victorieuse, quand une première rupture des ponts, arrivée à 8 heures du matin, force Napoléon de faire suspendre l'attaque. Des bateaux, des moulins charriés par le torrent, entraînent les bateaux de pont et emportent avec eux le général d'artillerie Pernetti, ses officiers et ses pontonniers.

Cette catastrophe est bientôt connue de l'ennemi : il se rallie et charge la division Saint-Hilaire. En butte à une épouvantable canonnade, le brave général est frappé par un biscayen et succombe à l'instant. Lannes prend le commandement de la division et soutient de son côté Essling, pendant que Masséna défend la position d'Aspern, vivement disputée de part et d'autre. Elle est prise et reprise au milieu d'une grêle de projectiles qui amoncellent les cadavres, détruisent et incendient les maisons. Cinq fois les grenadiers hongrois attaquent Lannes, Boudet, Frimont; cinq fois ils sont repoussés. Au milieu de ce feu de mitraille et de mousqueterie qui arrête les Autrichiens conduits par l'archiduc, le maréchal Lannes est atteint mortellement par un boulet de trois. Il était 4 heures. Le combat continue entre l'artillerie des deux armées. Les Français, écrasés par le nom

Pendant la nuit, l'archiduc, qui veut reprendre Aspern, prépare une nouvelle attaque; de son côté, Napoléon presse le passage des troupes. Mais cette opération est souvent interrompue par les arbres, les radeaux et les barques qu'entraînent les débordements du Danube. Néanmoins les grenadiers d'Oudinot, la division Saint-Hilaire, le reste de la division Nansouty et quelques régiments de la garde traversent les ponts pen-bre, évacuent enfin Essling. Napoléon y dant la nuit. Le lendemain 22 mai, dès 2 heures du matin, le combat recommençait dans Aspern: bientôt l'engagement devient général. Les Autrichiens s'emparent du village. Essling est aussi attaqué; mais Lannes repousse l'ennemi. Une lutte sanglante soutenue par les divisions Legrand et Molitor contre les corps d'Hil

renvoie Mouton à la tête de la jeune garde: elle marche au pas de charge contre les grenadiers hongrois. Ils veulent résister vains efforts! ils sont culbutés sur tous les points.

Les fatigues, les blessures, la mort, la chute du jour mettent enfin un terme à cette scène sanglante, qui avait duré trente

heures consécutives, sans donner la victoire d'aucun côté. Les Autrichiens avaient perdu beaucoup de monde. L'armée française avait ses pièces démontées, ses attelages tués, et elle avait aussi fait de grandes pertes en généraux, officiers et soldats. Les deux armées se retirent chacune de leur côté. L'empereur s'occupe de la restauration des ponts; il veille aux préparatifs de la retraite, il fait rentrer une partie des troupes dans l'ile de Lobau et laisse le reste, en le plaçant sous les ordres de Masséna, sur la rive gauche du Danube, pour défendre la tête de pont et renforcer les retranchements.

Ces deux glorieuses journées coûtèrent aux Autrichiens, de leur propre aveu, plus de 4,000 morts, dont 87 officiers supérieurs; 16,000 blessés, dont 12 généraux et 663 officiers; 4 drapeaux, 6 canons et 1,500 prisonniers. La perte des Français fut évaluée à 2,000 morts, 4,000 blessés. Parmi les morts, la France eut à regretter le maréchal Lannes, les généraux Espagne, Saint-Hilaire, Pouzet, plusieurs colonels et bon nombre d'offi

ciers.

Malheureusement tant de douloureux sacrifices ne donnèrent qu'un résultat fort indécis; et ce ne fut que six semaines plus tard que la victoire, fidèle au drapeau français, vint imposer dans les champs de Wagram le traité de Vienne à l'empereur d'Autriche et procurer au vainqueur la main de l'archiduchesse Marie-Louise. Voy. WAGRAM, MASSÉNA, LANNES, MOUTON, etc. C-TE.

ESSLING (PRINCE d'), v, Masséna. EST, voy. POINTS CARDINAUX et ORIENT.

