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Pourquoi une créature si parfaite a-t-elle été soumise aux purifications de la loi ? pourquoi cette vierge, encore plus pure après son enfantement, s'est-elle tenue éloignée du temple pendant quarante jours, elle qui avait mis au monde le maître du temple? pourquoi son Fils, le Fils de Dieu, est-il présenté dans la maison de son Père comme un enfant dénué de tout? pourquoi celui qui devait changer la loi se soumet-il à la loi ? pourquoi tant d'obscurités, tant de contradictions apparentes, tant de mystères? Ah! c'est que tout ce qui se passe dans le temple est fait pour nous; pour nous, mélange de misère et de grandeur, de force et de faiblesse, véritable abîme de contradiction et de ténèbres; pour nous, créés dans la gloire et tombés dans l'opprobre. Une grande réparation s'accomplit. Dieu nous sauve de la même manière que notre ennemi nous avait perdus. Une femme avait été le principe de notre ruine, une femme est le principe de notre salut. Les deux sexes ont coopéré à notre mort, ils contribuent tous deux à notre résurrection. Une femme nous est donnée pour mère à la place d'une autre femme, une humble au lieu d'une superbe. Toute la destinée humaine est expliquée : la chute et la rédemption, l'innocence et la douleur, Jésus-Christ et Marie ouvrent au repentir le chemin du ciel fermé depuis la faute d'Adam et d'Ève.

Marie, acceptant le sacrifice de l'esprit, consommant le sacrifice du cœur, répare la désobéissance d'Ève; elle nous apprend le culte que nous devons à Dieu, l'adoration en esprit et en vérité, et nous révèle la gloire qui en est la suite. Aussi Marie est-elle la plus grande des créatures par les lumières qui lui ont

découvert la grandeur de l'humilité et de l'esprit de sacrifice, par l'amour qui lui en a fait accepter les rigueurs, par la gloire qui a récompensé en elle l'acceptation de la mort de son Fils. Tel sera le partage de ce discours.

Implorons l'Esprit saint, afin que nous puissions imiter la vie et la mort du Fils et de la Mère, du nouvel Adam et de la nouvelle Eve.

Ave,

Maria.

PREMIÈRE PARTIE.

Fille des rois, des grands-prêtres et des patriarches, descendante de David, Marie était pauvre par suite de la captivité de Babylone, qui avait changé toutes les conditions dans la Judée. Elle habitait la petite ville de Nazareth, dans l'humble demeure de Joachim et d'Anne, son père et sa mère. Devenue l'épouse d'un simple artisan, elle s'était unie à lui pour protéger et cacher sa virginité. Vouée au temple dès sa plus tendre enfance, elle méditait sans cesse en elle-même les vérités révélées, et la chute des anges, et cette grande promesse faite à Abraham que toutes les nations de la terre seraient bénies en un Fils de sa race. Elle voyait cette promesse transmise d'Isaac à Jacob, de Jacob à Juda, de Juda à David; et, comme le sceptre sorti de Juda était alors entre les mains d'un prince iduméen, elle croyait, selon la prédiction de Jacob, les jours du Messie arrivés. Tout-à-coup l'ange qui avait parlé à Daniel et à Zacharic paraît devant elle,

Dès que l'ange lui a dit: Je vous salue, Marie pleine de gråce, vous êtes bénie entre toutes les femmes, Marie se trouble. Ignorant le monde, dont elle était ignorée, Marie descendait encore au-dessous de l'humble situation où le ciel l'avait fait naître par la sublime humilité d'un cœur qui ne s'ouvrait qu'aux saintes inspirations de Dieu; elle avait suivi la volonté divine en faisant vœu de rester vierge: aussi vous la voyez plus inquiète de l'idée de renoncer à la virginité que flattée de l'honneur qui lui est offert. Marie entend dire qu'elle va devenir la mère du Messie, que son Fils règnera éternellement; elle sait que Satan peut se transformer en ange de lumière, elle hésite.

