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que d'Oria avait quitté le service de François Ier pour celui de Charles-Quint, et qu'il avait chassé les Français de la ville et des forteresses de Gênes. Le libérateur, ainsi qu'on l'appelait alors, vivait dans une fastueuse retraite; il avait une cour à l'égal des rois, et ce n'était que pour mieux conserver l'influence décisive qu'il exerçait dans le maniement des affaires publiques qu'il n'avait pas voulu accepter le vain titre de doge; mais il se parait de celui de censeur perpétuel de la république. Le palais habité par d'Oria, dont on peut encore aujourd'hui admirer l'imposante architecture, était situé hors des murs de la ville, et sur le bord de la mer, près la porte Saint-Thomas. C'est là que se tenait la cour du libérateur et d'où partaient les ordres que recevaient avec soumission les autorités politiques et le doge luimême. Cependant les innovations introduites dans le gouvernement de la république, bien qu'elles eussent ramené le calme là où régnait la tempête et assoupi les querelles des Frégose, des Adorne, des Montalto et des Guarchi, ne pouvaient plaire à tous les partis; la faction populaire avait été abattue, et les formes du gouvernement aristocratique avaient succédé à celles du gouvernement démocratique *. Il n'en fallait pas davantage, dans un état qui s'intitulait républicain, pour qu'on dit que la liberté avait été tuée; et, dans le fait, il en était ainsi : d'Oria était un dictateur que les Génois toléraient, plutôt par respect pour sa gloire militaire que pour les services qu'il leur avait rendus. C'était surtout l'insolence de son neveu Jeannetin (Giannettino) que le peuple et la noblesse s'accordaient à détester. Autour de cette idée de liberté venaient se grouper les jalousies privées, les ambitions rivales, les haines de familles et toutes les mauvaises passions qui, selon l'usage en semblable circonstance, se cachaient sous le masque hypocrite du bien public. Au dehors, les ennemis de la république étaient attentifs à fomenter ces querelles intestines, épiant le moment favorable de les faire

(*) Vor. ce que nous en avons dit à l'article DOGES DE GENES, et ce qui en sera dit encore à l'article GÊNES.

tourner à leur profit: tels étaient en première ligne le roi de France, le pape et le duc de Plaisance. François Ier cherchait, on le conçoit, à rattacher à sa couronne ce fleuron que la trahison de d'Oria en avait détaché violemment. La chaire pontificale était alors occupée par Alexandre Farnèse, couronné sous le nom de Paul III. Ce pontife voyait avec peine le développement prodigieux de la puissance impériale; il avait à se venger du refus que lui avait fait Charles-Quint de céder le duché de Milan à son fils PierreLouis Farnèse (voy.), et récemment encore il avait été contraint de dévorer en silence l'affront que lui avait fait souffrir André d'Oria en séquestrant quatre galères de l'Église. Ces motifs avaient déterminé le pape à embrasser le parti de la France. Enfin le duc de Plaisance, Pierre-Louis, attaché au souverain pontife par les liens du sang, recevait avec respect l'impulsion que lui donnait la cour de Rome.

Telle était, vers la fin de l'année 1546, la situation des affaires au dehors et au dedans de la république, lorsqu'un noble rejeton de l'illustre famille des Fieschi conçut le projet de délivrer son pays de la tyrannie des d'Oria.

JEAN-LOUIS de Fiesque, à peine âgé de vingt-trois ans, se trouvait déjà chef de sa race et possesseur de fiefs considérables. Aux avantages de la jeunesse et de la fortune il réunissait ceux de l'esprit, du cœur et de la beauté. Il était allié à l'une des plus anciennes familles génoises, celle de Cibo, et la gracieuse Eléonore, sa femme, qui entrait alors dans sa vingtième année, achevait de rallier aux Fieschi ceux que le comte n'avait pu s'attacher. A tant d'éclat se mêlait une ombre importune : Fiesque était fait pour commander, et il obéissait; le premier rang lui était dû, au moins | après le vieux d'Oria, et ce rang était occupé par l'insolent Giannettino, neveu et héritier du chef de la république.

Déjà vers l'année 1541, Fiesque s'était mis en rapport avec un de ses compatriotes, César Frégose, qui jouissait d'un grand crédit à la cour de France; mais ce dernier ne put rien obtenir : l'obstination qu'il mit à cacher le nom du chef de la con

ces et ses observations: le vieux d'Oria n'en tint aucun compte.

spiration inspira à François Ier des doutes qui nuisirent au succès de la négociation; mais plus tard le roi entra en relation avec Fiesque par l'entremise de son ambassadeur et principal agent en Italie, Guillaume du Bellay (voy.).