ESTACADE. Les ponts militaires jetés à proximité d'un ennemi entrepreant, maitre du cours supérieur de la riviere, seraient continuellement exposés i être détruits par les corps flottants et ies machines infernales ou incendiaires que l'ennemi abandonnerait au courant, sl'on ne prenait des mesures pour tâcher de les arrêter avant leur arrivée sur les poots: c'est dans ce but que l'on place en avant des ponts des estacades qui barrent la rivière dans toute sa largeur.

Les estacades flottantes sont ordinairement composées de pièces que l'on

réunit bout à bout par des chaînes; chaque pièce, selon la force du courant, est formée d'un, de deux ou de trois arbres en sapin reliés par des cercles en fer; les pièces d'estacade sont maintenues en place par de fortes ancres, ou sont appuyées contre des pilots. Les estacades d'une seule pièce se tendent sur les rivières de largeur moyenne; elles se construisent en réunissant en cercle plusieurs pièces de bois autour d'une chaîne ou d'un cordage. Les estacades en pilotis sont celles qui interrompent le plus complétement la navigation; mais elles demandent beaucoup de travail, puisqu'il faut battre, dans toute la largeur de la rivière, des pilots très rapprochés les uns des autres, afin qu'aucun bateau ne puisse passer dans les intervalles,

Les ponts que les Français jetèrent en 1809 sur le Danube, après la bataille d'Essling (voy.), furent précédés d'une estacade en pilotis. L'estacade qui couvrait en 1813 les ponts jetés sur l'Elbe, à Koenigstein, pour le passage de l'armée française, était composée de soixanteneuf pilots également espacés ; l'intervalle laissé entre deux pilots était formé par un arbre retenu à ses extrémités aux pilots par des chaines. Ce genre d'estacade a l'avantage de ne point interrompre la navigation, puisqu'il suffit de décrocher le bout d'un arbre pour donner passage entre deux pilots aux bateaux du commerce. Les Anglais, en 1814, placèrent en amont de leur pont sur l'Adour une estacade composée d'une double rangée de grands mâts.

On tend aussi en travers des rivières des chaînes ou des câbles que l'on soutient sur la surface des eaux par de légers corps flottants placés de distance en distance. On a rapporté, en 1809, de Vienne à Strasbourg, une chaîne qui avait servi à barrer un des bras du Danube. Cette chaîne, qui a été transportée en 1836 à Paris, a 175, 95 de longueur, et pèse 3,275 kilogrammes; elle est formée de 1,173 mailles, pesant chacune 2k, 80.

Les estacades flottantes ou de pilotis se placent autant que possible à 1,000 ou 1,200 mètres en amont des ponts; l'on choisit de préférence un emplacement où la rivière soit divisée en plusieurs bras

par des îles, par des bancs de gravier ou de sable, parce que les estacades partielles auront plus de solidité, et seront plus faciles à établir qu'une grande estacade barrant la rivière dans toute sa largeur.

Une estacade ne sera bien établie qu'autant qu'aucun corps flottant ne pourra la franchir, qu'elle soutiendra leur choc sans se rompre, et que son inclinaison, par rapport au courant, sera

telle que les corps flottants arrêtés soient forcés par l'action du courant de glisser le long des pièces qui la composent et de venir échouer à la rive ou sur les basfonds.

