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mune, pourvu que les deux autres ordres souscrivissent au paiement égal des impôts et à l'admission du tiers aux charges de la magistrature, aux emplois militaires et aux dignités ecclésiastiques. On a ajouté que l'injonction faite aux électeurs, et dans presque tous les cahiers, de demander qu'on votât par tête, nécessitait la réunion des ordres. On a ajouté une considération, c'est que la réunion consommée à Paris aurait un grand poids pour la réunion totale aux états-généraux. De l'autre part, on a observé que, quant à la nomination des députés, nous connaissions mieux que personne les sujets de notre ordre, que seuls nous ferions de meilleurs choix, et qu'en nous réunissant aux deux autres ordres nous risquerions de compromettre l'intérêt de nos commettans; qu'il était convenable de rester attachés à la masse presque entière du tiers-état du royaume qui avait fait des cahiers séparés. On a dit que le tiers avait des demandes à faire, des réformes à proposer, qui pouvaient intéresser l'ordre du clergé ou celui de la noblesse, et sur lesquelles demandes ou réformes il fallait que son vœu fût libre; que l'on pouvait être uni par les mêmes sentimens, quoique séparé dans des chambres différentes ; enfin on a ajouté que la réunion des trois ordres nécessi– terait la réduction des membres de plusieurs de ces ordres pour les amener à la proportion établie par le règlement du 24 janvier; que la discussion des cahiers et toutes les opérations subsidiaires deviendraient infiniment plus longues. En conséquence,

l'Assemblée a décidé qu'elle s'occuperait de ces opérations aussi pressées qu'importantes, et qu'elle ne se réunirait point aux deux autres ordres.

J'avoue que mon avis était alors pour la réunion : il faut rendre justice à la noblesse de Paris, elle la désirait, et si toute la noblesse de France avait eu les mêmes sentimens, la révolution, qui ne s'en serait pas moins opérée, aurait eu une autre forme. Ma grande raison pour désirer la réunion, était le poids de l'exemple de Paris à l'Assemblée des états; mais je suis obligé de convenir que l'opposition y fut trop grande; les prétentions étaient trop enracinées pour que pour que cet exemple seul eût entraîné et la réunion générale et le vote par tête. On a fini par s'occuper du mode d'élection, des commissaires à nommer pour la rédaction des cahiers, commissaires dont a fixé le nombre à trentesix ; et l'élection a été ajournée au lendemain.

Lundi 27 avril. L'assemblée, occupée du scrutin des commissaires, a reçu une députation du clergé : elle apportait un arrêté pris la veille, par lequel le clergé de Paris décide de concourir proportionnellement à ses revenus, ne doutant pas que la nation ne reconnaisse comme dettes de l'État les dettes du clergé contractées pour son service. L'abbé de Montesquiou, portant la parole, a fait ensuite un discours d'une éloquence noble et simple, où il a assuré l'assemblée des sentimens de fraternité du clergé. Il a ajouté, sur l'abandon des priviléges pécuniaires, que ce

n'était pas un sacrifice, mais un acte de justice. Il a dit que si le clergé avait si long-temps défendu ses immunités, c'est que ces immunités étaient jadis celles de la nation entière, et qu'il avait toujours conservé l'espérance que la nation les recouvrerait un jour. Il doit m'être permis de dire que l'orateur loua le secrétaire de l'assemblée comme l'ami des pauvres et l'écrivain des hôpitaux. J'ai promis que mon ame serait ici toute nue, et en conséquence je dirai que cette justice qui me fut rendue inopinément au milieu de mes collègues, dans une si digne assemblée et par un autre ordre que le mien, me causa une vive et sensible émotion. Mon témoignage sera sans doute suspect, mais l'abbé de Montesquiou me parut sous la figure d'un ange descendu du ciel pour disposer les esprits à l'union, pour prêcher l'humanité sur la terre; et peut-être que sa figure noble et ingénue, son éloquence douce et persuasive pouvaient présenter cette image à des yeux moins prévenus.

On ne fut point parfaitement content de cet arrêté dans l'assemblée : on trouva que la réserve des dettes du clergé n'était point conforme à la justice. Le clergé n'avait point payé l'impôt, le don gratuit en tenait lieu : il avait dû être pris sur le revenu. Si les titulaires de bénéfice, pour conserver et augmenter leur jouissance, en avaient fait une dette constituée et perpétuelle, était-ce aujourd'hui à la nation à payer les dettes de leur usufruit? Quoi qu'il en soit, on nomma une députation

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pour aller remercier le clergé, et l'on passa au scrutin de liste pour la nomination des commissaires, qui furent, MM. Guillotin, médecin ; Marmontel, de l'Académie française; Lecoulteux de la Noraie, banquier; Camus, avocat; Coster, premier commis des finances; Martineau, avocat; Gorneau, procureur aux consuls; Tassin, banquier; Oignon, ancien consul; Lacretelle, avocat; Collet, avocat; Duclos-Dufresnoy, ancien notaire; Thouin, de l'Académie des sciences; Poignot, négociant; Bevière, notaire; Panckoucke, libraire; Huteau, avocat; Bailly, des trois Académies; Germain, négociant; Desèze, avocat; Réveillon, négociant; Étienne, juge - consul Thouvenel, inspecteur des manufactures; de La Frenaie, négociant; Gaillard, des Académies française et de belles-lettres; De Londre, épicier; Suard, de l'Académie française; Boscari, négo ciant; Target, avocat; Trudon, négociant; Cadet, de l'Académie des sciences; Gibert, ancien consul; Régnier, agent des assemblées provinciales.

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Je donne ici la liste de ces commissaires pour faire honneur à l'assemblée de ses choix la très-grande majorité était bonne je la donne aussi parce que la succession des choix fait connaître la marche de l'opinion relativement à ceux qui ont figuré dans la révolution. On avait prévenu beaucoup de membres que M. Target et moi ne devions pas être commissaires, tant par les fonctions de nos places, que parce que ces places

mêmes nous donnaient le droit d'assister et de prendre part à la rédaction des cahiers. On nous retira donc du nombre des commissaires, et l'on substitua M. Treilhard, avocat, et M. Séjourné, négociant.

On nomma comme devant suppléer en cas de besoin MM. Pluvinet, négociant; Blin de SaintMaure, historiographe de l'ordre du Saint-Esprit; Vauvilliers, de l'Académie des belles-lettres; Le Normand, négociant; Léguillier, marchand épicier; Périer, de l'Académie des sciences; Stoupe imprimeur.

Ce jour il y eut un grand mouvement dans Paris et une insurrection au faubourg Saint-Antoine. Elle était dirigée contre le sieur Réveillon, marchand de papier, homme jouissant de la meilleure réputation, et particulièrement estimé des personnes que j'estimais moi-même. Le peuple prétendait qu'il avait dit qu'on pouvait vivre avec quinze sous, et qu'il fallait réduire à ce taux les journées. Ce propos était sans vérité ; il était peu vraisemblable qu'il l'eût tenu, et il a protesté le contraire cependant le peuple se porta à sa maison; elle fut pillée, on tenta d'y mettre le feu. On y envoya sur-le-champ les gardes-françaises, qui s'y conduisirent avec beaucoup de circonspection. Je ne sache pas qu'il y ait péri personne (1), mais M. Réveillon essuya une perte considérable,

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(1) Bailly était mal informé sur ce point. Voir à la suite des

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