Le comte de Fiesque, jugeant alors que le moment favorable était venu, se rendit à Plaisance, où il n'eut pas de peine à s'entendre avec Pierre-Louis Farnèse à qui il acheta quatre galères. A peine le marché était-il conclu que Fiesque envoya un des navires à Gênes, annonçant publiquement qu'il le destinait à courir sur les corsaires barbaresques. Lui-même visita le pape Paul III, qui le mit immédiatement en rapport avec Augustin Trivulce, cardinal, protecteur de France, et parent de Fiesque. On convint que la révolution aurait pour objet de remettre Gênes sous l'autorité du roi de France.

Rentré à Gênes, Fiesque convoqua les trois hommes qui lui étaient le plus dévoués, Vincent Calcagno, de Varèse, Raphaël Sacco, jurisconsulte de Savone, qui remplissait les fonctions de juge sur les terres du comte, et Jean-Baptiste Verrina, fils d'un riche négociant génois, homme d'exécution et doué d'une imagination très vive et de passions impétueuses. Quand ces trois hommes eurent entendu le rapport de Fiesque, il fut décidé que le conte persévérerait dans son projet, mais en agissant toutefois avec le seul secours de ses amis et des Génois, sans la participation de la France. Cependant le duc de Plaisance levait 2,000 fantassins qu'il s'était engagé à mettre à la disposition des conjurés. Ce mouvement de troupes éveilla

les soupçons du gouverneur de Milan,

qui transmit à l'ambassadeur impérial à Gênes l'ordre de faire connaître à d'Oria ce qui se passait dans les états de Parme, et de l'inviter à veiller attentivement à la sûreté de la république; mais d'Oria, qui affectionnait vivement le jeune et brillant comte de Fiesque, se refusa à voir en lui autre chose qu'un aimable étourdi qui pourrait, avec le temps, devenir l'honneur de la république, mais jamais un chef de conjurés. L'envoyé impérial renouvela vainement ses instan

Tout étant préparé, Jean-Louis invita les d'Oria a venir passer la soirée du 4 janvier (1547) dans son palais. Le motif de cette invitation reposait sur l'alliance prochaine de la sœur de Giannettino avec le frère de la comtesse de Fiesque, Jules Cibo, marquis de Massa. Les d'Oria devaient trouver la mort au moment même où ils prendraient place au banquet qu'on leur offrait. Ils refusèrent l'invitation: l'amiral souffrait de la goutte aux mains, et Giannettino devait partir pour une tournée qui le retiendrait hors de Gênes pendant un mois environ. L'époque marquée pour la réélection du doge approchait; le vaisseau de la république devait demeurer alors sans pilote pendant plusieurs jours. Ce moment d'inquiétude et d'agitation parut favorable aux conspirateurs : l'ordre fut donné, en conséquence, aux conjurés de se tenir prêts pour la nuit du 2 janvier.

Dans la journée désignée, Fiesque envoya Verrina parcourir la ville pour s'assurer de sa disposition et convoquer les conjurés. Lui-même, afin de mieux cacher ses desseins, affecta de faire plusieurs visites de cérémonie; le soir, il se rendit au palais des d'Oria et fit sa cour au vieux amiral; puis, prenant dans ses bras les enfants de Giannettino, il les baisa tendrement, et se retira satisfait d'avoir si bien réussi à endormir ses victimes. De là il se rendit à son château, où il trouva nombreuse compagnie. Quiconque s'y présentait entrait librement, mais personne n'en sortait. Fiesque, ayant réuni ses hôtes autour de lui dans la grande salle du château, employa pour séduire les uns et raffermir les autres tout ce que l'éloquence a de plus entraînant, faisant sonner bien haut le despotisme des d'Oria et l'asservissement des Génois.