En temps de guerre, pour empêcher les vaisseaux et les brûlots de l'ennemi de pénétrer dans les ports, on ferme leur entrée et l'embouchure des fleuves par des estacades, qu'on ouvre à volonté pour le passage des navires du commerce. C. A. H. ESTAFIER. Ce mot dérivé de l'italien staffiero, homme d'écurie (de staffa, étrier), est généralement peu usité en France, où il est toujours pris en mauvaise part et ne s'emploie guère que pour désigner un laquais de mauvaise mine, on dit il a l'air d'un grand estafier. Cette dénomination s'étend encore à des gens de plus bas étage. En Italie, d'où elle nous est venue, les nobles avaient un ou plusieurs estafiers qui portaient le manteau et la livrée et les accompagnaient armés dans toutes leurs expéditions nocturnes. Leurs fonctions étaient bien distinctes de celles des autres valets ils étaient chargés des messages secrets qui ne se délivraient qu'avec un profond mystère, et, si l'on en croit la chronique, leurs bras servirent plus d'une fois d'instruments de vengeance à de grands seigneurs peu scrupuleux de se débarrasser d'un rival. C'est sans doute l'odieux de ce dernier emploi qui a rejailli sur le triste renom qu'a chez nous l'estafier. Pourtant ces laquais ne firent pas toujours en Italie l'office de bravi (voy.), car les cardinaux avaient des estafiers armés qui les escortaient pour les protéger, et l'on assure qu'on en voit encore aujourd'hui à l'enterrement des papes. Il y eut un temps où, en Angleterre, l'usage d'avoir des estafiers devint

si général, qu'on en trouvait à loyer et que les marchands les prenaient pour protéger le transport de leurs marchandises. C'est à cette époque seulement, où la police ne mettait pas à l'abri des tentatives des malfaiteurs et où les seigneurs du moyen-âge se servaient d'estafiers comme de hérauts d'armes, que cette profession qui avait en soi quelque chose de militaire, pouvait avoir un caractère d'utilité qu'elle a complétement perdu. V. R.

ESTAFETTE, mot qui désigne un courrier qu'on envoie, le plus souvent à cheval, d'un relai à l'autre seulement, et qui s'appliquait peut-être dans l'origine aux courriers militaires. Ce mot appartient sans doute à la même famille que le précédent, quoique Gébelin le dérive du latin stapedarius, valet de pied (de stare et pes). X.

ESTAING (CHARLES-HECTOR, Comte D'), lieutenant général des armées navales, commandeur de l'ordre du SaintEsprit, né au château de Ruvel, en Auvergne, en 1729, était issu d'une noble et ancienne famille du Rouergue, nommée de Stagno dans les actes du xe siècle. Un de ses ancêtres, DIEUDonné d'Estaing, qualifié ancien chevalier, sauva le roi Philippe-Auguste d'un péril imminent à la bataille de Bouvines (voy.), en 1214, et en fut récompensé par la permission de placer dans son écu les armes de France avec un chef d'or pour bri

sure.

Charles-Hector d'Estaing commença sa carrière militaire par le grade de colonel dans un régiment d'infanterie et devint bientôt après brigadier des armées du roi. Il faisait, en cette qualité, partie du brillant état-major qui s'embarqua, en 1757, sur l'escadre du comte d'Aché, avec de Lally, nommé commandant gé– ↑ néral des établissements français aux Indes-Orientales. En débarquant le 28 avril 1758, de Lally chargea le comte d'Estaing d'aller investir Goudelour, avec deux bataillons du régiment de Lorraine et 300 Cipayes. Six jours après, cette ville était au pouvoir des Français. Il participa ensuite à la prise du fort SaintDavid, surnommé le Berg-op-Zoom de l'Inde, qui se rendit à discrétion le 2 juin suivant. Bientôt tout le sud de la côte de

les Anglais lui rendirent la liberté sur parole; mais le comte, oubliant bientôt cet engagement, se mit à la tête d'un parti de Français et fit un mal considérable au commerce britannique.

les

Fait prisonnier une seconde fois, vainqueurs l'envoyèrent en Angleterre où il fut mis en prison à Portsmouth. Rendu enfin à sa patrie après quelques années de captivité, il voua aux Anglais une haine dont il rechercha depuis toutes les occasions de leur donner des preuves.

A la paix de 1763, le comte d'Estaing, quittant le service de l'armée de terre, fut fait lieutenant général des armées navales. C'était entrer par la mauvaise porte dans un corps si jaloux de ses droits et de ses prérogatives: aussi est-ce vraisemblablement à ce motif qu'on doit attribuer le peu d'estime qu'eurent toujours pour lui les officiers de la marine royale. Il chercha à s'en dédommager en captant celle des officiers bleus; et peutêtre cette dangereuse faveur, en opposition avec l'opinion qui s'était formée contre lui parmi les siens, ne contribua-t-elle pas peu à la conduite qu'il tint depuis.

