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une avanie fort douloureuse, et fut encore obligé de fuir, et de s'expatrier (1) pendant un temps pour mettre ses jours en sûreté. Nous plaignions alors un malheur si peu mérité, mais nous ne voyions dans cet événement qu'une erreur et une émeute populaire. J'ai appris depuis que cette insurrection tenait très - vraisemblablement à des causes cachées et générales, et préludait ces insurrections qui devaient suivre.

M. Réveillon était électeur; il venait d'être nommé l'un des commissaires pour la rédaction des cahiers. On demanda si son absence inévitable ne mettait dans le cas d'en nommer un autre; mais on voulut qu'il restât commissaire malgré cette absence, pour contribuer à sa justification par l'estime de l'assemblée.

pas

Le soir, M. de Gouy d'Arcy est venu, au nom de la colonie de Saint-Domingue, pour demander la liberté de former des assemblées particulières pour nommer des représentans, et que des députés déjà arrivés en France fussent admis aux états-généraux. M. de Couy sollicitait l'appui du tiers-état pour cette réclamation.

Mémoires de Ferrières les pièces relatives à l'affaire de Réveillon. · (Note des nouv. édit.)

(1) On a vu, dans les notes des Mémoires de Ferrières, que Réveillon ne s'était pas expatrié, mais qu'il s'était caché à la Bastille, où le gouvernement lui avait accordé un asile.

(Note des nouv. édit.)

On proposa ensuite une question importante, celle de savoir s'il ne convenait pas de nommer les députés, avant de procéder à la rédaction des cahiers, puisque l'ouverture des états-généraux était fixée au lundi 4 mai, et qu'il ne restait plus que huit jours. La question a été ajournée au mercredi 29.

Mercredi 29 avril. La question proposée le lundi a été amplement discutée. Ceux qui voulaient les députés ont observé que si l'on commençait par les cahiers, les députés ne seraient pas choisis, et manqueraient non-seulement à l'ouverture, mais à plusieurs des premières séances des états; que dans ces séances on nommerait des présidens, des secrétaires, et que les représentans de la capitale n'auraient aucune part à ces élections. On se souvenait que le prévôt des marchands de Paris était membre né des états-généraux, et presque toujours le président du tiers; quoiqu'il ne pût y avoir désormais ni droits ni privilége, le choix pouvait y suppléer; on craignait que la lenteur des nominations ne fit perdre cet honneur à la ville de Paris. On ajoutait une raison plus forte l'une des premières délibérations des états devait être pour décider si les trois ordres se réuniraient pour voter par tête, ou si l'on voterait par ordre; et la ville de Paris serait la seule du royaume qui n'eût pas influé dans cette décision, la plus importante de toutes.

:

Ceux qui n'étaient pas de cet avis ont opposé qu'en précipitant la nomination des députés, on se privait d'un temps précieux pour étudier, connaître les membres de l'assemblée et éclairer les choix; que les cahiers et le travail des commissaires procureraient des lumières à cet égard. Mais on a surtout posé en principe que la confection des cahiers devait précéder la nomination des députés, ces cahiers devant contenir leurs pouvoirs et leurs obligations; que les députés ne pouvaient partir sans être munis de ces pouvoirs, sans connaître et peser ces obligations; et que suivant la nature de celles-ci, il y avait peut-être telle personne qui, ne pouvant s'engager dans les circonstances où elle se trouve, refuserait la députation. D'autres opinans, en convenant de la vérité de ces principes, et j'étais de ce nombre, sentant la nécessité que la ville de Paris fût représentée à l'ouverture des états-généraux, ont ouvert un avis moyen. Ils ont distingué dans les cahiers deux parties; la première, qu'on peut appeler constitutionnelle, et qui aura pour objet la liberté, la propriété des citoyens, l'ordre immuable à mettre dans les finances, partie la plus importante et dont les objets ont le vœu unanime de tout le royaume, objets qui ont été discutés dans tous les bailliages, et dont l'exposition ne demande qu'une simple indication. Cette première partie des cahiers contiendrait les pouvoirs essentiels des députés, et pourrait être rédigée en peu de temps, pour être

lue avant la nomination. La seconde partie, qui est de détails et de localités, pourrait être travaillée plus à loisir, et envoyée aux députés comme instruction. Cet avis moyen a été fortement combattu. On a observé que ces détails et ces localités mêmes pouvaient contenir des obstacles à l'acceptation des députés; on a opposé le principe incontestable qu'un pouvoir donné et des obligations imposées à un mandataire doivent lui être connus dans leur entier, afin que son acceptation soit complète et vraiment obligatoire. On a observé que les fonctions importantes dont l'assemblée est chargée, la confiance des citoyens dont elle est revêtue, ne lui permettaient dans sa marche aucune précipitation, quelque légitime que pût en être la cause; que les principes de justice et les formes légales devaient être dans tous les temps rigoureusement observés, mais surtout dans le moment où nous sommes appelés à poser les bases de la constitution, les premières lois de la société où nos neveux doivent vivre; acte solennel, qui est la première de toutes les formes légales, et qui n'admet rien que de légal dans ses préparations, Ces principes, ces raisons, ont déterminé l'assemblée qui, à la grande pluralité des opinions, a décidé qu'on procéderait avant tout à la rédaction des cahiers.

Si je suis entré ici dans un assez grand détail sur ces premières discussions de l'assemblée, c'est que dans ces Mémoires, ou Journal de ma vie de

trente-un mois (1), j'écris pour l'honneur et de mon district, et de l'assemblée des électeurs et de l'Assemblée nationale, et de la municipalité de Paris. Je suis, pour cet intervalle, l'historien de leur gloire. C'est que dans ces momens où se développait le germe de la liberté, on doit aimer à voir comment un peuple s'essaie à la législation.

Le soir, les commissaires réunis se partagèrent pour le travail en six bureaux, sous les titres de Constitution, Finances, Agriculture et Commerce, Religion, Clergé, Mours, Éducation, Hôpitaux, Législation, Municipalité.

Jeudi 30 avril, 1 et 2 mai.

Les commissaires s'en occupèrent le jeudi et le vendredi par un travail opiniâtre, continué depuis huit heures du matin jusqu'à dix heures du soir. Enfin, le samedi 2 mai, tous les bureaux se réunirent pour entendre la lecture des cahiers particuliers destinés à composer le cahier commun. Ils ont été discutés, corrigés, et enfin arrêtés dans ce dernier travail, qui a duré jusqu'à une heure après minuit.

Dimanche 3 mai.. -On a fait une première lecture du cahier général sans y permettre aucune

(1) Bailly n'a pas entièrement accompli le dessein qu'il s'était proposé. Ses Mémoires, qui devaient comprendre un espace de trente et un mois, s'arrêtent au 2 octobre 1789.

(Note des nouv. édit.)

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