Vers le milieu de la nuit les portes du palais furent ouvertes, et les conjurés sortirent en bon ordre, précédés d'une compagnie de 450 hommes choisis parmi les plus intrépides et les plus vieux soldats. Les premiers postes enlevés, on se dirigea vers l'arsenal de mer où se

trouvait la darse, qui fut prise après | quebuse. Plus prudent et mieux informé, une courte résistance. Bientôt l'obscu- | le vieux d'Oria se fit conduire au château

rité de la nuit s'illumine d'une subite clarté que suivit spontanément une violente détonation: Verrina donnait le signal. Aussitôt Jean-Louis et sa troupe se précipitent sur les galères de d'Oria dont les gardiens sont frappés dans les bras du sommeil ou jetés à la mer, pendant que JÉRÔME et OTTOBON de Fiesque, à la tête de soixante combattants, se précipitent sur le poste qui gardait la porte Saint-Thomas sous les ordres du capitaine Lercaro et de son jeune frère, lieutenant d'infanterie (alfiere). Le jeune Lercaro tombe percé de coups, et son frère est obligé de se rendre aux vainqueurs. Dans la ville, le tumulte et la confusion envahissent jusqu'aux quartiers les plus éloignés. Les cloches sonnent à pleine volée, les habitants sortent de chez eux mal armés et à demi vêtus. De tous côtés on voit courir des soldats, des ouvriers portant des torches, des épées, et criant avec enthousiasme « Fieschi! Gatto! Gatto!» On sait, en effet, que le chat figurait dans les armes de la maison de Fiesque.

Cependant Jean-Louis, voyant que la chiourme des galériens se disposait à fuir, voulut prévenir cet événement qui aurait paralysé le secours qu'il attendait de la flottille. Il se hâte de courir à la galère capitane. Pour y parvenir, il failait passer sur une planche jetée entre le bord du quai et l'échelle de poupe de la galère. Verrina précède le comte, et, à peine arrivé sur le vaisseau, il se retourne pour lui donner la main. Fiesque ne l'avait pas suivi!.... Il l'appelle. Fiesque ne répond pas. Ottobon se rend alors à la darse pour savoir ce qu'est devenu son frère aîné: personne ne peut l'en instruire. Il était urgent de prendre un parti. Ottobon reste pour défendre les galères; Jérôme de Fiesque et Verrina, à la tête de 200 hommes d'élite, entrent dans la ville.

Giannettino d'Oria,réveillé en sursaut, était accouru à la porte Saint-Thomas, armé de sa seule épée et précédé d'un page portant une torche. Les conjurés, qui le reconnaissent, s'empressent de lui ouvrir la porte et le tuent à coups d'ar

de Masone, appartenant aux Spinola, à une distance de 15 milles de Gênes. Ce ne fut qu'à Sestri qu'il apprit la mort de son neveu.

Cependant quelques nobles avaient eu le courage de se rendre au palais ducal, où vint les rejoindre l'ambassadeur de Charles-Quint. On envoya une petite troupe, qui fut bientôt dispersée et prise par les conjurés. Verrina se retira sur la galère, afin d'être à portée de fuir si les chances tournaient contre lui. Jérôme de Fiesque, demeuré seul, continua à s'avancer hardiment, joyeux et fier d'avoir à recueillir le magnifique héritage qui semblait lui être promis. Ne sachant quel parti prendre, les sénateurs lui envoyèrent une députation, dont les membres, d'abord pris pour des ennemis par les conjurés, demandèrent à parler au comte de Fiesque. « Il n'y a pas d'autre comte que moi,» répondit Jérôme, ce qui fit regarder comme certaine la mort de JeanLouis et enhardit les sénateurs, qui décidèrent que douze d'entre eux parcourraient la ville en appelant le peuple aux armes. Jérôme vit sa troupe diminuer avec le retour de l'aurore: suivi seulement de quelques-uns des plus compromis d'entre les conjurés, il se mit en devoir de gagner à tout hasard la porte de l'Arc, dont Corneille de Fiesque, frère naturel de Jean-Louis, s'était rendu maître.

au

Quand on connut cette retraite dans le sénat, une nouvelle députation fut envoyée à Jérôme pour lui enjoindre de quitter la ville, avec l'assurance que l'oubli et le pardon couvriraient ce qui s'était passé. Il se retira, en effet, château de Montobbio avec ses parents et amis. Ottobon, Verrina, Calcagno et Sacco, qui s'étaient réfugiés sur la ga lère de Jean-Louis, levèrent l'ancre et firent force de rames pour gagner le port de Marseille. Le lendemain, le sénat envoya deux députés pour offrir à André d'Oria ses compliments de condoléance sur la mort de son neveu et pour le prier de rentrer dans la ville. L'illustre vieillard, ayant acquiescé à cette demande, fut reçu avec des honneurs extraordinai

res et salué par de vives acclamations. Ce jour-là même Benoît Gentile fut élu doge de la république.