Coromandel était balayé d'Anglais. Tremblants pour leur capitale, ils évacuaient leurs places du nord pour réunir leurs garnisons dans Madras. Lally pousse en avant, et, à son approche, les Anglais se replient sur cette ville. Ne pouvant les y suivre, parce que le comte d'Aché refusait de l'y transporter sur son escadre, Lally guette l'hivernage de l'escadre anglaise, et le jour même où elle appareille pour Bombay, il dirige son armée en cinq colonnes sur les quatre places fortes qui couvraient la nababie d'Arcate et sur la capitale. Le comte d'Estaing commandait une de ces colonnes. Deux de ces places sont emportées d'assaut, deux capitulent, et Lally entre en vainqueur dans Arcate. Mais c'était à Madras qu'il voulait aller. Dans le conseil qui fut assemblé pour mettre cette entreprise en délibération, le comte d'Estaing rallia tous les membres à son avis, qu'il valait mieux périr d'un coup de fusil sur les glacis de Madras que de faim sur ceux de Pondichéry. En effet, le gouverneur avait déclaré que dans quinze jours il ne pourrait plus payer l'armée ni la nourrir. On se cotisa; Lally prêta 144,000 livres. Avec cette faible ressource, il parvint à mettre en mouvement 3,000 soldats blancs et 5,000 noirs, prit quatre places sur sa route, et força la ville noire de Madras le 14 décembre 1758. De 80,000 habitants qui, la veille, remplissaient cette grande cité, il n'y restait que 2,000 Arméniens; mais elle regorgeait de richesses. Pendant que le général et l'état-major s'occupaient à reconnaître le fort Saint-George, la moitié de la troupe se débande et pille Madras pêlemêle avec 6,000 habitants de Pondichéry. Le gouverneur anglais, qui aperçoit ce désordre du haut du fort où il s'était réfugié, fait sortir l'élite de sa garnison. Le régiment de Lorrainé prend les Anglais pour le régiment de Lally, les laisse approcher dans la partie droite de la ville, et n'est détrompé qu'en recevant leur feu. Le comte d'Estaing court à sa brigade; mais en s'y rendant il donne dans un poste anglais, est blessé, renversé de cheval et fait prisonnier.

Pour rendre hommage à la brillante nleur qu'il avait déployée contre eux,

En 1778, le comte fut choisi pour commander une escadre de douze vaisseaux et quatre frégates destinée pour l'Amérique septentrionale; il porta son pavillon sur le Languedoc, de 90 canons. Parti de Toulon le 13 avril, les vents contraires ne lui permirent d'arriver à l'embouchure de la Delaware que le 8 juillet suivant. De concert avec les Américains, il alla se présenter devant Rhode Island, força le 8 août le passage de Newport et entra dans la baie de Connecticut. L'amiral anglais Howe, qui connaissait toute l'importance de cette position, faisait ses préparatifs pour y porter du secours, et, quoique ses forces fussent inférieures à celles des Français, il ne désespérait pas de réussir dans cette entreprise. Mais dès que le vent eut passé au nord, le 10, le comte d'Estaing en profita pour couper immédiatement ses câbles et aller lui présenter le combat.

