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CHAPITRE III.

Des Chants et des Prières.

ON reproche au culte catholique d'employer, dans ses chants et ses prières, une langue étrangère au peuple, comme si l'on prêchoit en latin, et que l'office ne fût pas traduft dans tous les livres d'église. D'ailleurs, si la religion, aussi mobile que les hommes, eût changé d'idiome avec eux, comment aurions-nous connu les ouvrages de l'antiquité? Telle est l'inconséquence de notre humeur, que nous blâmons ces mêmes coutumes, auxquelles nous sommes redevables d'une partie de nos sciences et de nos plaisirs.

Mais, à ne considérer l'usage de l'Eglise Romaine, que sous ses rapports immédiats, nous ne voyons pas ce que la langue de Virgile conservée dans notre culte (et même en certains temps et en certains lieux la langue d'Homère), peut avoir de si déplaisant. Nous croyions qu'une langue antique et mystérieuse, une langue qui ne varie plus avec les

sans se confondre, les souvenirs de la Grèce et d'Israël.

Enfin, les lampes et les fleurs qui décoroient nos églises, servoient à perpétuer la mémoire de ces temps de persécutions, où les fidèles se rassembloient pour prier dans les tombeaux. On croyoit voir ces premiers chrétiens allumer furtivement leur flambeau sous des arches funèbres, et les jeunes filles apporter des fleurs, pour parer l'autel des catacombes : un pasteur éclatant d'indigence et de bonnes œuvres, consacroit ces dons au Seigneur. C'étoit alors le véritable règne de Jésus-Christ, le Dieu des petits et des misérables; son autel étoit pauvre comme ses serviteurs. Mais si les calices étoient de bois, les prêtres étoient d'or, comme parle saint Boniface; et jamais on n'a vu tant de vertus évangéliques, que dans ces âges où, pour bénir le Dieu de la lumière et de la il falloit se cacher dans la nuit et dans

vie,

la mort.

ainsi l'Eglise qui chante tous les jours les psaumes et les leçons des prophètes, a donc premièrement un très-beau fond de cantiques. On ne devine pas trop, par exemple, ce que ceux-ci peuvent avoir de ridicule ou de barbare.

<< N'espérons plus, mon âme, aux promesses du monde, etc. (1)» « Qu'aux accens de ma voix la terre se réveille, etc. »

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L'Eglise trouve une autre source de chants dans les évangiles et dans les épîtres des. apôtres. Racine, en imitant ces proses (3), a pensé, comme Malherbe et Rousseau, qu'elles étoient dignes de sa Muse. Saint Chrysostome, saint Grégoire, saint Ambroise, saint Thomas d'Aquin, Coffin, Santeuil, ont réveillé la lyre grecque et latine dans les tombeaux d'Alcée et d'Horace. Vigilante à louer le Seigneur, la religion mêle au matin ses concerts à ceux de l'aurore.

Splendor paternæ gloriæ, etc.

Source ineffable de lumière,

Verbe, en qui l'Eternel contemple sa beauté,
Astre, dont le soleil n'est que l'ombre grossière,

(1) Malh. Livre I, ode 3o.

(2) Rouss. Livre I, odes 3e et 10o.

(3) Voyez le cantique tiré de saint Paul..

Sacré jour, dont le jour emprunte sa clarté,
Lève-toi, soleil adorable, etc.

Avec le soleil couchant l'Eglise chante

encore (*) :

Cali Deus sanctissime.

Grand Dieu, qui fais briller sur la voûte étoilée
Ton trône glorieux,

Et d'une blancheur vive à la pourpre mêlée,
Peins le cintre des cieux.

Cette musique d'Israël, sur la lyre de Racine, ne laisse pas d'avoir quelque charme: on croit moins entendre un son réel, que cette voix intérieure et mélodieuse, qui, selon Platon, réveille au matin les hommes épris de la vertu, en chantant de toute sa force dans leurs cœurs.

Mais, sans avoir recours à ces hymnes, les prières les plus communes de l'Eglise sont admirables; il n'y a que l'habitude de les répéter dès notre enfance, qui nous puisse empêcher d'en sentir la beauté. Tout retentiroit d'acclamations, si l'on trouvoit dans Platon ou dans Sénèque, une profession de foi aussi simple, aussi pure, aussi claire que celle-ci :

« Je crois en un seul Dieu, père tout

(*) Voyez la note A à la fin du volume.

puissant, créateur du ciel et de la terre, et de toutes les choses visibles et invisibles. »

L'oraison dominicale est l'ouvrage d'un Dieu qui connoissoit tous nos besoins : qu'on en pèse bien les paroles.

Notre Père qui es aux cieux; » Reconnoissance d'un Dieu unique.

Que ton nom soit sanctifié; »

Culte qu'on doit à la divinité; vanité des choses du monde; Dieu seul mérite d'être sanctifié.

«Que ton règne nous arrive; » Immortalité de l'âme.

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Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel; »

Mot sublime, qui comprend les attributs de la divinité; sainte résignation qui embrasse l'ordre physique et moral de l'univers.

« Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien;

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Comme cela est touchant et philosophique! Quel est le seul besoin réel de l'homme? Un peu de pain; encore il ne lui faut qu'aujourd'hui ( hodiè ); car demain existera-t-il?

Et pardonne-nous nos offenses, comme

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