On se demandait encore ce qu'était devenu le comte de Fiesque; on craignait qu'il ne se fût enfui pour revenir plus terrible à la tête d'une armée étrangère, lorsqu'enfin on trouva son corps dans la vase. Voulant passer sur la planche qui conduisait au navire, il était tombé dans la mer; nul ne l'avait vu, et le poids de ses armes l'avait empêché de nager. Son cadavre, exposé quelque | temps à la vue de la multitude, fut ensuite porté en pleine mer pour y être enseveli dans les flots.

André d'Oria fit révoquer le pardon accordé aux conjurés. Tous ceux qui avaient pris part à la conspiration furent déclarés criminels d'état. Le superbe palais de Fiesque fut rasé jusqu'aux fondements; la mémoire du comte JeanLouis fut flétrie à jamais. Jérôme de Fiesque, Assereto, Calcagno, Sacco et Verrina furent pendus. Ils avaient été pris dans le château de Montobbio, où les quatre derniers étaient venus depuis peu pour rejoindre le frère de leur chef. Ottobon de Fiesque et Corneille le bâtard s'étaient retirés à Rome; mais le premier tomba quelque temps après entre les mains de d'Oria, qui le fit mettre à mort sans forme de procès. Le plus jeune des frères, SCIPION de Fiesque, se retira en France, sous le coup d'une proscription qui devait s'étendre jusqu'à la cinquième génération, et fut la souche d'une nouvelle branche de cette famille. Les autres Fieschi, errants et pauvres, se dispersèrent en Italie, en Corse et en Provence.

La conjuration de Fiesque a excité la verve des historiens et des poètes; les uns et les autres sont restés généralement fort au-dessous de la grandeur de ce drame historique. Dans le nombre prodigieux des écrits de toute nature que cet événement a fait éclore, l'histoire d'Augustin Mascardi (Anvers, 1629, petit in-4°) mérite d'être citée pour l'exactitude des détails, sinon pour l'impartialité de l'historien. Nous pourrons en dire autant d'un roman publié à Milan, 1822, sous le titre de li conte di La

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vagna, par Giov. Campiglio. La Conju-
ration de Fiesque, par le cardinal de
Retz, n'est qu'une pâle imitation du li-
vre de Mascardi. Schiller a composé une
belle tragédie sur la Conjuration de Fies-
que, mais il ne faut pas y chercher autre
chose que la brillante étincelle d'une ima-
gination féconde; le caractère de Verrina
est complétement dénaturé. M. Ancelot
a fait représenter en 1824, sur le Théâ-
tre de l'Odéon, une tragédie de Fies-
que, où, dans l'intérêt de l'effet drama-
tique, la vérité de l'histoire est cruelle-
ment outragée.
C. F-N.

FIÉVÉE (J.), officier de la Légion-
d'Honneur, ancien conseiller d'état et
préfet de l'empire, naquit à Paris le 9
avril 1767; fort jeune il embrassa l'état
d'imprimeur. Lorsque éclata la révolu-
tion, il n'adopta pas avec enthousiasme,
ainsi qu'on l'a prétendu, les principes
qu'elle venait de jeter dans le monde: il
se rangea parmi ceux qui s'efforçaient
d'arrêter l'esprit révolutionnaire. Doué
d'un extérieur avantageux, d'un bel or-
gane et de toutes les qualités qui consti-
tuent l'homme éloquent, M. Fiévée pa-
rut au sein des sections de Paris et y
acquit bientôt une grande influence.
Nommé président de celle du Théâtre-
Français (aujourd'hui l'Odéon), il y oc-
cupa le fauteuil dans les circonstances
les plus orageuses; mais il fut obligé, au
13 vendémiaire, de s'éloigner de Paris
pour se dérober aux poursuites du parti
révolutionnaire. Cependant rentré bien-
tôt dans la capitale, il y continua la ré-
daction de la Gazette Française, l'un
des journaux de l'époque le plus em-
preint de royalisme et aussi le plus dis-
tingué par les talents de ses rédacteurs.
Proscrit de nouveau au 18 fructidor
(4 septembre 1797), et compris dans le
décret de déportation qui frappait les ré-
dacteurs de journaux dits alors contre-
| révolutionnaires, il eut encore l'habileté
de se soustraire aux persécutions en se
retirant en Champagne, où il composa
deux romans qui ont eu plusieurs édi-
tions, La dot de Suzette, 1798, in-12,
réimprimé en 1803, 1821, 1826, ou-
vrage plein de grâce et de sensibilité, et
Frédéric, 1800, 3 vol. in-18, traduit
en anglais en 1802. Lorsqu'après la ré-

volution du 18 brumaire, qui livra la | litiques ou administratives, peu de variations dans la situation du gouvernement, que l'auteur n'ait eu à traiter. Na

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« rez,

avait pris avec son correspondant de ne jamais le sacrifier. De son côté, M. Fiévée s'exprima avec liberté sur la mort du duc d'Enghien et sur quelques autres points délicats.