Les deux escadres étaient en présence: celle des Anglais manœuvrait pour éviter le combat, lorsqu'un des plus terribles coups de vent qu'on eût essuyés depuis longtemps dans ces parages vint les as

saillir dans la nuit du 11 au 12 et les l'anse du grand cul-de-sac, sous la prodispersa. Cette tempête dura quarante tection d'une batterie élevée sur la pointe heures. L'escadre française fut très mal- du morne le plus proche; il débarqua traitée; la plupart des vaisseaux éprou- les troupes qu'il avait amenées en les faivèrent des avaries majeures. Le Langue- sant marcher sur trois colonnes par trois doc fut démâté complétement; il perdit sentiers différents, afin qu'elles attaquasson gouvernail, et, errant dans cet état, sent séparément. Mais soit que ces coil fat rencontré et attaqué par un vais- lonnes eussent été mal guidées, soit qu'elseau anglais de 50 canons, dont peutles se fussent égarées dans leur route, être il serait devenu la proie si deux elles débouchèrent toutes les trois sur le autres vaisseaux, moins maltraités, ne même point et sous le feu de l'artillerie fussent venus inopinément à son secours. ennemie. Elles furent alors foudroyées Toutefois le comte d'Estaing fut assez d'une manière si terrible qu'elles tomheureux pour rallier successivement tous bèrent dans le plus grand désordre et se les bâtiments de son escadre, et le 13, retirèrent précipitamment à travers les au soir, il vint reprendre son mouillage bois. Ainsi forcé à la retraite, le comte devant Newport. d'Estaing, après avoir fait rembarquer les troupes qui lui restaient, reprit sa croisière devant l'escadre anglaise ; mais peu de jours après il fit voile pour retourner à la Martinique.

Le comte d'Estaing n'était pas un de ces hommes savamment audacieux qui ne s'éloignent des règles de la prudence ordinaire que pour suivre les inspirations du génie. La conquête de Rhode-Island pouvait encore s'effectuer; le général américain Sullivan y avait reçu quelques renforts et pressait le comte d'Estaing de venir à son secours; le marquis de La Fayette joignait ses instances à celles des Américains. Rien ne put vaincre les résolutions de l'amiral : l'escadre remit à la voile, mais pour se rendre dans la rade commode et sûre de Boston, où elle mouilla. Dès lors, il ne resta plus aux Américains d'autre parti à prendre que celui de s'occuper sérieusement de leur retraite : le général Sullivan la fit exécuter en bon ordre dans la nuit du 28 au 29 août, et les Anglais prirent immédiatement possession de Rhode-Island.

Après avoir réparé ses vaisseaux à Boston, le comte d'Estaing remit à la voile le 4 novembre 1778, et se dirigea sur les Antilles.

Cependant il reprit le premier l'offensive; il fit embarquer 300 hommes de troupes sur une frégate, deux corvettes et un brick, et chargea le chevalier Durumain, lieutenant de vaisseau, d'aller s'emparer de l'île Saint-Vincent. Cet officier mouilla le 16 juin 1779 dans la baie de Young-Island. Aussitôt il débarqua les troupes et s'empara, l'épée à la main, des hauteurs qui dominent Kingstown; de là, sans donner aux Auglais le temps de revenir de leur surprise, il marcha droit au fort. Le gouverneur, déconcerté par une attaque aussi brusque et voyant d'ailleurs un grand nombre de Caraïbes descendre du haut des mornes pour se joindre aux Français, entra à l'instant en pourparler. L'ardeur et le zèle de Durumain ne lui permirent pas de régler lui-même les articles de la capitulation. A la nouvelle de l'apparition de trois bâtiments anglais, cet intrépide officier revole à bord, coupe ses câbles, se met à leur poursuite, en prend deux, et revient peu d'heures après recevoir la reddition de la garnison anglaise et la soumission des habitants. Ainsi fut re

En arrivant à la Martinique, son premier soin fut de rassembler le plus grand nombre de troupes possible. Il était parvenu à réunir 6,000 hommes, et il se disposait à aller attaquer les îles britanniques, lorsqu'il apprit que les Anglais l'a-prise l'ile de Saint-Vincent. vaient prévenu en s'emparant de SainteLucie, où ils avaient débarqué 4,000 hommes soutenus par sept vaisseaux. A cette nouvelle, il appareilla immédiatement. Il trouva l'amiral Barrington embossé dans

La conquête de cette île ne tarda pas à être suivie d'une autre beaucoup plus importante, celle de la Grenade. Il fallait pour l'entreprendre des forces navales supérieures à celles de l'amiral By

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