Que cette demeure pauvre et obscure, où se passe la première scène de l'Incarnation, contraste avec les délices et la magnificence de l'Eden, où un ange aussi vint parler à Eve! Que de leçons à recueillir si l'on compare les deux mères du genre humain, la mère des morts, la mère des vivans: d'un côté, l'humilité, la pauvreté, l'obéissance; de l'autre, les richesses, I ċclat, la gloire, tout ce qui perd, tout ce qui sauve. Ève était reine du monde, tout lui avait été assujetti; brillante de beauté, elle était immortelle, elle s'enivra d'elle-même.

L'ange qui lui apparut est celui dont Ezechiel a dit: << Tu habitais dans les délices du Paradis, toi le sceau de la ressemblance divine, plein de sagesse et parfait en beauté. Tes vêtemens étaient couverts de topazes, de jaspes, de chrysolithes, de saphirs, d'émeraudes. Placé sur la montagne sainte de Dieu, tu marchais au milieu des pierres étincelantes. » Mais cet ange, devenu rebelle, veut entrainer dans sa chute Adam et

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Ève, destinés à le remplacer dans la gloire; c'est au milieu des artifices, c'est par des insinuations, c'est sous la forme d'un serpent qu'il se manifeste. Ève, au lieu de le repousser, l'écoute; elle aspire à devenir semblable à Dieu, elle se laisse entraîner aux paroles de l'ange des ténèbres, elle cueille le fruit de l'arbre de la science du bien et du mal, et tout change à l'instant pour elle; dégradée par le péché, condamnée à mort, chassée du Paradis terrestre, elle enfante avec douleur une postérité maudite.

Eve avait été séduite par la promesse d'être semblable à Dieu; Marie entend dire qu'elle va devenir la mère de Dieu, elle attend en silence l'inspiration du Très-Haut. Vierge, il faut qu'elle consente à devenir mère; mère, à immoler son Fils.

Vierge sainte s'écrie saint Bernard, tous les hommes, tous les siècles, sont suspendus à vos lèvres; l'ange attend une réponse, et nous une parole de pitié. Voilà qu'on nous offre le prix de notre rançon, nous serons délivrés à l'instant si vous y consentez. Créés à l'image de Dieu, nous nous sommes perdus ; vous pouvez aider à nous rétablir par une parole: c'est ce que vous demandent Adam et sa postérité bannis du Paradis, et le patriarche Abraham; tous se prosternent à vos pieds sacrés, parce que de vous dépendent la consolation des misérables, la rédemption des captifs, le salut de tout l'univers. Donnez, s'il vous plaît, cette réponse que le ciel, la terre et les enfers attendent. Dieu même, qui a tant aimé la beauté de votre âme, désire de votre bouche la réponse par laquelle il a résolu de sauver le monde. Dieu vous crie du haut du ciel Ma bien-aimée, faites entendre

votre voix, prononcez une parole passagère, et vous concevrez la parole éternelle. Un ange, une vierge, dans l'humble demeure de Marie, décidaient du sort du monde : un ange envoyé par le Créateur; une vierge représentant toutes les créatures; un ange, une vierge plus angélique que l'ange même.

Entendez enfin son humble réponse : Ecce ancilla Domini; voici la servante du Seigneur. Marie D'a pas oublié que Dieu devait susciter au démon un ennemi dans une femme, que cette femme devait écraser la tête du serpent. Elle se souvient que Dieu a promis à la famille de David un signe, et ce signe était une vierge enfantant un Fils, l'Emmanuel, le Dieu avec nous. Elle consent à la volonté de Dieu, elle renonce à toutes ses pensées, elle se dépouille de tous les sentimens de son cœur pour accomplir la parole divine. Elle déclare que tout ce qui est en elle appartient à Dieu, elle prononce le mot de la rédemption : Qu'il me soit fait selon votre parole: Fiat mihi secundùm verbum tuum.

O puissance! ô prodige d'amour pour Marie! A peine a-t-elle prononcé ce mot: Fiat, qu'il soit fait, toutes les prédictions s'accomplissent, les désirs des patriarches, l'attente des nations, sont remplis, un ciel nouveau paraît au-dessus de nous, les intelligences célestes s'étonnent, la nature divine s'unit à la nature humaine. Marie possède dans son sein l'espérance de la terre, la gloire des siècles, la joie de l'univers. Une parole a changé toutes les lois de la nature: une vierge demeurant vierge conçoit un Fils, un Dieu est homme, un homme est Dieu; une femme devient le sanctuaire de la Divinité.

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