M. Fiévée, après avoir été nommé d'abord directeur du Journal de l'Empire (voy. DÉBATS et BERTIN), dont il fut aussi l'un des propriétaires durant plusieurs années, puis chevalier de la Légion-d'Honneur et maître des requêtes, fut, en 1810, envoyé à Hambourg pour opérer la liquidation des départements anséatiques. Au mois de mars 1813, il prédit à Bonaparte sa chute inévitable et cessa de correspondre avec lui.

Le 13 mars 1813, il reçut de l'empereur sa nomination à la préfecture de la Nièvre, poste qu'il occupa jusqu'au 22 mars 1815; cessant alors de faire partie de toute administration, il n'écrivit plus que pour le public.

France à Bonaparte, il eut repris, de retour à Paris, la direction de la Gazette, et que, de concert avec La Harpe, Fon-poléon resta fidèle à l'engagement qu'il tanes, etc., il coopérait à la rédaction du Mercure (en 1800), une de ses lettres ayant été saisie et imprimée par les soins de la police dans un volume qui avait pour titre Correspondance anglaise, M. Fiévée fut arrêté par ordre de Fouché en janvier 1799, et détenu au Temple durant quelques mois. Dans l'intervalle, plusieurs articles que M. Fiévée avait déjà mis dans les journaux frappèrent le premier consul, et lorsqu'en réponse à un livre intitulé: Art de rendre les révolutions utiles, l'ex-prisonnier du Temple publia sa brochure Le 18 Brumaire opposé au système de la Terreur (Paris, 1802, in-8°), Napoléon, bien persuadé que M. Fiévée prenait parti pour son gouvernement, lui fit proposer par M. Roederer un voyage en Angleterre. « Plus j'étudie ce pays dans les livres, lui dit Napoléon, moins je m'en fais une idée. Allez, voyez, et ce que vous m'en écrije le croirai. » M. Fiévée partit en 1802 pour l'Angleterre, d'où il n'adressa, dit-il, que trois notes au premier consul, tandis qu'il envoyait souvent de longues lettres au Mercure de France; ces lettres, réunies à son retour, furent publiées sous le titre de: Lettres sur l'Angleterre et Réflexions sur la philosophie du xvi siècle (Paris, 1802, 1 vol. in-8°); elles attirèrent à leur auteur une vive critique de la part des journaux anglais, surtout de l'Edinburgh Review. C'est qu'en effet M. Fiévée y portait des jugements bien sévères sur le pays qu'il avait visité. Rentré à Paris, il se livra de nouveau à la rédaction des journaux. Ce fut aussi à cette époque que, sur l'insistance de Bonaparte pour qu'il lui continuât la correspondance commencée de Londres, le journaliste fit avec lui le pacte qu'il lui dirait la vérité et qu'il serait obligé de l'entendre. Les communications que M. Fiévée adressa donc au premier consul et ensuite à l'empereur ont été publiées en 1837 sous le titre de Correspondance et relations de J. Fiévée avec Bonaparte, premier consul et empereur, de 1802 à 1813. Il est peu de questions po

Sous la Restauration, M. Fiévée défendit souvent la cause royaliste contre les royalistes eux-mêmes, notamment dans le Conservateur. Il n'a pas cessé dès lors aussi de lutter avec talent et conviction contre les divers ministères qui se sont succédé, soit en coopérant tour à tour et souvent simultanément à la rédaction de la Quotidienne, du Journal des Débats, etc., où ses articles se trouvent presque toujours signés des deux lettres T. L.*, soit par les divers ouvrages qu'il publia de 1815 à 1828. Celui qui contribua le plus à la réputation de son auteur est sa Correspondance politique et administrative, commencée au mois de mai 1814 et continuée jusqu'en 1819 (15 parties in8°). Les vives attaques de cet homme de lettres contre les actes du pouvoir ont donné lieu, en 1818, à une condamnation, prononcée contre lui en police correctionnelle, de 50 francs d'amende et 3 mois de prison.

Outre les ouvrages dont nous avons parlé, M. Fiévée a encore publié : Les

(*) Depuis, M. Fiévée a écrit dans le Temps et aussi, dit-on, dans le National, sous le nom de Lacroix, $.

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