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défaut des miracles du ciel, ceux de l'amitié le suivoient. Constamment accompagné de son frère d'armes, il trouvoit en lui des mains guerrières, pour creuser sa tombe, et un bras pour le venger. Ces unions étoient confirmées par les plus redoutables sermens: quelquefois les deux amis se faisoient tirer du sang, et le mêloient dans la même coupe; ils portoient pour gage de leur foi mutuelle, ou un cœur d'or, ou une chaîne, ou un anneau. L'amour, pourtant si cher aux chevaliers, n'avoit, dans ces occasions, que le second droit sur leurs âmes, et l'on secouroit son ami de préférence à sa maì

tresse.

Une chose néanmoins pouvoit dissoudre ces nœuds, c'étoit l'inimitié des patries. Deux frères d'armes, de diverses nations, cessoient d'être unis, dès que leurs pays ne l'étoient plus. Hue de Carvalay, chevalier Anglais, avoit été l'ami de Bertrand Duguesclin: lorsque le prince Noir eut déclaré guerre au roi Henri de Castille, Hue fut obligé de se séparer de Bertrand; il vint lui faire ses adieux, et lui dit :

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Gentil sire, il nous convient de partir. Nous avons été ensemble par bonne com

pagnie, et avons toujours eu du vôtre à nôtre (de l'argent en commun), si pense bien que j'ai plus reçu que vous, et pour ce vous prie que nous en comptions ensemble.... Si, dit Bertrand, ce n'est qu'un sermon, je n'ai point pensé à ce compte.... il n'y a que du bien à faire raison donne que vous suiviez votre maître. Ainsi, le doit faire tout preudhomme: bonne amour fist l'amour de nous, et aussi en sera la départie, dont me poise qu'il convient qu'elle soit. Lors de baisa Bertrand et tous ses compagnons aussi : moult fut piteuse la départie (1). :

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Ce désintéressement des chevaliers, cette élévation d'âme, qui mérita à quelques-uns le glorieux nom de sans reproche, couronnera le tableau de leurs vertus chrétiennes. Ce même Duguesclin, la fleur et l'honneur de la chevalerie, étant prisonnier du prince Noir, égala la magnanimité de Porus, entre les mains d'Alexandre. Le prince layant rendu maître de sa rançon, Bertrand la porta à une somme excessive. « Où prendrezvous tout cet or? dit le héros Anglais étonné. Chez mes amis, repartit le fier connétable:

(1) Vie de Bertrand.

il n'y a pas de filleresse en France, qui ne filât sa quenouille pour me tirer de vos mains. >>

La reine d'Angleterre, touchée des vertus de. Duguesclin, fut la première à donner une grosse somme, pour hâter la liberté du plus redoutable ennemi de sa patrie. «< Ah! Madame, s'écria le chevalier Breton, en se jetant à ses pieds, j'avois cru jusqu'ici estre le plus laid homme de France; mais je commence à n'avoir pas si mauvaise opinion de moi, puisque les dames me font de tels présens.

QUATRIÈME PARTIE.

Culte.

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LIVRE SIXIÈME.

Services rendus à la Société par le Clergé et la Religion chrétienne, en général.

CHAPITRE PREMIER.

Immensité des Bienfaits du Christianisme (1).

CE ne seroit rien connoître que de connoître vaguement les bienfaits du christianisme : c'est le détail de ces bienfaits, c'est l'art avec lequel la religion a varié ses dons, répandu

(1) Voyez pour toute cette partie, Helyot, Hist. des Ordres relig. et milit. 8 vol. in-4°.; Hermant, Etab. des Ordres rel.; Bonnani, Catal. omn.Ord. relig.; Giustiniani, Mennehius et Shoonbeck, dans leur Hist. des Ord. milit.; Saint-Foix, Essai sur Paris; Vie de SaintVincent-de-Paul; Vies des Pères du Désert; S. Basyle, Oper. Lobineau, Hist. de Bretagne.

ses secours, distribué ses trésors, ses remèdes, ses lumières, c'est ce détail, c'est cet art qu'il faut pénétrer. Jusqu'aux délicatesses des sentimens, jusqu'aux amourspropres, jusqu'aux foiblesses, la religion a tout ménagé, en soulageant tout. Pour nous, qui depuis quelques années nous occupons de ces recherches, tant de traits de charité, tant de fondations admirables, tant d'inconcevables sacrifices sont passés sous nos yeux, que nous croyons qu'il y a dans ce seul mérite du christianisme de quoi expier tous les crimes des hommes: culte céleste, qui nous force d'aimer cette triste humanité qui le calomnie.

Ce que nous allons citer est bien peu de chose, et nous pourrions remplir plusieurs volumes de ce que nous rejetons; nous ne sommes pas même sûrs d'avoir choisi ce qu'il y a de plus frappant : mais dans l'impossibilité de tout décrire, et de juger qui l'emporte en vertu parmi un si grand nombre d'œuvres charitables, nous recueillons, presqu'au hasard, ce que nous donnons ici.

Pour se faire d'abord une idée de l'immensité des bienfaits de la religion, il faut se représenter la chrétienté comme une

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